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2. RESUME DES ACTIVITES

2.1 INFRASTRUCTURE

Une infrastructure propice à la production intensive et contrôlée des alevins de Clarias (bâtiment écloserie, bacs de décantation, aménagement des bassins expérimentaux, raccordement au réseau électrique de Bangui) a été créée à la station piscicole de Bangui-La Landjia, Le plan de l'écloserie se trouve à la figure 1.

Les infrastructures détaillées sont reprises dans les documents techniques Nos. 20 et 23 “Elevage du poisson-chat africain Clarias gariepinus en République Centrafricaine: Reproduction artificielle et alimentation” (Janssen, 1985).1

2.2 PLAN DE RECHERCHE

2.2.1 Production régulière des alevins en écloserie

En écloserie, la reproduction régulière des alevins de Clarias gariepinus (poids moyen ± 1 g) a été menée à bien. Ils ont été obtenus par la technique de propagation artificielle établie à l'Université agricole de Wageningen. Le tableau 2 reprend la production des alevins par semestre et la figure 2 montre la courbe de croissance des alevins élevés en écloserie ainsi que les régimes alimentaires administrés.

Le potentiel de production de l'écloserie est de 200 000 alevins par cycle de reproduction (2 mois) ce qui représente 1 à 2 millions d'alevins par an suivant la méthode employée (intensive ou surintensive).

Les résultats de l'élevage d'alevins en grandes quantités sont en moyenne légèrement inférieurs à ceux obtenus en laboratoire à l'Université agricole de Wageningen, mais on peut néanmoins les considérer comme étant prometteurs compte tenu des conditions moins favorables.

Il a pu être démontré (voir Figs. 3 et 4) que le cycle annuel de maturation, commun chez les adultes élevés en étangs de pisciculture, a tendance à disparaître si on les laisse dans l'écloserie pour une longue période. Ainsi, on peut répéter la reproduction artificielle pendant toute l'année.

La reproduction artificielle, l'élevage en écloserie, la gestion d'un stock de géniteurs, le transport des alevins et la gestion d'une écloserie sont décrits en détail dans “Elevage du poisson-chat africain Clarias gariepinus en République Centrafricaine: Reproduction artificielle et alevinage en écloserie ou en étangs” (Janssen, 1985 et Eding, 1984). Le calcul du prix de revient par alevin par rapport à la production annuelle est repris dans le tableau 3.

1 voir annexe 6, Liste des documents préparés par le projet

2.2.2 Production des alevins en étangs

Une technique de l'élevage d'alevins en étangs de pisciculture a été mise au point parallèlement à l'alevinage en écloserie. Les essais de production d'alevins (durée de 3 à 4 semaines) effectués en étangs ont démontré que l'on peut atteindre une capacité de production de 12 000 à 18 000 alevins d'environ 3 à 5 g par are et par an. Une description détaillée de cette technique est reprise dans le Document technique n°22 “Elevage du poisson-chat africain Clarias gariepinus en République Centrafricaine: Alevinage et grossissement en étangs” (Janssen, 1985).

La production des alevins obtenus pendant ces essais se trouve dans le tableau 2.

2.2.3 Adaptation des techniques

On s'est beaucoup intéressé au remplacement d'Artemia salina dans le régime alimentaire des larves de poissons par le zooplancton. Jusqu'ici, la culture du zooplancton (essentiellement des rotifères (Brachionus spp.), des cladocères (Moina spp.)) s'est révélée difficile et aléatoire. L'introduction d'une nouvelle technique qui consiste à décapsuler les cystes d'Artemia, a considérablement augmenté l'efficacité de cet aliment, de même que cela a facilité d'une façon importante l'incubation des cystes. La décapsulation et l'incubation d'Artemia sont décrits en détails dans le document technique n°21 cité ci-avant (Janssen, 1985).

Des calculs (Janssen, 1984) ont montré qu'à l'heure actuelle, les coûts d'Artemia ne sont que de FCFA 1,2 à 1,5 par alevin obtenu, ce qui, sur base des disponibilités actuelles de cet aliment sur le marché mondial, incite pour le moment à une continuation d'utilisation d'Artemia. Cet aliment acheté à l'étranger (Europe ou Etats-Unis) avec le FCFA, monnaie locale convertible, sur le revenu d'écloserie. Une autonomie peut être envisagée à l'avenir en utilisant du zooplancton élevé à la station selon de nouvelles techniques intensives, ou en pratiquant l'alevinage en étangs gérés dans ce but.

Grâce à des études sur les sous-produits agro-industriels disponibles localement et sur l'utilisation de ces sous-produits, on a pu mettre au point une gamme de formules alimentaires pour les différents stades de l'élevage de C. gariepinus en étangs (aliment supplémentaire et régime alimentaire complet) et en écloserie (régime alimentaire complet). Tous ces aliments sont préparés à la station par l'unité de meunerie (potentiel de production de 1 000 kg d'aliments farineux et de 200 kg de granulés par jour).

