A. Senegal a des fleurs disposées en épis, mais il appartient à un groupe assez nombreux et complexe d'acacias à inflorescences spiciformes, avec des aiguillons par trois ou isolés, et non par paires, sur les rameaux.
Plusieurs espèces sont très voisines d'A. senegal et peuvent être confondues avec lui. Les caractères suivants d'A. senegal sont importants pour le séparer des espèces voisines:
Ecorce des rameaux ne se desquamant pas de manière très visible. Glande sur le pétiole petite, de 0,5–0,75 mm de diamètre. Le plus souvent 3–8 paires de pennes, rarement jusqu'à 12, ou seulement 2. 7–25 paires de folioles par penne, petites, le plus souvent 0,5–2 mm de large, non glauques. Corolle de 2,75–4 mm de long. Filets staminaux jusqu'à 7 mm de long. Gousses plus ou moins pubérulentes ou pubescentes, de 1,2–3,4 cm de large.
Une description complète du complexe d'espèces comprenant A. senegal est présentée par Ross (1979), avec une clef p. 24–5. Les espèces ci-dessous sont celles qui ressemblent le plus à A. senegal, et risquent le plus d'être confondues avec lui; pour chacune d'elles on a indiqué les pays où on la rencontre, et les principaux caractères la distinguant d'A. senegal:
A. asak (forsk) Willd. Soudan, Ethiopie, Arabie. Folioles glauques, de 1,25–3,75 mm de large. Gousses glabres, de 0,9–1,5 (-1,8)cm de large.
A. cheilanthifolia Chiov. Somalie. 3–4 (-5) paires de folioles par penne. Gousses de 1–1,1 cm de large.
A. dudgeoni Craib ex Holland. Afrique occidentale (du Mali au Nigeria). 7–16 paires de pennes par feuille. Gousses glabres à maturité.
A. hamulosa Benth. Ethiopie, Somalie, Kenya, Arabie. Rachis secondaires portant un aiguillon crochu isolé sur la face inférieure à l'extrémité ou près de l'extrémité (absent chez A. senegal)
A. hunteri Oliv. Arabie. Entre-noeuds très courts. Inflorescences très courtes, environ 1 cm. Gousses courtes, de 2–5 cm de long.
A. sp. proche senegal (Ross 1979, p.20). Somalie. 1 (rarement 2) paires de pennes par feuilles, aiguillons de rameaux solitaires.
A. thomasii Harms. Kenya. Arbuste ou arbre avec des branches en longues baguettes, corolle de 6,5–7 mm de long.
Bien qu'A. senegal soit connu depuis le dix-huitième siècle, et que ce soit une espèce économiquement importante comme source de gomme arabique, sa délimitation a présenté des difficultés constantes, comme on peut en juger par la synonymie, et encore aujourd'hui elle n'est pas tout à fait claire. Brenan (1953) a reconnu var. leiorachis et var. rostrata comme des variantes géographiques, et clarifié la position d'A. asak et A. hamulosa comme espèces distinctes d'A. senegal. Ross (1968) a présenté une excellente description générale d'A. senegal, et contribué à éclaircir la question de la variation. La meilleure description des liens de parenté entre A. senegal et les espèces voisines se trouve dans Ross (1979).
Arbuste ou arbre, habituellement 2–15 m de hauteur, rarement moins. Ecorce du tronc jaunâtre à grise ou brun gisâtre, rugueuse ou lisse et papyracée, se desquamant (voir description des variétés, p. 17–20). Cime variable, de claire et arrondie à dense et aplatie, parfois ouverte avec de longues branches flexibles. Jeunes rameaux glabres à densément pubescent Aiguillons 2–8 mm de long, par trois, celui du centre étant courbé vers le bas et les deux latéraux plus ou moins courbés vers le haut, ou isolés, les aiguillons latéraux étant absents. Pétiole généralement pourvu d'une glande 2–6 (-12) paires de pennes, avec des glandes sur le rachis entre les 1–5 paires supérieures de pennes. 7–25 paires de folioles par penne, glabres à légèrement pubescentes, 1–7 mm de long sur 0,5–2 mm de large. Fleurs blanchâtres ou blanc jaunâtre, plus ou moins odorantes, en épis de 2–10 cm de long, sur un pédoncule de 0,5–2 cm de long. Gousses déhiscentes, droites de couleur grise à brune ou brun jaunâtre, pubescentes ou pubérulentes, oblongues ou elliptiques, 3–14 (-19 chez var. leiorhachis) cm de long, 1,3–3,4 cm de large. (2-) 4–8 graines par gousse, disposées plus ou moins en travers.
