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ANNEXE 3
Notes sur les activités des pisciculteurs ruraux

La mission a visité un certain nombre de pisciculteurs ruraux. Le but de ces visites était d'établir pourquoi les gens ont commencé la pisciculture, quels résultats ils ont obtenus et au prix de quel effort.

Un résumé des notes prises durant les visites se trouve ci-après. Il est évident que l'information donnée n'est ni complète ni absolument exacte. Néanmoins nous pensons qu'elles ont un intérêt pour ceux qui planifient le développement de la pisciculture en Côte d'Ivoire.

1. Pisciculture communautaire au village de N'Doumoukro, sous-préfecture de Diabo, sur la rivière de Badagbo (25 février 1980)

En juin 1979, 17 personnes du village de N'Doumoukro se sont décidées à construire des étangs piscicoles sous la direction du Projet FAO de Développement de la Pêche et de la Pisciculture continentales à Bouaké. M. Guy Wambongo, Volontaire des Nations Unies, a assisté les villageois.

Très vite, au milieu du mois de juin, 7 personnes avaient déjà abandonné le projet. Les 10 personnes restantes, avec l'aide du projet ont construit 2 étangs; un de 4 ares, l'autre de 4,20 ares. Les étangs se trouvent en aval d'un barrage, construit il y a 8 ans par un privé, originaire du village et maintenant directeur d'une banque.

Les 10 personnes n'ont rien payé pour l'utilisation du terrain, rien non plus pour l'eau.

Les travaux ont commencé en juillet 1979 et les étangs étaient terminés le 13 février 1980. On peut estimer les travaux réalisés par les villageois à un total de 312 hommes/jour.

Le projet PNUD/FAO de Bouaké (IVC/77/003) a contribué à la réalisation de la manière suivante:

-Activités de vulgarisation de M. Guy Wambongo:      48 hommes/jours
-Ouvriers:    500 hommes/jours
-Tuyau plastique:      30 mètres
-Buses en béton: 62 000 Fr. CFA/pièce
-Transport d'argile (sur 10 km)       6 × 4 m3
-Transport de fumier de porc (120 km)       8 m3
-Pelle mécanique (en prêt)       5 jours
-Pelles manuelles (en prêt)     19
-Dameuses manuelles (en prêt)     15
-Transport de terre argileuse     84 m3
-Brouettes (en prêt)       7
-Pioches (en prêt)       7
-House (en prêt)       2

Lors de notre visite, les villageois ne savaient pas comment ils allaient nourrir leurs poissons. Avec l'argent qu'ils obtiendront de la vente de leur poisson d'élevage, ils espèrent…“construire de belles maisons”. A présent, lorsqu'ils veulent manger du poisson, ils achètent des carpes (Tilapia) ou du poisson fumé en provenance du Mali.

Les gens de N'Doumoukro n'ont pas beaucoup d'alternatives du point de vue emploi. Il est difficile de trouver du travail dans les usines de Bouaké. Dans les plantations de cacao (“chez un grand frère”) on peut gagner de 50 000 à 80 000 Fr. CFA, plus la nourriture, pendant une période de 6 mois.

2. M. Bindé Assoumou, pisciculteur, Kregbé (3 mars 1980)

M. Bindé a fait construire une digue pour ainsi créer un étang de barrage. La digue a une longueur de 100 mètres et a été construite en béton, elle a une hauteur de 4 à 5 mètres. Les travaux ont commencé il y a 4 ans, mais continuent. Un nouveau déversoir est en construction. Le déversoir existant n'était pas aménagé pour permettre l'écoulement des crues et la digue a été détruite. La superficie de la retenue est de 1.5 hectares à 2 hectares. Le fond a été nettoyé sur les cent mètres plus proches du barrage. Le barrage ne peut pas être vidé. La pêche se ferait essentiellement à l'épervier.

Le barrage a coûté 12 millions de Fr. CFA, dont 21 jours de bulldozer à Fr. CFA 80 000/jour, 105 tonnes de ciment, 44 tonnes de fer. Le “plan” du barrage (croquis approximatif) a coûté 60 000 Fr. CFA.

Le Cantonnement Piscicole a empoissonné le barrage avec Tilapia nilotica, mais M. Bindé n'a pas encore commencé une exploitation systématique de la retenue. Il consomme maintenant du poisson de mer congelé venant d'Abidjan et du poisson fumé de Bamako (Mali).

