Section I - INTRODUCTION

I. OBJECTIFS DE LA PLANIFICATION

L'administration et la mise en valeur de l'agriculture, de l'élevage, des forêts et des pêches, de leurs ressources et industries connexes selon des critères modernes font appel au concours d'experts dans de nombreuses disciplines voisines. Les entreprises de ce genre peuvent rarement être organisées par un seul individu étant donné la complexité des facteurs et des variables en jeu.

Il faut également le concours de divers spécialistes pour aménager les ressources naturelles et culturelles de certaines zones présentant des caractéristiques originales: forêts, deserts, montagnes, côtes, milieux marins, ruines archéologiques, faune sauvage, réservoirs génétiques. Dans tous les parcs nationaux, monuments naturels et culturels, sanctuaires de faune sauvage, forêts classées, zones de loisirs, bassins versants, zones pittoresques, il y a des aspects originaux à étudier, des valeurs à analyser, des decisions importantes à prendre pour l'avenir.

A mesure que les ressources se raréfient, il importe davantage de fonder sur une évaluation aussi approfondie que possible les decisions concernant leur affectation. On distinguera deux aspects fondamentaux: en premier lieu, il faut étudier avec logique et méthode le problème et les solutions possibles; en second lieu, il faut obtenir l'appui de toutes les disciplines qui s'intéressent aux différents problèmes et à leurs solutions. On se trouve ainsi en presence de deux concepts: le plan et l' équipe pluridisciplinaire de planification.

De plus, la planification de la production agricole et forestière suppose la gestion d'une ressource pour une période donnée, afin d'en tirer des bénéfices ou des produits particuliers, comme le bois d'oeuvre, l'eau, le maïs ou d'autres récoltes, ce qui implique généralement des calendriers précis, des investissements et un calcul des bénéfices escomptés. La planification des parcs nationaux et des autres zones sauvages n'a pas et ne peut pas avoir d'objectifs si précis. Un grand nombre de ressources doivent être prises en compte, et de nombreux objectifs, comme les activités de détente, la découverte de l'environnement ou la protection des sites naturels, ne se prêtent pas aisément à un calcul de coûts-bénéfices, contrairement à d'autres productions plus concrètes dans des zones aménagées.

Bien que les méthodes et techniques de planification agricole, forestière et autres soient déjà bien établies et enseignées dans les universités et écoles techniques, ce n'est que récemment que l'on s'est intéressé à l'étude systématique des méthodes de planification des parcs nationaux et zones analogues.

Ce guide a donc pour objet d'exposer les règles fondamentales de la planification des parcs nationaux et zones assimilées. On peut aussi le suivre pour planifier d'autres unités de protection ou de conservation telles que monuments naturels et culturels, refuges de faune, réserves biologiques, aires de repos et de détente, et toute autre catégorie d'aménagement, sans jamais oublier que les objectifs de l'aménagement diffèrent pour chaque catégorie. Il faudra peut-être légèrement modifier le schéma propose ici, mais les différentes catégories d'aménagement suivent habituellement le même plan, insistant davantage sur certains éléments que sur d'autres, selon les objectifs d'aménagement particuliers à la zone. C'est également le cas des Réserves de la Biosphère, catégorie d'aménagement ayant un statut international, promues par l'Unesco et adoptées par de nombreuses nations. On comptait à la fin de 1984, 243 Réserves de la Biosphère établies dans 65 pays. Pour plus d'informations, le lecteur peut se reporter aux annexes.

Ce guide s'appuie sur l'expérience concrète acquise au cours de missions de planification de parcs effectuées dans des pays et des milieux représentant un bon échantillonnage des différents parcs existants. Comme dans toute généralisation fondée sur des expériences particulières, il a fallu exclure les détails et les exceptions, afin de dégager les principes de base. On espère que les exemples choisis montreront comment ces principes peuvent s'appliquer à des situations concrètes sur le terrain. Ces exemples n'illustrent pas l'ensemble d'un plan d'aménagement; seules certaines sections sont présentées afin de fournir les idées de base nécessaires à la préparation d'un document plus complet. Quelques extraits de plans d'aménagement ont été édités avant d'être cités.

2. LE PROCESSUS DE PLANIFICATION

2.1 Qu'est-ce qu'un plan d' aménagement?

C'est un document qui guide et régleménte l'aménagement des ressources d'une zone protégée, les utilisations de cette zone et l'installation des services nécessaires à cet aménagement et à ces utilisations. Généralement on prépare un plan à long terme - en principe cinq ans, mais quelquefois davantage. La partie la plus importante du plan est peut-être l'énoncé des buts et des objectifs du parc ou autre zone naturelle. C'est de ces derniers que découleront tous les objectifs de mise en valeur et les moyens de l'aménagement.

