Annexe 1
MANUEL POUR LA PRODUCTION D'ALEVINS A LA STATION PISCICOLE D'AMBATOFOTSY-AMBATOLAMPY

1. INTRODUCTION

Ce rapport est un manuel pour la production d'alevins à la station piscicole d'Ambatofotsy-Ambatolampy, et se compose de fiches techniques pour les différentes activités.

Ce rapport a été écrit pour la station d'Ambatofotsy et plus spécialement pour la saison de reproduction: septembre 1987-janvier 1988, mais on pourra l'utiliser également, après les modifications nécessaires pour d'autres stations piscicoles et en d'autres saisons.

2. INFRASTRUCTURE ET MATERIEL

• A la station il y a 17 étangs utilisables pour la pisciculture: 6 étangs de 25 ares (série A) et 11 étangs d'environ 10 ares (séries B, C, D, et F1) (Tableau 1). Chaque étang a une entrée et une sortie d'eau et peut être rempli au vide indépendamment des autres étangs.

• Les 21 étangs de reproduction sont hors d'usage parce qu'ils ne tiennent pas l'eau. L'état des étangs est mentionné dans le Tableau 1.

• Le matériel disponible utilisé pour la production d'alevins est le suivant:

  • 6 bacs de stockage
  • 1 senne 50 m, maille 3 cm
  • 1 senne 20 m, maille 1 cm
  • 1 hapa (Fig. 4)
  • 3 épuisettes
  • 1 bac de transport
  • 10 seaux
  • 1 pêcherie transportable
  • 5 caisses d'incubation
  • 2 brouettes
  • 1 mortier

  • 80 kakabans (Figs. 5 et 6)

• Le nombre de carpes à la station est mentionné dans le Tableau 2.

• Les caisses d'incubation ne sont pas en bon état et doivent être réparées; en même temps il est nécessaire d'en construire d'autres (au moins 12).

• Les kakabans doivent être cotrôlés et réparés. A la station, il y a assez de fibres végétales pour en confectionner le nombre nécessaire.

• Pour mieux utiliser les étangs, il faut acheter un grand nombre de planches pour fermer les moines et les bacs de stockage. Le nombre de planches à la station est insuffisant et beaucoup sont en mauvais état.

• A l'heure actuelle, il y a seulement quelques grillages aussi bien pour l'entrée que pour la sortie d'eau.

• La quantité de fumier de porc à la station est en ce moment d'environ 30 m³ ; il y aura donc assez de fumier pour l'alevinage en septembre.

3. PREPARATION DES ETANGS

• Vider l'étang et bien faire sécher.

• Nettoyer le fond de l'étang de toute végétation et labourer légèrement.

• Comme la plupart des étangs à la station sont difficiles à vider, il faut bien égaliser l'étang de sorte qu'il ne reste pas de flaques d'eau à la vidange, dans lesquelles les alevins restent prisonniers.

• Pour stériliser l'étang, on répand de la chaux vive au moment où l'étang est bien sec; dose: 150 kg/ha.

• On répand des engrais organiques, fumiet de porc, en petits tas dispersés par exemple, une brouette de fumier par tas, dose: plus ou moins 20 m³/ha. S'il reste encore des porcs dans la porcherie sur la digue de l'étang A1, cet étang est suffisamment fertilisé et il n'est pas nécessaire d'y répandre du fumier.

• Deux jours avant la première injection des carpes femelles, on commence à remplir l'étang. L'eau doit passer par un grillage pour éviter l'entrée des prédateurs. Comme le canal d'alimentation est en terre et très large, un seul grillage au début du canal n'est pas suffisant, il faut toujours placer un grillage juste avant l'entrée de l'étang.

• Vu la basse alcalinité des étangs, une dose de chaux est indispensable, dose: 1 000 kg/ha. On utilise ou bien la dolomie ou la chaux agricole. La dolomie peut être dissoute dans l'eau en mettant une cuve sous l'entrée d'eau dans laquelle on met la dolomie. On commence dès qu'il y a une nappe d'eau dans tout l'étang. La chaux agricole ne peut pas être dissoute de cette façon et doit être répandue, très dispersée, à la surface de l'eau.

• On répand l'engrais chimique après la chaux. L'engrais chimique peut être dissout de la même façon qu'on a dissous la dolomie. L'engrais chimique et la chaux ne doivent jamais être en contact en forme non dissoute, puisqu'une combinaison insoluble peut être formée; dose: 200 kg/ha hyperphosphate (28%) au remplissage de l'étang et 20 kg/ha après 14 jours.

