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Le développement de la sylviculture hongroise, 1950-1980: Reboisement sur un territoire réduit

Béla Keresztesi

Béla Keresztesi est le Directeur général de l'Institut de recherches forestières Budapest, Hongrie.

A la fin de la Première Guerre mondiale, la Hongrie avait perdu 67 pour cent de son territoire, 58 pour cent de sa population et 85 pour cent de ses forêts. La chaîne des Carpates densément boisée avait été détachée du pays. Le nouveau territoire se composait essentiellement de plaines et de collines entrecoupées par le Danube, et le volume annuel des coupes forestières atteignait à peine les 9 pour cent du niveau d'avant-guerre. Une gestion des forêts nationales d'un type nouveau était nécessaire si l'on voulait éviter que la Hongrie ne devienne totalement tributaire des importations de bois. Que pouvait-on faire?

LA GRANDE PLAINE HONGROISE renouveau de la forêt après 1920

Après la fin de la Première Guerre mondiale, qui marqua la chute de la monarchie austro-hongroise, le développement systématique de la foresterie hongroise - économie forestière, industrie du bois et commerce du bois - a pris son essor. En effet, le traité de Trianon (4 juin 1920), qui déterminait les frontières de la Hongrie d'après-guerre, sanctionna la réduction de son territoire. Les parties où les habitants non hongrois étaient en majorité furent attribuées aux pays limitrophes ou aux nouveaux pays issus des mêmes événements. La superficie totale du pays (en excluant la Croatie) passait de 28,3 millions à 9,3 millions d'ha, alors que la population tombait de 18 millions à 7,6 millions d'habitants.

Or, une grande partie des territoires détachés de la Hongrie d'avant 1920 comprenait des montagnes couvertes de forêts. La surface boisée du pays fut donc réduite de 7,4 millions à 1,1 million d'ha. Cette perte de 6,3 millions d'ha eut des conséquences considérables, car la superficie du nouveau territoire ne produisait que les 9 pour cent du volume de bois auparavant récolté.

Les forêts des plaines et des collines à l'intérieur des nouvelles frontières (qui comprennent les ressources forestières de la Hongrie d'aujourd'hui) ne jouaient auparavant qu'un rôle mineur dans l'approvisionnement en bois. Avant la Première Guerre mondiale, les besoins en bois rond et en sciages de résineux étaient amplement couverts par les forêts des Carpates. Ainsi, au siècle dernier et au début de celui-ci, même les grandes propriétés forestières se bornaient à appliquer le régime des taillis pour produire du bois de chauffage et du bois d'œuvre de petites dimensions. Alors qu'avant le traité de Trianon les résineux occupaient 24 pour cent des forêts de la Hongrie, en 1920 ils n'en représentaient plus que 4,1 pour cent. Il devint donc nécessaire de combler ce déficit par des importations.

Cette situation défavorable de l'économie forestière préoccupait les milieux forestiers, notamment les ingénieurs qui, sous la direction de l'académicien Károly Kaan, forestier hongrois bien connu et secrétaire d'Etat, définirent une politique forestière correspondant aux conditions nouvelles. Parmi les objectifs primordiaux de cette politique, il convient de mentionner le boisement de la Grande Plaine, le reboisement des terrains dégradés, le remplacement du régime des coupes rases par celui des coupes progressives de régénération, et enfin une loi qui habilitait l'administration forestière à rendre obligatoire l'application de ces plans d'aménagement même dans les forêts privées. Cette politique forestière se heurtait cependant aux intérêts de leurs propriétaires, et c'est pourquoi son application fut assez limitée entre les deux guerres mondiales.

Une foresterie moderne servant les intérêts de l'ensemble de la communauté nationale devint possible après la Seconde Guerre mondiale. C'est alors que la Hongrie, ayant adopté un régime socialiste, nationalisa ses forêts, ce qui allait permettre de mettre en œuvre une politique forestière préservant aussi le long terme.

