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Cinquième partie: Foresterie en zone aride: Sa contribution au développement rural et à la lutte contre la désertification


Contexte historique


Contexte historique


Principaux facteurs de désertification
La foresterie dans la lutte contre la désertification


La dégradation progressive des environnements sensibles qui conduit à leur désertification est aussi vieille que l'agriculture elle-même. En l'espace de quelques siècles seulement, la colonisation par les Européens de l'Amérique du Nord et de l'Australie a déclenché des processus de détérioration du sol, de dégradation de l'environnement et de désertification ignorés pendant les centaines de milliers d'années d'existence des populations locales de chasseurs/cueilleurs.

C'est après la seconde guerre mondiale, lorsque les conséquences de la désertification ont été mises en lumière par la sécheresse soudano-sahélienne de 1968 à 1974, que le monde a pris conscience des causes de la désertification et du rôle joué par l'homme dans son expansion. Cette catastrophe a mis en pleine lumière les processus fondamentaux de la dégradation de l'environnement qui ont provoqué un bouleversement accéléré et massif de la situation socio-économique des pays en cause.

Sept conférences internationales au moins se sont tenues sous l'égide de l'Organisation des Nations Unies entre 1972 et 1979, pour traiter directement ou indirectement de divers aspects du processus de désertification. Les plus importantes en cette matière ont été la Conférence de 1972 des Nations Unies sur l'environnement humain, la Conférence des Nations Unies sur la désertification (UNCOD) de 1977 et la Conférence mondiale sur la réforme agraire et le développement rural de la FAO (CMRADR) de 1979.

Le Plan d'action des Nations Unies pour lutter contre la désertification (PACD), adopté par l'Assemblée générale des Nations Unies de décembre 1987, a découlé directement de l'UNCOD et a donné mandat au PNUE d'organiser et de coordonner les actions visant à maîtriser la désertification dans le monde entier d'ici à l'an 2000. Trois actions immédiates ont été recommandées dans le cadre de ce Plan:

(i) Création d'institutions gouvernementales pour lutter contre la désertification au niveau national.

(ii) Convocation de conférences, séminaires et ateliers au niveau régional ainsi que la conduite d'études interrégionales en vue de créer des centres régionaux de formation par les Commissions économiques régionales. Ces commissions organiseraient et coordonneraient en outre l'exécution de projets transnationaux de lutte contre la désertification.

(iii) Promotion par le PNUE de la participation des institutions et organisations des Nations Unies au travers d'un plan d'action fondé sur les demandes d'assistance reçues des gouvernements. Le PNUE entreprendrait aussi conjointement avec d'autres organismes une planification pour définir des actions spécifiques, mobiliser des fonds et coordonner des projets de lutte contre la désertification.

En 1979, il était admis que le principal facteur de désertification était la pression exercée par l'activité de l'homme sur les milieux sensibles, essentiellement dans les zones arides, semi-arides et sub-humides. Cette pression se traduit par l'élimination sur des surfaces étendues de la végétation par le surpâturage, le défrichement, la récolte de bois de feu et l'allumage périodique de feux pour provoquer l'apparition de pousses vertes pour le bétail. Ces activités entraînent une érosion éolienne et hydrique, une perte de productivité du sol et une tendance générale à exploiter sur le plan agricole des terres de plus en plus marginales et sujettes à désertification. À cela s'ajoute une irrigation inefficace qui se traduit par la perte de terres productives par engorgement, alcalinisation et salinisation Les conséquences globales pour l'environnement sont notamment l'épuisement de la faune sauvage et la dégradation des ressources génétiques végétales et animales

Principaux facteurs de désertification

L'analyse des rapports par pays révèle que la désertification peut se produire dans divers ensembles de conditions, qui en sont souvent la cause.

