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RECOLTE DES FRUITS

Une grande partie des problèmes que pose l'obtention de bonnes semences de Prosopis provient des difficultés de récolte des fruits. Ce travail est souvent pénible, surtout si les gousses doivent être cueillies sur des arbres sur pied. En outre, la période propice à la récolte est relativement courte. Il n'est pas surprenant, par conséquent, que les difficultés d'obtention des semences donnent lieu à de regrettables compromis sur leur qualité et leur provenance.

Les points à considérer dans la récolte des fruits sont le choix des semenciers, les prévisions de récolte, et les techniques de récolte.

Choix des semenciers

En règle générale, les meilleurs semenciers, c'est-à-dire les arbres qui produisent une récolte abondante avec une proportion minimale de graines stériles, sont les sujets dominants ou codominants, généralement d'âge moyen.

L'échantillonnage à l'intérieur de chaque population peut se faire de manière aléatoire ou sélective. Bien que la deuxième méthode soit souvent utilisée pour l'échantillonnage dans un but d'évaluation, il ne faut pas oublier qu'une supériorité phénotypique n'est aucunement une garantie de supériorité génotypique, notamment dans le cas où le passé récent de la population est inconnu. Il faut se rappeler également que, en raison des interactions génotype/milieu, fréquentes dans les espèces arborescentes, une sélection en fonction de la supériorité sur une station n'implique pas nécessairement que le matériel de reproduction donnera de bons résultats sur une station différente.

La récolte dans un but de conservation ne devrait idéalement se faire qu'après que le degré et les modèles de variation intraspécifique présente aient été déterminés. De telles récoltes, destinées à maintenir une diversité allélique maximale dans les échantillons, doivent se faire de manière aléatoire et non sélective.

En raison des pressions qui pèsent sur les populations existantes, la récolte en vue de l'évaluation et la récolte en vue de la conservation doivent souvent se faire simultanément, ce qui nécessite un compromis dans les techniques d'échantillonnage. C'est le cas dans le présent projet FAO/CIRPG, où la conservation in situ d'une grande partie des populations échantillonnées ne peut être garantie pour la durée de la phase d'évaluation. Dans ce cas, il a été demandé aux pays coopérants de récolter des semences sur un minimum de 25 arbres, espacés d'au moins 50 mètres pour réduire au minimum les possibilités de parenté entre les arbres mères. Un grand nombre de peuplements étant d'étendue limitée, ces directives empêcheront généralement toute sélection de phénotypes supérieurs dans les populations.

Un autre point à considérer lorsqu'on sélectionne des semenciers est le fait couramment observé que des individus isolés ne produisent souvent pas une descendance satisfaisante, ce qui est probablement dû à la difficulté de pollinisation croisée et à la consanguinité qui en résulte dans les semences. De tels arbres doivent par conséquent être évités.

Avant de récolter les fruits, on doit identifier correctement l'arbre semencier. Cette identification peut être facile dans certains cas, mais là où plusieurs espèces de Prosopis peu différentes morphologiquement se rencontrent ensemble, des erreurs d'identification risquent de se produire si l'on n'y fait pas très attention.

Malheureusement, si l'on a semé des graines incorrectement étiquetées, l'erreur d'identification pourra n'être décelée que des années plus tard, et les raisons d'un éventuel échec de la plantation pourront ne jamais être connues.

Il faut qu'un personnel compétent soit responsable de l'identification des semenciers. Il est généralement recommandable par ailleurs de récolter des spéciments d'herbier, ou de constituer une collection de référence de fruits et de graines conservées dans des flacons de verre avec quelques feuilles, des fleurs et un échantillon d'écorce pour chaque espèce.

Les semences doivent être récoltées sur un minimum de 25 arbres mères, et chacun de ceux-ci doit être marqué de façon permanente. Un relevé détaillé de la localité de récolte doit être établi sur une fiche spéciale, que l'on remplit à chaque emplacement (voir en Annexe 1 un exemple de fiche de récolte).

Prévisions de récolte

On doit chaque fois que cela est possible faire une estimation de la récolte probable avant d'arrêter le programme de récolte. Un mois ou deux avant la récolte, on comptera les fruits sur un certain nombre d'arbres échantillons situés en plusieurs points de la zone de récolte. En se basant sur les résultats de ces comptages, on marquera les arbres sur lesquels des fruits devront être récoltés. Par la suite, on ne devra récolter que sur ces arbres marqués.

En général, les Prosopis produisent des graines chaque année. Les années où la production est abondante sont des “années de semence”. Une année de semence se produit rarement sur toute une région pour une espèce donnée, et elle se limite en général à quelques localités dans la région. Il arrive souvent que lors d'une année de semence on récolte plus de graines qu'il n'en faudra pour la campagne de plantation suivante; dans ce cas il convient de conserver l'excédent pour les années creuses.

Techniques de récolte

Les fruits mûrs de Prosopis, autrement dit les gousses qui ont en général une couleur jaunâtre et sont partiellement sèches, peuvent être cueillis directement sur l'arbre, ou ramassés à terre.

Lorsqu'on récolte les fruits sur des arbres sur pied, si les branches qui les portent sont suffisamment basses les ouvriers peuvent les cueillir directement à la main. Pour des arbres plus hauts on peut utiliser, mais avec précaution, des gaules pour battre les branches et faire tomber les fruits. Des perches portant à une extrémité une cisaille, une scie ou un crochet de divers modèles sont souvent utilisées pour détacher les fruits des plus hautes branches. Elles sont en bambou, en plastique ou en aluminium, et leur longueur varie en général entre 4 et 6 mètres. A l'aide de ces perches, un ouvrier debout au sol peut faire tomber des fruits de branches situées à 7 ou 8 mètres de hauteur. Si les arbres sont trop hauts pour être récoltés avec des perches, il faut y grimper, mais cela nécessite un personnel entraîné et un équipement approprié: échelles, griffes, harnais de sécurité.

Lorsqu'on les récolte sur le sol, les fruits doivent être ramassés au moins tous les jours au fur et à mesure qu'ils tombent. On peut améliorer l'efficacité du travail de récolte en étalant sous les arbres de grandes toiles, des nattes, des feuilles de plastique ou des bâches pour recueillir les fruits qui tombent. Si cela n'est pas possible, il faut débarrasser le sol des feuilles mortes, des branches et de la végétation pour faciliter le ramassage des fruits et avoir le moins d'impuretés possible. On doit ramasser les fruits aussitôt qu'ils tombent, sinon beaucoup seront attaqués par des insectes.

En récoltant les fruits directement sur des arbres sur pied, on a l'avantage, par rapport au ramassage de fruits tombés, d'être certain que les semences récoltées proviennent toutes des arbres parents désirés.

Etiquetage des lots de semences

Chaque échantillon récolté doit être méticuleusement étiqueté, à la fois à l'extérieur et à l'intérieur du sac ou récipient. Les étiquettes doivent fournir au minimum les informations suivantes:

Numéro du lot:

Espèce et provenance: Nom

Récolte: Date et emplacement

Nom du récolteur:

Pour une information plus détaillée, voir Annexe 1.


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