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GROUPE FAO D'EXPERTS DES RESSOURCES GENETIQUES FORESTIERES
RAPPORT DE LA CINQUIEME SESSION
(continuer)

III. ACTIVITES DEPUIS LA QUATRIEME SESSION (continuer)

Canada et Etats-Unis

Le contrôle de l'origine des semences est maintenant de pratique normale pour toutes les essences indigènes utilisées en régénération naturelle au Canada et aux Etats-Unis.

Aucune essence n'est considérée comme menacée dans son ensemble, mais un certain nombre de provenances sont en danger d'extinction pour diverses raisons:

  1. Exploitation (exemple: Juglans nigra);

  2. Contamination génétique ou remplacement par des provenances introduites (exemple: Pinus banksiana, P. radiata)

  3. Populations situées en bordure ou en dehors de l'aire principale (exemple: Pinus resinosa); on procède actuellement à l'identification des peuplements subsistants de ces essences.

Il est prévu de créer de nouveaux parcs nationaux et réserves écologiques. Le Service forestier des Etats-Unis se préoccupe actuellement de stratégie de protection pour certains ensembles génétiques dans les Etats du Nord-Ouest. On s'aperçoit par ailleurs que les zones arides et semi-arides n'ont pas bénéficié d'une attention suffisante notamment les régions frontalières entre les Etats-Unis et le Mexique. Au Canada il existe un grand nombre de parcs nationaux mais ils ne répondent pas toujours aux besoins de la conservation des ressources génétiques. Certains peuplements ont maintenant été classés comme “peuplements désignés” (analogues aux “peuplements étalons” de Finlande), qui seront régénérés naturellement ou artificiellement avec des semences récoltées sur place, sans sélection délibérée.

La certification des semences est en usage aux Etats-Unis et dans l'ouest du Canada. Les Centres de graines forestières de Macon en Géorgie et de Petawawa au Canada conservent leur rôle de foyers d'échanges internationaux de semences.

Les essences exotiques n'occupent pas encore une place d'importance économique au Canada, mais un certain nombre d'essais sont en cours. Les meilleurs matériels de reproduction sont récoltés sur des introductions anciennes de certaines essences, telles que Picea abies et Larix spp., dans le but de créer en définitive des races locales canadiennes. Les progrès dans l'amélioration des arbres au Canada continuent d'être rapportés dans les comptes-rendus périodiques de l'Association canadienne d'amélioration des arbres forestiers.

Scandinavie et Europe du Nord

Les forêts de Scandinavie ne courent aucun danger immédiat d'extinction, pas plus qu'aucune de leurs essences, mais il y a des motifs de préoccupation au sujet des ressources génétiques naturelles en raison d'une part de l'exploitation intensive des forêts, et d'autre part de l'application progressive des améliorations génétiques réalisées. Le recours croissant à la régénération artificielle utilisant les meilleures sources de semences telles qu'épicéa du centre ou du sud-est de l'Europe, ou encore des semences de vergers à graines, ou la multiplication végétative, risque dans tous les cas d'entraîner une érosion génétique des ensembles de gènes naturels.

Des mesures ont été prises dans plusieurs pays pour réduire le risque de rétrécissement excessif des ensembles de gènes naturels. En Suède a été publié en 1978 le rapport d'un groupe d'experts sur “Les ressources génétiques forestières - conservation, utilisation et renouvellement”, à la suite duquel a été créée en 1980 une Banque nationale suédoise de gènes forestiers. Le programme de conservation vise à conserver in situ, à perpétuité, un certain nombre de provenances indigènes. Des peuplements plus jeunes seront également désignés comme sources de matériel génétique pour le programme national. En Finlande onze nouveaux parcs nationaux ont été constitués sur terrains domaniaux, et six parcs existants ont été agrandis; l'accroissement total de surface est de 160 000 ha. De nouvelles réserves naturelles intégrales, d'une superficie totale de 23 000 ha, ont été créées dans cinq localités; en outre quatre réserves naturelles intégrales ont été agrandies au total de 40 000 ha. Parallèlement à ces actions est mené un programme spécial de conservation des tourbières et marais; il s'agit surtout de terres non boisées, mais dans certains cas elles constitueront des réserves pour des essences indigènes, notamment des écotypes spécialement adaptés que l'on ne trouve pas sur les sols minéraux de terre ferme. La répartition des réserves n'est pas idéale, en raison de la prédominance de terres privées dans le sud du pays; il pourra être nécessaire d'y remédier grâce à l'achat de terres privées par l'Etat.

En URSS plus de 140 000 ha ont été affectés à des zones permanentes de production de semences forestières, et plus de 8 000 ha de vergers à graines ont été créés; plus de 14 000 arbres ont été agréés et inscrits au Registre national. Il est fait mention d'un grand réseau national d'essais de provenances de Pinus sylvestris, Picea abies, Larix spp., Pinus cembra et Abies sibirica. Le “Red Book” russe “Krasnaja Kniga” mentionne plusieurs espèces arborescentes comme étant en danger d'extinction et nécessitant une protection; nombre d'entre elles représentent des ressources génétiques importantes également pour d'autres pays en dehors de l'URSS.

Les pays scandinaves se sont mis d'accord sur un système commun de stockage de données pour tous les arbres faisant l'objet de programmes d'amélioration. Les données qui seront enregistrées concernant l'origine, la conservation sous forme de graines et de banques de clones, le comportement génétique, etc.

En ce qui concerne les essences exotiques, Pinus contorta var. latifolia présente en Scandinavie, et notamment en Suède, une diversité de provenances qui est probablement la plus grande en dehors d'Amérique du Nord. Les dernières récoltes de conifères nord-américains organisées pour l"IUFRO par le Centre de graines forestières de Humlebaek au Danemark portaient sur Abies spp.; les graines ont déjà été distribuées. Les pays scandinaves ont fait des expéditions conjointes en Corée, au Japon, en Nouvelle-Zélande, en Tasmanie, en URSS et en Patagonie pour récolter des graines forestières, ornementales et horticoles. Nothofagus est particulièrement intéressant pour les îles Feroë.

