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CHAPITRE 1 - Constitution du groupe


Etape 1 - S’introduire dans la communauté
Etape 2 - Identifier les pauvres
Etape 3 - Discuter de la constitution de groupes
Etape 4 - Constituer un groupe
Etape 5 - Autodépendance et durabilité

Votre tâche principale en tant que promoteur de groupe est d’aider les ruraux pauvres à acquérir la maîtrise de leur vie et à travailler ensemble pour leur propre profit. L’étape capitale de ce processus est celle de la constitution des pauvres en petits groupes d’autoassistance.

On ne forme pas un groupe en désignant tout simplement des gens pour qu’ils travaillent ensemble. Pour être efficace, un groupe doit être démocratique - tous les membres du groupe doivent participer directement aux discussions, aux décisions, ainsi qu’à la génération de revenu et au partage des bénéfices. Pour être durable, le groupe doit être capable de fonctionner sans son promoteur.

Etape 1 - S’introduire dans la communauté

La première tâche du promoteur de groupe, et la plus importante, est de se faire accepter par la communauté tout entière. Cette étape peut parfois ressembler à une très longue marche. Aussi vaut-il mieux partir lentement, à tout petits pas.

D’abord, préparez-vous

Réunissez des renseignements sur la communauté et ses chefs de file en interrogeant d’autres agents de développement et divers membres de la fonction publique. Qui vit dans cette région? Comment les gens gagnent-ils leur vie? Quels sont les principaux problèmes de la communauté? Quelles organisations viennent en aide aux gens?

Présentez-vous

Il pourra être nécessaire de se gagner tout d’abord l’appui des chefs locaux. Allez voir les anciens, les chefs et autres personnalités respectées dans la communauté. Expliquez-leur les objectifs du projet - qu’il essaiera d’améliorer les conditions générales de vie dans le village et d’introduire de nouvelles méthodes de production et autres moyens d’améliorer les ressources des gens. Les chefs locaux pourront alors organiser une assemblée pour vous présenter à l’ensemble des villageois. Si c’est le cas, faites-vous accompagner d’un de vos superviseurs.

Réunissez des renseignements de fond

Réfléchissez à la manière de présenter au mieux votre travail aux gens qui forment la communauté, à la façon d’identifier les hommes et les femmes dont les revenus sont faibles, et à la façon dont vous vous y prendrez pour commencer votre travail. Pour ce faire, il vous faudra réunir des renseignements sur la communauté.

La meilleure façon de réunir des renseignements est de vivre dans la communauté. Rendez fréquemment visite aux villageois - chez eux, sur le lieu de travail et dans les champs. Parlez-leur et observez ce qu’ils font.

Certaines personnes répugneront à vous livrer certains renseignements. Il est souvent délicat d’obtenir de quelqu’un qu’il dise combien de terre il possède ou exploite. Aussi est-il souvent plus facile de poser des questions indirectes, par exemple «Combien de maïs ou de riz avez-vous produit l’an dernier?». D’après la réponse, vous pourrez probablement estimer vous-même la superficie de l’exploitation.

Exemples de renseignements à réunir

· Conditions de vie des différents groupes socio-économiques formant la communauté

· Besoins de la communauté, et en particulier des pauvres

· Comment la communauté résout-elle ses problèmes - par exemple, fait-elle appel aux méthodes traditionnelles ou à une participation collective, ou bien à l’assistance d’organisations extérieures?

· Structures sociales de la communauté - qui parle à qui et pourquoi?

· Les structures du pouvoir dans la communauté - qui sont les chefs de file et les faiseurs d’opinion?

· Les organisations d’hommes et de femmes (soit mixtes, soit séparées), officielles et officieuses

· Liens entre la communauté et les fournisseurs de services - qui les contrôle?


Appliquez-vous à gagner la confiance des gens

Gagner la confiance des villageois peut prendre longtemps. Ecoutez les gens et manifestez-leur du respect. Entretenez-vous avec des gens d’horizons divers. Ne tentez pas de contrôler la discussion ou d’imposer votre propre point de vue.