A l'initiative du Ministre de l'agriculture, une politique de développement forestier élaborée de façon scientifique fut lancée en 1954. La même année, une série de décrets lui donna force de loi (cf. décret ministériel N° 1040/1954, relatif au développement de la production forestière, et décret ministériel N° 3009/1955, relatif au développement de l'industrie du bois et à l'économie du bois).

Prévus pour une durée de six ans (1955-1960), ces textes sont encore en vigueur aujourd'hui. En fait, ils résumaient pour la première fois les directives socialistes de l'économie forestière et de la transformation primaire du bois, élaborées en fonction des principaux objectifs suivants:

· reproduction et augmentation du capital ligneux des forêts;

· amélioration de la qualité du bois produit;

· utilisation à buts multiples des ressources forestières;

· mécanisation de l'économie forestière par l'application généralisée des méthodes industrielles;

· reconstruction et développement de l'industrie du bois en rapport avec les ressources en bois du pays.

Au début des années 50, on avait cru pouvoir réaliser l'augmentation du capital ligneux par la diminution de l'exploitation forestière, jugée excessive, et par une extension considérable des surfaces boisées. Le décret N° 1040 différait de cette conception surtout en ce qu'il plaçait au premier plan, à côté d'une extension considérable des surfaces boisées, les mesures d'entretien (nettoiements, éclaircies, élagages artificiels) et la régénération des forêts existantes, notamment des forêts naturelles qui jouaient un rôle décisif dans l'approvisionnement en bois du pays. Il en prévoyait également les conséquences, c'est-à-dire une augmentation considérable de l'exploitation forestière.

Le programme de boisement de la Grande Plaine permit d'aboutir peu à peu à un programme de boisement de l'ensemble du pays sur des bases écologiques modernes.

Jusqu'à la fin du 18e siècle, les forêts et les conditions écologiques de la sylviculture en Hongrie se trouvaient encore dans un état relativement favorable. Mais cette situation se dégrada au 19e siècle par suite d'un vaste déboisement et de grands travaux de régularisation des eaux. Ces travaux permirent par contre de préserver des inondations une superficie totale d'environ 2 millions d'ha, c'est-à-dire une partie importante du pays. (C'est la plus grande superficie protégée contre les inondations en Europe, après les Pays-Bas et l'Italie, avec respectivement 1,4 million et 0,7 million d'ha.) Après 1920, la superficie totale des forêts - qui, à la fin du 18e siècle, s'élevait à 2,8 millions d'ha - se trouva réduite à 1,1 million d'ha (tableau 1).

La période entre les deux guerres n'apporta que peu de changements essentiels. Par contre, après la Seconde Guerre mondiale, l'environnement commença à se modifier dans un sens favorable grâce à de vastes boisements et plantations hors forêt, ainsi qu'au développement de l'aménagement des bassins versants. Les territoires maintenant préservés des inondations sont considérés comme constituant un vaste écosystème. En effet, les conditions forestières et hydrauliques que l'on a créées, et que l'on contrôle en permanence, créent à leur tour les conditions favorables à la production agricole et forestière, ainsi qu'à la sécurité des agglomérations et des communications.

Tableau 1: Evolution des superficies forestières de la Hongrie, par région (en milliers d'hectares).

Année

Transdanubie

Grande Plaine

Nord

Total

1800

1878,7

329,5

557,6

2765,8

1925

591,6

180,6

318,6

1090,8

1938

598,6

189,1

318,3

1106.0

1946

607,7

199,1

317,4

1124,2

1950

619,9

245,0

301,0

1165,9

1955

644,0

315,3

298,1

1257,4

1960

665,4

343,0

297,8

1306,2

1965

729,9

376.8

314,8

1421,5

1970

745,5

366,6

358,6

1470,7

1975

743,6

438,0

363,7

1545,3

1980

769,8

466,5

373,9

1610,2

Note: Les régions indiquées sont situées à l'intérieur des frontières actuelles de la Hongrie. Avant le traité de Trianon (1920) la superficie totale de forêts du pays était beaucoup plus importante, comprenant plusieurs millions d'hectares de forêts de montagne dans les Carpates.

