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Le monde forestier


Les activités forestières de la FAO en 1984
Autres nouvelles

Les activités forestières de la FAO en 1984

1. Ressources forestières et environnement

Développement et aménagement des forêts. Les de données constituées en vue d'établir un Système mondial permanent d'information sur les forets tropicales se sont consolidées. Des synthèses par pays sur les ressources forestières ont été préparées pour 14 pays tropicaux supplémentaires. portant à 90 le total des pays couverts par le système d'information sur les ressources forestières. soit 99 pour cent de la superficie totale des pays dont la totalité ou la plus grande partie du territoire est située entre les deux tropiques.

L'aide à l'application des techniques nouvelles à la surveillance et à l'inventaire des ressources forestières s'est poursuivie, en particulier avec le système FAO de traitement informatisé des données des inventaires forestiers (FIDAPS). L'utilisation de satellites météorologiques pour la surveillance du couvert forestier tropical a été expérimentée. L'application de la télédétection à la foresterie a été facilitée par la mise au point de systèmes de classification de la végétation forestière, effectuée avec le concours du Programme des Nations Unies pour l'environnement. Trois études pilotes utilisant ces méthodes ont été réalisées en Inde, aux Philippines et en Thaïlande.

Amélioration des arbres et plantations. Le projet conjoint FAO/Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) sur la conservation des ressources génétiques forestières a continué de créer in situ et ex situ des plantations conservatoires. principalement dans des pays d'Afrique et d'Asie. Ces projets ont aidé les gouvernements à mettre au point des programmes appropries de plantation d'arbres. Dans le cadre du projet d'exploitation et de conservation des ressources génétiques des essences des zones arides et semi-arides. patronné par le Conseil international des ressources phytogénétiques de la FAO (CIRPG), une plus grande attention a été accordée à la récolte, la diffusion, l'évaluation et l'utilisation des semences d'essences forestières, et spécialement aux ressources génétiques des essences qui sont particulièrement utiles pour l'amélioration de la vie rurale. Huit pays participent à ce projet.

Des directives pour la conservation in situ sont en cours d'élaboration. Le réseau coopératif des instituts nationaux d'approvisionnement en semences et en ressources génétiques a renforcé ses activités. et la FAO a continué de fournir des semences et un soutien technique pour la récolte et l'évaluation des semences et pour la formation. Plus de 20 pays membres ont participé à ces activités.

Conservation et faune sauvage. La coopération s'est poursuivie avec les pays membres, en particulier en ce qui concerne les politiques et pratiques de conservation en altitude dans le cadre de l'aménagement intégré des bassins versants et des terres forestières. Au titre du programme mondial d'auxiliaires audiovisuels à la formation, à la motivation et à la vulgarisation pour la conservation en altitude, de nouveaux programmes audiovisuels ont été réalisés. Un cours de formation FAO/Finlande sur l'aménagement des bassins versants pour l'Afrique a eu lieu à Nairobi en janvier 1983. Une étude sur le rôle des communautés montagnardes dans l'aménagement des bassins versants a été publiée dans les Cahiers FAO: Conservations. Dans le domaine de la sylviculture en zone aride, des cours de formation FAO/Organisme danois pour le développement international (DANIDA) sur la fixation des dunes. les rideaux-abris et le boisement en zones sèches ont été organisés en Somalie et au Soudan. En outre, quatre publications techniques sont en cours de rédaction: «Manuel sur les rideaux-abris». «Directives pour l'aménagement sylvopastoral», «Manuel de sylviculture en zone aride à l'usage des techniciens de terrain», et «Manuel pratique sur les fourrages et le bois de feu».:Dans le domaine de la faune sauvage et des pares nationaux, deux publications sont sur le point de paraître: «Directives pour l'administration des parcs nationaux» et «Manuel de planification des parcs nationaux». Le Groupe de travail de la Commission des forêts pour l'Afrique sur la faune sauvage et les parcs nationaux s'est réuni à Arusha (République - Unie de Tanzanie) les 19 et 20 septembre 1983.

