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1. INTRODUCTION

1.1 GENERALITES

Le développement de l'aquaculture est une des activités envisagées dans le plan d'action national de développement du Gouvernement pour 1980–1985. Ses principaux objectifs sont le développement des revenus monétaires et, surtout de satisfaire les besoins nutritionnels de la population.

La quantité minimale de protéines, exprimée en gramme de protéines provenant des oeufs ou du lait entier, recommandée par la FAO pour l'homme (65 kg) est de 37 g par jour. En général, l'apport en protéines animales est estimé à 20 pour cent; ceci représente une consommation aux alentours de 25 kg d'aliment d'origine animale. La quantité de protéines provenant des poissons atteint en moyenne un quart du total de ces protéines animales et représente environ 6 kg par habitant et par an.

Ainsi, la République Centrafricaine a besoin d'une production annuelle d'environ 20 000 t de poisson frais pour satisfaire les besoins nutritionnels minimum de sa population. L'objectif ultime du Gouvernement est de produire 30 000 t par an. A l'heure actuelle, la population annuelle de ce pays enclavé est estimé entre 5 000 et 10 000 t, ce qui correspond à une consommation de 2–4 kg de poisson par habitant et par an. Pour atteindre cet objectif, il faudra donc augmenter considérablement la production piscicole.

Le développement de la pisciculture est considéré par le Gouvernement comme un bon moyen pour permettre aux populations défavorisées (dans les zones rurales éloignées des fleuves et des centres urbains) d'être approvisionnées en poisson frais.

1.2 EVOLUTION DU PROJET

L'élevage des Tilapia en étangs piscicoles fût introduit en Afrique après la deuxième guerre mondiale. Plus de 300 000 bassins d'élevage furent enregistrés dans une vingtaine de pays africains, après un développement spectaculaire dans les années cinquante. Ensuite, la pisciculture a connu une régression, tout aussi spectaculaire, après l'indépendance donnée aux pays africains. Cette régression est essentiellement due à l'absence d'encadrement actif et compétent et à la déception devant les médiocres résultats obtenus avec la méthode d'élevage du Tilapia par classes d'âge mélangées (méthode mixte). L'alevinage et la production se font dans le même étang. La reproduction précoce et répétée des Tilapia amène rapidement à une surpopulation des jeunes sujets.

A la fin des années soixante, beaucoup de pays africains ont demandé une aide de développement aux organisations internationales pour la relance de la pisciculture.

Un aspect important du premier projet de relance de la pisciculture dans les pays d'Afrique Centrale fût les recherches fondamentales en pisciculture. Ces recherches furent divisées d'une part, par l'amélioration des méthodes de production des Tilapia en étangs, et d'autre part, par la recherche de nouvelles espèces locales intéressantes pour l'élevage et appréciées par les consommateurs.

Ces recherches ont démontré un intérêt considérable pour le Clarias gariepinus (syn. C. lazera) comme nouveau prétendant pour l'élevage en milieu artificiel, grâce à ses qualités qui sont les suivantes:

Jusqu'à présent, l'introduction en pisciculture de cette nouvelle espèce a été entravée par l'insuffisance de disponibilité en grand nombre d'alevins. Cette disponibilité en alevins est une condition fondamentale pour chaque élevage piscicole.

Le Départment de la pisciculture et de la pêche continentale de l'Université agricole de Wageningen (Pays-Bas) s'intéresse depuis 1976 aux recherches fondamentales concernant cette espéce, aux fins d'identifier les possibilités et les contraintes de chaque stade de l'élevage de C. gariepinus. Depuis lors, ces chercheurs ont mis au point des techniques fiables de reproduction artificielle d'alevinage et de grossissement en milieu contrôlé.

Dans ce projet, il est proposé d'adapter et d'optimiser ces procédures aux circonstances qui prévalent en République Centrafricaine afin de couvrir de façon permanente les besoins en alevins de C. gariepinus en nombre suffisant et d'introduire cette nouvelle espèce en milieu rural centrafricain.

1.3 EVOLUTION DE LA PISCICULTURE EN REPUBLIQUE CENTRAFRICAINE

La pisciculture fût introduite pour la première fois dans le milieu rural centrafricain par les autorités coloniales dans les années cinquante. A la fin de cette période coloniale, le pays fût doté d'une vingtaine de stations piscicoles et d'un nombre d'étangs familiaux allant de 12 000 à 20 000. Durant les années qui suivirent la décolonisation, la quasi totalité de ces étangs fût délaissée et la production de presque tous les autres fût médiocre. Ce déclin s'explique par diverses raisons telles que le développement anarchique de la pisciculture (mauvais choix des sites, approvisionnement en eau saisonnier), l'insuffisance de l'aide au développement (encadrement technique, livraison d'alevins) et l'inadéquation des techniques piscicoles appliqués.