Le plan d'aménagement n'est qu'un maillon de la chaîne des opérations nécessaires au processus complet de planification d'un réseau national de parcs nationaux ou zones sauvages (voir fig. 1). C'est peut-être néanmoins le plus important, car il fournit aux directeurs de parcs des indications à la fois théoriques et pratiques pour un aménagement efficace sur le terrain.

En plus de cet objectif principal, un plan d'aménagement devrait servir à la formation du personnel des parcs en le faisant participer au processus de planification, et à l'information du grand public et des responsables gouvernementaux intéressés pour rallier leur adhésion. Ceci est important si l'on veut obtenir la coopération des populations locales et le soutien politique nécessaire à un financement suffisant.

Par le passé, les spécialistes en planication des parcs qualifiaient le document établi suivant les méthodes présentées ici à la fois comme un " plan directeur" et un " plan d' aménagement''. Le terme "plan d' aménageamet" semble aujourd'hui l'emporter dans les milieux spécialisés.

Les premiers plans d'aménagement avaient souvent un contenu en grande partie théorique; élaborés en quelques jours, ils servaient surtout à orienter les décideurs, et dans certains cas, les futures équipes de planification. Toutefois, les plans d'aménagement ont évolué, jusqu'à inclure non seulement les principes nécessaires à la planification à long terme, mais aussi bon nombre de données dont les directeurs de parc auront ensuite besoin sur place pour gérer leur zone. Le plan devrait établir le cadre de base: objectifs, normes et programmes d'aménagement nécessaires à l'aménagement et à la mise en valeur à long terme d'une zone. Selon les cas, il peut couvrir une période allant de 4 à 10 ans. Parfois, lorsqu'un aspect particulier de l'aménagement présente une importance primordiale, il peut être utile de préparer un plan d'action distinct, très détaillé. C'est souvent le cas de certains programmes particuliers de gestion de la faune, et d'interprétation. De toute façon, il est conseillé de traiter en détail certains de ces aspects particuliers dans le cadre du plan d'aménagement proprement dit, surtout lorsque la poursuite de la planification, l'interprétation de plans théoriques ou la formulation de plans plus élaborés risquent d'être compromis par le manque de fonds ou par l'absence de personnel qualifié. Ainsi, le plan d'aménagement sera plus ou moins détaillé selon les moyens financiers et les délais dont on dispose, la compétence des planificateurs du parc, et les informations mises à leur disposition, et en fonction également des possibilités ultérieures de proposer des plans d'action détaillés plus spécialisés.

Figure 1 LE PLAN D'AMENAGEMENT DANS LE CADRE DE LA PLANIFICATION DES TERRES SAUVAGES

2.2 Méthodologie de la planification

Pour simplifier, on supposera que la zone à planifier a déjà été classée parc national ou zone assimiliée, ou bien que ce classement est à l'étude. On postule en outre que l'on a déjà considéré les autres utilisations possibles de la ressource et que l'on a fixé les critères généraux d'aménagement des espaces naturels. Divers systèmes de planification des parcs sont utilisés aujourd'hui, notamment dans les pays développés, mais ils suivent le plus souvent le cheminement suivant:

a) description des contextes nationaux et régionaux;

b) description et analyse des ressources naturelles et culturelles ainsi que des facteurs socio-économiques de la zone;

c) facteurs et objectifs de l'aménagement;

d) programmes d'aménagement;

e) programme de développement.

Cette méthodologie repose sur une étude approfondie du contexte du parc, qui sert à son tour de base à l'établissement des règles d'aménagement. Il s'agit d'un processus logique qui correspond aux critères dégagés par les conférences, conventions et organisations internationales et qui s'est révélé extrêmement efficace à l'usage, aussi bien pour des planificateurs chevronnés que pour des débutants.

La méthodologie de la planification est chose complexe. Le lecteur doit comprendre que si l'on présente ici successivement les diverses mesures à prendre, afin d'exposer logiquement les problèmes de planification, de l'aménagement et de la mise en valeur d'une zone donnée, en fait il sera nécessaire d'étudier simultanément plusieurs mesures. Il n'y a pas lieu de se décourager si, après avoir accompli plusieurs étapes du processus, on se voit obligé de réviser et parfois de modifier certaines décisions antérieures.

