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2. TAXONOMIE ET DISTRIBUTION

2.1 Merlus

2.1.1 Taxonomie

Trois espéces sont bien décrites dans la littérature concernant la région :

Ces distinctions sont confirmées par les observations effectuées dans les différents pays concernés.

Dans la pratique, cependant, la distinction de ces espéces par un observateur non averti est délicate ; ainsi, leur ventilation dans les captures commerciales n'apparaît-elle que rarement.

2.1.2 Répartition géographique et bathymétrique

Les observations réalisées dans la région s'accordent pour attribuer la répartition géographique suivante aux merlus (fig. 1) :

La répartition bathymétrique de Merluccius spp. est liée au cycle biologique de l'espéce. En accord avec les travaux de Maurin (1954) on observe que les gros individus reproducteurs se concentrent au niveau du rebord du plateau continental (100 à 200 m) pour pondre. Les jeunes issus de la reproduction migrent ensuite vers la côte oú l'on peut les rencontrer jusqu'à 25 m, tandis que les adultes regagnent les grandes profondeurs. La limite inférieure de distribution de l'espèce paraît être 1000 m. Ceci est illustré par la figure 2 où, à partir des données de Turner et El Ouairi (cf. annexe 3) est représentée la distribution des abondances relatives de M. merluccius par strates de profondeur et par classes de taille.

2.1.3 Migrations saisonnières

Wysokinski (annexe 4) et Bourdine (annexe 5) observent des variations saisonnières d'abondance notamment au Sud du Cap Vert où M. senegalensis disparaît en saison chaude.

Les campagnes sénégalo-espagnoles ont également observé de faibles rendements en saison chaude dans toute la zone sénégalaise ainsi qu'une absence de l'espèce, à cette époque, au sud de la Gambie.

En Mauritanie, l'abondance de M. senegalensis augmente en saison chaude où cette espèce représenterait alors de 80 à 100% du total des merlus capturés.

Ceci suggère l'existence de migrations saisonnières en latitude, M. senegalensis semblant fuir les eaux chaudes lorsqu'elles remontent du sud en été. Le phénomène inverse se produirait lors de l'arrivée des eaux froides du Nord en hiver.

D'après les premières observations réalisées au Sénégal, le même processus migratoire pourrait affecter M. polli dont la distribution plus méridionale le prédisposerait à accompagner les eaux plus chaudes du Sud lorsqu'elles remontent vers le Nord en été.

Ce schéma migratoire dont on pressent l'existence chez les merlus de la côte de l'Afrique de l'Ouest est en accord avec les observations déjà réalisées sur les déplacements saisonniers de la plupart des espèces démersales de la région; il demande cependant à être vérifié.

Fig. 1

Fig. 1 - Répartition géographique des trois espèces de merlus (M. merluccius, M. senegalensis et M. polli) entre 10o et 36o Nord, selon Wysokiniski (annexe 4) - (voir également Bravo de Laguna, 1982).

Fig. 2

Fig. 2 - Distribution des abondances relatives en nombre, par strates de profondeur et classes de taille (données Turner et El Ouairi, (Tableau 2, Annexe 3))

2.1.4 Relation entre abondance et profondeur

L'abondance de Merluccius spp. paraît augmenter avec la profondeur.

D'après la plupart des observations réalisées, le maximum d'abondance varierait avec la latitude et se situerait de la façon suivante :

Cette variation de l'abondance avec la profondeur et la latitude à plusieurs fois été constatée dans la région. Elle paraît correspondre aux variations de la répartition des eaux froides des zones d'upwelling. Ainsi, au Sud du Cap Vert, où les eaux du plateux continental restent relativement plus chaudes, observe-t-on une plongée vers de plus grandes profondeurs du maximum d'abondance des merlus.

Le Groupe de travail fait cependant remarquer que la relation entre l'abondance et la profondeur peut varier avec le niveau d'exploitation. En effet, il existe une nette distribution bathymétrique des âges et leur abondance est fonction du taux d'exploitation. Dans les zones fortement exploitées, la prépondérance des poissons jeunes tendra à déplacer le maximum de biomasse vers la côte et les profondeurs les plus faibles. Dans les zones faiblement exploitées, le maximum de biomasse se trouvera plutôt au niveau des classes d'âge moyennes et de profondeurs intermédiaires.

2.1.5 Relation entre la taille et la profondeur

D'une façon générale, on observe une augmentation de la taille moyenne avec la profondeur (fig. 3). Cependant, les informations détaillées obtenues lors des campagnes réalisées au Maroc en 1973–76 (rapport COPACE/ PACE Séries 78/9, page 74, 1979) et en 1982–83 (annexe 3) indiquent l'existence de concentrations importantes de jeunes de taille inférieure à 10 cm à des profondeurs importantes (100–200 m, cf. figure 2 du présent rapport). Cette observation est conforme à la description du cycle vital proposée par Maurin (1954) et complique le problème relatif à la protection éventuelle des juvéniles.

Fig. 3

Fig. 3 - Taille moyenne (cm) du merlu M. merluccius (A) et poids moyen individuel de Parapenaeus longirostris (B) en fonction de la profondeur:

A. Selon Turner et El Ouairi, annexe 3,
B. Selon Burukowsky (1981)

2.2 Crevettes

2.2.1 Taxonomie

Six espèces de crevettes profondes sont communément capturées dans la région :

De toutes ces espèces, seul P. longirostris est capturé en abondance. Au Maroc, cette crevette est rencontrée en mélange avec une autre crevette pénéide, Peneopsis serrata (Bate, 1883), d'Agadir au Cap Juby.

Plesiopenaeus edwardsianus arrive au second rang des captures de crevettes profondes au Maroc. Cette place est tenue par Aristeus varidens au Sénégal.

2.2.2 Répartition géographique et bathymétrique (P. longirostris)

P. longirostris se rencontre au large de l'Afrique, vers le Sud à partir de l'Espagne, entre les profondeurs de 50 à 500 m.

2.2.3 Relation entre l'abondance et la profondeur (P. longirostris)

Le maximum d'abondance se situerait entre 200 et 300 m.

Des concentrations de reproduction ont pu être observées à des profondeurs variables.

2.2.4 Relation entre la taille et la profondeur (P. longirostris)

D'une facon générale on note une augmentation de la taille avec la profondeur (fig. 3). Les femelles sont plus grandes que les mâles dans toute les strates de profondeur.


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