Page précédente Table des matières Page suivante


5. EVALUATION DES STOCKS

5.1 MODELES GLOBAUX

5.1.1 Le maquereau (Scomber japonicus)

Division 34.1.1

Pour la division marocaine, dans l'hypothèse d'un seul stock, la relation PUE-efforts de 1968 à 1984, montre un accroissement global de l'abondance apparente indépendamment de l'effort de pêche (figure 1). Ceci rejoint les remarques faites par Belvèze (1984) qui indiquent que ces fluctuations d'abondance apparente ne reflètent en fait que les fluctuations de disponibilité de l'espèce. Ce type de modèle ne permet donc pas d'évaluer l'état de ce stock.

Divisions 34.1.3 et 34.3.1

Pour l'étude du stock situé dans ces divisions, en a retenu les PUE (t/jour de mer) de la flottille roumaine entre 1971 et 1984 qui sont les seules disponibles. Un effort théorique a été calculé en divisant les prises totales de la zone par la PUE roumaine. La figure 2A représente les PUE et les efforts tandis que sur la figure 2B on observe une grande variabilité des prises totales pour un effort similaire (exemple : années 1972 et 1978), la prise moyenne se situant aux alentours de 80 000 à 100 000 t.

5.1.2 Les chinchards

Choix d'une PUE

La comparaison des prises par unité d'effort des flottilles de la RDA, de la Roumanie et de l'URSS pour la période 1978–1985 est présentée sur la figure 3. Sur cette figure on peut noter des fluctuations similaires entre les PUE roumaines et celles de la RDA tandis que les PUE de l'URSS restent stables. Or, du fait des fluctuations naturelles reconnues des stocks, il est peu probable que les PUE puissent rester stables sur une longue période. Il faut cependant garder en mémoire que les zones de pêche de la RDA et de la Roumanie (ZEE mauritanienne) sont plus limitées que celles de l'URSS (Mauritanie et Sahara occidental) ces dernières années, mais on peut également remarquer qu'en Mauritanie, les PUE de la RDA et de l'URSS sont très proches, avec des variations similaires, aussi bien au niveau annuel que mensuel (cf. Archive CNROP N° 8). On est donc amené à retenir, pour l'analyse stocks de chinchards, la série des PUE roumaines.

Trachurus spp. (divisions 34.1.3 et 34.3.1)

Les données de PUE roumaines entre 1972 et 1984 pour Trachurus spp. sont présentées à la figure 4. Sur la figure 5A, on peut voir l'evolution des PUE en fonction de l'effort théorique calculé en divisant les prises totales dans ces zones par les données de PUE roumaines. On peut y distinguer schématiquement trois nuages de points:

Les PUE varient entre 6 et 4 t/jour. Si la relation PUE-efforts semble relativement bien s'ajuster selon une fonction exponentielle négative, il n'en est pas de même pour la relation prises-efforts, pour laqùelle il apparaît difficile de faire un ajustement et d'établir une prise maximale (figure 5B).

Pour analyser ces deux figures, il faut se rappeler les différentes périodes d'activité de la flottille roumaine. De 1972 à 1977 tout d'abord, la pêche roumaine s'est effectuée uniquement au nord du Cap Blanc (entre 20° et 26°N) et, même si les chinchards ont représenté une part importante des captures, l'espèce cible de cette pêcherie était la sardine.

En 1978 et 1979, la pêche roumaine s'est exercée entre 16° et 23°N, avec cependant des difficultés d'accès aux zones de pêche pour les bateaux roumains du fait de l'extension des eaux territoriales mauritaniennes de 30 à 70 milles nautiques et de l'instabilité politique au large du Sahara occidental.

A partir de 1980 les chalutiers roumains exploitent uniquement les eaux mauritaniennes entre 16°04'N et 20°36'N.

On peut alors remarquer que, aussi bien en ce qui concerne la relation PUE-efforts, que la relation prises-efforts, on retrouve sur les figures 5A et 5B les trois periodes que l'on vient de décrire et que, suite au déplacement des zones de pêche roumaines, ces trois périodes ne sont pas directement comparables.

Le fait d'avoir traité ensemble les deux espèces de chinchards noirs (T. trachurus et T. trecae) est d'autre part critiquable. Il s'agit en fait de deux stocks différents par leur répartition géographique et leur écologie.

Enfin les varations hydroclimatiques ont certainement eu des effets sur l'abondance et la répartition géographique des deux espéces de Trachurus. L'effort de pêche n'est par conséquent pas le seul facteur explicatif des fluctuations des PUE, de même que les PUE ne reflètent vraisemblablement pas toujours l'abondance du poisson étant donné les déplacements des flottilles et les migrations des stocks.

Trachurus trachurus

Les données de PUE roumaines pour cette espèce sont présentées sur la figure 6. Connaissant les prises roumaines de Trachurus spp. et le pourcentage des deux espèces de Trachurus, on en déduit les prises de Trachurus trachurus. Les PUE sont alors obtenus en divisant ces prises par l'effort orienté sur cette espèce (pour ce faire, n'ont été considérés que les jours de pêche pour lesquels la proportion dans les prises de Trachurus trachurus était dominante).