Fig. 4. Acacia senegal var. senegal: (A) branche fleurie × 0,5; (B) détail de la feuille × 2; (C) fleur × 5; (D) gousse × 0,5 (avec détail des poils sur la surface × 10); (E) graine × 0,5. Acacia senegal var. rostrata: (F) gousse × 0,5.
Fig. 5. Acacia senegal. Carte montrant la répartition approximative de l'espèce et des différentes variétés.
Répandu dans toute l'Afrique tropicale et subtropicale, dans l'est du continent depuis l'Afrique du Sud jusqu'au Soudan, vers l'ouest dans le sud de l'Angola et en Namibie, et à partir du Sénégal vers l'est. Egalement présent en Arabie, au Pakistan et en Inde.
A. senegal est une espèce d'aire étendue, et variable, dans laquelle on reconnaît à l'heure actuelle quatre variétés. Comme le souligne Ross (1968, 1979), la délimitation de ces variétés est loin d'être satisfaisante, et une information plus complète à leur sujet serait très nécessaire. Les spécimens sont souvent difficiles à attribuer, et même le nombre réel de variétés en jeu est incertain. Toutefois, il n'est pas douteux qu'une bonne part de la variation peut être reconnue sur le terrain, et est taxinomiquement significative.
| 1a | Axe de l'inflorescence glabre ou glabrescente, à l'exception parfois de quelques poils basilaires: | ||||
| 2a | Jeunes rameaux glabres ou glabrescents, assez lisses, généralement de couleur brun violacé; arbre souvent avec des branches grêles clairsemées, ou parfois à cime arrondie; écorce du tronc jaune, papyracée, se desquamant; axe des inflorescences souvent de couleur violacée | (d) var. leiorhachis | |||
| 2b | Jeunes rameaux faiblement à densément pubescents, de couleur gris mat à brun-gris; arbre à cime lâche et arrondie, ou aplatie et étalée; écorce du tronc non papyracée et ne se desquamant pas | (a) var. senegal | |||
| 1b | Axe de l'inflorescence faiblement à densément pubescent: | ||||
| 3a | Arbre à tronc distinct: | ||||
| 4a | Gousse arrondie à aiguë, rarement acuminée | (a) var. senegal | |||
| 4b | Gousse nettement acuminée ou rostrée | (c) var. rostrata | |||
| 3b | Arbuste ou buisson, généralement sans tronc distinct: | ||||
| 5a | Gousse arrondie à aiguë, rarement acuminée; feuilles ayant jusqu'à 4 paires de pennes | (b) var. kerensis | |||
| 5b | Gousse nettement acuminée ou rostrée | (c) var. rostrata | |||
Fig. 6. Acacia senegal var. senegal. Port de l'arbre. Kenya, district de Nakuru (J. Knight 34C)
A. senegal var. senegal
Synonymes:
Mimosa senegal L. (1753)
Mimosa senegalensis Houtt. (1774), non Frosk.