Europe méridionale et Afrique du Nord

Les travaux d'amélioration d'Abies cephalonica sont poursuivis en Grèce, en France et en Italie. En France deux vergers à graines de familles ont été établis. Les essais de provenances font l'objet d'entretien.

Pour Cedrus atlantica on a sélectionné 15 peuplements semenciers, et des essais de provenances ont été mis en place en Italie.

En raison de l'extension des attaques de Coryneum cardinale, une coopération s'est développée notamment entre France, Italie et Grèce pour la sélection et l'amélioration des Cupressus. Un petit nombre de clones apparemment résistants ont été sélectionnés et sont encore soumis à des tests. Une collection complète de graines de C. sempervirens a été effectuée dans les îles de Crète et de Samos. Des sélections ont été faites sur C. arizonica et C. atlantica, et des peuplements conservatoires de C. dupreziana ont été établis.

Des essais de provenances d'Eucalyptus nitens et E. delegatensis ont été mis en place en France, essentiellement dans un but de sélection pour la résistance au froid.

Un programme coopératif de récolte et d'essais de Pinus canariensis est projeté par le Maroc. Des essais de provenances de P. halepensis, P. brutia et P. eldarica commencés en 1975, montrent nettement l'intérêt de P. eldarica notamment pour les stations difficiles et là où l'on a besoin de résistance au gel. Trois petits peuplements semenciers ont été établis, et ont commencé à fleurir. Plusieurs provenances de P. Halepensis montrent une nette supériorité de forme et de croissance.

Des essais de provenances de P. nigra laricio ont été établis en France et en Italie, et la protection d'une provenance presque éteinte de Toscane a été assurée.

En raison de l'extension de diverses maladies, un travail de sélection et d'amélioration a été lancé pour Platanus, essence importante tant en plantations urbaines que pour la fourniture de bois en agriculture. Plusieurs provenances (notamment de P. orientalis ont été récoltées, et sont actuellement testées. Une recherche analogue a été entreprise avec Ulmus spp.

En raison de l'intérêt particulier de Tetraclinis articulata pour le reboisement dans des conditions extrêmes de stations, notamment du fait de sa résistance à la sécheresse, des essais de provenances sont projetés, et la récolte de graines dans plusieurs pays différents a commencé.

Un travail de sélection a été commencé également sur Castanea vesca, Juglans regia et Prunus sp., en raison de leur importance pour l'agriculture et surtout de leur bois de valeur. Des progrès appréciables ont été obtenus en micropropagation, notamment avec Prunus.

De bons résultats ont été obtenus dans plusieurs pays dans la sélection et l'amélioration de Pseudotsuga menziesii, essence introduite, et des vergers à graines de familles et de clones ont été établis.

F A O

Programme ordinaire

Les fonds du Programme ordinaire de la FAO destinés à l'acquisition de semences et aux ressources génétiques forestières se sont élevés en 1978–79 à 66 300 $EU, et en 1980–81 à 96 000 $EU. Près de la moitié de l'allocation pour les deux années 1980–81 a servi à l'acquisition de graines d'essences de la zone tropicale sèche, à l'appui du projet sur les ressources génétiques d'essences de zones arides et semi-arides, décrit plus loin dans ce rapport. L'Annexe 3 donne le détail des allocations de fonds et des essences pour 1980–81. L'Annexe 4 présente une récapitulation des financements effectués au cours de la période 1966–1983.

La FAO est également intervenue dans la coordination d'un certain nombre d'essais internationaux de provenances, indiqués ci-dessous:

EssenceNb. de provenances ou groupes de provenancesNb. de pays ou d'institutsInstituts ayant effectué les récoltes
Eucalyptus microtheca2116CSIRO
Eucalyptus urophylla1228Direction générale des forêts d'Indonésie, CTFT, CSIRO
Pinus oocarpa1612INIF
Pinus patula1735INIF
Gmelina arborea3722FSC (DANIDA)
Araucaria cunninghamii  6  7Service forestier de PNG
Araucaria hunsteinii  4  4    "          "

De nouvelles récoltes et de nouveaux essais internationaux sont prévus pour des espèces de zone aride d'Acacia, Atriplex, Carcidium et Prosopis, ainsi que pour Eucalyptus deglupta et Acacia mangium et autres espèces tropicales d'Acacia.

La FAO a apporté une contribution financière en vue de récoltes de provenances de Pinus radiata et P. muricata effectuées en Californie par une équipe conjointe Australie/Nouvelle-Zélande/Etats-Unis. Les graines ont été distribuées entre 15 pays, dont 12 pays en développement. La FAO a également participé aux frais de distribution de phénotypes supérieurs de Pinus caribaea, organisée par le Service forestier du Queensland. Six pays en développement ont reçu des semences.

Outre des petites quantités de semences destinées à la recherche, il a également été rassemblé des lots de quantités moyennes de semences de provenances de grande importance potentielle, qui sont à l'heure actuelle soit menacées de contamination ou d'appauvrissement génétique, soit difficiles à obtenir. Des semences de trois provenances de valeur des basses terres du Nicaragua ont été fournies à 23 instituts dans 21 pays. Les graines distribuées étaient suffisantes pour planter plus de 170 ha de peuplements de conservation/production de semences/sélection.

Il a également été rassemblé des quantités moyennes de semences d'autres espèces et provenances d'Amérique centrale, comprenant Pinus caribaea var. hondurensis du Honduras, du Guatemala et du Bélize, et Pinus strobus var. chiapensis du Guatemala.