• Si la quantité d'engrais organique était insuffisante, un engraissement d'azote peut être estimé utile, sous forme d'urée (48%) ou engrais 16.16.16, dose: 50 kgN./ha.

4. GENITEURS

• Les mâles se trouvent dans l'étang A4 et les femelles dans l'étang A5. Début août, les géniteurs seront transférés dans les étangs de stockage: les mâles dans l'étang C4 et les femelles dans l'étang B4. Pendant ce transfert, le sexe sera contrôlé (Note: 1) et les géniteurs également (Note: 2).

• Dans les étangs de stockage, les géniteurs seront nourris avec du maïs à raison de un pour cent de la biomasse par jour. Une dose plus élevée risque de produire trop de matière grasse mésentérique, ce qui empêche une ovulation uniforme.

• Le niveau de l'eau dans les étangs B4 et C4 doit être maximal afin d'éviter les changements de température trop élevés.

• Pour la reproduction, les géniteurs sont retirés des étangs de stockage à la senne en fonction des besoins. Seules les femelles mûres (Note: 3) seront utilisées pour la reproduction. Les autres femelles seront remises dans l'étang de stockage et seront utilisées une autre fois. Après la reproduction, les femelles seront transférées dans l'étang C3 et les mâles dans l'étang Dl.

• Après la dernière reproduction, les étangs C4 et B4 seront également utilisés pour l'alevinage, quoiqu'il n'y aura pas de temps pour préparer ces étangs.

5. REPRODUCTION

• La saison de reproduction des carpes à Ambatolampy va du 15 septembre au 15 novembre. Les conditions optimales pour la reproduction des carpes sont les suivantes:

  • une hausse de la température
  • la température entre 18 et 24°C
  • la tension d'oxygène supérieure à 5 mg/l

  • le lever du soleil

• La méthode de reproduction est semi-artificielle; les femelles seront injectées deux fois d'une solution d'hypophyse, les mâles une fois. La fraie a lieu sur les kakabans dans les bacs de stockage.

• Les hypophyses sèches seront réduites en poudre dans un mortier, sans presser mais en pulvérisant très légèrement. On mettra la poudre dans l'eau distillée ou dans l'eau bouillie et filtrée. On ajoute 0,65% de sel de cuisine (NaCl) dans l'eau.

• Il faut préparer la solution d'hypophyse environ une heure avant l'injection et il faut bien agiter la solution. Une demi-heure avant l'injection, il faut faire reposer la solution afin qu'un dépôt se forme. La solution claire sous le dépôt est injectée. Pour calculer le nombre d'hypophyses, on compte souvent une hypophyse supplémentaire pour le mortier.

• On injecte aux carpes femelles pour la première injection, 0,05 hypophyse/kg et pour la deuxième injection (12–24 heures plus tard) environ 0,75 hypophyse/kg. Si les géniteurs pèsent plus de 4 kg, on injecte un peu plus, soit: 0,1 respectivement, 1 hypophyse/kg. Pour la première injection, il faut éviter de dépasser la dose parce que sinon on peut provoquer une ovulation prématurée.

• Les mâles seront injectés une fois, au moment de la deuxième injection des femelles. On injecte 0,5 hypophyse/kg. Si les conditions sont optimales, cette injection n'est pas forcément nécessaire.

• On peut injecter soit de façon intrapéritonéale, dernière la base de la nageoire pectorale, soit de façon intramusculaire sous la nageoire dorsale (Fig. 3). Si l'injection est intrapéritonéale, l'absorption est moins bonne, tandis qu'avec une injection intramusculaire la solution peut être répandue par les contractions musculaires. Il faut frictionner la place d'injection pour éviter le jaillissement de la solution.

• Il faut préparer une solution dont la concentration permettrait une injection entre 1 et 2 ml par poisson.

• Entre les deux injections, les femelles seront stockées dans une caisse d'incubation dans un étang. Une deuxième caisse d'incubation sera placée sur cette caisse de stockage pour éviter que les poissons ne sautent à l'extérieur.

• Après les injections, les poissons seront transférés dans les bacs de stockage dans lesquels on a placé les kakabans. On met une femelle et 2 ou 3 mâles (selon la taille) par bac de stockage.

• Si la température de l'eau est de 20–24°C, l'ovulation aura lieu 10–12 heures après la deuxième injection. Pour faire coïncider l'ovulation avec le lever du soleil, la deuxième injection devra avoir lieu à 18 heures la veille.