Dès 1968, quatre projets consécutifs PNUD/FAO ont pris la relance de la pisciculture. Un premier projet, le projet régional (1968–1972) avait pour objectif la formation du personnel national et les recherches fondamentales appliquées (Par. 1.2). Le projet national-phase I (1973–1976) a continué dans le même sens mais en insistant sur la formation et la relance de la vulgarisation.

La phase II (1976–1979) a consolidé l'action en vulgarisation avec une assistance accrue, celle du Fonds des Nations Unies pour l'enfance (FISE) et du Fonds des Nations Unies pour l'equipement (FENU).

Un projet des Volontaires du Corps de la paix des Etats-Unis (1974–1979) a conduit parallèlement une action de remise en état et de création de nouvelles sous-stations piscicoles.

Finalement, on arrive à la phase actuelle qui est celle du projet global (1980–1985) intitulé “Vulgarisation de la pisciculture et autofinancement des stations principales” (projet CAF/80/002) et qui a pour but de consolider toutes les actions précédentes et de coordonner toutes les activités piscicoles des organismes ou gouvernements donateurs, à travers les objectifs suivants:

Les efforts mutuels des projets cités ci-dessus ont abouti à la mise en place d'une infrastructure piscicole nationale avec un nombre important de stations piscicoles et un nombre considérable de pisciculteurs et d'étangs piscicoles. Le tableau 1 illustre l'évolution du nombre de pisciculteurs et du nombre de bassins depuis 1974.

Dès l'introduction de la pisciculture en République Centrafricaine, les activités en milieu rural ont été uniquement consacrées à l'élevage des Tilapia, espèces indigènes et élevées presque partout en Afrique et en particulier pendant les dix dernières années avec le renforcement de l'élevage du tilapia Oreochromis niloticus (Tilapia nilotica). Cette espèce a été selectionnée pour sa croissance rapide et sa bonne valorisation des aliments.

1.4 DOCUMENT DE PROJET

Le Gouvernement de la République Centrafricaine a entrepris un projet intitulé “Production en écloserie et Centre de recherches” conformément au plan d'opération établi en septembre 1979. Ce projet, initialement conçu pour trois ans (de novembre 1980 à novembre 1983), a été réalisé avec l'aide financière de la Commission de la Communauté Européenne, financement sur les ressources du 4ème FED (Fonds Européen de Développement) pour ce qui concerne l'infrastructure (UCE 365 000); et du Gouvernement néerlandais, Direction Générale de la Coopération internationale (DGIS) par l'intermédiaire d'un fonds fiduciaire de l'Organisation des Nations Unies pour l'agriculture et l'alimentation (FAO) en ce qui concerne le fonctionnement et le personnel expatrié, financement de US$ 384 774.

Suite aux recommandations exprimées par la mission d'évolution effectuée en juillet 1983 (Blessich, Huisman et Klein, 1983), le Gouvernement néerlandais a accordé une prolongation de 13 mois (jusqu'à décembre 1984). Ensuite, le projet a été prolongé une deuxième fois de 6 mois (jusqu'à fin juin 1985) afin de permettre l'utilisation du reliquat sur le fonds mis à la disposition de la FAO. La participation totale du Gouvernement néerlandais est d'un montant de US$ 545 179.

1.5 OBJECTIFS DU PROJET

Le projet GCP/CAF/007/NET “Production en écloserie et Centre de recherches” a pour objectifs immédiats:

Ces objectifs immédiats doivent être considérés comme les différents stades d'un objectif beaucoup plus important qui coïncide avec celui du projet global PNUD/FAO; à savoir: développer la pisciculture rurale afin d'accroître la rentabilité et le potentiel de la production piscicole. Ce développement doit accroître les apports en poissons vers les zones urbaines et envisage de faire accepter l'exploitation piscicole comme une activité économiquement rentable.

1.6 MANDAT

Dans le cadre du projet “Production en écloserie et Centre de recherches” GCP/CAF/007/NET, la FAO a assigné M. J.A.L. Janssen comme expert en pisciculture du 3 novembre 1980 au 30 juin 1985:

Sous la supervision générale du Conseiller technique principal du projet PNUD/FAO/CAF/80/002, mais avec initiative indépendante, l'expert en pisciculture est chargé de réaliser les objectifs du projet tels qu'ils sont énumérés au paragraphe précédent, ainsi que d'assister la gestion générale de la station piscicole de La Landjia selon les nécessités.

Le Département de la pisciculture et de la pêche continentale de l'Université agricole de Wageningen a fourni le soutien technique afin de pouvoir réaliser les objectifs du projet.


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