2. Industries forestières et commerce des produits forestiers

Développement des industries forestières. Plusieurs études ont été conduites en vue d'appuyer les efforts nationaux de développement des industries forestières (centrales productrices de chaleur et d'électricité alimentées au bois); de renforcer la viabilité des petites papeteries (papier journal et papiers d'impression et d'écriture) utilisant des procédés chimiomécaniques de fabrication de la pâte; et d'examiner la faisabilité de l'industrie de la pâte et du papier en Inde, à Madagascar et au Congo. On s'est tout particulièrement attaché à organiser la formation dans le cadre de la coopération technique. La FAO a activement collaboré aux sessions internationales d'étude des problèmes d'environnement liés à l'industrie de la pâte et du papier, organisées par le PNUE en Inde, aux Philippines, au Kenya, au Mexique et au Brésil, ainsi qu'au siège de la FAO à Rome. La FAO procède actuellement à la mise à jour de l'étude intitulée «Study on pulp and paper industries development in the ASEAN countries». L'Etude FAO: Forêts N° 40, Circular saw manual, a été publiée, de même qu'une autre étude intitulée Establishment of pulp and paper mills - a guide for developing countries (Etude FAO: Forêts N° 45).

Une consultation régionale sur les panneaux dérivés du bois pour l'Asie et le Pacifique a eu lieu à New Delhi en février 1983, en collaboration avec le Groupe de développement des industries forestières pour l'Asie et le Pacifique. La FAO a coparrainé la consultation de l'ONUDI sur les industries forestières mécaniques, qui s'est tenue à Helsinki en octobre 1983. Un séminaire a été organisé sur la transformation du bois de cocotier pour la sous-région des Caraïbes, à Kingston (Jamaïque). Les préparatifs vont bon train pour l'organisation du premier Colloque FAO/Finlande sur la gestion et les industries forestières, qui se tiendra à Kotka (Finlande) du 26 août au 15 septembre 1984. Une consultation internationale sur les industries forestières appropriées, qui pourrait se tenir à Jakarta (Indonésie) au cours du second semestre de 1985, est également en cours d'organisation. La 24e session du Comité consultatif de la pâte et du papier s'est tenue à Rome en mai 1983.

Commerce et commercialisation. La FAO a continué de coopérer avec la Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement (CNUCED) pour donner suite à la résolution de 1976 concernant le programme intégré de la CNUCED pour les produits de base et notamment les bois tropicaux, qui a débouché sur la Conférence des Nations Unies sur les bois tropicaux. Cette conférence est convenue des termes de l'Accord international sur les bois tropicaux. La proposition consiste à mettre en place une nouvelle organisation internationale sur les bois tropicaux, dont le siège reste à fixer par l'organe directeur de l'organisation projetée, lors de sa première réunion.

BOIS DE FEU AU SÉNÉGAL la FAO intensifie ses efforts dans ce domaine

Au niveau régional, la FAO a coopéré avec la Commission économique et sociale pour l'Asie et le Pacifique (CESAP) dans des activités liées aux bois tropicaux. La FAO a participé activement à deux réunions du Colloque consultatif intergouvernemental des pays en développement producteurs ou exportateurs de bois tropicaux, qui se sont tenues à Kuala-Lumpur et à Jakarta. Ce colloque apparaît comme un premier pas vers la constitution d'une communauté régionale des bois tropicaux. La publication du bulletin mensuel sur les produits des forêts tropicales dans le commerce mondial des bois, et de son supplément trimestriel, s'est poursuivie.