Les relations prises-efforts et PUE-efforts sont présentées sur les figures 7A et B. De même que sur la figure 5A il faut considérer les trois périodes durant lesquelles la pêche eut lieu dans des zones différences.

Pour cette espèce dont le stock est localisé au nord du Cap Blanc où la flottille a exercé son effort de 1972 à 1977 les PUE sont élevées et les prises globales importantes (entre 250 000 et 400 000 t). Pour les années 1978 et 1979, où la flotte a pratiqué entre 16° et 23°N en développant un niveau d'effort faible, les PUE furent élevées mais les prises relativement faibles (environ 200 000 t). De 1981 à 1984, la pêche eut lieu entre 16° et 20°N avec des niveaux d'effort égaux ou supérieurs à ceux de la première période; les PUE sont faibles et les captures modérées (environ 200 000 t).

Trachurus trecae

Concernant l'espèce T. trecae, la fiabilité insuffisante des données de PUE n'a pas permis de faire d'analyse.

Conclusion

L'analyse des modéles globaux appliqués à cette pêcherie de Trachurus indique l'importance de la localisation des zones de pêche et met en évidence les différences de PUE du fait de la mobilité de la flottille roumaine.

Il s'avère difficile d'utiliser à l'avenir de tels modeèles pour déterminer des y max tant que l'on ne disposera pas d'une série de PUE de la flottille soviétique qui pêche sur l'ensemble de la zone.

5.2. MODELES ANALYTIQUES

Scomber japonicus

Plusieurs analyses ont été menées en considérant d'une part le stock marocain de la division 34.1.1 et d'autre part celui de la division 34.1.3.

Zone 34.1.1

Les fréquences de taille extrapolées à la prise sont disponibles pour la pêcheire marocaine depuis 1975, période à partir de laquelle les prises sont devenues importances par suite de l'accroissement de la disponsibilité de l'espèce dans la zone (Belvèze,1984).

Les classes d'âge capturées sont surtout des individus de l'année, ou âgés de 1 an (tableau 8). La variabilité des captures de la classe o+ est très grande, la flottille marocaine ayant capturé selon les années entre 0,5 et 2 297 millions d'individus de cette classe d'âge.

Pour des F terminaux de 0,6 à 0,01 sur la classe d'âge 5 (la dernière à être significativement présente dans les captures), les solutions inverses de l'analyse des cohortes, en present pour M la valeur 0,6, conduisent à des valeurs de F pour les classes d'âge 0+ et 1 très fortes. Par exemple, en 1984 les valeurs de F sont comprises entre 1,96 et 2,3 (tableaux 9 et 10). Ces valeurs de F conduisent à une biomasse résultante bien inférieure aux captures réellement effectuées, notamment en 1983 et 1984, et ne peuvent donc être retenues.

Etant donné que l'effort de pêche a peu varié au cours de la période étudiée, on a ensuite pris, comme hypothése de travail, un F initial égal à 0,3 (tableau 11), en le considérant comme à peu près constant pour toute la série historique (sauf en 1975 où le nombre de poissons de classe O Capturés a été faible). Dans cette hyupotèse les fluctuations de captures enregistrées ne peuvent s'expliquer que par des variations dans le recurtement apparent et la disponibilité, comme cela a été souligné dans le chapitre sur les modèles globaux (figs. 8A et B).

Divisions 34.1.3 et 34.3.1

Les fréquesnces de taille en % disponibles dans COPACE/TECH/84/59 et dans Domanevsky (1986) ont été extrapolées a la prise totale de Scomber Japonicus dans la division 34.1.3 puis transformées en nombre d'individus par classe d'âge suivant la loi de croissance proposée par l'URSS (COPACE/PACE Séries 83/77). Un F terminal égal à 0,6 a été testé sur les calsses d'âge 6 et 5, les dernières à être bien représentées dans les prises (tableaux 12, 13 et 14).

Les classes d'âge 2, 3, 4 sont bien exploiteées avec un F voisin de 0,5. Les recrutements sont très variables, quelques soit l'hypothèse retenue, et présentent des pics marqués en 1973, 1976 et 1982 (fig. 9).

L'évolution des biomasses de 1972 à 1985 suivant cette analyse (analyse CRODT, fig. 10) diverge notablement des analyses soviétiques et roumaines (Domanevasky, 1986 et Maxim, 1986; cf. annexes 5, 6 et 10). Une partie de cette divergence peut être expliquée par la différence dans les méthodes de séparation des classes d'âge (détermination directe de l'âge par lecture d'otolithes chez les soviétique et les roumains et estimation de l'âge par la taille en utilisant la loi de croissance pour la présente analyse). D'autre part, une ambigüité subsiste dans l'analyse soviétique; en l'absence des experts de l'URSS il n'a pas été possible de savoir si la classe I des analyses soviétiques représente en fait la classe 0+ ou la classe I+. Ces memes données ont été utilisées dans l'analyse roumaine et un décalage de toutes les classes d'âge est donc possible dans leur analyse.

