Les conditions climatiques, hydrologiques et topographiques favorables de la zone, qui dispose en général d'une quantité importante de sous-produits agricoles (riz), ainsi que de l'habitude acquise par les paysans de la gestion de l'eau, constituent autant d'éléments favorables à la promotion de la pisciculture auxquels s'ajoute une demande soutenue de poisson frais, produit particulièrement apprécié par les habitants de la zone.
Les différentes techniques d'élevage éprouvées qui tiennent compte de la situation particulière de chaque candidat potentiel à la pisciculture sont:
élevage simple de tilapia;
élevage associé tilapia-poulets;
élevage intégré alevins-“fingerlings”-poissons marchands;
élevage de “fingerlings” mâles.
Les aliments choisis en fonction des disponibilités sont:
son de riz;
aliment composé (3A);
fientes de poulets.
La taille de l'exploitation est modulée aux moyens dont dispose le candidat pisciculteur.
Ces techniques ont été associées et appliquées chez des exploitants de la zone et les résultats obtenus se sont révélés intéressants.
Le prix de vente du poisson frais - de l'ordre de FCFA 500 à 600 pour le tilapia - est intéressant en comparaison avec les charges d'exploitation et d'entretien limitées constituées essentiellement par les frais d'alimentation et de gardiennage.
Le revenu net dégagé par une exploitation de taille minimale, soit 20 ares, se situe, selon le modèle d'exploitation retenu, aux alentours de FCFA 320 à 500 000 alors que celui dégagé par une exploitation de l'ordre de 36 ares peut atteindre FCFA 850 000.
Les difficultés qui risquent d'être rencontrées à l'introduction des opérations de crédit sont les suivantes:
- Celles liées aux habitudes acquises par les paysans ivoiriens qui assimilent souvent le prêt bancaire à un don et qui ne ressentent pas l'obligation de rembourser leurs dettes à un emprunteur ayant un caractère “impersonnel” et relevant de l'Etat (BNDA).
- Celles relatives aux sollicitudes fréquentes de la famille pour bénéficier d'une assistance financière du parent disposant de quelques ressources, limitant ainsi l'épargne nécessaire à l'intensification de l'exploitation (achat d'aliments, renouvellement de l'équipement, paiement d'un manoeuvre-gardien) ou au remboursement des dettes contractées.
- Celles relatives à la sécurité des étangs. Plusieurs cas de vol ont été signalés dans les exploitations situées loin de l'habitation du pisciculteur. Le recrutement d'un manoeuvre-gardien peut être supporté par les exploitations d'une taille suffisante supérieure à 20 ares. Les candidats pisciculteurs disposant d'une habitation située près de l'exploitation seront favorisés.
- Celles relatives à l'éloignement des exploitations des voies de communication qui rendent difficiles l'écoulement de la production et l'approvisionnement en intrants.
- Celles liées au développement futur de la production. Actuellement, le poisson frais est vendu assez facilement par les soins du pisciculteur lui-même sur le lieu de production du fait de la modicité des quantités offertes. Le développement futur de la production risque de poser des problèmes de commercialisation notamment, de plus longs délais de stockage des produits destinés à la vente, qui risquent d'allonger le cycle d'exploitation normal de six mois.
Le système de crédit préconisé devra tenir compte de ces difficultés et tendre à les limiter au maximum par une sélection sévère des candidats au crédit, un choix judicieux des sites, un encadrement suffisant des emprunteurs et une organisation appropriée de la distribution des prêts et de leur récupération.