Au début, il est possible que vos interlocuteurs n’expriment pas leurs véritables sentiments ou leurs propres opinions et ne révèlent pas tout au sujet de leur communauté et de leur famille. Nombre de problèmes sont tenus secrets, surtout ceux qui ont trait à la prise de décisions au village. C’est là que votre habileté personnelle et votre connaissance des traditions locales seront de la plus haute importance. La présence éventuelle d’autres organismes d’aide aura aussi une incidence sur votre travail. Les gens ont des attentes, bien fondées ou mal fondées, nées de leur expérience de ceux qui sont déjà venus avant vous pour les aider. Il importe de découvrir ce que les gens pensent de ces «aides» qui vous ont précédé et ce qu’ils attendent de vous.

Parler aux femmes

Il faut noter que les villageois réserveront probablement un accueil différent aux promoteurs de groupe selon qu’ils sont hommes ou femmes. Il est souvent plus facile à une femme d’établir une relation avec les villageoises. Les promoteurs de groupe hommes pourront avoir des difficultés à rencontrer des femmes à certaines heures ou en certains lieux. Pour une femme, il pourra être plus difficile de participer aux réunions d’hommes de la communauté.

Hommes et femmes ont des besoins, des points de vue et des idées qui diffèrent souvent. Les uns et les autres doivent être abordés différemment, et souvent séparément.

Dans nombre de communautés, les femmes ne sont pas autorisées à exprimer leurs idées en public comme le font les hommes. Elles sont parfois censées se conformer aux opinions de leur mari ou de leur père, et donc elles s’abstiendront, ou n’oseront pas formuler une opinion différente ou s’exprimer librement.

Les femmes s’expriment souvent plus librement dans des conversations informelles, ou dans des organisations structurées exclusivement féminines.


Recoupez vos informations

Les informations, de provenances différentes, sur un même sujet, varient souvent. Il importe de vérifier les informations obtenues en confrontant différentes sources jusqu’à ce que l’on puisse se faire une bonne idée de leur exactitude. Ce type de recoupements doit confirmer que l’on a obtenu la bonne information.

Etape 2 - Identifier les pauvres

Une fois que les gens vous connaissent et vous font confiance, ils vous donnent en général les renseignements dont vous avez besoin. Vous pouvez dès lors passer à l’étape suivante: identifier les groupes à faible revenu de la communauté. Faites appel à vos propres connaissances en même temps qu’aux suggestions des membres de la communauté pour identifier quels sont les hommes et les femmes les plus pauvres.

Dans la plupart des pays en développement, la population rurale peut se diviser en trois grandes catégories socio-économiques: les gros agriculteurs, qui en général contrôlent la majeure partie des terres et ont le mieux accès aux services de développement; les agriculteurs moyens, qui ont des ressources suffisantes pour satisfaire leurs besoins en vivres et en revenu; enfin, les pauvres, qui vivent au niveau de subsistance.

Qui sont les pauvres?

Les ruraux pauvres s’emploient à temps plein ou à temps partiel dans l’agriculture, la foresterie, les pêches, l’artisanat et autres secteurs d’activités. A leur nombre, on trouve les petits - voire très petits - exploitants propriétaires, les fermiers, métayers, travailleurs agricoles sans terre et petits pêcheurs, ainsi que des artisans ruraux, des pasteurs nomades et des réfugiés. Leur main-d’œuvre est essentiellement familiale, et ils n’ont que peu - voire pas du tout - accès aux intrants, au crédit, aux marchés, à la formation, à la vulgarisation et à d’autres services.

Les différents degrés de pauvreté

Il faut distinguer chez les pauvres différents degrés de pauvreté. Les petits agriculteurs sont parfois considérés comme «marginalement pauvres», parce qu’ils possèdent un peu de terre et qu’ils peuvent satisfaire leurs besoins vivriers la majeure partie de l’année. Le sort des travailleurs sans terre et des itinérants est pire encore, car ils ne trouvent à s’employer que chez les plus gros agriculteurs. Les personnes les plus pauvres en zone rurale sont les indigents, tels les veuves et les handicapés, qui ne vivent souvent que de charité.

La pauvreté est un sujet sensible

N’oubliez pas que vouloir identifier les pauvres et leur porter assistance est une affaire délicate. Il est en effet malaisé de cibler l’aide sur un segment particulier de la communauté, et plus encore d’organiser ces personnes en groupes visant l’autodépendance. Par ailleurs, les gens répugnent en général à avouer qu’ils sont défavorisés ou pauvres.