Les trois analyses donnent des résultats similaires dans les estimations de biomasse des années 1972 à 1978 puis divergent. Les analyses soviétiques et roumaines montrent une grande variabilité dans les biomasses estimées sans que s'en dégage de tendance nette. Elles sont voisines pour les années 1972 à 1983 puis divergent à nouveau.

L'absence de tendance de ces deux analyses est en contradiction avec l'évolution des PUE roumaines qui présentent une tendance générale à la baisse.

Les biomasses estimées varient pour l'URSS de 430 000 t en 1972 à 230 000 t en 1984. Leurs valeurs présentent des variations cycliques proches de celles déterminées par les roumains avec un creux dans les années 1975–1976 à un niveau de 250 000 t suivi d'une remontée jusqu'en 1979 qui se poursuit par un plateau à 330 000 t jusqu'en 1982. Une chute s'en suit jusqu'au niveau le plus bas de la série en 1984.

L'analyse roumaine montre les mêmes tendances si ce n'est qu'en 1984 et 1985 les biomasses estimées augmentent à nouveau pour atteindre un des plus hauts niveaux de leur série en 1985.

L'analyse développée au cours du groupe de travail montre le même creux de 1976 suivi d'une remontée jusqu'en 1978, année à partir de laquelle les estimations de biomasses n'ont cessé de décroître pour atteindre leur plus bas niveau en 1984 avec environ 180 000 t.

L'augmentation des PUE de la flottille de la RDA et de Roumaine en 1985 laisse supposer que l'état du stock semble s'améliorer.

Néanmoins, les fortes variations de biomasse ne peuvent s'expliquer par la seule évolution de l'effort de pêche. Les facteurs hydro-climatiques en particulier semblent influer de manière très importante sur la taille des stocks.

Il a été noté en particulier que, d'une part, le poids moyen par groupe de classes d'âge varie en relation directe avec les indices d'upwelling et que la force du recrutement est également directement liée à un indice d'upwelling calculé à partir de l'intensité des vents à Nouadhibou (cf. fig. 11). Ces données d'indice d'Ekman ont été publiées par Arfi (1984).

Deux des analyses montrent que le stock de maquereau est actuellement dans une phase basse tandis que l'analyse roumaine le place dans une phase de biomasse élevée. Il apparaît au vu des vecteurs F que le stock est au moins pleinement exploité avec un taux d'exploitation moyen supérieur à 0,5 après 1980. Le pic de biomase de l'analyse roumaine ne pourra donc s'expliquer que si les indices d'upwelling sont élevés en 1984 et 1985. Les données concernant ces indices d'upwelling n'étaient pas disponibles pendant le groupe de travail.

5.3 AUTRES EVALUATIONS

Depuis le dernier groupe de travail, 6 campagnes d'écho-intégration ont été effectuées dans les eaux mauritaniennes dont:

Les résultats du N'DIAGO ont été analysés lors du groupe de travail CNROP/FAO/ORSTOM qui s'est tenu à Nouadhibou en septembre 1985. Ces résultats concernent les biomasses globales, mais non les boimasses par espèces. La période étudiée pour pouvoir mettre en évidence une tendance à long terme. Cependant, si l'on examine les estimations faites depuis 1980 dans la région, on peut constater une diminution des biomasses et des densités observées de 1980 à 1982, suivie d'une relative stabilité en 1983et 1984. Cette évolution suit globalement l'évolution de PUE de la flottille des “super-atlantique” de la RDA (cf. fig. 2, p. 206, COPACE/PACE Séries 86/37).

La campagne du EISBAR (mars-avril 1983) dans les eaux mauritaniennes a fourni une biomasse totale de 182 000 t dont 60 000 t de T. trachurus et 27 000 t de T. trecae, ainsi qu'on peut le remarquer au tableau suivant:

RDA (mars-avril 1983)t
Trachurus trachurus59 870
Trichurus lepturas48 040
Trachurus trecae27 100
Dentex macrophthalmus15 800
Capros aper8 700
Merluccius senegalensis8 490
Sardinella aurita4 400
Anchoa guineensis1 780
Balistes capriscus7 800
 181 980

Depuis le dernier groupe de travail ont été publiés les résultats de la campagne du N/O EVRIKA de l'URSS qui du 2 au 6 janvier 1982 a couvert la zone s'étendant de Dakhla au Cap Blanc sur des fonds de 40–75 m, jusqu'à 500 m. Une biomasse totale de Trachurus spp. de 790 000 t a été évaluée au cours de cette campagne (COPACE/TECH/84/59).

Le N/O DR FRIDTJOF NANSEN a au cours de sa campagne de prospection acoustique de novembre 1981 trouvé une biomasse totale de 100 000 t de pélagiques, essentiellement représentés par Decapterus macarellus, D. punctatus et D. rhonchus.

Plusieurs campagnes ont été réalisées dans les eaux sénégambiennes par les équipes du CRODT, mais la répartition spécifique des biomasses n'a pas pu être réalisée par manque de matériel de pêche adapté.


Page précédente Début de page Page suivante