A mesure qu'ils acquièrent de l'expérience, les planificateurs se familiariseront avec tous les aspects de l'aménagement, de l'équipement, de l'entretien, de l'administration et de la gestion financière des parcs nationaux. Its s'engageront dans les activités de protection, de récréation, de recherche, de vulgarisation, etc., qui conditionnent les rapports entre le parc et la population et ils contribueront ainsi à transformer le parc en élément vital du développement régional et de la conservation du milieu. Toutefois, dans cette période d'apprentissage, les planificateurs devront peser soigneusement toutes leurs décisions en tenant compte des incidences qu'elles peuvent avoir sur l'avenir. En particulier, ils devront tenir compte des risques inhérents à toute intervention humaine dans des zones naturelles et culturelles présentant des caractères exceptionnels.

2.3 L'équipe de planification

Bien que certains plans d'aménagement aient été préparés par une seule personne, on a démontré que les meilleurs résultats s'obtiennent grâce aux efforts conjugués des membres d'une équipe pluridisciplinaire. Il est bon que les membres de l'équipe aient des compétences très variées, incluant le plus souvent la planification, la sylviculture, l'écologie, le génie civil, la sociologie, l'économie et l'agronomie. Dans une certaine mesure, l'importance accordée aux différentes matières varie selon les caractéristiques de la zone à l'étude et en fonction des principaux problèmes à affronter.

L'équipe de planification idéale devrait comprendre un noyau de trois à six membres travaillant à plein temps et faire appel à d'autres spécialistes employés à temps partiel. Il a été démontré que dans les cas où certains spécialistes ne sont pas disponibles, les experts de disciplines voisines peuvent se charger des études nécessaires en associant leurs connaissances et leur expérience des exercices de planification. Cette solution est nécessaire et satisfaisante lorsqu'il est impossible de recruter une équipe idéale. La consultation d'experts ne faisant pas partie de l'équipe de planification peut permettre de traiter avec succès certaines questions. De plus, les directeurs des parcs ou des zones naturelles à planifier devrait être consulté régulièrement. Leur excellente connaissance du parc est indispensable et leur participation facilite le processus de planification et contribue même largement à les former et à les familiariser avec le plan d'aménagement qu'ils seront ensuite chargés d'appliquer.

Outre son caractère multidisciplinaire, l'équipe devrait aussi être intégrée aux institutions dont dépendra dans une large mesure le succès ou l'échec de l'aménagement du parc.

Il faut veiller à ne pas constituer une équipe de planification pléthorique. Une équipe nombreuse peut être un sérieux obstacle à la coordination surtout au cours des tournées sur le terrain, et poser de graves problèmes de logistique. Plus l'équipe s'agrandit, plus les coûts de préparation du plan s'alourdissent. Il faut trouver un équilibre entre information d'une part (requérant un certain nombre de personnes dans l'équipe) et coût, logisitique et coordination d'autre part, équilibre qui dépendra en grande partie des conditions locales.

Il est essentiel qu'il y ait dans chaque équipe un chef responsable de la coordination et de la programmation des activités, et chargé de l'élaboration méthodique du plan. L'idéal serait que la personne en question ait quelque expérience de la planification et puisse se consacrer au projet à plein temps. Le chef d'équipe confie des responsabilités précises aux membres de l'équipe. Si le chef d'équipe est un spécialiste de la planification étranger au pays, il a, entre autres pour tâche, de former le personnel local au processus de planification afin qu'il puisse ensuite continuer ce genre d'activités sans aide extérieure.

Il importe de rappeler que la contribution de chaque membre de l'équipe ne doit pas se limiter à la recherche des éléments concernant son propre domaine; au contraire, tous doivent travailler de concert afin que les connaissances individuelles s'imbriquent en un ensemble d'idées et d'avis permettant à l'équipe de fonder les prises de décisions et la formulation de la politique que de meilleures informations. Le travail d'équipe, qui se distingue du travail de groupe (individus travaillant à un même projet, sans être en communication constante les uns avec les autres), devrait donner des résultats supérieurs à ceux que l'on obtient à la somme des travaux individuels; il devrait y avoir un effet multiplicateur dû à l'interaction. Plus il y aura d'échanges, sur le terrain ou dans les bureaux, meilleurs seront les résultats fournis par l'équipe.

Dans le cas où les membres de l'équipe ne sont pas habitués au processus de planification, il peut être utile de tenir un atelier d'un jour ou deux, au cours duquel on décrit le processus de planification dans son ensemble et on définit le rôle de chaque membre de l'équipe.

