2. NECROBIA RUFIPES


2.1   Noms communs
2.2   Description et caractères distinctifs
2.3   Cycle biologique
2.4   Ecologie
2.5   Dommages causés au poisson traité
2.6   Facteurs écologiques à prendre en considération pour la réduction des pertes


Necrobia rufipes (DeGeer), coléoptère de la famille des cléridés, est l'espèce de Necrobia le plus fréquemment observée sur le poisson traité. On ne trouve que rarement sur ce produit deux espèces apparentées, N. ruficollis (Fabricius) et N. violaces (Linnaeus).

Sources: Adulte - reproduction autorisée par le Ministère de l'agriculture, des pêches et de l'alimentation du Royaume-Uni (Copyright de la Couronne);
Larve - reproduction autorisée par ICI Agrochemicals (Royaume-Uni)

Figure 1 Face dorsale de l'adulte (à gauche) et de la larve (à droite) de Necrobia rufipes

2.1. Noms communs

Copra beetle, Red-legged ham beetle [An]; Nécrobie à pattes rouges [Fr]; Schinkenkäfer, Koprakäger [All.]; Gorgojo de la copra [Esp.].

2.2. Description et caractères distinctifs

ADULTE - Forme: voir figure 1 (à gauche). Longueur: environ 4,5 mm. Face dorsale du corps (tête, thorax, élytres) présentant tout entière un éclat métallique brillant bleu- vert. Face ventrale de l'abdomen entièrement bleu foncé. Pattes brun-roux vif ou orangé. Les antennes sont en grande partie brun-roux, mais avec une extrémité renflée brun foncé ou noire. Les côtés du thorax (en particulier) et les élytres portent des soies raides. Se distinguent des adlutes d'espèces analogues par la coloration décrite plus haut: N. violacea a les pattes et les antennes noires ou bleues et N. ruficollis a le thorac et la base des élytres brun-roux.

LARVE - Aspect: voir figure 1 (à droite). Larve typique de coléoptère à trois paires de pattes articulées; modérément poilue. Le corps est essentiellement gris crème, avec des taches gris violet sur le dos. La tête et les faces dorsales du premier segment thoracique et du dernier grand segment abdominal (le neuvième), portent des plaques brunes durcie; les deuxième et troisième segments thoraciques portent aussi de petites plaques brunâtres. Il y a aussi une plaque sur le dernier grand segment abdominal, qui porte deux protubérances en forme de cornes, fortement relevées vers le haut. Il est très difficile de distinguer cette espèce des cléridés étroitement apparentés, mais on la reconnaît facilement des larves de Dermestes par la coloration et par la quantité normale de soies, et des larves de mouches par la présence de pattes et d'une tête bien visible.

2.3. Cycle biologique

Les coléoptères adultes se nourrissent sur la surface du poisson séché, et déposent leurs oeufs dans les déchirures du poisson. Les larves s'enfoncent profondément dans la chair; elles se nourrissent non seulement du poisson, mais aussi des larves de certaines mouches et des oeufs et larves de Dermestes spp. Les larves passent par trois ou quatre stades. Au dernier, elles filent un cocon dans lequel a lieu la pupaison: cela peut se passer à l'intérieur de la chair du poisson, ou bien la larve peut s'éloigner du poisson et pupifier dans toute fissure sombre. Le cycle biologique dure environ six semaines ou davantage, selon le type de nutrition et les conditions ambiantes. Dans les conditions optimales, la population se multiplie par environ 25 chaque mois. Les adultes volent beaucoup et peuvent donc facilement se disperser vers de nouvelles sources d'aliments.

2.4. Ecologie

La température optimale pour le développement de N. rufipes est de l'ordre de 30 à 34 C, la température minimale se situant à 22ºC; on ne connaît pas la température maximale, mais il est probable que des températures supérieures à 40-42 0 C ne favorisent pas ou empêchent le développement de ce ravageur. Ce coléoptère a besoin d'une humidité relative d'équilibre de 50 % au moins. N. rufipes peut donc devenir nuisible dans les climats tropicaux et sub-tropicaux, en particulier si l'air est assez humide ou si le poisson n'est pas très bien séché. Il a une distribution cosmopolite dans les climats chauds.

N. rufipes est généralement associé à des infestations de Dermestes spp. : l'habitat qui lui convient est analogue à celui des espèces tropicales de Dermestes, et il bénéficie de la présence de larves et oeufs de Dermestes dont il peut se nourrir.

2.5. Dommages causés au poisson traité

L'alimentation des larves et des adultes de N- rufipes provoque des pertes quantitatives de poisson traité et séché, ainsi qu'un émiettement et une détérioration de la qualité dus à la contamination par les corps et dépouilles d'insectes. L'ampleur et la valeur des pertes de poisson séché dues à N. rufipes n'ont été évaluées ni en laboratoire, ni sur le terrain, mais sont sans aucun doute directement liées à la durée de stockage du poisson. Lorsqu'il est associé à Dermestes, N. rufipes est généralement minoritaire, mais sa part des dégâts totaux causés par les coléoptères peut être importante.

2.6. Facteurs écologiques à prendre en considération pour la réduction des pertes

L'infestation initiale est généralement due à une invasion d'adultes volants et rampants, qui déposent leurs oeufs sur le poisson partiellement ou totalement séché. La pose de moustiquaires aurtour et au-dessus des séchoirs réduit les risques d'infestation par les coléoptères pendant le traitement. De même, pendant le stockage et le transport, l'utilisation de sacs propres de bonne qualité ralentit l'invasion de N. rufipes. Osuji (1975) a découvert que l'infestation croisée par N. rufipes est plus faible lorsque les sacs de jute sont doublés de polyéthylène et de papier kraft.

Bien que l'on ne connaisse pas avec précision la température léthale pour N. rufipes, on suppose que des températures supérieures à  45ºC tuent ou éloignent ces coléoptères. Ces températures peuvent désinfester le poisson ou retarder l'invasion de N. rufipes, dans la mesure où elles sont appliquées à l'ensemble du lot: si une partie du poisson reste à des températures normales, elle attire les coléoptères. Un très bon séchage du poisson réduit le taux de multiplication des populations de N. rufipes.

Le salage du poisson confère une excellente protection contre N. rufipes, parce que le développement larvaire est considérablementretardé. Dans des conditions expérimentales, le développement larvaire a nécessité 85 jours sur du poisson contenant 3,5 % de sel, contre 42 jours sur du poisson non salé (Osuji, 1975a).