REBOISEMENT DES CONTREFORTS DES PILIS atteindre l'autosuffisance en bois

Les résultats. Alors que les boisements réalisés de 1925 à 1938 dans la Grande Plaine n'avaient accru la surface boisée que de 15200 ha, les plantations réalisées entre 1946 et 1980 ont augmenté la surface forestière de 486000 ha. Ainsi, la surface boisée de la Grande Plaine, qui ne s'était accrue que de 4,7 pour cent au moment du plan de reboisement régional, entre 1925 et 1938, a augmenté de 134,8 pour cent lors de l'application du plan national, de 1946 à 1980, ce qui a profondément modifié la région.

Une autre conséquence du décret gouvernemental fut l'application d'un nouveau système de sylviculture dans les forêts naturelles. Ce système, mis au point après des essais qui durèrent plusieurs décennies dans les chênaies à charme du Sárvar, avait pour but d'accélérer au maximum la production d'assortiments de bois de haute qualité. La réalisation de ce nouveau système était liée à l'augmentation considérable du volume des coupes intermédiaires.

C'est en 1960 que fut obtenu le rendement le plus élevé, avec 47,8 pour cent du volume exploité provenant des coupes intermédiaires. Les coupes progressives de régénération, qui permettent la conservation des biosystèmes et des peuplements forestiers constitués durant des millénaires, n'avaient été appliquées que rarement avant 1945 dans les forêts privées. Leur généralisation fut ordonnée par le décret de 1954. Dans la période 1950-1955, on accéléra la régénération naturelle en établissant des plantations. On ne distinguait pas la régénération par drageons et rejets de celle par semences. Dans la deuxième période, 1960-1965, la régénération naturelle gagna du terrain, car toutes les conditions nécessaires étaient présentes: financement, main-d'œuvre, forestiers techniquement préparés, machines et véhicules rendant possible un abattage et un débardage épargnant les peuplements et le sol.

Mais la réforme économique hongroise de 1968 n'assurait que dans une moindre mesure ces conditions pour une période de régénération naturelle de 15 à 30 ans. Les projets forestiers à long terme passèrent donc à l'arrière-plan dans la troisième période (1970-1980), l'indicateur unique ou dominant étant le succès financier des entreprises, ou la rentabilité. L'abondance du gibier, qui dépassait de beaucoup la capacité cynégétique, causait aussi d'importants dégâts dans les reproductions. C'est pourquoi, dans la troisième période, la régénération par drageons et rejets gagna une fois de plus du terrain.

Améliorer la qualité. Les produits forestiers hongrois ne sont pas très recherchés sur le marché international. Le bois feuillu exporté est de qualité moyenne, et le degré de transformation des produits ligneux est bas. C'est surtout la crise actuelle qui a permis de voir clairement que, pour conquérir le marché international, il faut produire un bois de meilleure qualité.

La recherche pour l'amélioration des plantes forestières a donné de bons résultats. Le Conseil national pour les essais de variétés agricoles a qualifié jusqu'à présent 10 variétés de peupliers, 5 saules, 10 robiniers, un pin sylvestre, une épinette de Norvège et un orme. Des efforts particuliers ont été faits dans le but d'obtenir, entre autres, une bonne forme de tige, et d'accroître la proportion de bois d'œuvre et de bois d'industrie par rapport au volume total de la production ligneuse. Mais dans l'avenir, l'accent devra être mis sur l'accélération de la croissance et la résistance contre les maladies.

Depuis les années 50, l'amélioration des arbres à croissance rapide, en particulier des peupliers et des robiniers, constitue l'une des préoccupations de l'Institut de recherches forestières hongrois. Il est utile de décrire ici brièvement ce qui a été fait pour le robinier (Robinia pseudoacacia L.).