Le Département des forêts de la FAO a financé une enquête, qui a été effectuée par un consultant, D.G. Nickes sur l'Amélioration génétique des conifères tropicaux de basse altitude: besoins et possibilités de coopération internationale. Le rapport (FO:MISC/79/25) a été publié en 1979. Depuis lors, des propositions de projets dans le cadre d'un programme coopératif sur les conifères tropicaux de basse altitude ont été soumises par la FAO à un certain nombre de donateurs, tant pour une unité coordinatrice centrale que pour des unités régionales, tel que recommandé dans le rapport. Aucune de ces propositions n'a jusqu'à présent attiré de financement.

Les réalisations en matière de diffusion de l'information entre 1977 et 1981 comprennent la publication des numéros 7 à 10 des Informations sur les ressources génétiques forestières. Le no 10 contenait un questionnaire destiné à évaluer le nombre de lecteurs et mettre à jour la liste d'envoi. Les réponses révélèrent une diffusion de près de 2 000 lecteurs répartis comme suit: Europe 590, Amérique du Nord 406, Amérique du Sud 369, Afrique 182, Proche-Orient 27, Asie 278, Australie/Pacifique 63.

Outre les IRGF, le Département des forêts, en collaboration avec l'IUFRO et avec l'assistance financière du PNUE, a publié un document de travail intitulé “Data Book on Endangered Forest Tree Species and Provenances” (Recueil de données sur les essences forestières et provenances menacées d'extinction) (FAO, 1981b). Ce document devrait compléter le “Red Data Book” de l'UICN sur les plantes menacées également dans des parties de leur aire, c'est-à-dire au niveau de la provenance. Il a été distribué parmi les individus et institutions nationales de recherche travaillant dans le domaine des ressources génétiques forestières, en leur demandant des commentaires et propositions d'additions, qui seront analysés, en vue d'inclure dans la version définitive le plus possible d'espèces et provenances d'intérêt forestier, agroforestier ou énergétique qui sont en danger d'appauvrissement ou de contamination génétique ou de disparition.

Un article exposant le projet sur la conservation des ressources génétiques d'espèces arborescentes propres à améliorer la vie rurale, décrit plus loin dans la présente note, a été publié dans Unasylva no 133 (Palmberg, 1981a). Les stratégies et principes de ce projet ont également été présentés dans une communication à la Conférence technique FAO/CIRPG sur les ressources génétiques de plantes cultivées (Palmberg, 1981b). Des communications sur l'état d'avancement du Programme mondial sur les ressources génétiques forestières et sur le Programme coopératif sur l'amélioration génétique des conifères tropicaux de basse altitude ont été présentées à la réunion de l'IUFRO au Brésil en 1980.

Un cours de formation sur l'amélioration génétique des arbres forestiers pour la région d'Amérique latine, financé par le DANIDA, s'est déroulé au Venezuela en janvier 1980. Ce cours d'une durée de trois semaines a été suivi par 19 participants venus de 17 pays. Le rapport ainsi que les textes des conférences ont été publiés dans la série des Etudes FAO: Forêts sous le no 20 (FAO 1980d).

Programmes appuyés par le PNUE

Le Département des forêts de la FAO, avec une assistance financière du PNUE, a effectué en 1975 une étude pilote qui a abouti à la publicaiton intitulée “Méthodologie de la conservation des ressources génétiques forestières” (FAO, 1975b). Sur la base des recommandations techniques présentées dans cette étude et des résultats antérieurs des prospections et essais internationaux de provenances mentionnés plus haut, un projet FAO/PNUE a été lancé en 1975–76 pour la conservation des ressources génétiques d'essences forestières et provenances choisies (Projet no 1108-75-05).

La composante ex situ de ce projet a répondu à tous les espoirs. 38 peuplements internationaux de conservation ex situ/sélection d'une dizaine d'hectares chacun ont été établis dans cinq pays d'Afrique et un pays d'Asie, utilisant au total 11 provenances de 4 espèces différentes. Un consultant FAO (P.J. Wood) a visité ces peuplements en 1978, et présenté des observations sur le succès, les difficultés et les lacunes éventuelles du projet. Des instructions pour la conduite des peuplements ont été élaborées à titre préliminaire, et seront publiées dans le rapport final du projet. Le succès de cette action est démontré par le fait qu'un certain nombre de pays participants ont par la suite établi des peuplements nationaux de production de semences/sélection/conservation, selon la même méthode que celle du projet FAO/PNUE. L'Annexe 5 indique les superficies et la répartition des provenances plantées dans les peuplements conservatoires au titre du projet.

Il s'est avéré plus difficile de parvenir à des accords sur la conservation in situ. Des fonds ont été fournis au titre du projet seulement pour deux réserves botaniques en Zambie, destinées à la conservation in situ de Baikiaea plurijuga (Umgusi ou “teck de Zambie”). Cette action s'est poursuivie par l'allocation à la Zambie par le SIDA de fonds bilatéraux en vue de recherches botaniques sur cette essence.

Une Consultation FAO/PNUE sur la conservation in situ des ressources génétiques forestières s'est tenue en décembre 1980 en vue de formuler des recommandations et directives réalistes pour la conservation in situ. 11 experts invités et des représentants de la FAO, du PNUE et de l'Unesco ont assisté à cette réunion, pour laquelle la FAO a fourni le secrétariat. Le rapport en a été publié en 1981 (FAO, 1981a). Le PNUE appuie d'autre part indirectement (par l'intermédiaire du CIRPG) le projet mentionné ci-dessous.

Programmes appuyés par le CIRPG

En accord avec les recommandations faites par la 4ème session du Groupe d'experts FAO, et après approbation par le CIRPG d'une phase préparatoire d'un an, une enquête sur les besoins et possibilités de coopération internationale en matière de prospection, récolte, évaluation et conservation des essences de zones arides et semi-arides pour l'amélioration de la vie rurale a étée effectuée en 1979 par la FAO. Huit pays d'Asie, d'Afrique et d'Amérique latine qui avaient exprimé un intérêt pour le projet ont été visités, des priorités d'essences fixées et les besoins d'assistance extérieure identifiés.