Exploitation et transport. Ce sous-programme est axé sur la formation et la publication de manuels et ouvrages pratiques, grâce à l'apport de fonds extrabudgétaires. Le quatrième cours FAO/Autriche sur les routes forestières et l'exploitation des forêts de montagne a eu lieu à Ossiach et Ort (Autriche) en mai et juin 1983. L'informatisation des spécifications techniques du matériel et des coûts d'exploitation s'est poursuivie; elle aura des conséquences importantes pour les projets sur le terrain. Des missions se sont rendues sur place aux Fidji et au Viet Nam pour mettre au point des projets de formation et d'investissement pour l'exploitation forestière.

3. Investissement forestier et institutions

Formation et institutions. La Consultation d'experts FAO/Office central suédois pour l'aide au développement international (SIDA) sur l'administration des forêts pour le développement, qui a eu lieu à Rome, a examiné les structures et organisations administratives en vue de mettre au point un ouvrage de référence à jour sur l'administration forestière à partir de ses travaux, qui ont été publiés en août 1983. (Une sélection d'exposés présentés à cette conférence a été publiée dans Unasylva, Vol. 36, N° 142.) La rédaction d'un manuel de vulgarisation forestière est en cours d'achèvement et la publication devrait avoir lieu dans le courant de 1984. (Le N° 143, Vol. 36, d'Unasylva est consacré en grande partie à la vulgarisation forestière.) Une étude des besoins de formation pour la foresterie en Afrique a été effectuée, et une stratégie basée sur cette étude a été conçue en vue de satisfaire les besoins de formation de haut niveau. Le Comité consultatif FAO de l'enseignement forestier s'est réuni pour sa 12e session à Nairobi (Kenya) du 26 au 29 avril 1983.

ASPECTS PRATIQUES DE L'EXPLOITATION FORESTIÈRE la FAO publie de nouveaux manuels

SASSABIS AU BOTSWANA la FAO apporte son assistance pour l'aménagement de la faune sauvage

La législation forestière a continué de retenir l'attention, notamment en ce qui concerne son rôle dans la promotion de la foresterie communautaire dans divers pays d'Afrique, d'Asie et d'Amérique latine. En outre, on a examiné, en coopération avec l'Organisation des producteurs et exportateurs africains de bois (OAB), les lois et règlements forestiers en vigueur dans les Etats membres de cette Organisation. L'étude FAO: Forêts N° 43, Forest revenue systems in developing countries, a été publiée; elle a pour objet de servir de guide aux pays en développement pour la révision et la mise à jour de leurs systèmes de fiscalité forestière.

Planification des investissements et statistiques. Une analyse des investissements privés étrangers dans le secteur forestier en Afrique a été menée à bien dans le cadre d'une étude globale des régions en développement dans le monde. Cette étude fait apparaître que ces investissements sont beaucoup plus élevés qu'on ne l'estimait auparavant. Un rapport sur ce sujet a été préparé pour la Session africaine d'étude FAO/Centre des Nations Unies sur les sociétés transnationales (UNCTC) sur les négociations avec ces dernières. Les pays membres ont continué de bénéficier d'une assistance pour améliorer leur potentiel de planification dans le secteur forestier et pour l'utilisation des techniques d'analyse économique. Le sous-programme sur la planification des investissements et les statistiques a aussi assuré un soutien technique aux activités d'investissement. Il a également apporté son assistance à l'Institut de développement économique de la Banque mondiale pour mettre au point et dispenser un cours sur la planification des projets de foresterie et d'industries forestières, et à la Banque interaméricaine de développement pour la préparation d'études de fond sur le secteur forestier. Un quatrième volume consacré à la formation et aux documents de référence sur l'analyse économique des projets forestiers a été achevé.

