3. DERMESTES SPP.


3.1   Noms scientifiques et noms communs
3.2   Description et caractères distinctifs
3.3   Cycle biologique
3.4   Ecologie
3.5   Dommages causés au poisson traité
3.6   Facteurs écologiques à prendre en considération pour la réduction des pertes


Les espèces de Dermestes appartiennent à la famille des dermestidés. On a constaté que plusieurs espèces infestent le poisson traité (ou la farine de poisson): D. maculatus DeGeer, D. frischii Kugelann, D. ater DeGeer, D. carnivorus Fabr., D. lardarius , Le , D. haemorrhoidalis Küster et D. peruvianus Laporte de Castelnau.

SOURCE: Adulte et larve - extrait de Hinton (1945) reproduction autorisée gracieusement par le British Museum (histoire naturelle)

Figure 2 Face dorsale d'un adulte (à gauche) et d'une larve (à droite) de Dermestes maculatus

3.1. Noms scientifiques et noms communs

Dermestes spp.. Hide beetles [An]; Dermestes [Fr]; Speckkäfer [All.]. D. ater: Black larder beetle [An]; Dermeste noir [Fr]. D. carnivorus: Dermeste carnivore [Fr]. D. frischii: Dermeste destructeur du cuir [Fr]. D. haemorrhoidalis: Black Iarder beetle [An]; Dermesteafricain du lard [Fr]. D. lardarius: Bacon beetle, Larder beetle [An]; Dermeste du lard [Fr]; Speckkäfer [All.]; Dermeste del tocino [Esp.]. D. maculatus: Hide beetle, Leather beetle [An]; Dermeste des peaux [Fr.]; Gorgojo del cuero [Esp.]. D. peruvianus: Peruvian larder beetle [An]; Dermeste péruvien [Fr.].

3.2. Description et caractères distinctifs

ADULTE - Forme ovale allongée (voir figure 2 (à gauche). Longueur: 5,5 à 10 mm. cuticule de la face dorsale du corps noire ou maron foncé, couverte de soies noires, gris-blanc, brunes ou jaunes, formant un motif distinct chez certaines espèces. Le côté ventral de l'abdomen est couvert de soies noires, blanches, marron ou jaune clair, qui forment souvent un motif distinct. Les antennes sont plutôt courtes mais se terminent par un renflement bien visible. Se distingue de Necrobia spp. par l'absence de coloration métallique, et par une plus grande taille. Les adultes des différentes espèces peuvent être identifiés grâce aux caractères énumérés au Tableau 1, mais certains de ces caractères ne peuvent être correctement observés qu'au microscope à faible pouvoir grossissant; des clés complètes d'identification ont été données par Freeman (1980) et par Peacock (1975).

LARVES - Voir figure 2 (à droite). Segments thoraciques avec 3 paires de pattes articulées. Corps couvert de soies denses de diverses longueurs. Face ventrale du corps généralement jaune-brun, mais face dorsale essentiellement brun foncé, souvent avec une ligne médiane jaune. Face dorsale du dernier grand segment abdominal (le neuvième) portant deux longues protubérances pointues en forme de corne, qui peuvent. être en partie dissimulées par les soies voisines. Les clefs d'identification des espèces sont données par Hinton (1945) et Peacock (1975), mais l'identification nécessite des connaissances spécialisées. Les larves de Dermestes se distinguent aisément de toutes les autres que l'on observe sur le poisson traité par la présence de soies et leur couleur foncée.

TABLEAU 1: Caractères permettant d'identifier les adultes des espèces de Dermestes observés sur le poisson traité

* Espèces de Dermestes: ma. - maculatus; fr. - frischii; ca. - carnivocus; na. - lardarius; at. haemorrhoidalis; pe. = peruvianus

LARVES - Voir figure 2 (à droite). Segments thoraciques avec trois paires de pattes articulées. Corps couvert de soies denses de diverseslongueurs. Face ventrale du corps généralement jaune-brun mais face dorsale essentiellement brun foncé, souvent avec une ligne médiane jaune. Face dorsale du dernier grand segment abdominal (le neuvième) portant deux longues protubérances pointues en forme de corne, qui peuvent être en partie dissimulées par les soies voisines. Les clefs d'identification des espèces sont données par Hinton (1945) et Peacock (1975), mais l'identification nécessite des connaissances spécialisées. Les larves de Dermestes se distinguent aisément de toutes les autres que l'on observe sur le poisson traité par la présence de soies et leur couleur foncée.

3.3. Cycle biologique

Les adultes se nourrissent sur le poisson totalement ou partiellement séché, et les femelles déposent leurs oeufs dans des déchirures de la chair du poisson. Le rythme de ponte est très rapide si les femelles disposent d'eau pour boire. Les larves s'enfoncent dans la chair, dont elles se nourrissent. Elles passent normalement par 5,6 ou 7 fois stades, ou davantage si les conditions sont défavorables. Les dépouilles larvaires sont fréquentes dans le poisson infesté, et peuvent être confondues avec les larves. Avant la pupaison, les larves du dernier stade s'enfoncent dans les matières solides: il peut s'agir de la chair du poisson, mais c'est souvent le bois des séchoirs ou des structures de stockage, qui peut être gravement endommagé par des tunnels pratiqués par les larves. Le cycle biologique des principales espèces de ce ravageur dure 5 à 7 semaines environ ou plus, selon les types d'aliments et les conditions matérielles. La population de D. maculatus et D. frischii est multipliée par 30 environ chaque mois dans les conditions optimales. Les adultes de Dermestes volent et peuvent donc facilement se disperser vers de nouvelles sources d'aliments.