Les forêts de robiniers occupent actuellement 18,2 pour cent de la surface forestière totale du pays (voir Unasylva, Vol. 32, N° 127, p. 23-33). Cette essence est étroitement liée à l'agriculture: même aujourd'hui, 60 pour cent des peuplements de robiniers sont gérés par les coopératives agricoles de production et les fermes d'Etat. Avant la Seconde Guerre mondiale, le robinier était l'essence favorite des petites exploitations paysannes à caractère autosuffisant, qui utilisaient leur bois pour satisfaire les besoins les plus variés. Après la collectivisation de l'agriculture, le bois des forêts de robiniers existant à l'époque s'est révélé difficile à transformer par les industries du bois, en raison d'une proportion considérable de bois de qualité inférieure. En fait, l'amélioration du robinier a été stimulée autant par l'industrie du bois que par l'apiculture.

Pour procéder à l'amélioration par sélection, il a fallu choisir, parmi toutes les forêts de robiniers du pays, les meilleures sous-parcelles, et dans celles-ci, les arbres d'élite. Ensuite, avec leur descendance végétative, des essais de variétés ont été effectués. Enfin, les meilleures variétés ont été retenues pour des essais de culture. Les 10 variétés de robinier qualifiées peuvent être classées en trois groupes à destination spécifique:

· pour la production de grumes de sciage: les robiniers Robinia pseudoacacia cv. Nyirségi, cv. Kiskunsági, cv. Jászkiséri, cv. Appalachia, cv. Pénzesdombi et cv. Ullöi;

· pour la production de poteaux et de perches (bois de mine, tuteurs de vigne et d'arbres fruitiers, poteaux de clôture, perches à houblon): les robiniers Robinia pseudoacacia cv. Zalai, cv. Császártöltési et cv. Szajki;

· pour l'amélioration de l'apiculture: le robinier Robinia ambigua decaisneana cv. Rózsaszin A.C. (couleur rose A.C.).

Certaines de ces variétés ont une utilisation à la fois forestière et apicole: les robiniers Robinia pseudoacacia cv. Kiskunsági, cv. Jászkiséri, cv. Zalai et cv. Császártöltési.

Ces variétés ont été évaluées sur la base des données obtenues grâce aux essais de l'arboretum de Gödöllö et classées en quatre catégories:

· arbres à tige droite et cylindrique, produisant du bois d'œuvre et du bois d'industrie de haute qualité;

· arbres à tige droite, produisant du bois d'œuvre et du bois d'industrie de qualité moyenne;

· arbres à tige courbe, dont le bois sert à produire des articles de petites dimensions;

· arbres à tige et houppier très incurvés, à ramifications basses donnant du bois de feu.

Pour l'évaluation de l'exploitabilité, la proportion des deux premières classes est déterminante. Les assortiments de bois d'œuvre et de bois d'industrie pour l'âge d'exploitabilité ont été calculés en partant des classes de qualité, à l'aide du procédé d'Antal Dérföldi pour la planification du bois d'œuvre et du bois d'industrie selon les groupes de dimensions. La valeur totale en forints de ces assortiments donne la valeur d'exploitation composée, c'est-à-dire la valeur présumée de la forêt à l'âge d'exploitation. On constate ainsi que la valeur d'exploitation des variétés améliorées de robinier donnant du bois de sciage dépasse de 26 à 54 pour cent celle du robinier commun cultivé actuellement. La valeur des variétés donnant du bois destiné à produire des poteaux et des perches la dépasse également de 37 à 52 pour cent, à l'exception du robinier R.p. cv. Császártöltési.

Production de miel. En Hongrie, ce sont les forêts de robiniers qui constituent la base de la production du miel commercial. Dans les années favorables à la floraison, de 50 à 60 pour cent du miel produit provient du robinier. Le revenu en devises de l'exportation du miel a atteint 16,5 millions de dollars en 1982. L'entreprise Hungaronektár apporte en outre une aide financière à l'amélioration des variétés de robinier à floraison tardive et produisant beaucoup de nectar. Le robinier Couleur rose A.C. achève sa floraison une semaine plus tard que le robinier commun. Tandis que la valeur en sucre du robinier commun (teneur en sucre du nectar produit par une fleur durant 24 heures) varie de 0,8 à 1,0 mg et que les valeurs des variétés Császártöltési. Kiskunsági et Jászkiséri sont respectivement de 1,8 mg, 1,56 mg et 1,48 mg, la valeur en sucre du robinier Couleur rose A.C. atteint 1,9 mg.