Dans le cadre du Programme FAO sur les statistiques internationales du secteur forestier, des statistiques forestières ont été fournies aux institutions nationales et internationales par l'Annuaire des produits forestiers et par les publications sur les prix des produits forestiers et les capacités de production de pâte et de papier. Une nouvelle enquête sur l'industrie des panneaux dérivés du bois a été entreprise en 1983. Des travaux de collecte d'informations sur les gens et la foresterie ont également été entre pris. L'un des éléments majeurs de ce sous-programme est centré sur l'étude des perspectives de l'offre et de la demande de produits forestiers. En réponse à une résolution de la Conférence de la FAO, la capacité d'analyse prévisionnelle pour l'offre et la demande mondiales de produits forestiers a été renforcée. En outre, une nouvelle série d'études sur les perspectives internationales à long terme a été entreprise en vue de la formulation de politiques forestières.

Politiques et information forestières. Les réunions des Commissions des forêts pour l'Afrique, l'Europe et le Proche-Orient et du Comité du développement forestier sous les tropiques ont été organisées, et la publication d'Unasylva s'est poursuivie.

4. La forêt au service du développement rural

Foresterie communautaire. La première phase, d'une durée de trois ans, du Programme d'action spécial, «La forêt au service du développement des collectivités locales», soutenue par le SIDA, s'est officiellement achevée à la fin de juin 1982, et la deuxième phase a commencé en juillet 1983. Ce programme tend à stimuler et à soutenir les activités forestières susceptibles d'aider les populations à satisfaire leurs besoins fondamentaux de nourriture combustibles et matériaux dé construction, et pouvant améliorer leur revenu, leur bien-être et leur environnement. Les éléments principaux du programme portent sur les activités de terrain et la diffusion de l'information. Les activités de terrain ont pour objet de fournir aux pays un complément d'assistance à petite échelle pour les aider à entreprendre ou accélérer des projets ou programmes d'appui aux actions forestières au niveau de la collectivité locale apportant un bénéfice direct aux populations rurales: 38 projets sur le terrain ont été lancés dans 36 pays au cours de la première phase du programme. Deux publications importantes, Enquêtes sur les combustibles ligneux et Techniques simples de carbonisation, ont été diffusées en 1983. Jusqu'ici, une cinquantaine de publications du Programme «La forêt au service du développement des collectivités locales» (22 études de fond et 28 rapports sur les activités de terrain) ont paru. Ces publications sont de plus en plus demandées, et certaines d'entre elles ont été diffusées à plus de 20000 exemplaires.

En 1983, le sous-programme de foresterie communautaire s'est axé sur l'analyse des problèmes, la définition des interventions nécessaires et la correction des lacunes méthodologiques, par exemple en mettant au point conjointement avec la Banque mondiale un système de surveillance et d'évaluation des projets de foresterie sociale en Inde. Une attention particulière a également été portée aux possibilités de création d'emploi et de revenu pour les ruraux pauvres.

Développement agrosylvopastoral. Environ 45 pour cent du déboisement dans les forêts et les zones boisées tropicales sont imputables aux cultures itinérantes et aux jachères agricoles de longue durée. Une étude, réalisée à partir de sept études de cas se répartissant entre six pays des zones humides de montagne et de plaine en Afrique orientale et en Afrique occidentale, examine sous l'angle de la foresterie les solutions de rechange et les modifications à apporter à la pratique de l'agriculture itinérante et l'apport de la forêt au développement socio-économique des collectivités concernées en Afrique tropicale. Le sous-programme de développement agrosylvopastoral met l'accent sur le recours accru au reboisement aux fins de la production vivrière, fruitière et fourragère. Quelque 200 monographies, présentant un choix d'essences forestières vivrières et fruitières du Brésil, des Philippines et de la République-Unie de Tanzanie, ont été publiées. Une étude sur l'aménagement polyvalent des écosystèmes de mangrove en Asie du Sud-Est a été réalisée par l'université Kasetsart en Thaïlande.