Il pourrait être sage de commencer avec les petits agriculteurs

Même si la constitution de groupes vise à rendre service à la totalité des ruraux pauvres, il n’est pas nécessaire de commencer par les plus pauvres de cette catégorie. De fait, il est parfois judicieux de commencer par organiser les petits agriculteurs qui ne sont que marginalement pauvres, plutôt que par les très pauvres ou les indigents.

L’expérience a démontré que les petits agriculteurs sont souvent plus enclins à constituer des organisations, car ils peuvent se permettre de prendre certains risques en investissant dans des activités collectives. Les très pauvres n’ont pratiquement rien à investir, ont plus de dettes, et sont de surcroît plus dépendants de leurs employeurs. Pour ce dernier segment, tout risque supplémentaire peut menacer leur aptitude à survivre. La participation des plus pauvres peut être remise à des phases ultérieures.


On ne représentera peut-être pas les femmes comme étant défavorisées, quoique beaucoup d’entre elles - même les épouses d’hommes relativement prospères - n’aient souvent qu’un accès limité à l’information et au revenu.

Vous pourrez obtenir des renseignements sur les différences socio-économiques en procédant à des entretiens informels et par le biais de questionnaires brefs, en posant des questions indirectes pour obtenir des informations sensibles, ou encore en pratiquant des méthodes participatives (voir l’annexe 1 pour de plus amples renseignements).

Etape 3 - Discuter de la constitution de groupes

L’étape suivante consiste à identifier les personnes les plus pauvres intéressées par des activités communes en groupe. Vous pourrez aussi identifier des groupes existants qui souhaiteraient travailler avec vous.

Organiser une réunion

Organisez une ou plusieurs réunions avec les membres les plus pauvres de la communauté pour examiner leur situation et leurs attentes, et pour leur expliquer ce que vous pouvez faire pour les aider.

Choisissez un moment et un lieu commode, approprié pour les hommes comme pour les femmes. Il sera peut-être nécessaire d’organiser des séances distinctes pour les femmes, si cela doit leur permettre de s’exprimer franchement.

Lors de la réunion, on ne discutera que d’idées générales.

Vous lancerez la discussion, puis vous devrez encourager les gens à s’exprimer librement.

Parfois, il faut un bon moment pour que la discussion s’engage. Les pauvres (et en particulier les femmes) pourront être déroutés par votre démarche - d’ordinaire, ils se contentent d’écouter dans les assemblées. Donc, posez-leur des questions et encouragez-les à participer activement à la discussion.

Discuter de la situation actuelle

Demandez aux gens - hommes et femmes - quels sont leurs problèmes et leurs besoins. Demandez-leur comment ils s’y prennent pour résoudre ces problèmes et satisfaire leurs besoins.

Expliquer ce que vous pouvez faire pour les aider

Dites aux participants en quoi vous pouvez les aider, quels sont vos buts. Expliquez-leur pourquoi vous souhaitez la participation et quelle est votre méthode de travail (voir section 1).

Discuter de la démarche participative de groupe

Expliquez que vous souhaitez encourager la participation et la coopération dans des groupes. Expliquez qu’un groupe participatif d’auto-assistance se compose de personnes qui voient les choses de la même façon et qui travaillent ensemble pour atteindre des objectifs communs, avec une participation aussi active que possible de tous les membres du groupe.

Caractéristiques du groupe participatif bien compris

· Ses membres ont des intérêts communs

· Ses membres ont des objectifs clairs

· Ses membres sont honnêtes et travaillent dur pour atteindre leurs objectifs

· Ses membres rédigent la charte de leur groupe et s’entendent pour la respecter

· Ses membres se réunissent régulièrement

· Ses membres élisent un comité

· Ses membres participent aux discussions, aux décisions, aux activités, à l’épargne, à la tenue des comptes, et partagent les bénéfices.


Expliquez que les groupes qui réussissent présentent des caractères communs.

Expliquez quels sont les avantages des groupes participatifs en les comparant à d’autres formes de coopération locale. Celle-ci peut se manifester par des groupements informels, par exemple les sociétés d’aide mutuelle, ou en organisations structurées comme les coopératives. Quels sont les buts de ces autres organisations? Qui y participe? Quels rôles ont-elles? Quels sont leurs mérites et leurs inconvénients?