M. Bindé est propriétaire d'une plantation de cacao de 30 ha. Il emploie 15 ouvriers à temps plein, en plus du travail des 22 membres de sa famille. Un hectare de cacaoyers peut produire entre 2 et 3 tonnes de cacao, à un prix de 300 Fr. CFA le kg.

M. Bindé envisage la possibilité de se consacrer exclusivement à la pisciculture.

3. M. Asseké Victor, planteur-pisciculteur, B.P. 19, Adzopé (8 mars 1980)

3.1 Observations

M. Asseké a 80 ans et il est à la retraite. Il a commencé la pisciculture en 1955 en construisant un étang de barrage sur les fonds du FIDES. Il avait été choisi car il était un notable d'Adzopé et il pouvait ainsi être un exemple pour le village.

Le premier barrage a été construit à 4 kilomètres de sa résidence actuelle et n'a servi que pour la pisciculture. On n'a pas fait d'irrigation en aval du barrage. Les gardiens du barrage n'ont pas pu empêcher les braconniers qui ont empoisonné les poissons en 1970. Maintenant le barrage est abandonné.

M. Asseké a construit 3 étangs d'environ 36 ares tout près de sa maison à Adzopé. Le premier fut commencé en 1973. Il est maintenant en train de construire un quatrième étang et d'aménager l'eau. Toutes les constructions ont été faites à la main. Le premier étang a coûté approximativement un demi million de Fr. CFA; le second 700 000. M. Asseké a déjà dépensé environ 100 000 Fr. CFA pour le quatrième (100 homme/jours à 1 000 Fr. CFA homme/jours). Il a l'idée d'installer une moto-pompe qui lui coûtera 0,9 million de Fr. CFA (capacité 120 m3/heure).

Les Tilapia sont nourris avec du son de riz, du vieux pain, du son de mai's, des feuilles de manioc et des feuilles de patate douce. Le vieux pain lui coûte à peu près 2 000 Fr. CFA/semaine (un panier?); le son de riz est acheté en sacs (de 70–80 kg/sac) pour 2 Fr. CFA/kg. La consommation est estimée à 20 sacs/mois (cela fait 20 × 75 = 1 500 kg/mois). Les autres nourritures sont ramassées par deux ouvriers qui sont payés 600 Fr. CFA/jour.

La vente de poissons se fait selon la demande. Pendant la saison de pêche, qui dure à peu près 3 mois (92 jours), les ventes rapportent en moyenne 5 000 Fr. CFA/jour. On estime le prix moyen à 250 Fr. CFA/kg, ce qui donne donc une production journalière de 20 kg (20 × 92 jours = 1 840 kg/an + 100 kg d'autoconsommation). La production are/année est de 1 940 kg : 36 ares soit 53.9 kg ou un rendement de 5 tonnes par ha/an.

3.2 Résultat financier: projections, état de croisière

Investissement: deux étangs pour 1 200 000 (les deux premiers). Supposons que le troisième a coûté 800 000, c'est-à-dire que l'investissement global est de 2 millions.

Amortissement sur 50 années; intérêt de 8 %.

Vente: 1 840 kg à Fr. CFA 250/kg =Fr. CFA460 000485 000
Autoconsommation: 100 kg (?) à Fr. CFA 250/kg   25 000
Frais d'exploitation:   
- Main d'oeuvre (600 Fr. CFA/jour × 300 jours) 180 000320 000
- Vieux pain (2 000 Fr. CFA × 52 semaines) 104 000
- Son de riz (1 500 kg/mois × 12 mois × 2,00 Fr. CFA/kg)   36 000
Bénéfice avant amortissement et intérêt  165 000
Amortissement (2%)   40 000120 000
Intérêts (sur l'investissement moyen: 8% sur 1 million   80 000
Bénéfice net    45 000

3.3 Commentaires

Le résultat des calculs de rentabilité confirme l'intérêt que ce pisciculteur témoigne pour sa pisciculture. Il faut cependant noter que le rendement de 5 tonnes/ha/an est plus élevé que ce que l'on obtient habituellement dans ce type d'élevage.