En raison de l'importance économique de l'exportation du miel, l'Office national du Plan a accordé en 1982 des fonds spéciaux pour la création de 1000 ha par an de nouvelles forêts de variétés améliorées de robinier.

Peuplements artificiels. Lorsque l'on calcule le rendement de l'économie forestière, et en particulier de la production planifiée du bois, on constate que ce sont les forêts créées par l'homme (peuplements artificiels) qui fournissent les résultats les plus avantageux.

A ce propos, une Conférence mondiale sur les peuplements artificiels et leur importance industrielle s'est tenue en avril 1967 à Canberra, Australie, sous l'égide de la FAO.

La compilation des documents de cette conférence a permis d'établir une liste des pays qui se trouvent à l'avant-garde en matière de peuplements artificiels, c'est-à-dire ceux dont les peuplements couvrent une superficie d'au moins 0,5 million d'ha. Un classement des pays par ordre de pourcentage place la Hongrie et le Royaume-Uni au même rang, en tête de liste (tableau 2).

En fait, la Hongrie a effectué, sur une superficie de 1 million d'ha, des boisements artificiels bien adaptés aux conditions naturelles. La plupart de ces peuplements sont pratiquement identiques aux forêts naturelles. La période qui a suivi la Seconde Guerre mondiale est considérée comme l'âge d'or de la sylviculture hongroise.

Au sujet de la productivité des peuplements, le tableau 3 présente des données sur le rendement annuel en bois à l'hectare dans les pays du Conseil d'assistance économique mutuelle (CAEM). Ce sont les forêts hongroises qui ont la productivité la plus élevée, avec 4,8 m³ par hectare et par an. Au début des années 30, le rendement annuel n'était que de 2,0 m³ à l'hectare.

Bien que le but principal du développement de la sylviculture hongroise soit, depuis plus de 50 ans, de surmonter la pénurie de bois, afin de réduire les importations, il existait déjà une loi forestière qui suggérait la nécessité de l'utilisation à buts multiples des forêts. Dans la société socialiste, l'objectif qui doit être atteint est le bien-être général. Or, la forêt et l'économie forestière y contribuent dans une très large mesure, en particulier grâce à la sylviculture de bien-être public, qui considère la forêt non seulement comme une ressource en bois et autres matières, mais aussi comme une partie essentielle de l'environnement physique de l'homme. Ce dernier l'entretient et l'utilise en conséquence selon les principes de l'utilisation à buts multiples. L'avantage de cette forme d'utilisation est évident puisqu'elle permet de partager la participation aux charges, de réduire les frais spécifiques par utilisateur et, en même temps, d'accroître l'efficacité. Les titulaires du droit d'utilisation sont classés par ordre de priorité. Selon les cas, ils bénéficient d'avantages ou sont contraints de limiter leurs exigences.

Tableau 2. Pays ayant les plus importantes surfaces de reboisements par rapport à la superficie forestière totale

Pays

Superficie forestière totale (millions d'ha)

Reboisements (millions d'ha)

Plantations en pourcentage de la superficie totale

Résineux

Feuillus

Total

Hongrie

1,39

0,14

0,86

1,00

71,9

Royaume-Uni

1,76

0,91

0,36

1,27

71,9

Chine *

96,38

-

-

30,00

31,1

Japon

25,05

6,38

0,71

7,09

28,3

Bulgarie *

3,62

-

-

1,00

27,6

République de Corée

6,69

0,48

1,15

1,63

24,2

Afrique du Sud

4,10

0,42

0,50

0,92

22,5

Italie

6,03

0,50

0,33

0,83

13,9

Pologne

7,69

-

-

0,76

9,9

France *

11,60

0,98

0,12

1,10

9,4

Nouvelle-Zélande

7,36

0,43

0,03

0,46

6,3

Espagne

26,70

1,49

0,11

1,60

6,0

Etats-Unis

307,10

9,67

0,68

10,35

3,4

URSS.