Cette phase préparatoire, à laquelle le CIRPG a contribué pour 56 000 $EU , a abouti à un rapport (FAO, 1980b) et à des propositions pour un premier programme d'action qui est devenu la Phase II du projet, commençant en 1981. Ses principaux objectifs sont de servir de catalyseur pour rassembler des informations génétiques sur les essences de zones arides et semi-arides, et d'aider les pays dans l'application pratique de tous les résultats qui deviendront disponibles. La contribution du CIRPG a été de 87 000 $EU en 1981 (135 000 $EU en 1982, 202 000 $EU en 1983) 1, tandis que la contribution directe de la FAO sur son Programme régulier a été de 114 000 $EU en 1981 (104 000 $EU en 1982, 124 000 $EU en 1983). Les prospections et récoltes se sont concentrées sur les espèces résistantes à la sécheresse des genres Acacia, Atriplex, Cercidium et Eucalyptus et Prosopis (en 1983 au total 131 provenances avaient été récoltées). Des manuels techniques ont été rédigés sur la taxinomie, la récolte et le traitement des semences et les insectes parasites des graines des genres Acacia et Prosopis (six manuels ont été publiés en 1983). Des semences d'Eucalyptus microtheca ont été distribuées aux pays coopérants en vue d'essais de provenances. Huit pays en développement (Inde, Pakistan, RDP du Yémen, Suède, Sénégal, Mexique, Chili, Pérou) coopèrent au projet, et en outre des semences ont été fournies par le CSIRO à Canberra, le CTFT (France), le CFI à Oxford et la Land Development Authority d'Israël. L'Annexe 6 donne une liste des essences incluses dans le projet.

Ressources génétiques forestière - Liaison avec l'UICN

L'Union internationale pour la conservation de la nature et de ses ressources (UICN) est une organisation internationale non gouvernementale fondée en 1948 “… dans le but de promouvoir des actions fondées sur des bases scientifiques en vue de l'utilisation rationnelle et de la conservation des ressources naturelles”. Le principal but immédiat de l'organisation est l'établissement d'un réseau mondial de parcs nationaux et aires protégées pour la conservation des espèces, incluant la plus large gamme possible de leurs variétés génétiques ainsi que les communautés biologiques et écosystèmes dont elles font partie. Elle mène ses travaux avec l'aide de six commissions, dont la Commission des parcs nationaux et aires protégées et la Commission de survie des espèces ont des activités qui se rapprochent plus particulièrement de celles du Département des forêts de la FAO. L'UICN héberge d'autre part le secrétariat de la Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d'extinction (CITES).

Le travail de l'UICN se situe pour une large part sur un plan stratégique, par exemple par la publication et la promotion de la Stratégie mondiale de la conservation (UICN, 1980) et les Red Data Books sur les espèces menacées, par un programme d'activités triennal, et au niveau de projets. En ce qui concerne ce dernier point, l'UICN aide à l'élaboration et à la gestion des projets financés par le WWF, et prépare et entreprend des projets propres, souvent en collaboration avec le Programme des Nations Unies pour l'environnement (PNUE).

En 1974, le Comité des plantes menacées - travaillant sous la tutelle de la Commission de survie des espèces - fut créé dans le but d'aider l'UICN à recueillir des informations sur les plantes menacées et à établir des priorités et formuler des recommandations par régions, zones écologiques et espèces; il a un petit secrétariat à Kew (Grande-Bretagne). A partir des données rassemblées, quatre catégories de documents sont publiées: (i) Listes régionales, comprenant toutes les espèces d'une région donnée reconnues comme étant rares ou menacées; (ii) Bulletins de “Red Data”, couvrant un seul pays, île ou archipel; (iii) Fiches de “Red Data”, pour des espèces menacées choisies dans le monde entier (“études de cas”); (iv) Rapports sur les centres d'endémisme. Un ordinateur WANG “VS” a été installé récemment à Kew pour permettre la recherche d'information en direct sur une espèce ou une région donnée. Le fichier central UICN/WWF conservera également des données sur les espèces animales et sur les parcs nationaux.

En liaison avec les activités ci-dessus, un programme est actuellement élaboré entre le Comité des plantes menacées et des jardins botaniques à travers le monde, de même qu'entre le Comité et la Commission des parcs nationaux et aires protégées, afin d'établir une liste des espèces menacées déjà protégées dans des jardins botaniques, parcs nationaux et aires protégées analogues.

Ressources génétiques forestières - Liaisons avec l'Unesco

Parmi les programmes de l'Unesco, celui qui est le plus étroitement lié au travail du Département des forêts de la FAO en matière de ressources génétiques est le programme sur “l'homme et la biosphère” (PHB ou MAB). Le principal objectif du programme MAB, lancé en 1971, est d'“encourager la recherche sur les problèmes écologiques, recherche qui a des applications pratiques directes pour l'amélioration de la mise en valeur des terres et de l'aménagement des ressources”.

A l'heure actuelle le programme MAB se concentre sur quatre domaines prioritaires principaux: (i) les zones tropicales humides et semi-humides; (ii) les zones arides et semi-arides et autres terres marginales; (iii) les systèmes urbains; (iv) la conservation liée au développement.

La coordination du programme est assurée par un petit secrétariat au siège de l'Unesco à Paris, et son fonctionnement par des Comités nationaux MAB dans les divers pays participants. Le financement des programmes de recherche et de formation provient pour la plus grande part de sources nationales.