A. verek Guill. et Perr. (1832)
A. rupestris Stocks ex Boiss. (1872)
A. virchowiana Vatke et Hildebr. (1880)
A. senegal var. typica Fiori (1911)
A. senegal var. platyosprion Chev. (1932)
A. senegal subsp. modesta (Wall.) Roberty
var. rupestrix (Stocks ex Boiss.) Roberty (1948)
A. senegal subsp. senegalensis (Houtt.) Roberty var. verek
(Guill. et Perr.) Roberty (1948)
Arbre jusqu'à 15 m de hauteur, à cime lâche et arrondie, ou aplatie et étalée. Ecorce du tronc non papyracée ni se desquamant, mais de couleur brun grisâtre à brun jaunâtre, rugueuse, fissurée, parfois s'écaillant par plaques. Jeunes rameaux faiblement à densément pubescents. Axe de l'inflorescence faiblement à densément pubescent, rarement glabre. Gousses arrondies à aiguës, rarement acuminées.
La var. senegal typique se rencontre en Afrique et en Asie: en Afrique elle est signalée au Sénégal, en Gambie, au Mali, au Ghana, au Niger, au Nigeria, au Soudan, en Ethiopie, en Somalie, en République Centrafricaine, au Cameroun, au Zaïre, au Rwanda, en Ouganda, au Kenya et en Tanzanie; en Asie au Pakistan (Sind, Baloutchistan) et en Inde (Rajasthan, Pendjab, Delhi) (voir Ali, 1973).
A. senegal var. kerensis Schweinf. (1896)
Arbuste ou buisson de 1–5 m de hauteur, branchu à partir du pied, le tronc étant court ou presque absent. Jeunes rameaux habituellement pubescents. Feuilles ayant jusqu'à 4 paires de pennes. Axe des inflorescences pubescent. Gousses arrondies à aiguës, rarement acuminées.
La var. kerensis est signalée en Ethiopie, en Somalie, en Ouganda, au Kenya et en Tanzanie.
Etant définie principalement par son port, la var. kerensis est souvent difficile à apprécier et identifier à partir de spéciments séchés. Les observations sur le terrain dans le nord-est de l'Afrique indiquent qu'elle est bien distincte et facilement reconnaissable, mais il serait très nécessaire d'avoir davantage d'informations à ce sujet, tant dans cette région qu'en Afrique orientale. On est loin d'être certain que toutes les formes arbustives d'A. senegal soient taxinomiquement identiques.
Fig. 7. Acacia senegal var. rostrata. Port de l'arbre. Afrique du Sud, Transvaal, Réserve de Dongola (R.A. Dyer 166/7).
A. senegal var. rostrata Brenan (1953)
Synonymes:
A. spinosa Marl. et Engl. (1888), non E. May.
A. trispinosa Marl. et Engl. ex Schinz (1900), non Stokes
A. rostrata Sim (1909), non Humb. et Bonpl. ex Willd.
A. oxyosprion Chiov. var. oxyosprion (1932)
A. senegal subsp. trispinosa (Stokes) Roberty (1948)
A. volkii Suesseng. (1954)
Généralement arbre de 2–8 m de hauteur, à cime aplatie et étalée, ou légèrement arrondie; parfois un arbuste (Natal). Jeunes rameaux plus ou moins pubescents. Feuilles à 4–12 paires de pennes (les paires sont le plus nombreuses au Natal). Axe de l'inflorescence pubescent. Gousses nettement rostrées ou acuminées.
L'aire principale de var. rostrata se trouve en Afrique australe: Mozambique, Zimbabwe, Botswana, Namibie et Afrique du Sud, où on la rencontre à l'exclusion de var. senegal.
Toutefois quelques spécimens du Kenya et de Somalie ont des gousses semblables à celles de var. rostrata (Brenan, 1953 ; Ross, 1968), et il y a à Kew un spécimen similaire provenant d'Oman (Miller 2390). Ces spécimens de l'extérieur de l'aire principale pourraient, comme le soutient Ross (1979), être var. rostrata, mais leur identité n'est pas certaine et il faudrait davantage de preuves.
Ross (1979) a signalé qu'Acacia oxyosprion Chiov. var. pubescens Chiov. (1932) pourrait être identique à var. rostrata, et être un nom antérieur. Toutefois ce type n'a pas été retrouvé.