Expliquez que, dans les groupes participatifs d’auto-assistance, tous les membres bénéficient de la mise en commun des compétences et des ressources.

Discuter de l’utilité d’un enjeu commun

Les intérêts communs - économiques et sociaux - des membres contribuent à renforcer la cohésion du groupe. A l’inverse, de fortes différences sociales et économiques entre les membres conduisent à des frictions et à des conflits.

Discutez attentivement des problèmes qui peuvent se poser si des individus plus riches, ou disposant de plus d’influence, deviennent membres du groupe. Les personnages puissants risquent de dominer le groupe, ou de l’utiliser à leur propre avantage.

Par exemple, un négociant ou un gros agriculteur peut vouloir se joindre à un groupe pour proposer à ses membres des prêts, ou obtenir qu’ils travaillent pour lui. A long terme, la présence de tels membres empêchera le groupe de parvenir à l’autodépendance.

C’est donc une très bonne idée que d’exclure les non pauvres des groupes.

Parfois pourtant, de telles personnes pourront apporter des connaissances utiles ou des contacts précieux au groupe. On pourrait alors les admettre, pour autant qu’ils acceptent de participer sur un pied d’égalité et de ne pas tenter d’exploiter les autres.

Discuter des buts et des attentes

Aidez les gens à décrire leurs buts et leurs attentes.

Les gens expriment d’ordinaire leurs buts dans des termes très généraux - par exemple «générer des revenus pour le développement communautaire» ou «aider la famille». Il importe que les objectifs soient exprimés de façon claire. Qu’est-ce que l’on veut faire? Comment et quand compte-t-on y parvenir?

Une cause fréquente d’échec est que les membres du groupe en attendent trop, trop vite. Ils croient qu’en formant un groupe, leurs problèmes se résoudront rapidement. Les membres sont déçus quand des attentes irréalistes tardent à être satisfaites, et le groupe risque de se dissoudre. Rappelez aux participants que l’action de groupe ne peut être fructueuse que si l’on y travaille dur, avec abnégation et en orientant clairement l’action sur des objectifs collectifs réalistes.

Vous pourrez aider les gens à se fixer des objectifs réalistes en établissant une liste de leurs buts. Donnez lecture de chacun des objectifs et laissez les participants décider s’ils leur semblent clairs ou vagues. Si un objectif est jugé être vague, discutez-en avec le groupe jusqu’à ce qu’il parvienne à l’exprimer en termes qui lui paraissent clairs. Par exemple:

· «Je veux acheter des manuels et des uniformes scolaires pour mes enfants, pour la prochaine année scolaire, en produisant un revenu»: voilà qui est clair.

· «Je veux améliorer l’éducation de mes enfants»: voilà qui est vague.

Evaluer les coûts et les avantages de la coopération

Demandez aux gens ce qu’ils espèrent obtenir en travaillant ensemble. Puis demandez-leur d’estimer ce qu’il leur en coûtera. Par exemple, se réunir régulièrement suppose de renoncer à du temps libre. Les membres devront apporter leur main-d’œuvre et leur épargne pour financer les activités du groupe.

Les avantages l’emportent-ils sur les coûts? Si c’est le cas, tous les membres sont-ils d’accord pour payer et supporter les coûts? Ne passez à l’étape suivante que si la réponse est un «oui» unanime.

Discuter du suivi

Une fois atteint ce stade, vous devriez déjà avoir une bonne idée des problèmes, des besoins et des idées de solution que peuvent avoir les participants. A la fin de la réunion, il vous faudra identifier ceux qui sont intéressés par la constitution d’un groupe d’auto-assistance. Prévoyez avec eux la tenue d’une autre réunion pour lancer le processus de constitution d’un groupe.

Etape 4 - Constituer un groupe


Composante 1 - Conduite du groupe
Composante 2 - Contributions des membres
Composante 3 - Etablir la charte du groupe
Composante 4 - Tenir le registre

Une fois que les hommes et les femmes intéressés se sont fait une meilleure idée de ce qu’ils veulent réaliser et de la manière d’y parvenir, un groupe peut être constitué.

Principes élémentaires pour constituer un groupe

Quatre principes élémentaires doivent être observés dans la constitution du groupe:

· Le groupe doit être petit

Le nombre idéal de membres est compris entre 8 et 15. Dans un petit groupe, tous les membres ont l’occasion de s’exprimer et de mettre leur énergie et leurs idées au service du développement du groupe. Dans les petits groupes, la probabilité de discorde ou de domination par une minorité est moindre.