4. M. Yapo Adja Charles, commerçant-libraire, B.P. 235, Adzopé (4 mars 1980)

M. Adja est en train de faire construire un étang en dérivation, sur un terrain au sud, près d'Adzopé. Les travaux ont commencé en décembre 1979, avec le nettoyage du terrain par trois manoeuvres. La première semaine de février, le creusement d'un étang (superficie approximative de 2,6 ares) a commencé avec 8 manoeuvres, jusqu'au 15 février. Du 16 février au 3 mars, 10 ouvriers ont travaillé sous la direction d'un ouvrier de la station piscicole de Bongouanou. M. Adja paie par jour 1 200 Fr. CFA par ouvrier plus la nourriture. Au moment de la visite il y avait seulement 4 ouvriers plus le chef d'équipe qui lui aussi travaillait.

Dépenses ou salaires (estimés jusqu'à fin février)

Décembre:25 jours × 3 hommes × 1 400 Fr. CFA=105 000
Janvier:31 jours × 3 hommes × 1 400 Fr. CFA=130 200
Février:15 jours × 8 hommes × 1 400 Fr. CFA=168 000
     ":14 jours × 10 hommes × 1 400 Fr. CFA=196 000
    599 200

(Salaire : 1 200 Fr. CFA/jour plus nourriture = 1 400 Fr. CFA).

Durant décembre et janvier on a nettoyé le terrain pour 3 étangs. Donc si on divise par 3 les dépenses de ces 3 mois, on obtient 78 400 Fr. CFA par étang. Les dépenses pour le premier étang fin février s'élèvent donc à approximativement 442 400.

M. Asseké (voir section 3 de cette annexe) a réalisé une production de 5 tonnes/ha/an ou 50 kg/are/an. Supposons que M. Adja pourrait obtenir un rendement/are de 70 kg/an. Donc la production totale dans le premier étang sera de 182 kg/an à une valeur de 250 Fr. CFA/kg (qui d'ailleurs parait un prix bas, en comparaison avec M. Assi Faustin de Amanquié), les recettes s'élèveront à 45 500 Fr. CFA, c'est-à-dire à peine un dixième des dépenses calculées jusqu'à la fin de février.

5. N'Cho Assi Faustin, planteur-pisciculteur, Ananguié (4 mars 1980)

La pisciculture à Ananguié a commencé en 1966 à la suite d'une vulgarisation faite par un volontaire du Corps de la Paix des Etats Unis. Le village a vite commencé mais a vite abandonné. M. Assi a continué mais dans un autre endroit.

Il exploite maintenant un étang de barrage, et trois étangs en dérivation.

M. Assi n'achète pas de nourriture pour ses poissons. Ses femmes donnent des déchets d'aliments, des peaux de bananes, etc.

M. Assi vend tous les poissons au village, mais il ne parvient pas à satisfaire la demande. Les poissons se vendent à la pièce comme suit:

GrammesFr. CFA/pièce Fr. CFA/kg
  75  50=670
150100=670
300200=670

Les ventes durant le mois de février ont totalisé 105 000 Fr. CFA. Auparavant il n'était pas parvenu à vendre pour une telle valeur par mois, mais plutôt pour environ 80 000 Fr. CFA.

6. M. Fall Abdramane, pisciculteur-planteur de riz, Daloa (5 mars 1980)

Les étangs de M. Fall se trouvent au sud de Daloa, tout près de la ville. Le premier étang a été construit en 1974 et mis sous eau et empoissonné la même année. Le deuxième étang a été construit d'octobre à décembre 1975. Les deux étangs ont une superficie d'à peu près 4 ares. Ils reçoivent l'eau d'un canal qui alimente en même temps une rizière. L'eau provient d'un barrage construit par la SODERIZ. Selon le fils de l'exploitant, il n'y a jamais eu de problème pour obtenir l'eau. Néanmoins, au moment de la visite de la mission, un des étangs ne recevait pas d'eau et très peu d'eau sortait des étangs. Des palmiers sont plantés sur les digues des étangs.

Le fils de l'exploitant n'a pas une idée claire sur le coût de construction des étangs. Selon lui, le deuxième étang, construit sur trois mois a été réalisé entièrement à la main. Les ouvriers (dont il faisait souvent partie) n'étaient pas plus de 5 par jour. Les travaux ont été dirigés par un agent des Eaux et Forêts. Les manoeuvres contactés ont été payés à raison de 500 Fr. CFA par jour. Ils n'ont pas obtenu de la nourriture en plus. Les moines construits ont nécessité respectivement 3 et 4 sacs de ciment.