Les essais alimentaires ont révélé qu'il est préférable de faire appel à une quantité limitée (20 kg par 100 000 alevins) d'un aliment de démarrage importé pour des alevins jusqu'à un poids moyen de 250 mg. Au-delà, on peut nourrir les alevins avec un régime alimentaire complet fabriqué à base de produits locaux et adapté aux besoins alimentaires. Les régimes alimentaires complets pour poissons sont repris dans le tableau 4. La disponibilité des sousproduits agro-industriels, les formulations et la fabrication des aliments sont présentés en détail dans le Document technique No.23: “Elevage-Alimentation” (Janssen, 1985).

2.2.4 Perfectionnement en étangs

A l'intention de la pisciculture rurale, deux méthodes de grossissement en étangs de pisciculture ont été mises au point. Il s'agit de:

(a) l'élevage mixte ou polyculture de C. gariepinus et tilapia Oreochromis niloticus (syn. Tilapia nilotica) (silures de ± 1 g à 2/m2 et tilapia de ± 10 g à 2–4/m2, pendant 5–6 mois). Cette méthode, qui est à la portée de tous les pisciculteurs privés, présente plusieurs avantages dont voici quelques exemples:

  1. facilité d'application;
  2. contrôle de la reproduction anarchique et répétée des tilapias;
  3. permet l'obtention de 100 pour cent de poissons-marchands;
  4. taille des poissons-marchands suffisante pour le marché (silure 200 à 250 g, tilapia 80 à 120 g);
  5. bonne valorisation de méthodes d'alimentation simples (tourteaux, son de riz, céréales) et de fertilisation du bassin (compost, élevage-associé, graines de coton);
  6. permet un bénéfice de l'exploitation important grâce à des productions intéressantes (8 à 12 t/ha/an).

Un inconvénient à cette méthode est la dépendance accrue des pisciculteurs, notamment en alevins (les silures de l'écloserie de Bangui- La Landjia, les tilapias des stations piscicoles ou des pisciculteurs privés) et en aliment complémentaire.

La prédation des Clarias paraît très intense après 2–3 mois d'élevage, quand les silures ont atteint un poids moyen entre 40 et 80 g. Jusque là les tilapias se reproduisent au moins une fois.

En utilisant cette polyculture, on obtient, dans des conditions identiques, un accroissement de production d'environ 50 pour cent par rapport à une monoculture de tilapia (méthode mixte).

Cette polyculture (tourteau et compost) s'avère très rentable pour la région de Bangui, compte tenu du prix intéressant du poisson et des tourteaux. Les tableaux 5 et 6 reprennent les calculs de rentabilité d'une telle exploitation piscicole et le tableau 8 représente les résultats de cette polyculture Clarias/ Tilapia à proximité de Bangui.

(b) la monoculture de C. gariepinus (poissons de 1 g à 10/m2 pendant 6 mois, alimentation équilibrée en forme de granulés); cette méthode, adaptée aux meilleurs pisciculteurs confirmés (pisciculteurs artisanaux), présente plusieurs avantages, dont les plus importants sont:

  1. permet 100 pour cent de poissons-marchands (200–250 g);
  2. 2. taille des poissons-marchands suffisante pour le marché;
  3. 3. bonne valorisation de l'aliment complet (taux de conversation entre 2,0 et 2,5);
  4. 4. demeure une activité piscicole économiquement intéressante.

L'inconvénient de cette monoculture est également la dépendance des pisciculteurs de la station piscicole de Bangui-La Landjia pour l'approvisonnement en alevins et en nourriture compléte.

Dans les tableaux 5 et 6 se trouvent également les calculs de rentabilité d'une exploitation en monoculture Clarias en milieu rural, à proximité de Bangui. Les courbes de croissance et de biomasse sont affichées (Fig. 5).

Ces deux méthodes de pisciculture sont décrites en détail dans le ocument technique No.22: “Elevage du poisson-chat africain Clarias gariepinus en République Centrafricaine: Alevinage et grossissement en étangs (Janssen, 1985).

2.3 ELABORATION D'UNE POLITIQUE DE DISTRIBUTION (VULGARISATION)

Une politique de distribution d'alevins de C. gariepinus (vulgarisation) a été établie en étroite collaboration avec les experts du projet CAF/002.

Les bassins pour l'élevage de Clarias comme pour l'élevage semi-intensif de tilapia devront répondre aux critères suivants:

  1. alimentation en eau par un canal d'amenée ou une source, tous deux permanents;
  2. digues suffisamment hautes et solides;
  3. bassins de 1 à 2 ares, de préférence de 3 à 6 ares;
  4. non inondable par forte pluie;
  5. bonne surveillance (vols);
  6. facilement vidangeable.

Cette polyculture peut être pratiquée par chaque pisciculteur artisanal. Par contre, la monoculture de Clarias, qui nécessite des notions piscicoles accrues, une gestion adéquate et un investissement plus élevé, est uniquement réservée aux meilleurs pisciculteurs artisanaux.