• Il est possible de pratiquer deux sessions de reproduction par semaine (voir schéma 3).

6. LES KAKABANS

• Les kakabans servent comme substrat de ponte. Ceux-ci sont fabriqués avec de longues fibres végétales (longueur 40 cm), serrées entre deux lattes de bambou (longueur 120 cm) par des fils de fer (Fig. 5).

• Pour la reproduction, on utilise six kakabans par bac de stockage. Les kakabans seront alourdis avec des pierres et attachés aux lattes en travers des bacs de stockage, de façon que les kakabans flottent à 20 cm sous le niveau d'eau (Fig. 6).

• Tout de suite après la ponte, les kakabans chargés d'oeufs seront transférés dans les caisses d'incubation qui se trouvent dans un étang d'alevinage. Au maximum six kakabans par caisse. Cinq jours après la ponte, les larves sont comptées et transférées dans les étangs d'alevinage. On empoissonne les étangs avec plus ou moins 6 000 larves/are.

• Après l'éclosion, les kakabans seront nettoyés et séchés, si bien qu'ils peuvent être utilisés pour une prochaine session.

• Pendant la période de reproduction, les sessions de reproduction se succèdent vite; c'est pour cela qu'il faut préparer assez de kakabans pour trois sessions, c'est-à-dire, 108 kakabans.

• Douze caisses d'incubation au moins sont nécessaires.

• Si on ne dispose pas d'assez de caisses d'incubation, comme les années précédentes, on peut aussi placer les kakabans tout de suite dans les étangs d'alevinage. Dans ce cas, les kakabans seront placés à l'aide de branches, 30 cm au-dessus du fond de l'eau. Le plus grand inconvénient de cette méthode est qu'il est très difficile de fixer le nombre de kakabans à placer dans un étang et que l'on ne connaît pas le nombre de larves dans cet étang.

7. ALEVINAGE

• Pendant la première période d'élevage, on doit contrôler régulièrement la croissance, la santé et la survie des alevins. On peut les observer directement dans l'étang à l'aide d'une assiette blanche qui sert de fond, ou on peut capturer quelques alevins à l'aide d'une épuisette.

• Si la croissance est trop lente, on peut nourrir les alevins avec de la farine de maïs, farine de blé, farine de poisson. Si la croissance reste cependant trop lente, on peut capturer un certain nombre d'alevins à la senne et les transférer dans un autre étang.

• Pour l'élevage des alevins, la nourriture naturelle est bien la plus importante; pour cela, il faut régulièrement contrôler la quantité de cette nourriture et si nécessaire, ajouter des doses d'engrais chimique.

• La durée de l'alevinage dépend de la température, de la quantité de nourriture et du nombre d'alevins, entre cinq et huit semaines.

8. VIDANGE DES ETANGS

• La vidange des étangs d'alevinage doit être effectuée en fonction du besoin en alevins; il faut aussi tenir compte d'un stockage d'au moins 24 heures avant le transport.

• Pour la vidange d'un étang de 25 ares, il faut compter 2 – 3 jours; pour un étang de 10 ares environ 24 heures. La vidange doit être pratiquée de façon telle que l'on puisse commencer à pêcher les poissons très tôt le matin. Si on commence trop tard à pêcher, la montée de la température peut provoquer une mortalité importante.

• Une pêcherie transportable sera utilisée pour la pêche. Elle sera placée soit devant le moine, soit derrière la digue.

• Les seaux seront utilisés pour le transport d'alevins des étangs situés près des bacs de stockage. Pour les étangs plus éloignés, on stocke les alevins d'abord dans une hapa, dans un étang voisin, et seulement après la vidange, tous les alevins seront transportés ensemble à l'aide du bac de transport.

• Après la vidange, les alevins seront transférés dans une hapa dans le premier bac de stockage où les alevins seront comptés et de là, transférés dans un autre bac de stockage.

• Pour estimer le nombre d'alevins, on se base sur le volume occupé par un nombre déterminé. On remplit une petite épuisette et on compte les alevins un à un; cela sera répété trois fois. Le nombre moyen est estimé comme contenu de l'épuisette et, est multiplié avec le nombre d'épuisettes afin d'obtenir le nombre total d'alevins venant de l'étang.

• Parfois il est nécessaire de séparer les alevins et les têtards avant le comptage. Si les têtards sont très nombreux, le triage est plus facile à l'aide d'eau courante. On crée dans le canal d'alimentation un courant d'eau et on place en amont et en aval un grillage. On peut séparer les alevins et les têtards en les plaçant entre deux grillages et comme les têtards ont des difficultés à nager longtemps contre le courant, ils se trouvent bientôt en aval tandis que les alevins se trouvent en amont.