929,59

15,15

3,73

18,88

2,0

Indonésie *

121,18

0,14

1,14

1,28

1,6

Inde

68,95

0,02

0,93

0,95

1,4

Brésil

352,10

0,07

0,43

0,50

0,1

Total

1977,29

36,78

11,08

79,62

4,0

Source: FAO (1967).
* Estimations.

Note: Ces chiffres, qui datent de 17 ans peuvent ne pas refléter les importants efforts de reboisement entrepris dans certains pays, par exemple la Bulgarie où le taux de boisement est passé de 27,6 à 50 pour cent, selon l'article de Grouev.

Tableau 3. Ressources forestières des pays de la CAEM

Pays

Année

Superficie forestière (milliers d'ha)

Année

Volumes totaux exploités (millions de m³)

Volume annuel enlevé par hactare de forêt (m³)

Total

Forêts d'Etat

Total

Résineux

Bulgarie

1977

3284

3284

1975

5,1

1,2

1,5

Hongrie

1977

1575

928

1975

7,5

0,4

4,8

Allemagne, Rép. dém.

1977

2690

1709

1975

8,6

6,4

3,2

Cuba

1977

1595

1595

-

-

-

-

Mongolie

1977

15219

15219

1975

9,2

8,5

0,6

Pologne

1977

8577

6988

1974

23,8

19,4

2,8

Roumanie

1977

6149

6148

1971

16,4

4,3

2,7

URSS

1973

771964

748808

1977

639,3

404,5

0,8

Tchécoslovaquie

1978

4515

4327

1975

14,7

10,8

3,3

Source: Tzehmistrenko et Feofilov (1979).

En 1974, au cours de l'élaboration du Plan national de développement des peuplements forestiers, on a effectué l'inventaire des forêts destinées à l'origine à la production de bois, ainsi que des forêts destinées à la protection de l'environnement - plantations de protection, ceintures vertes, forêts et plantations destinées à la protection du sol, de l'eau, du paysage et de la nature - ainsi qu'aux loisirs et au tourisme (tableau 4). Selon cet inventaire, alors qu'en 1965 la proportion des forêts à destination spéciale n'était que de 5,9 pour cent, en 1980 elle atteignait déjà 18,8 pour cent.

Après la Seconde Guerre mondiale, une pénurie de main-d'œuvre due à une série de transformations sociales - industrialisation, exode rural, développement de l'industrie tertiaire, augmentation des salaires - a accéléré la mécanisation des travaux forestiers non seulement en Europe mais aussi dans tous les pays pratiquant l'exploitation forestière. En outre, la difficulté des opérations et leur prix de revient élevé ont achevé de donner au travail forestier un caractère industriel. L'application des techniques modernes a nécessité l'accélération du développement des routes forestières.

Avantages de l'autonomie. Pour faciliter la mise à exécution des décrets sur les forêts, des directives fort détaillées avaient été formulées par l'Institut de recherche forestière depuis la gestion des semences jusqu'aux opérations de récolte. Ceci était en accord avec le système de gestion économique en vigueur à l'époque, basé sur la centralisation.

Mais après la réforme économique de 1968, les entreprises forestières ont acquis une grande autonomie. Aujourd'hui, c'est essentiellement selon leur propre jugement qu'elles appliquent les résultats des recherches et choisissent leurs moyens techniques et leurs technologies de production. Vers le milieu des années 70, l'Institut de recherche forestière a suggéré l'introduction de systèmes de production du bois analogues aux systèmes modernes de production agricole, ce qui s'est concrétisé.