(i) Surgâturage

La désertification se produit là où il y a pastoralisme dans les terres arides et semi-arides d'Asie (URSS, Pakistan, Afghanistan, Iran, Irak, Inde et Chine). C'est aussi un phénomène fréquent au Sahel, en Afrique du Nord, en Afrique de l'Est et en Afrique australe ainsi que dans les zones les plus arides d'Amérique latine. Il ne se limite pas aux pays en développement; la désertification due au pastoralisme et au surpâturage est courante en Amérique du Nord et en Australie, là où la végétation locale a été surexploitée. Le surpâturage par le bétail domestique peut être encore aggravé par la concurrence de la faune sauvage: l'installation de points d'eau peut se traduire par une multiplication explosive de la faune sauvage résistant à la sécheresse (Australie: kangourous) et la régénération naturelle des plantes ligneuses peut être en butte à des contraintes supplémentaires qu'elle ne peut supporter; d'autre part, le couvert herbacé peut être éliminé par des animaux exotiques (Australie: lapins). Il peut se produire une sévère dégradation du sol et de la végétation autour de points d'eau mal espacés, du fait de fortes concentrations d'animaux en période de sécheresse. Il en résulte des aires désertifiées, phénomène que l'on rencontre assez souvent dans de nombreuses terres arides.

(ii) Types de bétail

Certains types de bétail, les caprins par exemple, peuvent être particulièrement destructeurs pour la végétation en terres arides s'ils pâturent en concentrations excessives. Des lois restrictives ont été adoptées (Algérie) et la race a été génétiquement modifiée (Syrie) pour réduire au minimum les dommages causées aux espèces végétales fourragères.

(iii) Cultures itinérantes

Lorsque les rotations des cultures itinérantes deviennent trop rapides en raison de la forte densité de population, il se produit une élimination de la végétation protectrice. Ce phénomène est plus caractéristique dans les zones plus forte pluviométrie, mais peut se produire aussi en condition sub-humide (Afrique sahélienne, Inde, Asie du sud-est et certaines parties de l'Amérique latine) Compte tenu des caractéristiques climatiques et édaphiques de ces régions, la disparition du couvert protecteur entraîne presque inévitablement une érosion éolienne, une perte de sols productifs et la désertification.

(iv) Excès de récoltes

Une forte pression démographique et une récolte excessive de la végétation naturelle pour les besoins industriels et domestiques de bois de feu, de bois pour la construction et l'artisanat et la collecte de matières premières autres que le bois à usage médicinal, d'extraits, de fibres et d'aliments peuvent provoquer la désertification. C'est un phénomène que l'on observe souvent dans les zones périurbaines des pays en développement et qui est particulièrement marquée au Sahel, en Inde, au Soudan et en Somalie.

(v) Expansion de l'agriculture dans les terres arides marginales

L'expansion de l'agriculture dans les terres arides marginales, occasionnant le défrichement de vastes étendues de végétation naturelle et une culture excessive, peut rompre l'équilibre du milieu et aboutir à l'érosion éolienne et hydrique (Maroc par exemple). Dans certaines régions, l'élimination d'un couvert constitué d'arbres à racines profondes peut permettre l'élévation des nappes souterraines salines, ce qui provoque la salinisation et la perte de terres productives (sud et sud-ouest de l'Australie, Afrique du Nord, Soudan). La pression commerciale en faveur des cultures de rente à grande échelle peut aussi se traduire par une forte dégradation des sols par déstructuration et érosion (Sénégal: arachides. Sud et sud-ouest de l'Australie: blé).

(vi) Aménagements inadéquats ou mauvaises méthodes d'irrigation

L'introduction de l'irrigation dans les régions arides de nombreux pays a provoqué, par engorgement et salinisation, la perte de grandes surfaces de terre jusque là productives (Afghanistan, Pakistan, Syrie, Chine, URSS). Cette dégradation n'est pas provoquée par le procédé lui-même mais par sa mauvaise application et des mesures sont actuellement mises en oeuvre avec succès pour la réhabilitation de certaines zones (Pakistan, Chine, URSS).

(vii) Détournement de cours d'eau

Certaines mesures prises en amont telles qu'un prélèvement excessif d'eau ou un détournement de systèmes de cours d'eau peuvent provoquer des pénuries d'eau pour l'irrigation des terres arides et l'intrusion de sel au voisinage des estuaires, d'où une désertification et une perte de terres productives.

Chacun des facteurs mentionnés ci-dessus peut avoir un effet qui lui est propre, mais son influence sur l'environnement se conjugue souvent à celle de différentes combinaisons d'autres facteurs qui dépendent des traditions, des coutumes, des activités et de la pression démographique locales.


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