5. DIPTERES


5.1   Noms scientifiques et noms communs
5.2   Description et caractères distinctifs
5.3   Cycle biologique
5.4   Ecologie
5.5   Dommages causés au poisson traité
5.6   Facteurs écologiques à prendre en considération pour la réduction des pertes


La plupart des mouches que l'on observe sur le poisson traité appartiennent aux genres des calliphores et des sarchophages, de la famille des calliphoridés. Les plus répandues de ces mouches sont différentes espèces de Chrysomya, mais Calliphora, Lucilia, Sarcophaga et Wohlfartia ont aussi été signalées. On a également observé des infestations du poisson traité par d'autres familles: muscidés (Antherigona, Musca et Ophyra); piophilidés (Piophila ; milichidés (Leptometopa.); phoridés (Megaselia); et éphydridés (Discomyza). Toutes ces mouches ont un aspect assez analogue, mais des tailles et colorations différentes, et leur identification suppose des connaissances spécialisées.

SOURCE: Adulte et larve - reproduction autorisée par le Ministère de l'agriculture, des pêches et de l'alimentation, Royaume-Uni (Copyright de la Couronne)

Figure 4: Face dorsale d'un adulte de Calliphora vicina (en haut) et vue latérale d'une larve de Piophila casei (en bas)

5.1. Noms scientifiques et noms.communs

Diptères: Flies [An.]; Mouche [Fr.]; Zweiflügler [All.]; Mosca [Esp.]. L'ordre des diptères comprend les familles indiquées au tableau 2; les genres et espèces énumérés dans le tableau sont ceux observés sur le poisson traité par Haines (1974, 1981), FAO (1981), et l'Overseas Development Natural Resources Institute (fiches non publiées).

Tableau 2: Familles, genres et espèces de mouches s'attaquant au poisson traité

5.2. Description et caractères distinctifs

ADULTES - Les nombreuses espèces de mouches s'attaquant au poisson traité ont toutes le même aspect général, comme le montre la figure 4 (en haut). Longueur: 2,5 à 15 mm, selon les espèces. La couleur du corps est souvent noire et grise, mais beaucoup d'espèces communes ont un reflet métallique vert, bleu ou pourpre sur la face dorsale. Le yeux sont grands. Les deux ailes antérieures sont membraneuses et transparentes, mais les ailes postérieures sont transformées en petites haltères renflées. L'identifcation des nombreuses espèces suppose des connaissances spécialisées.

LARVES - Elles ont en général l'aspect indiqué à la figure 4 (en bas). La longueur est très variable selon les espèces et le stade de croissance. Le corps est généralement cylindrique, mais se rétrécit souvent vers la tête, et porte parfois de nombreuses protubérances qui peuvent jouer le rôle de fausses pattes (absentes chez l'espèce représentée à la figure 4). La couleur est généralement blanc gris ou crème. Se distinguent de tous les autres ravageurs s'attaquant au poisson traité par l'absence de pattes articulées, leur très petite tête, et leurs pièces buccales réduites (se composant essentiellement de deux mandibules en forme de crochets). La différenciation des espèces est extrêmement difficile, même si l'on possède des connaissances spécialisées, et les spécimens de larves de mouches prélevées pour identification doivent donc être gardés en vie jusqu'à ce qu'ils deviennent des adultes.

5.3. Cycle biologique

Les mouches femelles adultes déposent leurs oeufs (ou, chez quelques espèces de petites larves), en général en grappes, sur la chair du poisson. Les calliphoridés, éphydridés et muscidés n'infestent le poisson humide qu'au début du processus de traitement; les milichidés, phoridés et piophilidés peuvent infester en tout ou partie le poisson traité. Les larves (généralement connues sous le nom d'asticots) se nourrissent à la surface de la chair et peuvent aussi s'y enfoncer profondément, provoquant ainsi un émiettement important du poisson humide. Les larves de calliphoridés et de muscidés ont souvent tendance à se regrouper dans les zones peu visibles, où elles provoquent de graves dommages. Il n'y a que trois stades larvaires des mouches qui s'attaquent au poisson traité. Le développement larvaire des principales mouches nuisibles pour le poisson humide peut ne durer que trois jours. Au moment de la pupaison, le dernier tégument larvaire est conservé et modifié pour constituer un puparium dur protecteur. Les larves qui infestent le poisson humide quittent généralement le poisson pour pupifier et s'enfoncent souvent dans le sol au-dessous des étagères ou tapis de séchage. Les adultes qui sortent, volent naturellement très bien et se dispersent rapidement vers de nouvelles sources appropriées de nourriture. Le cycle biologique des principales espèces nuisibles pour le poisson humide (en particulier Chrysomya spp. et d'autres calliphoridés) peut s'achever en sept jours environ si les conditions sont favorables. Les espèces qui infestent le poisson séché se développent plus lentement: par exemple, dans les conditions naturelles au Malawi, Piophila casei achève son cycle biologique en 20 jours environ.