Bois de feu. Deux études de fond des problèmes de bois de feu et des solutions possibles ont été consacrées à la situation du Sahel et de l'Afrique de l'Est. En Asie et dans le Pacifique, à l'issue de l'enquête régionale sur le bois de feu, on s'est efforcé d'identifier des mesures correctives spécifiques et de préparer leur mise en œuvre. Un séminaire sur la promotion du bois de feu et de l'énergie au service de la femme africaine a eu lieu à Lusaka (Zambie). Des études de cas réalisées dans quatre pays possédant des types différents de forêts ont servi à préparer un manuel sur l'aménagement des forêts pour la production de bois de feu et de charbon de bois, à l'usage des services de vulgarisation forestière. On a procédé en octobre 1983 à l'évaluation préliminaire de l'incidence des programmes de fourneaux à bois.

C. Chandrasekharan, forestier principal (planification), FAO.

Autres nouvelles

Les fourmis rousses, gardiennes biologiques de la forêt

Les fourmis rousses des bois, ce fléau des pique-niqueurs du dimanche, sont présentées dans un nouveau rôle - celui de gardiennes de l'équilibre biologique de la forêt dans un récent article de C. Trossian et P. Humbert («Les fourmis rousses des bois et leur rôle dans l'écosystème forestier», Revue forestière française N° 1, 1982).

Ces fourmis appartiennent au groupe Formica rufa, qui comprend huit espèces. Toutes édifient un nid en forme de dôme, qui peut atteindre 2 m de hauteur et plusieurs mètres de circonférence. Les colonies les plus importantes comprennent jusqu'à 1 million d'individus.

Trossian et Humbert soulignent que ces fourmis des bois constituent un élément fondamental de l'écosystème forestier et que l'étude comparative de leur biomasse fournit de précieux renseignements sur l'état phytosanitaire des forêts qu'elles habitent. Outre leur rôle d'indicateurs de l'état de dégradation de la forêt, elles assurent également une protection efficace contre certains ravageurs. Selon le spécialiste italien Pavan, elles sont capables de consommer une quantité d'insectes telle que «pendant une période active de 200 jours, ces fourmis peuvent détruire au moins 14 millions de kg d'insectes dans la seule région des Alpes italiennes».

L'article décrit l'organisation de la fourmilière, qui se caractérise par un système de castes bien différenciées. Il analyse également les habitudes alimentaires des fourmis et conclut en décrivant les grandes lignes d'un programme de multiplication artificielle des colonies et ses différentes étapes: choix de l'emplacement (le biotope doit être le même que celui de la forêt où le peuple ment a été prélevé); choix de l'époque (au début du cycle biologique annuel des reines); choix de la colonie à partager; enfin, construction de la nouvelle fourmilière.

Les forestiers italiens et allemands ont bien compris l'intérêt qu'offrent ces fourmis pour l'équilibre des milieux forestiers, car ils les transplantent par camions entiers des régions où elles abondent vers celles qui en sont dépourvues. En fait, des fourmis italiennes ont même été expatriées vers les lointaines forêts du Québec.

Fay Banoun Rome

L'Europe et le développement forestier

L'Assemblée parlementaire du Conseil de l'Europe, lançant un cri d'alarme au sujet des importants déficits de bois, a recommandé au Conseil des ministres que les Etats membres prennent des mesures pour remédier à cette situation en Europe occidentale. L'Assemblée a également demandé aux Etats membres de faire un effort semblable pour assister les pays en développement dans les régions pauvres en ressources ligneuses.

Grâce à une telle assistance, a estimé l'Assemblée, ces pays pourraient promouvoir un développement économique véritable dans leurs zones rurales et mettre en place des administrations et des systèmes d'éducation forestiers efficaces. L'accent a été mis sur l'introduction de plans d'aménagement pour l'exploitation et la conservation des forêts, notamment dans les bassins versants et les régions subdésertiques.

En ce qui concerne les forêts européennes, l'Assemblée a demandé une action dans les cinq domaines suivants: reboisement des terres considérées comme peu propices à l'agriculture; meilleure utilisation économique des résidus de bois; gestion rationnelle des petits boisements; introduction d'une politique de zonage en vue de protéger les forêts contre les empiétements urbains et industriels; mesures préventives contre le dumping des produits ligneux par certains pays exportateurs d'Europe.