Figure 2 METHODOLOGIE POUR LA PREPARATION D'UN PLAN D'AMENAGEMENT DE PARC NATIONAL

2.4 Préparation

La réussite de la planification des parcs nationaux est directement liée à la bonne préparation du travail:

- Il faut fixer à l'avance la période que l'on consacrera à la préparation du plan pour permettre aux membres de l'équipe, qui peuvent avoir d'autres engagements professionnels, d'organiser leur emploi du temps en conséquence. Cela facilite également la préparation du budget et la planification des activités de terrain. Le délai nécessaire à la préparation du plan d'aménagement dépend des possibilités budgétaires, logistiques et humaines, ainsi que de l'étendue et de la complexité de la zone étudiée. En général, il faut 3 à 6 mois pour établir un plan d'aménagement satisfaisant. Il est possible de préparer beaucoup plus rapidement, parfois en quelques semaines seulement, des plans plus concis, de conception très générale.

- Le chef d'équipe a la responsabilité d'assurer à temps complet la coordination des efforts des autres membres de l'équipe, la préparation du projet de budget et du plan de travail, l'organisation et la coordination du soutien logistique.

- Le chef d'équipe doit établir un programme de travail, et un avant-projet de plan d'aménagement, qui permettent de répartir et de coordonner toutes les activités de l'équipe, et servent de repère pour juger de la progression de l'équipe.

- Les membres de l'équipe doivent assembler systématiquement des informations sur la zone étudiée, concernant notamment les sols et les roches, la végétation, la faune, l'utilisation de la terre, le régime foncier, le climat, les transports, les plans de mise en valeur des organismes publics et du secteur privé. Il faut consacrer beaucoup de temps à la recherche en bibliothèque, et à la consultation des scientifiques et autres spécialistes. Une partie de ces recherches seront faites avant le début des travaux, mais un grand nombre d'entre elles seront exécutées entre les visites sur le terrain ou au cours de la rédaction de la version définitive du plan.

- Les membres de l'équipe doivent bien connaître la politique générale adoptée par l'organisme responsable de la gestion des parcs, celle-ci pouvant limiter la portée des mesures qu'ils auraient à recommander. Il est donc souhaitable qu'un membre au moins de l'équipe soit un membre haut placé dans la hiérarchie de cet organisme.

- Il faut rassembler photographies aériennes et cartes. On étudiera, si possible, les photographies en utilisant les techniques stéréoscopiques afin de familiariser tous les membres de l'équipe avec la zone étudiée. Il peut être nécessaire ou utile de se servir d'images-satellites, par exemple celles des satellites LANDSAT, lorsque les photographies aériennes ne sont pas disponibles ou sont peu satisfaisantes, ou lorsque l'on désire avoir une vue plus large qui permette soit de déterminer les caractéristiques géomorphiques, soit d'établir la carte de la végétation. On doit acheter les cartes topographiques lorsqu'elles existent, à une échelle qui permette une utilisation commode sur le terrain, généralement à 1:50 000 ou 1:25 000. Il faudra préparer un fond de carte, à partir des meilleures cartes topographiques disponibles. Il peut être nécessaire, lors de la préparation du fond de carte, de supprimer certains détails figurant sur les cartes topographiques utilisées, afin que les informations rassemblées et transcrites sur le fond de carte soient bien visibles sans être dissimulées par des détails trop poussés, comme des courbes de niveau trop rapprochées. C'est sur ces cartes que l'on localisera les décisions d'aménagement telles que le zonage ou la création d'infrastructures qui seront reproduites dans le document final. ll faudra tenir compte du format définitif et des moyens de reproduction des cartes qui seront utilisées dans le plan d'aménagement. La taille des caractères utilisés et le nombre d'inscriptions et autres informations figurant sur le fond de carte devront être choisis de manière à ce que ces données restent lisibles, après réduction éventuelle et impression.

- La création des parcs nationaux comporte des aspects historiques qui sont souvent le résultat d'actions politiques à long terme, de campagnes civiques, de délibérations de particuliers et d'organisations. Les membres de l'équipe doivent consulter ces personnes et ces groupes pour connaître leurs idées et leurs aspirations et profiter de leur expérience. C'est généralement parmi eux que l'on rencontre les individus les plus au courant des particularités du terrain et de l'histoire de la région.