5.4. Ecologie

Les larves de calliphoridés, d'éphyridés et de muscidés ont besoin de beaucoup d'humidité pour se développer et ne peuvent pas infester le poisson quand le traitement est terminé. Les besoins en humidité des autres mouches énumérées au tableau 2 ne sont pas connus, mais Leptometopa latipes se développe plus rapidement sur le poisson peu séché, tandis que Piophilacasei peut se développer sur le poisson bien séché.

On connaît mal les effets de la température sur les mouches adultes et sur les larves, mais il semble que celles-ci supportent assez bien la chaleur, contrairement aux coléoptères et aux acariens. Par exemple, bien que l'infestation par les larves de mouches à viande soit réduite à des températures dépassant 45ºC, il faut exposer les larves pendant 20 heures à ces températures pour les tuer. Piophila casei supporte particulièrement bien les températures élevées. en conditions expérimentales, toutes les larves ont survécu une heure à 52ºC et 24 heures à 45ºC (Smart, 1935).

Des larves de plusieurs espèces peuvent causer des myiases chez l'homme ou chez les animaux: autrement dit, elles peuvent infecter les blessures superficielles, ou être ingérées et continuer à se développer comme parasites intestinaux. Les mouches adultes de la plupart des espèces nuisibles sont attirées par les matières en décomposition (par exemple, les déchets de poisson) et les excréments, où elles peuvent se nourrir et se reproduire. Elles peuvent donc transmettre des bactéries pathogènes lorsqu'elles déposent leurs oeufs sur le poisson.

5.5. Dommages causés au poisson traité

La nutrition des larves de calliphoridés sur le poisson humide provoque des pertes quantitatives qui peuvent être considérables si les conditions sont tout à fait propices au développement des mouches: dans ces-conditions, c'est-à-dire si le poisson non ou peu salé sèche lentement à cause de la pluie ou d'une forte humidité, les larves de mouches peuvent provoquer des pertes de poids de 10 à 30 pour cent. L'émiettement dû aux attaques de mouches peut provoquer une perte de qualité et entraîner un risque accru d'attaques des coléoptères et des acariens. De fortes pertes de poids dues à l'émiettement du poissonpendant le traitement ont été observées, mais on n'a pas évalué avec précision les seuls dommages causés par les mouches à viande. Le rôle des mouches comme agents des myiases et porteurs d'agents pathogènes entraîne des coûts supplémentaires.

5.6. Facteurs écologiques à prendre en considération pour la réduction des pertes

L'infestation initiale est essentiellement imputable aux adultes volants. La pose de moustiquaires autour des étagères de séchage et sur elles peut réduire les risques d'infestation pendant le séchage. Le risque d'infestation croisée peut être limité si on traite le sol se trouvant au-dessous des séchoirs et des tapis (où les mouches pupifient souvent) à l'aide d'un insecticide recommandé. L'amélioration de l'hygiène dans les installations de traitement du poisson (en particulier l'élimination rapide des déchets humides) réduit les risques d'infestation par les mouches en supprimant une source de nourriture secondaire.

Les principales mouches nuisibles n'infestent et n'endommagent le poisson que pendant le séchage. La durée du séchage est donc un facteur déterminant de l'ampleur des pertes provoquées par les mouches, et toute mesure accélérant le séchage du poisson réduira du même coup les dommages causés par les mouches.

Un salage minutieux et abondant confère une protection totale contre les larves de mouches à viande. Les effets précis de l'abaissement de la teneur en sel n'ont pas été étudiés, mais on sait qu'un salage imparfait permet l'attaque des mouches à viande. Quant aux effets du sel sur d'autres types de mouches, ils n'ont pas été étudiés.