Tableau 4. Répartition des surfaces boisées en fonction de l'utilisation principale dans les forêts à fins multiples de Hongrie

Utilisation principale

1965

1980

Superficie (milliers d'ha)

Pan en pourcentage

Superficie (milliers d'ha)

Pan en pourcentage

Production de bois

1305,4

94,1

1290,1

81,2

Récréation

6,3

0,4

54.9

3,5

Protection de l'environnement

66,3

4,8

174,3

11,0

Protection de la nature

4,5

0,3

24,0

1,5

Chasse

2,8

0,2

41,9

2,6

Expérimentation

2,5

0,2

3,2

0,2

Total

1387,8

100,0

1588,4

100,0

DAIMS A LA RECHERCHE D'ALIMENTS préserver la faune sauvage

C'est essentiellement selon leur propre jugement que les entreprises forestières appliquent les résultats des recherches et choisissent leurs moyens techniques et leurs technologies de production.

Les entreprises forestières les plus avancées se sont intéressées rapidement à ces innovations et ont passé avec l'Institut de recherche forestière des contrats à long terme pour le développement de systèmes de production du bois.

· Le Combinat forestier de la Hongrie occidentale a chargé l'institut de l'élaboration d'un système complexe, à caractère industriel, de production de résineux.

· L'Entreprise forestière et de transformation du bois du sud de la Grande Plaine lui a confié la mise au point d'un système de production du pin sylvestre.

· L'Entreprise forestière et de transformation du bois de Nagykunság lui a demandé d'élaborer des systèmes de production du robinier, du peuplier et des résineux.

Le système de production du robinier de Nagykunság a été le premier à être mis au point. Le Ministère de l'agriculture et de l'alimentation a autorisé son fonctionnement en avril 1982.

Dans le cas du robinier de Nagykunság le système a pour but de réaliser une production à caractère industriel du robinier, par la concentration de tous les efforts et l'application d'une politique à long terme, grâce à l'utilisation des résultats de recherches et de technologies avancées visant à améliorer la qualité et à augmenter la production de bois et autres ressources forestières, afin d'obtenir les meilleurs résultats financiers.

C'est un système de valorisation de la production à long terme, car il est basé sur des entreprises forestières et des coopératives agricoles, qui se chargent de l'application à un niveau professionnel et discipliné de technologies modernes dans leur propre intérêt. L'organisateur du système assure l'approvisionnement en machines modernes et l'entretien nécessaire, ainsi que la consultation professionnelle et la formation professionnelle du personnel local.

Le système de production du robinier a été élaboré en utilisant des sous-systèmes reliés entre eux. Ces sous-systèmes coupent le cycle long de production en sections courtes, qui correspondent aux branches de production de l'activité forestière. Le système n'a pas été élaboré pour le cycle entier de production, mais seulement pour une période d'environ 5 à 12 ans qui comprend l'exploitation du bois, la production des plants, la régénération des coupes et la première coupe intermédiaire, qui sont les phases les plus déterminantes dans la vie de la forêt. Le système se compose donc de quatre sous-systèmes. De plus, le travail de production qui est effectué dans le sous-système peut être évalué séparément du point de vue économique.

Panneaux de bois. Le décret N° 3009/1955 sur le développement de l'industrie de première transformation du bois et l'économie du bois prescrit la modernisation des usines de sciage et de contre-plaqué existantes, le démarrage de la fabrication de panneaux de fibres et de particules, ainsi que l'économie du bois et la substitution du bois par d'autres matières. La fabrication des panneaux de fibres et de particules a été développée par les pays occidentaux pour utiliser les déchets de bois des résineux. Mais les spécialistes hongrois ont décidé d'utiliser leur bois de feu - bois de feuillus de faibles dimensions - pour la fabrication de panneaux. Cette innovation a été la plus importante de la République hongroise pour un meilleur emploi industriel des bois de qualité inférieure destinés au marché national.