Le projet MAB no 8 est intitulé: “Conservation des zones naturelles et des ressources génétiques qu'elles contiennent”. Dans le cadre de ce projet, une série de Réserves de la biosphère a été établie par les gouvernements nationaux conformément aux critères et lignes directrices formulés par l'Unesco. L'un des objectifs de ces réserves est de “sauvegarder la diversité génétique des espèces dont dépend la poursuite de leur évolution”.

Ressources génétiques forestières - Liaisons avec l'IUFRO

Le Département des forêts de la FAO collabore d'une manière régulière avec l'IUFRO (Union internationale des instituts de recherche forestière); les liens de coopération entre les deux organisations sont consignés dans l'article 3 des statuts de l'IUFRO, et le Directeur-général adjoint, Chef du Département des forêts est membre d'office du Comité exécutif de l'IUFRO.

Cette coopération prend la forme d'activités conjointes, dont certaines des plus importantes dans le domaine des ressources génétiques ont été les Consultations mondiales sur l'amélioration des arbres forestiers (Stockholm, 1963; Washington, 1969; Canberra, 1977), et la publication en coopération, en 1981, du “Data Book on Endangered Forest Tree Species and Provenances” (FAO, PNUE et Programme mondial de l'IUFRO sur la conservation des ressources génétiques forestières).

Des colloques et réunions de travail ont été organisés sur ce sujet et dans des domaines voisins par les Programmes mondiaux de l'IUFRO S2.02.08 (Provenances d'essences tropicales) et S2.03.01 (Amélioration génétique des essences tropicales), et d'autres réunions de travail se sont tenues en 1971 à Gainesville (Floride, Etats-Unis), en 1973 à Nairobi (Kenya), en 1977 à Brisbane (Australie), et en 1980 à Aguas de São Pedro (Brésil).

Une réunion récente sur les essences tempérées s'est tenue au titre des Programmes mondiaux S2.02.05 (provenances de douglas), S2.02.06 (provenances de Pinus contorta), S2.02.12 (provenances d'épicéa de Sitka) et S2.02.14 (provenances d'Abies), à Vancouver (Canada) en 1978.

La Section S2.01.15 de l'IUFRO, Processus de reproduction, a récemment organisé un colloque international sur la culture in vitro des essences forestières (Fontainebleau, France, août-septembre 1981).

Le 17ème Congrès mondial de l'IUFRO, qui s'est tenu en septembre 1981 à Kyoto (Japon), comportait un volet consacré aux ressources génétiques forestières. La principale contrainte à laquelle se heurtait l'IUFRO dans le passé, notamment pour appuyer la recherche forestière dans les pays en développement, était qu'elle n'avait pas de fonds propres ni d'accès à un financement extérieur; en conséquence, la participation active de chercheurs et d'institutions devait être financée de manière indépendante. Depuis que le 17ème Congrès de Kyoto a souligné la nécessité urgente d'une intensification de la recherche forestière dans les tropiques, des financements extérieurs modestes, dont des fonds de la Banque mondiale, sont devenus disponibles, ce qui a permis le recrutement (en 1983) d'un Coordinateur spécial pour les pays en développement, ainsi que la préparation d'une série de réunions de travail sur la planification de la recherche.

D'autres projets marquants du Congrès de Kyoto sont les propositions présentées pour la création de nouveaux Groupes de projets sur les Casuarina (P1.12.00) et sur les arbres fixateurs d'azote (P2.02.04), ainsi que de Groupes de sujets sur les essences convenant à l'agroforesterie (S1.07.07) les essences à croissance rapide et à courte révolution (S1.05.10), la conservation des ressources génétiques (S2.02.02), et les vergers à graines (S2.03.03).

1 Y compris la contribution du PNUE au projet

IV. EXAMEN DU PROGRAMME MONDIAL SUR LES RESSOURCES GENETIQUES FORESTIERES

Le Groupe note que les propositions en vue d'un Programme mondial pour une meilleure utilisation des ressources génétiques forestières (FAO, 1975a) portaient sur une période de cinq ans qui expirait fin 1979. Il considère qu'il n'y a pas de raison de réviser le Programme mondial sous sa forme actuelle, en effet les fonds ne sont généralement disponibles qu'au “coup par coup”, et parfois à court délai, et il est nécessaire de maintenir la plus grande souplesse possible afin de profiter des possibilités de financement à mesure qu'elles se présentent. Le besoin essentiel est une révision et une mise à jour périodiques des listes de priorités (par régions, essences et opérations), qui sont effectuées par le Groupe à chacune de ses sessions. La dernière révision est reproduite en Annexe 8.

Lors de la révision des priorités par essences le Groupe a considéré les points suivants:

  1. Besoin accru d'action sur les essences productrices de bois de feu, d'aliments et de fourrage et les essences à fins multiples pour l'agroforesterie (exemple: Leucaena spp.).

  2. Besoin accru d'action sur les essences convenant aux zones arides et semi-arides (exemple: Casuarina spp.), en incluant les essences pour les zones arides froides, et les espèces arbustives aussi bien qu'arborescentes.

  3. Besoin accru d'action sur les essences fixatrices d'azote à utiliser en agroforesterie.

  4. Besoin accru d'action sur des groupes spécialisés d'essences, tels que bambous, rotangs, palétuviers.

  5. Besoin accru d'action sur les essences endémiques insulaires en danger d'extinction.

Le Groupe note l'importance, à l'intérieur des espèces, des populations isolées et périphériques qui sont souvent les plus menacées et qui peuvent contenir des fréquences alléliques sensiblement différentes de celles que l'on trouve dans le centre de l'aire de l'espèce.

L'Annexe 7 récapitule les listes d'espèces menacées. Ces listes sont tirées de diverses publications, et un certain nombre d'espèces apparaissent sur plus d'une liste. La liste établie par le Groupe (Annexe 7.1) comprend principalement des espèces de valeur connue ou potentielle pour des usages sociaux ou économiques, tandis que les autres listes incluent des espèces taxinomiques, qu'ellés aient ou non une valeur actuelle reconnue.