En acceptant le coût par homme/jour, et en admettant 4 ouvriers en moyenne pendant 13 semaines (6 jours/semaine) on arrive à un coût de main-d'oeuvre pour le deuxième étang de 156 000 Fr. CFA. On doit ajouter le coût du moine (150 kg de ciment) et des buses, soit 20 000 Fr. CFA au total. Cela revient donc à 176 000 : 4 soit 44 000 Fr. CFA par are.

Les services des Eaux et Forêts ont empoissoné les étangs avec Tilapia nilotica mais actuellement les étangs sont pleins de T. zillii, Clarias et Heterobranchus.

Les poissons sont nourris avec du son de riz et du son de mais, des laitues et du vieux pain. Maintenant on a cessé d'acheter du vieux pain (12 pains pour 500 Fr. CFA). On donne 4 sacs de son de riz (à 250 Fr. CFA/sac) et 4 sacs de son de mai's (à 400 Fr. CFA/sac) par semaine. Donc un total par année de : 52 semaines × 1 000 Fr. CFA + 52 semaines × 1 600 Fr. CFA soit 135 200 Fr. CFA.

Le pisciculteur a un gardien qui vit dans une case au bord des étangs. Il est payé 12 500 Fr. CFA par mois, donc 150 000 Fr. CFA par an.

Peu de renseignements ont été obtenus sur le résultat de l'élevage. Une vidange récente a donné 6 seaux de “petits” Tilapia et 12 silures de 600 à 800 grammes. Le poids d'un seau est estimé à 15 kg. Le poids total obtenu à la vidange a donc été approximativement de 90 kg. On ne connaît pas la durée de la période d'élevage. On a l'impression qu'on ne vide pas souvent les étangs, peut-être une fois par an.

Selon les renseignements obtenus sur place, les dépenses annuelles s'élèvent à 285 000 Fr. CFA. En admettant que l'on vide chaque étang deux fois par an et que l'on obtienne 90 kg de poisson par étang, c'est-à-dire 180 kg/an, l'on pourrait peut-être obtenir, dans de bonnes conditions, un revenu annuel de 180 kg × 500 Fr. CFA/kg soit 90 000 Fr. CFA.

Le rendement de 90 kg/2 ares/an correspond à 4,5 tonnes par ha par an, ce qui est relativement élevé. Néanmoins, le fils du pisciculteur estime que les revenus sont bas et que l'activité n'est pas intéressante.

7. M. Atsin, instituteur, Daloa ville (5 mars 1980)

Il y a quelque temps, M. Atsin a acheté un hectare de rizière pour la somme de 240 000 Fr. CFA. Il a fait construire un étang de 11,20 ares (70 × 16 m) pour approximativement 350 000 Fr. CFA. La construction de l'étang a duré 8 mois (5 février – 24 septembre 1979). L'étang a été empoissonné avec T. nilotica le jour même de l'achèvement de la construction mais avec un nombre réduit d'alevins (moins de 100, selon M. Gondo). Le propriétaire achète du son de mai's (100 kg pour 500 Fr. CFA) qu'il donne plusieurs fois par semaine aux alevins. Il s'occupe lui-même de son étang. Il emploie deux ouvriers qui travaillent surtout sur le champs.

8. M. Konaté Zomana, pisciculteur-riziculteur, Daloa ville (6 mars 1980)

M. Konaté a construit son étang (qui mesure à peu près 26 m × 9 m soit 234 m2) fin 1978. Lui et trois ouvriers ont travaillé du 10 novembre au 26 décembre. L'étang englobe en fait deux casiers rizicoles reconvertis et est déjà exploité par lui-même.

A l'origine, l'idée du pisciculteur est un peu obscure. A un moment de l'interview, M. Konaté a dit que l'idée lui est venue du pisciculteur-instituteur interviewé le 5 mars. Un peu plus tôt il a dit que l'idée lui était venue de son “patron”.

L'étang (234 m2) représente une dépense de:  
- 4 ouvriers (6 semaines) à 5 000 Fr. CFA/mois=30 000 Fr. CFA
- nourriture/jour/1 000 pour quatre 36 000 
- outillage (2 pelles, 2 houes)   6 000 
- 4 sacs de ciment à 1 500 Fr. CFA l'un   6 000 
  78 000 

Le Service des Eaux et Forêts (Cantonnement piscicole) avait fait le piquetage et a vendu 150 alevins de T. nilotica qui ont été mis en étang dans les trois premiers mois de l'année. L'étang a été mis sous eau le 5 janvier.