Données résumées sur l'économie forestière hongroise dans les dernières décennies


1950

1975

1980

Superficie boisée (milliers d'ha)

1166

1545

1610

Bois sur pied (millions de m³)

117

238

257

Possibilité réalisable (millions de m³)

2,6

7,5

7,7

Volume brut exploité, y compris bois d'œuvre et d'industrie (millions de m³)

3,1

6,7

7,5

Bois d'œuvre et d'industrie (millions de m³)

0,9

3,1

3,7

Bois transformés (millions de m³)

0,8

3,2

3,6

Consommation de bois d'œuvre et d'industrie (millions de m³ équivalent bois rond)

2,6

7,2

7,0

Consommation de bois de feu et de charbon de bois (millions de m³)

2,4

2,1

2,4

Consommation totale nette (millions de m³)

5,0

9,3

9,4

Taux de production nationale (pourcentage)

54,7

59,5

66,7

Importations de bois (millions de m³ équivalent bois rond)

2,9

5,6

4,9

Exportations de bois (millions de m³ équivalent bois rond)

-

1,5

1,3

GRUMES DE PEUPLIER EUROAMÉRICAN prêtes à descendre le Danube

Bilan. Quels sont les résultats, au bout d'un quart de siècle, de l'application de ces deux décrets conçus à l'origine pour six ans? Même avant 1945, la Hongrie avait un enseignement et une recherche forestière de grande tradition et d'un rang international reconnu. Les ingénieurs et les agents forestiers étaient dotés de connaissances professionnelles modernes. Mais, comme il a été mentionné, l'application de la politique forestière était à cette époque très difficile en raison du régime de propriété alors en vigueur. C'est pourquoi les décrets de 1954 et 1955 furent accueillis avec un réel enthousiasme par les forestiers. Ces deux décrets constituèrent un grand pas en avant. En fait, ils forment la base de la loi VII de 1961 sur l'aménagement des forêts et de la faune, qui englobe une grande partie des mêmes objectifs et les définit pratiquement dans les mêmes termes.

Le bilan du développement de l'économie forestière après 30 années peut être tracé de la façon suivante (voir encadré): alors qu'à la fin de la Seconde Guerre mondiale le matériel sur pied atteignait 117 millions de m³ environ, aujourd'hui, grâce à une sylviculture intense et à l'augmentation des surfaces forestières, le capital ligneux des forêts destinées à la production de bois dépasse 257 millions de m³. La valeur financière de ce bois sur pied - en admettant qu'elle soit égale à la contribution correspondant à l'entretien des forêts - s'élève à 141 milliards de forints.

USINE DE DISTILLATION DU BOIS A TOLMÁCS alimenter l'industrie hongroise

Au début des années 50, on craignait que les forêts ne soient surexploitées. En 1950, par exemple, 3,1 millions de m³ furent récoltés, contre 2,6 millions de m³ effectivement exploitables. Aujourd'hui, 30 ans plus tard, le volume qu'il serait possible d'exploiter n'est même pas utilisé en totalité. En 1980, sur les 7,7 millions de m³ exploitables, il n'en a été exploité que 7,5 millions. Au cours des trois dernières décennies, la consommation totale de bois a presque doublé. En 1950, les ressources du pays ne permettaient de satisfaire que 54,7 pour cent des besoins totaux. En 1980, cette proportion a atteint 66,7 pour cent. En 1950, la Hongrie n'exportait pas de bois. En 1980, ses exportations s'élevaient déjà à 1,3 million de mètres cubes.

Ces chiffres prouvent que le développement de l'économie forestière hongroise a atteint aujourd'hui un degré remarquable, même au niveau mondial. C'est un résultat dont la génération actuelle de forestiers de ce pays peut être fière, compte tenu des difficultés que deux guerres mondiales et leurs conséquences, en moins d'un demi-siècle, ont représenté pour la Hongrie en matière de forêts.

PLANTATION DE ROBINIERS A ÜLLÖ

PEUPLEMENT DE MÉLÈZES DANS LES BÖRZSONY - La Hongrie mise beaucoup sur les peuplements artificiels

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Les directions fondamentales du développement de l'économie forestière des pays du Conseil d'assistance économique mutuelle. Lesnoie Hosiaistvo 11: 12-17. (En russe)


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