· Le groupe doit être homogène

Les membres du groupe doivent se trouver dans des situations économiques analogues et faire preuve d’une affinité sociale étroite. L’homogénéité atténue les conflits à l’intérieur du groupe - les membres de même provenance sociale se font plus facilement confiance et acceptent plus volontiers la responsabilité commune de leurs activités.

· Le groupe doit être constitué en vue d’activités génératrices de revenu

Les activités génératrices de revenu sont capitales pour que les groupes se développent, car elles produisent des actifs qui contribuent à renforcer l’autodépendance.

· Le groupe doit réunir des volontaires et être démocratique

Les membres doivent décider qui peut faire partie de leur groupe, qui conduira celui-ci, quelles règles seront observées et quelles activités seront entreprises. Les décisions devront être prises par consensus ou par vote majoritaire.

La constitution de groupes viables et stables exige de la patience et, dans la plupart des cas, demande une période de deux à six mois.

Il conviendra d’éviter aussi bien de constituer un groupe trop rapidement que de trop tarder, ce qui risque de lasser les membres potentiels.

Discuter de la composition du groupe

Etablissez la liste des personnes intéressées par la constitution d’un groupe. Expliquez-leur que le groupe ne doit pas être trop nombreux. En général, ce sont les groupes de 8 à 15 membres qui sont les plus efficaces. Rappelez aux intéressés que l’appartenance au groupe suppose des droits et des avantages, par exemple le droit de participer aux réunions du groupe et d’obtenir une part des bénéfices de l’activité collective. Toutefois, cette appartenance entraîne les obligations suivantes:

· Participer régulièrement aux réunions

· Acquitter la cotisation d’adhésion (cette cotisation garantit le sérieux des personnes qui se portent candidates à l’adhésion et permet de constituer un capital initial pour financer les activités du groupe)

· Elire les responsables du groupe

· Apporter des contributions régulières au fonds d’épargne du groupe si l’on en constitue un

· Rembourser rapidement les prêts de groupe

· Aider les autres membres dans le besoin.

Discuter de la participation des femmes

Il peut se révéler difficile de promouvoir la participation des femmes à des groupes lorsque des hommes sont présents. Cela tient au fait que les femmes sont réticentes à exprimer leur opinion ou à s’opposer à celle des hommes qui assistent au débat. Que faire dans ce cas?

Au stade de la constitution du groupe, soyez souple. Dans certaines régions, la tendance naturelle sera de constituer des groupes mixtes, qui réuniront des hommes et des femmes. Soyez averti que, comme les hommes prennent en général une place dominante dans ces groupes, ceux-ci ne sont pas le cadre idéal pour apprendre aux femmes à prendre elles-mêmes des initiatives.

La constitution de groupes exclusivement féminins peut être alors une bonne solution initiale. Si un groupe mixte a déjà été constitué, vous pouvez proposer de le scinder en sous-groupes, les maris dans l’un et les femmes dans l’autre, pour que les femmes puissent se réunir séparément des hommes et s’affirmer dans l’expression de leurs opinions en public.

Les femmes sont en général plus étroitement liées au foyer que les hommes. Cela peut poser des problèmes de participation aux réunions. Pour les aider, vous devrez tout d’abord découvrir en quelles occasions les femmes se réunissent traditionnellement (par exemple lorsqu’elles vont chercher l’eau ou pour certains événements). Vous pourrez alors identifier quelles sont les circonstances les mieux adaptées pour réunir les femmes pauvres afin qu’elles discutent de leurs problèmes communs.

Si les hommes ont des objections à la constitution de groupes distincts exclusivement féminins, on pourra constituer des groupes mixtes, mais le PG devra prendre les mesures voulues pour sauvegarder la participation des femmes aux décisions de groupe. On pourra, par exemple, convenir qu’un certain pourcentage des membres du groupe et de ses responsables devront être des femmes.

Il pourra être nécessaire de démontrer aux hommes les avantages de la participation accrue des femmes aux décisions. Par exemple, dans certaines zones rurales, les femmes ont tendance à se soucier davantage du détail que les hommes et font souvent de meilleures trésorières ou de meilleures secrétaires. Les femmes ont aussi tendance à épargner plus régulièrement que les hommes et se préoccupent davantage de rembourser les dettes contractées.