Il est préférable de ne pas appliquer un élevage de Clarias (mono- ou poly-culture) dans des bassins familiaux, mais de les réserver pour la monoculture de tilapia (méthode mixte). Une pisciculture familiale (=pisciculture de subsistance) est caractérisée par:

Avant d'autoriser l'usage de la nouvelle espèce en mono- ou en polyculture, le pisciculteur privé doit montrer qu'il maîtrise correctement l'élevage de tilapia O. niloticus (méthode mixte, compost) et qu'il peut ainsi produire ses propres alevins de tilapia pour la polyculture.

Quelques essais pilote de l'élevage de Clarias en mono- et en polyculture ont été réalisés de juillet 1983 à décembre 1984. Grâce à ces essais, on a pu mettre au point les deux types d'élevage mentionnés dans le paragraphe 2.2.4.

Depuis lors, on vulgarise ces deux types d'élevage de Clarias en milieu rural. A l'heure actuelle, il existe en République Centrafricaine 236 ares peuplés en polyculture (92 étangs, 88 pisciculteurs) et 40 ares peuplés en monoculture (17 étangs, 9 pisciculteurs).

Un crédit piscicole géré par le projet a pu être accordé sur la caisse de la station à ces pisciculteurs pour couvrir les coûts d'exploitation. Pour le premier élevage, un crédit de 100 pour cent a été accordé, pour le deuxième 50 pourcent, après quoi le pisciculteur dispose de suffisamment d'argent pour acheter tous ses produits comptants.

Pour faciliter le transport, et afin de mieux suivre les pisciculteurs, le projet a dans un premier temps, limité la vulgarisation de Clarias (mono- et polyculture) à la zone de Bangui.

Dans ce cadre, il est intéressant de mentionner que les résultats prometteurs obtenus en vulgarisation, ont encouragé des pisciculteurs et les candidats pisciculteurs à construire des bassins de pisciculture pour pouvoir appliquer ce type d'élevage. Par exemple, au PK 22, le nombre d'étangs est passé de 12 à plus de 100 en un an et demi, suite aux premiers essais de polyculture effectués dans ce village.

2.4 FORMATION

2.4.1 Homologue direct

A chaque niveau de la contrepartie, dans toute la gamme des activités, l'expert a contribué à la formation d'un “noyau” de personnel; une à deux personnes supplémentaires en réserve ont été formées pour chaque poste afin de pouvoir prendre le relais en cas de mutation (fonctionnaires), de maladie, etc., notamment pour les postes de responsabilité (gestionnaire et responsable de la production des alevins en écloserie). Le “noyau” de personnel de l'écloserie consiste en:

-  gestion de l'écloserie:-plan de travail
-caisse
-crédit
-prévisions
-emploi du temps
-  production alevins:-stock de géniteurs
-reproduction artificielle
-conduite de l'alevinage
-traitements
-manipulations, tri et transport d'alevins
-  production marchands:-conduite d'une monoculture
-conduite d'une polyculture
-manipulation, tri et transport des poissons
-  alimentation:-disponibilité des sous-produits agricoles
-utilisation des sous-produits agricoles
-formules alimentaires
-fabrication d'aliments
-  vulgarisation:-construction d'étangs
-conduite d'un élevage
-vidanges
-commercialisation.

Le tableau 7 représente l'équipe minimale de fonctionnement du projet (production alevins, préparation aliments et vulgarisation) et la description des activités de chacun. Le personnel, sauf les cadres nationaux, est payé avec les revenus de vente d'alevins et d'aliment.

2.4.2 Cours de formation

Un cours de formation de 10 jours a été organisé une première fois pour les cadres nationaux et une deuxième fois pour les moniteurs et les animateurs de la zone centrale. Des cours théoriques et pratiques ont été donnés dans les domaines qui suivent, afin de familiariser les cadres nationaux avec les nouvelles techniques de pisciculture de C. gariepinus:

L'expert a dispensé à deux reprises les cours d'écologie en étang” et de “reproduction artificielle” aux étudiants de deuxième année de l'Institut supérieur de Développement rural (ISDR).

2.4.3 Etudiants/Stagiaires

L'annexe 3 reprend tous les stagiaires qui ont travaillé au projet. L'expert a supervisé les stages pratiques de fin d'études de 4 étudiants de l'Université agricole de Wageningen, les travaux de fin d'études de 6 éléments de la section Eaux et Forêts de l'ISDR et d'un étudiant de l'Ecole nationale du Génie rural des Eaux et Forêts (ENGREF) de Montpellier, ainsi que le stage de perfectionnement en pisciculture de deux ingénieurs des Eaux et Forêts de Côte d'Ivoire.

Les étudiants ont participé à tous les domaines de recherches et ont contribué dans une large mesure à la réalisation des objectifs de recherches.


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