3.4. Ecologie

Les deux espèes les plus communes que l'on observe sur le poisson traité dans les climats chauds, D. maculatus et D. frischii, ont une température optimale de l'ordre de 30 à 35 ºC, le minimum étant de 20º C. Elles ont besoin d'une humidité relative d'équilibre de 30 % au moins, le taux optimal étant d'environ 75 %. D. ater et D. haemorchoidalis semblent avoir une température optimale légèrement inférieure, de l'ordre de 27 à 30º C, mais un minimum identique d'environ 20º C. il peuvent se développer dans des humidités relatives d'équilibre d'au moins 40 %, le taux optimal étant d'environ 75 %. D. lardarius et D. peruvianus ont une température optimale de 25 º C ou un peu plus, et un minimumd'environ 15 º C. Ils peuvent aussi se développer dans des humidités relatives de 40 % ou plus, mais le taux optimal semble être voisin de 80 %. On ne connaît guère les besoins de D. carnivorus, mais on le trouve fréquemment sur le poisson traité en Indonésie, où le climat est chaud et humide.

D. maculatus et D. frischii sont les espèces qui infestent le plus souvent le poisson traité; D. maculatus s'attaque en particulier au poisson d'eau douce et D. frischii au poisson marin, mais il y a des exceptions. La troisième espèce la plus répandue dans les climats chauds est D. ater, bien connu comme ravageur du coprah, mais qui est aussi souvent un important ravageur du poisson séché dans les régions tropicales. D. carnivorus semble être un ravageur important du poisson traité en Indonésie; on a aussi observé que cette espèce infeste le poisson séché aux Philippines et la farine de poisson au Pakistan. Les trois espèces restantes, (D. lardarius, D. haemorrhoidalis et D. peruvianus) n'ont été qu'occasionnellement observées sur le poisson séché ou la farine de poisson, et ne sont que des ravageurs secondaires du poisson traité.

3.5. Dommages causés au poisson traité

La nutrition des larves et des adultes de Dermestes spp. provoque des pertes quantitatives considérables de poisson séché, ainsi que l'émiettement. la perte de qualité peut aussi être due à la présence de corps et de dépouilles d'insectes. L'importance et la valeur des pertes quantitatvies causées au poisson séché par Dermestes spp. ont été évaluées par différents chercheurs et les estimations vont d'un chiffre insignifiant jusqu'à 50 pour cent de perte de poids, selon la durée de l'entreposage, la teneur en sel, l'humidité, les conditions climatiques et les conditions générales d'hygiène pendant le traitement et le stockage. Les pertes de poids dues à l'émiettement ont aussi été étudiées, mais la contribution précise de Dermestes spp. n'a pas été évaluée. Ces estimations de perte ont été examinées par la FAO (1981). L'endommagement des séchoirs et structures d'entreposage en bois par les larves parvenues à maturité peut entraîner des coûts supplémentaires.

3.6. Facteurs écologiques à prendre en considération pour la réduction des pertes

L'infestation initiale est souvent due à une invasion d'adultes volants, qui déposent leurs oeufs sur le poisson partiellement ou totalement séché. La pose de moustiquaires placées sur les étagères de séchage et autour d'elles peut réduire les risques d'infestation par les coléoptères pendant le traitement. De même, pendant le stockage et le transport, l'utilisation de sacs propres de bonne qualité ralentit l'arrivée de Dermestes spp. Osuji (1975) a découvert que l'infestation croisée de Dermestes spp. est moindre lorsque les sacs de jute sont doublés de polyéthylène et de papier kraft. L'infestation peut aussi être déclenchée par des larves rampantes et des adultes présents dans des résidus de poisson, ou par des adultes sortant des chambres de pupaison des structures de bois. Le risque de ces infestations peut être réduit par une meilleure hygiène et par l'application d'un insecticide recommandé sur les structures de bois.

Le développement de D. maculatus et de D. frischii n'est plus possible à partir de 40 º C. La température maximale pour D. ater semble aussi être voisine de 40º C, mais la limite pour D. haemorrhoidalis, D. lardarius et D. peruvianus paraît plus basse. La limite pour D. carnivorus n'est pas connue, mais elle se situe probablement aux alentours de 40ºC. On peut donc supposer que des températures supérieures à 40 ºC tuent ou éloigent tous ces coléoptères. Ces températures peuvent désinfester le poisson ou retarder l'invasion par Dermestes spp., dans la mesure où tout le lot y est exposé: si une partie du poisson reste à des températures normales, elle va attirer les coléoptères. Le très bon séchage du poisson réduit la multiplication des populations de Dermestes.

Le salage du poisson protège contre D. maculatus, en partie parce que le développement larvaire est prolongé mais essentiellement parce que la mortalité larvaire est proportionnelle à la teneur en sel. En conditions expérimentales, à 30 ºC, le développement larvaire a duré 37 jours sur du poisson contenant 3,5 % de sel, contre 21,5 jours sur du poisson non salé, et la mortalité a atteint 100 % lorsque la teneur en sel a été portée à 9,2 % par marinage pendant une heure et demie (Osuji, 1975a). Cette sensibilité au sel peut expliquer la fréquence moindre de D. maculatus sur le poisson marin traité, souvent soumis au salage. D. ater est aussi sensible au sel. En revanche, D. frischii le supporte relativement bien. Par exemple, Amos (1968) a montré qu'à 30ºC et à 75 % d'humidité relative, la période totale de développement de 34 jours sur farine de poisson non salé ne passe qu'à 42 et 53 jours respectivement avec des teneurs en sel de 14 et de 25 %, mais qu'une teneur en sel de 60 % empêche le développement. Toutefois, dans ces expériences, la présence de sel, même à 14 %, a un effet considérable sur la mortalité larvaire et la ponte, et un salage pratiqué avec soin peut servir à combattre D. frischii. On ne connaît pas la réaction des autres espèces de Dermestes au salage.