Souvenez-vous que les femmes sont moins souvent alphabétisées que les hommes. Dans ce cas, il faudra veiller plus étroitement à encourager la participation des femmes. Encouragez toujours la participation au groupe de personnes non alphabétisées.

Choisir un nom pour le groupe

Les membres doivent choisir un nom pour leur groupe. Dans certains pays, les gens donnent à leur groupe le nom de leur village ou de leur localité, suivi par un numéro s’il existe plusieurs groupes. D’autres groupes se donnent des noms comme «unité» ou «travail collectif».

Décider quand se réunir et selon quelle fréquence

Prévoir les jours et les heures de réunion qui sont commodes pour les membres. Des réunions fréquentes (hebdomadaires ou bihebdomadaires) sont souhaitables, surtout aux stades initiaux de la constitution du groupe et de l’apprentissage. Insistez bien sur l’importance d’une participation régulière à ces réunions.

Fixer des objectifs précis

Aidez les membres à s’entendre sur les objectifs précis pour leur groupe (voir ce qui a été dit sur les attentes et la discussion de la clarté ou du vague des objectifs, à l’étape 3).

Une fois que des personnes sont convenues de travailler ensemble pour atteindre un but commun, vous pourrez les aider à constituer un groupe participatif d’auto-assistance.

Initialement, le rôle que vous exercerez sera déterminant.

Par la suite, à mesure que le groupe gagnera en expérience et en assurance, vous devrez réduire progressivement votre participation et vous entreprendrez de lancer d’autres groupes et d’autres activités.

Vous devrez encourager tous les membres - hommes et femmes - à prendre part aux discussions et aux décisions. Vous aiderez les membres à acquérir de nouvelles compétences et vous organiserez des formations et des ateliers pour échanger des idées avec d’autres groupes. Par ailleurs, vous devrez aider le groupe à suivre et à évaluer ses décisions et ses activités.

Discuter de l’importance de la participation aux réunions

Il doit être bien entendu que les réunions de groupe sont de la plus haute importance pour discuter, apprendre et décider. Les membres qui n’assistent pas aux réunions ne peuvent participer convenablement aux activités de groupe. Si un membre est dans l’impossibilité d’assister à une réunion, il doit le faire savoir par avance et donner le motif de son absence. Le groupe pourra enregistrer l’assiduité au moyen d’une grille sur le modèle ci-après.

Dépasser les oppositions à la constitution de groupes

La constitution de groupes se heurte souvent à des obstacles sérieux. Les pauvres peuvent se révéler peu réceptifs à vos idées pour plusieurs motifs. Une lourde charge de travail et une santé souvent précaire leur laissent généralement peu d’énergie pour «participer». Leur faible niveau éducatif et leur isolement géographique les coupent des idées progressistes.

Rappelez-vous aussi que les pauvres sont souvent en position d’infériorité vis-à-vis des gros agriculteurs, des négociants et des intermédiaires. Ils sont habitués à abandonner l’initiative et la décision à ces personnes et peuvent craindre de s’impliquer dans des groupes ou des organisations. De fait, les détenteurs du pouvoir local - et jusqu’aux agriculteurs tout juste mieux lotis - peuvent voir dans ces groupes une menace contre l’ordre social.

A l’échelon local, vous pourrez surmonter ces antagonismes en vous attachant l’appui des chefs traditionnels, des autorités administratives et autres personnalités influentes.

Vous pourrez être conduit à organiser, avec le concours de votre superviseur, des réunions pour sensibiliser ces personnalités à vos objectifs et, par-dessus tout, pour faire valoir les avantages que pourront présenter vos activités pour la localité dans son ensemble. Au nombre de ces avantages, on comptera l’amélioration du niveau de vie de la communauté, un meilleur afflux de services au village, et par conséquent le prestige renforcé de celui-ci et de ses chefs de file.


Tableau 1. Modèle pour l’enregistrement des présences aux réunions

Nom

Mme D.

Mme N.

Mme S.

Mme G.

Date

4/6

4/6

4/6

4/6

Présent

Oui

Non?