M. Konaté donne du son de riz aux poissons, rien d'autre. Il achète du son de riz à la SODERIZ en sacs de 50 kg à raison de 2 Fr. CFA/kg. Un sac dure environ 10 jours quand les poissons sont petits; quand ils sont plus grands il faut en donner plus.

M. Konaté a acheté un épervier à un pêcheur du Mali pour 7 500 Fr. CFA (hauteur: 2 m). Il a pêché deux fois et vidangé 1 fois. Chaque pêche donne 2 cuvettes (d'environ 20 kgs) dont une a été vendue par Madame au marché; valeur de la vente: 2 000 Fr. CFA; 5 poissons de 12–13 cm à 100 Fr. CFA (le prix de 100 Fr. CFA le kg semble trop faible). Les autres pois-sons ont été mangé par la famille ou donnés comme cadeaux.

Le 26 novembre, M. Konaté a constaté une importante mortalité dans son étang. D'après lui, il y avait au moins 20 cuvettes de poissons morts (20 × 20 kg = 400 kg), soit environ 171 kg/are (?). L'origine de cet accident n'est pas connue.

M. Konaté s'est déclaré très content avec sa pisciculture. Il a d'ailleurs l'intention apparemment ferme, de faire creuser un autre étang.

A la question pourquoi il n'utilise pas la possibilité de faire venir du fumier d'une porcherie (actuellement à 50 m de l'étang) M. Konaté, étant musulman, s'est déclaré contre idée. Comme il ne mange pas de viande de porc, il ne peut pas non plus manger du poisson qui s'est nourri de fumier de porcs et de déchets de porcheries.

Dans la région de Daloa, il y a des personnes intéressées à la pisciculture, mais qui se trouvent bloquées par manque d'accords nécessaires, soit des voisins (se considérant comme propriétaires de l'eau), soit des propriétaires des terrains propices.

9. M. Aké, pisciculteur, Grand Bassam (12 mars 1980)

M. Aké a commencé son expérience de pisciculture fin 1977, quand lui et un pêcheur du nom de Samson, ont commencé à construire le premier enclos. L'idée de faire de la pisciculture en enclos leur est venue d'un voisin, gardien d'un enclos construit il y a 8 ans par le service des pêches maritimes à un endroit sur la lagune à Grand Bassam.

Les quatre enclos de M. Aké se trouvent sur la péninsule, à un kilomètre à l'ouest du pont qui la relie à Grand Bassam.

Le premier enclos a été construit d'abord avec des bambous. M. Samson a travaillé pendant 2 semaines avec 5 ouvriers pour couper les bambous. Les ouvriers ont été payés à raison de 700 Fr. CFA/jour plus nourriture. M. Aké n'a pas eu à payer pour les bambous. Ils ont été transportés jusqu'au site avec un tracteur loué, qui a fait quatre voyages, chacun revenant à 5 000 Fr. CFA (la plus grande partie des frais a été le gasoil).

Samson et un ouvrier ont travaillé pendant 2 semaines pour construire la palissade en bambous et une semaine pour y fixer le grillage galvanisé.

Pour faire venir dans l'enclos les alevins nécessaires à l'empoissonnement, M. Samson y a construit des akadjas avec des bois qui ne flottent pas. M. Samson a fait des akadjas en d'autres endroits de la lagune d'où il a récupéré les alevins qui ont été déversés dans l'enclos. Les poissons ont été nourris avec des déchets de coco déshydratés à raison de 5 à 8 kg, 2 ou trois fois par semaine.

La première pêche a été tentée un an après. Entre temps une partie des poissons se sont échappés à cause des marées qui sont passees par dessus la palissade. La première vente a donné 14 500 Fr. CFA (un poisson de 200 à 250 g se vendait 100 Fr. CFA à une femme grossiste “Mammy”). Il y avait dans l'enclos des Tilapia heudelotii, T. guineensis, Hemichromis sp. et des machoirons (Chrysichthys nigrodigitatus et C. walkeri). Les tilapia étaient les plus nombreux.

En novembre 1978, M. Aké a signé une convention avec la Direction des Pêches lagunaires et maritimes du Ministère des productions animales. Le Ministère fournira le matériel nécessaire pour une expansion des activités et pour une expérience d'élevage associé porcs-poissons. M. Aké fournira la main-d'oeuvre nécessaire à l'activité.

Ainsi, M. Aké avait déjà obtenu le matériel pour la construction de quatre nouveaux enclos dont trois étaient en production au moment de notre visite.


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