Le Groupe reconnaît que le nombre d'espèces et la portée des opérations indiquées à l'Annexe 8 excèdent de beaucoup la capacité du Programme régulier de la FAO. Néanmoins, un aperçu mondial des priorités faisant autorité devrait être utile pour les gouvernements et pour les organismes d'aide internationale et bilatérale. Le Groupe souhaite qu'il fournisse à la fois une incitation à financer des opérations en matière de ressources génétiques forestières, et un guide technique pour déterminer où et comment utiliser au mieux les fonds disponibles.

V. CONSERVATION D'ARBRES SUR PIED

Le Groupe note les avantages que présente la conservation des ressources génétiques in situ, en tant qu'éléments de l'écosystème. Elle permet de conserver, en même temps que les essences principales, des essences secondaires qui n'ont pas de valeur commerciale immédiate. C'est la meilleure méthode pour conserver des essences à graines récalcitrantes, ou ne se prêtant pas à une plantation ex situ en monocolture. Dans les forêts tropicales humides en particulier, où l'on peut trouver jusqu'à 100 essences sur une surface de 0,4 ha, la récolte et la plantation en peuplements ex situ d'un tel nombre d'essences seraient impraticables. La conservation ex situ peut cependant être très utile pour des essences pionnières qui poussent à l'état naturel en communautés simples comptant un petit nombre d'espèces, et c'est la seule méthode actuellement disponible pour des essences susceptibles de s'éteindre à l'état sauvage et ayant des graines récalcitrantes qui ne peuvent être conservées. Les peuplements ex situ constituent d'autre part une source commode et accessible de matériel de reproduction pour une sélection et une amélioration ultérieures. Les deux méthodes sont complémentaires, et de nombreux pays devront les employer toutes les deux.

On dispose maintenant de directives pour la conservation in situ (FAO, 1981a), portant sur la localisation, la forme et la gestion des aires protégées. Les possibilités de combiner la production forestière avec la conservation génétique, grâce à des unités de gestion des ensembles génétiques, ne doivent pas être négligées. Tous les plans d'aménagement, qu'ils concernent des forêts de production ou bien des parcs nationaux ou aires protégées analogues, devraient automatiquement comprendre un chapitre exposant les conséquences écologiques et génétiques à attendre de l'application des prescriptions d'aménagement.

En cas d'urgence extrême, lorsqu'une espèce est menacée d'extinction imminente, il sera nécessaire de lancer une opération de “sauvetage”, comportant la propagation de cette espèce par tous les moyens disponibles et son installation dans des arboretums et jardins botaniques nationaux.

Une stratégie rationnelle de conservation est conditionnée par une connaissance suffisante de la biologie de l'espèce considérée. Par exemple, la forme et la taille des réserves de conservation génétique et la taille minima de population nécessaires pour une survie à long terme sont conditionnées par des données sûres concernant la biologie de la reproduction, les systèmes de reproduction et le mode de répartition de l'espèce fourni par l'inventaire forestier. Pour les essences se rencontrant dans des écosystèmes complexes, il faut connaître non seulement leur autécologie mais aussi leurs relations avec les autres espèces, par exemple agents pollinisateurs, et leurs habitats, parasites et symbiotes, ainsi que leur place dans la succession végétale. Le Groupe souligne une fois de plus la nécessité d'intensifier, notamment dans les tropiques, la recherche sur les systèmes de reproduction, la biologie de la reproduction et la synécologie des essences importantes.

VI. OBTENTION ET CONSERVATION DES SEMENCES

Le Groupe note qu'un approvisionnement en semences appropriées de bonne qualité est une condition essentielle pour tout programme de reboisement ou d'agroforesterie dans les pays en développement. Le coût des semences n'est qu'une petite fraction du coût total de l'installation et de la conduite des plantations forestières, et l'obtention de semences d'origine convenable ne coûte pas forcément plus cher que celle de semences de mauvaise origine. La fourniture de semences est par conséquent l'une des meilleures formes d'assistance que l'on puisse apporter aux pays en développement, du fait qu'elle procure, pour une dépense relativement faible, la base d'une action autonome à une échelle qui serait impossible autrement. L'intérêt nouveau porté aux essences à bois de feu et aux essences à fins multiples pour l'agroforesterie fait entrer en jeu toute une nouvelle gamme d'essences sur lesquelles on sait peu de choses en ce qui concerne la variation génétique intraspécifique. Il est donc urgent d'étendre les opérations de prospection, récolte de graines et évaluation des ressources génétiques qui ont été menées avec succès pour une gamme limitée de conifères, eucalyptus et Acacia et Prosopis spp. de zones sèches à un ensemble beaucoup plus large de genres, espèces et populations. Dans toute la mesure du possible, il faudra utiliser pour les essais d'évaluation des méthodes internationalement acceptées.

L'obtention de semences ne s'arrête pas avec les résultats favorables d'essais d'évaluation. Les pays souhaiteront se procurer de plus grandes quantités de semences des populations identifiées comme étant le mieux adaptées à leurs conditions, ne serait-ce que pour établir leurs propres peuplements semenciers en vue d'une production future de graines, et si possible pour le reboisement. La fourniture de quantités moyennes de semences en vue de la création de peuplements de conservation/production de graines, telle que réalisée pour certains pins tropicaux importants par la FAO et le Centre de graines forestières DANIDA, est une phase essentielle dans le développement de ressources forestières nouvelles et améliorées; elle doit être poursuivie et amplifiée. En définitive, chaque pays ayant d'importants programmes de reboisement devrait avoir au moins un centre de graines forestières pourvu de moyens suffisants pour la récolte, la distribution et l'entreposage, de façon à pouvoir assurer un service de semences efficace à ses propres utilisateurs et également contribuer aux échanges internationaux de semences. S'il y a lieu, un appui à la création de tels centres nationaux représente une utilisation économiquement et socialement efficace des fonds d'aide extérieure.