Oui

Non

Amende

-

Oui

-

Oui

Montant payé


20


5

Date

11/6

11/6

11/6

11/6

Présent

Oui

Oui

Oui

Non

Amende

-

-

-

Oui

Montant payé




10


Si certains membres cessent de participer aux réunions, il vous faudra découvrir pourquoi. Par exemple, tel membre pourra rester à l’écart parce qu’il ne peut acquitter la cotisation prévue. Dans ce cas, le groupe devra discuter s’il convient de réduire le montant des cotisations.

Dans d’autres cas, tel ou tel membre ne retire aucun bénéfice des réunions. Il vous faudra aussi découvrir pourquoi. Il importe d’entretenir l’unité et la détermination du groupe, ce qui suppose parfois d’en ajuster les objectifs, ou les moyens mis en œuvre pour les atteindre. Les motivations des membres peuvent changer et le groupe doit s’adapter à ces changements pour aller de l’avant.

Discuter de l’importance d’une bonne communication

La communication entre les membres est très importante. Une mauvaise communication est source de frictions et de malentendus. La bonne communication renforcera les relations entre les membres. La communication doit toujours se faire dans les deux sens: les responsables doivent discuter des affaires du groupe avec les membres, et les membres doivent discuter librement avec leurs responsables. Travailler ensemble, en tant qu’égaux, au sein du groupe, renforce la confiance et la coopération. C’est cela qui fait le succès des groupes.

Discuter des quatre composantes du groupe d’autoassistance

Un groupe bien cimenté et durable s’appuie sur quatre éléments de base, quatre «composantes», à savoir:

· Conduite du groupe

Un groupe bien mené est en général promis au succès. Les responsables et les membres des comités doivent être choisis avec soin.

· Contributions

Une épargne collective régulière est essentielle. Les contributions des membres aux activités du groupe contribuent à générer un sentiment d’appartenance et de solidarité.

· Charte du groupe

Une charte - c’est-à-dire un texte écrit établissant les objectifs et les règles du groupe - permet à celui-ci d’éviter les conflits internes et indique clairement quelles sont les responsabilités de chacun des membres.

· Enregistrement des activités

L’enregistrement des activités permet au groupe de retrouver ce qui a été décidé à chacune des réunions. La tenue d’un journal ou d’un registre est très importante pour le suivi et l’évaluation.

La forme que prendra chacune de ces composantes sera fonction des idées et de l’expérience des membres du groupe. La forme finale du groupe doit être convenue par les membres eux-mêmes et doit être ajustée pour toujours correspondre à leurs besoins et à leurs opinions.

Composante 1 - Conduite du groupe

Pour fonctionner convenablement, tout groupe a besoin d’une structure simple mais efficace, à savoir des membres ordinaires et un comité de gestion composé d’un président, d’un secrétaire et d’un trésorier. Dans un groupe d’autoassistance, les responsables ont un rôle important à jouer.

Dans la plupart des groupes, ce sont en général les membres qui s’expriment le plus volontiers ou qui se révèlent les plus actifs qui sont choisis pour président et secrétaire. Toutefois, d’autres membres peuvent avoir des talents cachés ou latents.

Pour renforcer le groupe, toutes les compétences et les savoir-faire de chacun des membres doivent être sollicités autant que possible. Un roulement progressif des fonctions de responsabilité entre tous les membres peut permettre d’exploiter ces qualités.

Qualités souhaitables chez les responsables de groupe

Les membres de groupes participatifs au Swaziland indiquent que leurs responsables doivent, idéalement, présenter les caractéristiques suivantes:

· Etre actifs, énergiques et savoir motiver autrui
· Etre respectueux, mais pas timides
· Etre courageux, honnêtes et patients
· Etre capables de travailler avec autrui
· Savoir communiquer
· Ne pas s’adonner à la boisson et aux bavardages
· Savoir garder les secrets du groupe.


Qu’est-ce que la «conduite» d’un groupe?

La conduite d’un groupe requiert la supervision et le suivi des activités de celui-ci. Ces tâches peuvent être menées à bien par quelques personnes dont les compétences sont reconnues et acceptées par tous les membres.

En général, on dit du président du groupe qu’il en est le responsable, ou le chef, mais cette responsabilité peut aussi revenir au comité tout entier, composé du président, du secrétaire et du trésorier.