- Il faut consulter les pouvoir publics au niveau local et régional car ils peuvent être en mesure de fournir des informations et aussi apporter leur soutien au plan et à sa mise en oeuvre s'ils pensent que c'est dans leur intérêt. Si on ne les a pas consultés, il peut être difficile d'obtenir leur soutien.

- Les tournées sur le terrain exigent une préparation minutieuse. Pour l'inspection de grandes zones sauvages ou semi-sauvages, il faut souvent organiser des expéditions de plusieurs jours ou de plusieurs semaines. Pour les tournées initiales, il est en principe nécessaire de réunir tous les membres de l'équipe interdisciplinaire afin qu'ils puissent travailler et vivre en groupe, échangeant ainsi leurs notes sur les ressources, les problèmes et les possibilités d'aménagement et de mise en valeur. Au préalable, il faut préparer du matériel et des provisions, préparer aussi les itinéraires, fournir des fonds de cartes à chacun des membres de l'équipe et définir clairement les grandes lignes du plan ainsi que les responsabilités de chacun.

On considère de plus en plus que la participation du public au processus de planification est un instrument indispensable et précieux au service de l'aménagement. Même les zones naturelles les plus fermées subissent l'influence de la région environnante et de ses habitants, pour les influencer fortement à son tour. On considère aujourd'hui de nombreuses zones sauvages comme les éléments essentiels d'un effort réel de planification régionale. Le degré de participation du public dépend de plusieurs facteurs, notamment: législation pertinente, incidence de la zone sur la région, utilisation des ressources de la zone par les populations locales, temps dont disposent les planificateurs pour de telles consultations, niveau général d'instruction des populations consultées. Il est souhaitable d'intégrer les enquêtes auprès du public en bonne place dans le processus de planification.

Avant de prendre des décisions définitives au sujet de l'aménagement futur d'une zone, il faut prendre en compte les positions et les opinions du public, quel que soit son niveau d'instruction. La participation du public peut aller du simple dialogue entre les planificateurs et les habitants de la région, à des réunions en bonne et due forme auxquelles participent les planificateurs et toutes les parties intéressées. Lorsqu'ils traitent avec le public, les planificateurs devraient éviter toute attitude rigide et garder l'esprit ouvert. Les réunions et autres rencontres avec le public peuvent susciter de graves problèmes pour l'avenir du parc ou de la réserve, si on ne les conduit pas avec le plus grand soin. Pour les réunions, les planificateurs devraient présenter un ordre du jour précis et concentrer l'attention sur les points clés de la discussion, de façon à avoir une idée suffisamment claire de l'opinion du public.

2.5 Travail de terrain

On peut donner les conseils suivants pour le travail de terrain:

- se conformer à la pratique des planificateurs expérimentés en se préoccupant moins des détails, et davantage des traits généraux. Une étude préliminaire est trop courte et apporte trop peu d'informations pour permettre aux membres de l'équipe de devenir des autorités en ce qui concerne la zone étudiée. Ceux-ci devront cependant avoir accumulé suffisamment de connaissances - qu'ils noteront sur leurs carnets, leurs fonds de cartes et leurs photographie - pour avoir une idée des caractéristiques générales, des influences, de la vocation et de l'esprit de la région.

- Tous les parcs sont différents et chacun d'entre eux présente une ou plusieurs particularités. Celles-ci doivent être comprises par l'équipe étant donné qu'elles peuvent influer favorablement sur les plans de développement et d'aménagement qui seront préparés au cours des étapes suivantes. L'équipe devra reconnaître et évaluer tous les éléments caractéristiques et les différents environnements. Elle devra se rendre aux points culminants pour avoir des vues d'ensemble panoramiques. Dans certaines zones, les rivières et quelques pistes dans la jungle représentent les seuls moyens d'accès. L'usage des avions ou hélicoptères au tout début du travail de terrain ou à la fin des études de terrain, peut s'avérer extrêmement précieux, en réduisant le coût global des enquêtes de terrain et en fournissant des indications précises sur la topographie et les ressources, ou en donnant une vue d'ensemble de lieux où l'équipe n'a pu pénétrer et qu'elle n'a pu évaluer correctement.

- Les premières études de terrain doivent être réalisées en équipe car on acquiert ainsi une perspective pluridisciplinaire des problèmes de planification. La réalisation de ces travaux conjoints améliore la communication entre les membres de l'équipe et contribue fréquemment à éviter les conflits entre écologistes et ingénieurs ou entre forestiers et archéologues ou autres experts, en ce qui concerne les projets d'aménagement et de développement.