Le Groupe conclut qu'il est essentiel de poursuivre et étendre les programmes d'aide internationale et bilatérale en vue de prospection, récolte et évaluation des ressources génétiques forestières, d'obtention de semences au sens le plus large, et de création et fonctionnement de centres de graines forestières dans les pays en développement.

De nombreux centres de graines forestières auront principalement ou exclusivement pour tâche d'entreposer les semences dans de bonnes conditions depuis la récolte jusqu'à la ou aux campagnes suivantes de plantation. Pour les essences qui produisent des graines annuellement, la période d'entreposage sera de quelques mois, tandis que pour celles qui n'en produisent que certaines années elle pourra atteindre 5 à 10 ans. Cependant, dans le cas de graines de comportement normal, l'entreposage de longue durée en vue de la conservation de la diversité génétique peut aussi remplacer ou compléter la conservation d'arbres sur pied. Le Groupe note les résultats d'une enquête de la FAO sur les possibilités d'emploi de l'entreposage de longue durée 1 de semences comme méthode de conservation du patrimoine héréditaire des arbres forestiers, qui sont résumés ci-dessous:

  1. L'aspect technique de l'entreposage de longue durée d'échantillons de graines d'arbres est essentiellement le même que pour les semences agricoles; il n'y a pas de différences importantes entre semences forestières et semences agricoles en elles-mêmes. La grande différence se situe entre graines à comportement normal et graines “récalcitrantes” 2. Les forestiers peuvent et doivent s'arranger pour partager les installations agricoles existantes pour l'entreposage de longue durée des semences, étant donné que les conditions générales de conservation sont les mêmes.

  2. L'entreposage de longue durée des semences jouera vraisemblablement un rôle complémentaire par rapport aux collections sous forme de peuplements conservatoires in situ et ex situ pour la conservation des ressources génétiques forestières, pour les raisons suivantes:

    1. A l'exception d'un petit nombre de genres d'utilisation commerciale courante (Cupressus, Eucalyptus, Fagus, Larix, Populus, Pinus, Picea, Quercus, Tectona, etc.), on connaît moins de choses sur les caractéristiques d'entreposage des graines forestières que sur celles des graines agricoles et horticoles. Plusieurs genres forestiers, par exemple dans les familles des fagacées, des salicacées et des araucariacées, sont connus pour avoir des graines récalcitrantes qui ne se prêtent pas à un entreposage de longue durée.

    2. On a peu d'exemples pratiques qui prouvent que même des graines de comportement normal puissent être conservées pendant plus de 30 ans. Par conséquent, presque toutes les essences forestières intéressantes ont une durée de vie normale plus longue que la période pendant laquelle on peut entreposer les semences avec certitude, et la plupart même produisent des semences pendant plus longtemps. D'un autre côté, il n'y a pas davantage de preuves qu'elles ne puissent pas être conservées plus longtemps, si les conditions prescrites de faible taux d'humidité et de températures audessous de zéro sont respectées.

    3. Les banques de gènes végétaux doivent régénérer leurs collections de semences chaque fois que la viabilité d'un lot tombe de 5% s'il s'agit d'un lot de semences homogène (lignée pure), ou de 10% s'il s'agit d'un lot hétérogène. Cette règle se fonde sur le fait que toute baisse de viabilité s'accompagne presque à coup sûr d'un changement dans la constitution génétique, étant donné qu'elle est directement associée à des mutations génétiques. Dans les lots de semences hétérogènes, la perte de viabilité en cours d'entreposage tend en outre à éliminer certaines composantes génétiques de la population. Même si ce n'est pas le cas, les éléments du lot de semences qui ont le plus perdu de viabilité montreront une vigueur physiologique considérablement réduite, et seront plus vulnérables aux contraintes du milieu (Roberts et Ellis, 1981).

Avec la longue durée de la période végétative nécessaire à la plupart des arbres avant qu'ils ne produisent des graines viables, la régénération des semences par culture d'un peuplement semencier et nouvelle récolte sera généralement si lente qu'elle sera impraticable.

Un autre problème qu'il faut mentionner à ce propos est la difficulté de mettre à la disposition des utilisateurs des semences forestières conservées dans une banque de gènes. La quantité de semences gardées en entreposage de longue durée est forcément limitée. Le temps qui s'écoule entre le moment où le besoin de plus grandes quantités de semences d'un type déterminé est identifié et celui où la demande de l'utilisateur peut être satisfaite est souvent d'une longueur inacceptable.

  1. Le rôle de l'entreposage des semences dans la conservation des ressources génétiques forestières doit être considéré comme étant surtout:

    1. une mesure temporaire, en attendant que le matériel puisse être établi de manière sûre dans un certain nombre de collections vivantes (peuplements conservatoires ex situ);

    2. une mesure de sécurité, en gardant en magasin un nombre limité de lots de semences comme assurance contre un sinistre, ou en conservant des essences sans valeur économique immédiate menacées d'extinction imminente.

De nombreux correspondants soulignent le fait que l'évolution s'interrompt dans l'entreposage de longue durée. Les peuplements conservatoires ex situ, en revanche, évoluent en réponse à la sélection naturelle; toutefois, lorsqu'ils sont établis sur une gamme de stations et dans des conditions de milieu variées, la plupart des gènes et des combinaisons de gènes sont conservés. Ce type de conservation évolutive est généralement considéré comme préférable, pour les essences forestières, à la conservation statistique que représente l'entreposage de longue durée de semences.