Enfin, l'Assemblée a appelé à l'action pour faire front aux deux calamités qui menacent le plus sérieusement les forêts européennes, à savoir les pluies acides et les incendies de forêts.

Le Wapa de Guyane, un bois qui explose

Appartenant à plusieurs espèces du genre botanique Eperua, le Wapa est un arbre bien conformé, donnant un bois brun rougeâtre, mais rien dans sa structure, si ce n'est ce fil droit, ne laisse soupçonner sa prédisposition à se fendre au point d'éclater. «Certains arbres se fendent à l'abattage jusqu'à éclater sur pied dès la première entaille à la tronçonneuse», écrivent A. Mariaux et A. Vitalis-Brun (Bois et forêts des tropiques, N° 199, premier trimestre de 1983).

UN WAPA DE GUYANE il lui arrive d'«exploser» à l'abattage

La présence d'un type de bois anormal, dit «bois de tension», dans certaines parties des tiges de feuillus inclinés ou à cime fortement déséquilibrée, est bien connue. On connaît moins bien le niveau et la répartition des contraintes dans les arbres sur pied normalement équilibrés et, par suite, leur relation avec la présence de bois anormal. On sait moins encore si des niveaux élevés de contrainte entraînent dans tous les cas la présence d'un bois ayant des caractères différents de ceux du bois normal.

Mariaux et Vitalis-Brun ont cherché à étendre aux bois tropicaux les études menées notamment sur le hêtre et les eucalyptus; ils ont conduit une série d'essais en Guyane pour étudier sur place la répartition des contraintes dans le Wapa et les facteurs qui entraînent l'éclatement de certains sujets à l'abattage. Cette étude est l'œuvre commune d'une équipe de chercheurs du Centre technique forestier tropical; elle présente au lecteur les résultats d'une série d'essais menés tant en forêt qu'au laboratoire, en vue de déceler les différences de structure entre bois normal et bois de tension, et de déterminer quelles peuvent en être les conséquences d'un point de vue pratique.

Si un bois formé dans un état de fort niveau de contrainte ne présente aucun caractère de structure différent d'un bois tout à fait normal, on peut penser qu'après libération des contraintes ce bois ne devrait plus présenter aucun comportement anormal à l'emploi. Si, au contraire, l'existence de fortes contraintes au moment de la croissance est toujours liée à une structure ou une composition particulière, il est à craindre qu'un tel bois n'ait jamais de propriétés - notamment de stabilité - tout à fait normales.

Pour mesurer ces contraintes sur des arbres sur pied, l'un des chercheurs a mis au point un appareil très simple dont les résultats, semble-t-il, sont plus fiables que ceux obtenus avec des dispositifs faisant appel à l'électronique. Près de 100 mesures ont été ainsi effectuées, et les déformations notées ont été reportées sur un tableau d'ensemble. Sur chacun des emplacements de mesure on prélevait un échantillon de bois, qui était ensuite analysé.

D'excellentes photographies - prises au microscope électronique à balayage à des grossissements allant de X85 à X4000 - des sections transversales et radiales de Wapa montrent de façon frappante la présence de fibres à paroi gélatineuse décollée ou plissée. C'est, en conclusion, cette paroi non lignifiée qui caractérise le bois de tension, et les chercheurs ont pu affirmer que «sans aucune exception observée, un bois de Wapa très tendu est un bois riche en fibres gélatineuses».

Etant donné que ni l'abattage ni le sciage n'élimine l'état anormal du bois, les arbres «explosifs»redoutés des abatteurs conserveront toujours leur particularité. Des recherches poussées seront nécessaires pour définir leurs qualités technologiques et découvrir la meilleure façon de les utiliser.


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