A. senegal var. leiorhachis Brenan (1953)
Synonyme:
A. circummarginata Chiov. (1915)
Arbre atteignant environ 12 m de hauteur, avec (dans la plus grande partie de son aire) de longues branches éparses formant une cime ouverte irrégulière, mais (au Kenya) parfois cime bien formée et arrondie. Ecorce du tronc généralement jaune, papyracée, se desquamant. Jeunes rameaux glabrescents à glabres, souvent assez lisses et de couleur violacée. Gousses arrondie à aiguës à l'extrémité, parfois acuminées, et quelquefois plus grandes que chez les autres variétés (jusqu'à 19 cm de long).
La var. leiorhachis est limitée à l'est de l'Afrique, où on la trouve en Ethiopie, en Somalie, au Kenya, en Tanzanie, au Mozambique, en Zambie, au Zimbabwe, au Botswana et en Afrique du Sud.
Var. leiorhachis est souvent très distincte des autres variantes d'A. senegal par son port et par son écorce, mais il est fort possible qu'il s'avère dans l'avenir que cette dénomination renferme plus d'une entité.
Fig. 8. Acacia senegal var. leiorhachis. Photographie montrant les longues branches flexibles. Tanzanie, Masai District, 16 km au S.E. de Longido (Milne-Redhead & Taylor 7157)
(iv) Synonymes douteux
Ross (1974, 1979), a signalé qu'A. cufondontii Chiov. (1939) provenant d'Ethiopie, tout en étant conspécifique d'A. senegal, ne peut être clairement rapporté à aucune de ses variétés, et également qu'A. senegal var. pseudoglaucophylla Chiov. (1916) peut être une variété distincte, ou un synonyme de var. senegal.
La taxinomie d'A. senegal présente bien plus d'incertitudes et de problèmes non résolus qu'aucune des autres espèces arborescentes considérées ici. Le besoin le plus important est celui de nouvelles études de terrain et de récolte attentive de matériel dans le nord-est de l'Afrique, notamment en Somalie, qui est probablement le centre de diversification de ce groupe. La var. kerensis, en particulier, nécessite une observation attentive sur le terrain, car sa taxinomie est loin d'être certaine. L'allure générale de var. leiorhachis demande à être éclaicie: y a-t-il plus d'une variante? La présence de gousses rostrées au Kenya et en Somalie demande une étude plus poussée: s'agit-il d'anomalies dues au hasard, ou bien de représentants isolés de var. rostrata? La même remarque s'applique à Oman, pour lequel on ne dispose que d'un matériel végétal insuffisant. Il faudrait également un matériel convenable, avec des observations sur le port, pour le Pakistan et l'Inde. Des photographies montrant le port d'A. senegal seraient bienvenues pour la plus grande partie de son aire.
En Somalie il existe un certain nombre d'espèces d'Acacia très voisines d'A. senegal. Leurs limites taxinomiques ne sont souvent pas très claires, et à vrai dire il se peut que certaines attendent encore d'être reconnues scientifiquement. Par conséquent ce n'est pas seulement A. senegal, mais également les espèces voisines qui demandent de nouvelles études avant que la situation ne s'éclaircisse.
| Ali, S.I. 1973 | Flora of West Pakistan, No. 36, Mimosaceae. Univ. of Karachi, Karachi, Pakistan. |
| Brenan, J.P.M. 1953 | Tropical African Plants: XXIII. Kew Bull. 8: 97–101 |
| Ross, J.H. 1968 | Acacia senegal (L.) Willd. in Africa, with particular reference to Natal. Bol. Soc. Brot., ser. 2, 42: 207–240. |
| Ross, J.H. 1974 | Notes on Acacia species from north-Tropical Africa. Bothalia 11(3): 300–302. |
| Ross, J.H. 1979 | A Conspectus of the African Acacia Species. Mem. Bot. Surv. S. Afr. No.44: 55–58 |