L'entreposage de longue durée des semences récalcitrantes est impossible dans l'état actuel des connaissances. Le Groupe reconnaît les possibilités des méthodes de culture in vitro, qui pourraient dans l'avenir fournir un moyen de propagation clonale rapide de certaines espèces végétales en vue d'échanges internationaux et de conservation à long terme de matériel génétique. Il souligne unanimement la nécessité d'un effort important de recherche sur le traitement et la conservation des graines forestières, notamment d'essences tropicales, et sur les méthodes de culture in vitro. Les problèmes relatifs aux semences vont de la conservation des graines récalcitrantes aux parasites des graines d'essences des zones sèches.

Les échanges croissants de semences forestières entre pays, que le Groupe considère comme à la fois inévitables et souhaitables, exigent des réglementations plus libérales concernant l'importation et l'exportation de graines. Des restrictions de quarantaine sont certes indispensables par exemple pour les mouvements de plantes vivantes, mais le Groupe considère que les pays doivent tout faire pour réviser leurs règles de quarantaine concernant les graines forestières, dans le but d'accroître l'efficacité par exemple en supprimant certains traitements phytosanitaires inutiles.

1 La signification exacte du terme de longue durée est difficile à définir; cependant, l'un des correspondants la définit comme couvrant une période plus longue qu'une révolution. Cela semble une définition sensée, qui aide à placer la discussion dans une juste perspective.

2 Graines qui sont tuées si leur teneur en humidité s'abaisse au-dessous d'une valeur relativement élevée, et qui par conséquent ne se plient pas aux règles normalement applicables aux graines (King et Roberts, 1979).

VII. PROGRAMME D'ACTION 1982–83

En admettant que les fonds disponibles pour l'acquisition de semences et les ressources génétiques au titre du Programme ordinaire de la FAO seront en 1982/83 de 93 000 $EU, le Groupe recommande la répartition suivante des ouvertures de crédit:

  1. Un total de 68 000 $EU pour les essences à fins multiples de zones arides et semi-arides, distribué ainsi entre les 9 instituts ou services:

CONAFChili  10 000 – 12 000
INIFMexique    9 000 – 10 000
INFORPérou    8 000 – 10 000
CNRFSénégal  10 000 – 11 000
FRISoudan    7 000 –   8 000
Agricultural Research Centre
RDP du Yémen    5 000 –   7 000
FRIInde    8 000 – 10 000
LDAIsraël    1 000 –   2 000
FDPakistan    5 000 –   6 000
  1. 10 000 – 12 000 $EU au Service forestier d'Indonésie pour Acacia mangium (plus 3 500 $EU reportés de 1981).

  2. Papouasie-Nouvelle-Guinée pour Acacia mangium et Eucalyptus deglupta.

  3. 6 000 – 8 000 $EU au CSIRO à Canberra pour Acacia spp. et Eucalyptus spp. (plus 8 000 $EU reportés de 1981).

  4. 5 000 – 7 000 $EU au CTFT (France) pour les essences feuillues d'Afrique occidentale.

  5. 2 000 – 5 000 $EU au CIF à Oxford pour les essences d'Amérique du Sud et Amérique centrale.

  6. 2 000 $EU au Centre de graines de Macon (Etats Unis) pour les essences subtropicales intéressant les pays en développement.

  7. 1 500 $EU pour des récoltes de graines diverses.

Le Groupe exalte l'intérêt des “Informations sur les ressources génétiques forestières”, qui fournissent un véhicule pour diffuser des informations d'intérêt international parmi de nombreux lecteurs, et recommande que la FAO en poursuive la publication périodique en anglais, français et espagnol. Il accueille d'autre part avec satisfaction la proposition d'une édition augmentée de “Data Book on Endangered Forest Tree Species and Provenances”.

Le Groupe accueille avec satisfaction l'entrée dans la phase opérationnelle du Projet du Département des forêts, appuyé par le CIRPG et le PNUE, sur les ressources génétiques d'essences de zones arides et semi-arides propres à améliorer le vie rurale. Ce projet donne à juste titre priorité aux deux importants genres Acacia et Prosopis, mais le Groupe note que le travail pourrait utilement être étendu à d'autres espèces et genres tels que Casuarina. Les études pourraient aussi être étendues des zones sèches chaudes aux zones sèches froides telles qu'on trouve en Asie centrale et en Amérique du Sud, qui présentent des problèmes particuliers.

Le Groupe note que, avec l'accroissement tant du Programme régulier de la FAO que des projets financés de l'extérieur concernant les ressources génétiques forestières, tels que ceux appuyés par le PNUE et le CIRPG, le volume de travail exigé par la coordination et l'administration centrales assurées par le Département des forêts de la FAO a considérablement augmenté. Pourtant il n'y a toujours, depuis dix ans, qu'un seul poste affecté à l'amélioration des arbres et des ressources génétiques forestières, alors que dans le même temps le personnel s'occupant des ressources génétiques de plantes cultivées a vu ses effectifs multipliés plusieurs fois. Le Groupe exprime le voeu que le Département des forêts de la FAO prenne d'urgence des mesures en vue de renforcer les effectifs de personnel disponible pour la coordination du Programme mondial, de sorte que l'on puisse mettre à profit immédiatement et efficacement les possibilités offertes de prospection, récolte, évaluation, conservation et utilisation des ressources génétiques forestières. Une telle action sur les ressources génétiques serait un prolongement approprié de l'enquête récente FAO/PNUE sur les ressources forestières tropicales (FAO, 1980c).

VIII. AVENIR DU GROUPE

Le Groupe insiste sur la nécessité de conserver la direction et la coordination centrale du Programme mondial sur les ressources génétiques forestières. La répartition géographique actuelle des membres du Groupe représente un équilibre satisfaisant, et est de nature à permettre de suivre les progrès accomplis dans la plupart des pays des diverses régions.

La périodicité des sessions devra être maintenue telle qu'auparavant. Le Groupe est d'accord que le secrétariat devra décider plus tard de la date exacte de la prochaine session.

IX. BIBLIOGRAPHIE

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