- Dans les études de terrain ultérieures, la participation de l'équipe dépend des aspects particuliers de l'aménagement ou du développement qui doivent être considérés. Les biologistes, les ingénieurs, les architectes, les archéologues, etc., appliquent des techniques d'enquête différentes et doivent respecter des calendriers différents dans la réalisation de leurs tâches individuelles. Toutes ensemble, ces tâches individuelles constituent les éléments d'un effort unifié de planification de l'aménagement, éléments qui sont soumis régulièrement à l'examen et à la discussion des autres membres de l'équipe.

- Chaque membre de l'équipe doit être bien au courant du schéma de plan. Chacun doit comprendre l'ensemble dú programme de travail, connaître parfaitement ses responsabilités propres et être au courant en outre des tâches assignées à chacun des autres membres. Il est indispensable que, tout en travaillant individuellement en vue de réduire un problème complexe à des éléments plus maniables, les membres de l'équipe entretiennent des contacts entre eux afin que le groupe puisse arriver à un accord sur les décisions. Le chef d'équipe joue un rôle clé en veillant à ce que de bonnes coordination et communication s'instaurent entre les membres de l'équipe.

- Au cours de leurs travaux sur le terrain, les membres de l'équipe peuvent s'apercevoir que les mesures urgentes d'aménagement approuvées par tous, peuvent être prises par le personnel limité du parc avant que le plan ne soit terminé. Il ne faut cependant pas oublier que la participation des membres de l'équipe à ces activités risque de leur prendre beaucoup de temps et d'entraîner des retards sensibles dans la réalisation des tâches qui leur ont été assignées.

2.6. Rédaction

La rédaction proprement dite du document est effectuée par les membres de l'équipe, chacune rédigeant les sections relatives à sa spécialité ou à ses centres d'intérêt. Une personne, deux au plus, doit rédiger les sections concernant les programmes d'aménagement et de mise en valeur, afin que ces questions importantes soient traitées avec la cohérence et l'harmonie requises. L'ensemble de l'équipe devrait adopter les programmes d'aménagement de base et les autres décisions importantes comme celles qui touchent au zonage. Tous les membres de l'équipe devraient revoir les textes rédigés par les autres afin d'améliorer la précision et la cohésion des différentes sections.

On admet de plus en plus que des plans d'aménagement, considérés jusqu'à présent comme des documents techniques destinés exclusivement aux directeurs de parc, doivent aussi s'adresser au grand public et en particulier aux populations locales et de la région concernées par le parc. Il se peut qu'une bonne partie de ces populations ait participé au processus de planification lui-même. Il est donc essentiel de rédiger le plan d'aménagement le plus simplement et le plus clairement possible. Une mauvaise interprétation du sens des mots et des phrases peut créer des malentendus sérieux entre les administrateurs du parc et les personnes que le plan d'aménagement concerne.

2.7 Plans d'opérations

L'expérience a montré que la mise en oeuvre des plans d'aménagement réussit mieux lorsque les directeurs de parc disposent d'un plan pratique d'action de caractère non conceptuel, ou plan d'opérations. Il s'agit d'un plan à court terme, issu d'un plan d'aménagement plus général, qui est habituellement préparé pour un ou deux ans et décrit en détail:

a) la situation présente du parc en ce qui concerne le personnel, l'infrastructure, l'équipement et le niveau de financement;

b) les limitations qui pèsent sur l'administration du parc et gênent la réalisation des objectifs d'aménagement de la zone fixés dans le plan d'aménagement;

c) les programmes et sous-programmes d'aménagement à mettre en oeuvre au cours de la période choisie et les activités particulières que cette mise en oeuvre implique;

d) le personnel nécessaire à l'exécution des tâches assignées;

e) le délai approximatif nécessaire à la réalisation des opérations d'aménagement (1 semaine, 2 mois, 3 jours, par exemple);

f) le financement nécessaire à l'accomplissement des activités d'aménagement;

g) le rôle de coordination et le soutien que l'on attend des bureaux régionaux ou nationaux.

Un plan d'opérations ou un plan d'action doit compléter le plan d'aménagement et non le remplacer. Dans les cas limite où une zone naturelle n'a pas de plan d'aménagement et a le plus grand besoin urgent de directives, d'aménagement, on peut envisager un plan d'opérations à court terme.

Toutefois, on n'appliquera alors que des mesures très prudentes sans prendre aucune décision irréversible qui risque de compromettre les choix futurs concernant l'aménagement.