• Pour traiter les alevins contre des champignons parasitaires (comme Saprolegnia), dont l'apparition est provoquée par les manipulations, on peut utiliser un bain de sel: 3% pendant 10 minutes ou un bain de permanganate de potassium 10 ppm (10 g/m³) pendant 30 minutes.

9. MISE EN SACS

• Les bacs de stockage se trouvent loin du réservoir d'eau et par conséquent l'eau d'entrée est fortement chauffée par le soleil. C'est pour cela qu'il est recommandé de mettre les alevins en sacs soit le soir, soit le matin très tôt.

• Avant le transport, les alevins doivent être stockés dans les bacs de stockage pendant au moins 24 heures.

• Pour la mise en sac on pose une hapa dans le premier bac de stockage, dans lequel on met les alevins, et d'où on compte les alevins en les mettant à l'aide d'une épuisette dans les sacs de transport. Les sacs contenant de l'eau seront tout de suite remplis d'oxygène, fermés et placés dans l'ombre.

• Jusqu'à présent, on a utilisé à la station des sacs en plastique (hauteur 110 cm et largeur 80 cm), dans lesquels on a mis 15 l d'eau et 1 000–1 500 alevins. On enlève tout l'air et on remplit le sac d'oxygène, pour fermer on tourne le sac jusqu'à ce qu'il y ait une partie tordue d'environ 15 cm; cette partie sera pliée et liée avec de la ficelle (Fig. 7). Pour une plus grande sécurité, on utilise deux sacs insérés l'un dans l'autre avant le remplissage. De cette façon, on a pu facilement transporter les alevins pendant 24 heures, sans changer l'eau ou l'oxygène.

10. L'EXTRACTION D'HYPOPHYSES

• Le prélèvement des hypophyses se pratique sur des carpes sexuellement matures et mortes depuis très peu de temps.

• Le prélèvement aura lieu pendant le mois d'août.

• L'hypophyse se trouve au-dessous de l'hypotalamis qui se trouve au bas de la cervelle (Fig. 2). On peut enlever l'hypophyse en ouvrant le crâne en travers.

• On met les hypophyses dans une bouteille contenant de l'acétone; après avoir extrait toutes les hypophyses, on renouvelle l'acétone; ensuite on renouvelle l'acétone après huit heures et encore une fois après 24 heures. Après ce traitement, on fait sécher les hypophyses par évaporation et on les stocke bien à sec, car ainsi, elles peuvent se conserver pendant plusieurs années.

Schéma N^o1: Exploitation de la station piscicole d'Ambatofotsy-Ambatolampy pendant la période septembre 1985-juillet 1986

Schéma N^o2: La situation théorique de l'exploitation de la station d'Ambatofotsy-Ambatolampy pendant la période juillet 1986-juillet 1987

Schéma N^o3: Planning de la reproduction

Schéma N^o4: Stockage géniteurs

Schéma 5

Tableau 1

CONDITION DES ETANGS

+ = vidange facile bonne fertilité les herbes ne posent pas de problème
- = vidange difficile faible fertilité présence excessive de végétaux

Tableau 2

NOMBRE DE CARPES A LA STATION
le 1^er juillet 1987

Mâles: étang A4
Femelles: étang A5
Progéniteurs: étangs A6 et A1
Donneurs d'hypohyses: étang A1 et A6
(Oreochromis niloticus: étang A2 nombre inconnu) (40 géniteurs en janvier 1987)

Tableau 3

BILAN D'UNE ANNEE DE GESTION DE LA STATION PISCICOLE D'AMBATOFOTSY-AMBATOLAMPY

Bilan simplifié :

Tableau 4

RECAPITULATIF DES DEPENSES MENSUELLES

Tableau 5

RECAPITULATIF DES RECETTES D'EXPLOITATION

Tableau 6

VENTILATION DES DEPENSES
JUILLET 1986-JUIN 1987

1. Comptage	2. Pulvérisation

3. Transfert de la poudre dans un récipient

4. Ajouter le liquide	5. Agiter	6. Laisser reposer	7. Prélever la solution limpide

Fig. 1 Préparation de la solution d'hypophyse

Fig. 2 Localisation de l'hypophyse

Fig. 3 Point d'injection

Fig. 4 Hapa

Fig. 5 Kakaban

Fig. 6 Placement des kakabans

Fig. 7 Fermeture des sacs de transport