Pourquoi la conduite d’un groupe est-elle importante?

La supervision et la coordination permettent au groupe de fonctionner sans heurt, de se renforcer et d’atteindre ses objectifs.

Qu’est-ce qu’une conduite participative?

La conduite participative d’un groupe suppose tout d’abord que tous les membres participent sur un pied d’égalité et que chacun puisse exercer la responsabilité du groupe. Cela signifie que des élections doivent se tenir régulièrement pour remplacer les responsables.

Le roulement des fonctions donne à tous les membres l’occasion de développer leurs compétences et leurs qualités de responsabilité.

Cela, à son tour, rend le groupe plus efficace et contribue à promouvoir une participation accrue.

Deuxièmement, les responsables participatifs encouragent tous les membres à s’intéresser de près aux affaires du groupe en les informant régulièrement, en déléguant les tâches et en tenant des discussions ouvertes.

Qui peut devenir responsable du groupe?

Tout membre du groupe qui présente les compétences voulues peut en devenir responsable. Il est difficile d’exercer la fonction de trésorier si l’on ne sait pas faire des additions, ou d’être secrétaire si l’on ne sait pas écrire, mais il est possible - quoique plus difficile - de devenir président même si l’on ne sait pas lire.

Quels sont les devoirs du responsable?

Le président a les responsabilités suivantes:

· Suivre les progrès du groupe et son avancement en direction des objectifs

· S’assurer que la charte du groupe est respectée

· Encourager la participation de tous les membres aux discussions, aux décisions et au travail

· Présenter au groupe de nouvelles idées et encourager les membres à faire de même

· Faire rapport sur les activités de chacun des membres et du groupe dans son ensemble

· Représenter le groupe en certaines occasions particulières.

Comment trouver des responsables?

Certaines personnes sont des «chefs naturels». D’autres ont des compétences qui restent ignorées parce qu’elles n’ont jamais eu l’occasion d’en faire usage ou de les développer. La discussion sur le choix de membres qualifiés peut révéler les talents cachés de certains membres du groupe. Ces talents peuvent s’épanouir en compétences avec la formation.

Faut-il remplacer les responsables souvent?

Remplacer trop souvent les responsables risque de perturber le fonctionnement du groupe et de compliquer la planification à longue échéance. A l’inverse, remplacer relativement souvent les responsables donne l’occasion à tous les membres du groupe de développer leur sens de l’organisation et de la conduite des affaires. Il faut savoir trouver un équilibre. Selon l’activité particulière du groupe, les responsables pourront être remplacés tous les mois, chaque saison ou chaque année.

Constituer le comité de gestion

Discutez avec le groupe des responsabilités des membres du comité. Recherchez avec lui quelles qualités sont nécessaires pour s’acquitter de tâches particulières et discutez de la façon dont les membres du comité doivent être élus.

Une fois que l’on s’est mis d’accord, aidez le groupe à élire son comité. Après l’élection, il faudra prendre le temps voulu pour aider les membres du comité à améliorer leurs compétences.

Quelles sont les responsabilités du comité de gestion?

· Etablir l’ordre du jour et le calendrier des réunions

· Faire rapport sur les actions du comité

· Faire des suggestions et donner des avis au groupe

· Favoriser la prise de décisions

· Mener à bien les actions dont il a été décidé

· S’assurer que la charte dont il a été convenu est respectée et faire régner la discipline parmi les membres du groupe

· Déléguer les tâches pour encourager à participer

· Etablir des contacts avec les personnes, les groupes et les institutions offrant des ressources

· Organiser la formation des membres

· Faire rapport sur l’évolution du groupe

· Aider à résoudre les problèmes que les membres ne peuvent pas résoudre individuellement

· Représenter le groupe.

Quelles sont les responsabilités du président?

· Organiser les réunions et les séances de bilan
· Présider les réunions et résumer les débats en fin de séance
· Encourager la participation de tous les membres aux débats, aux décisions et au travail
· S’assurer que la charte du groupe est respectée
· S’assurer que le secrétaire et le trésorier font leur travail
· S’assurer que les membres versent leurs contributions comme convenu
· Répartir le travail et les fonctions
· S’assurer que le plan de travail est respecté
· Entretenir l’harmonie dans le groupe
· Représenter le groupe dans les réunions avec d’autres.
Quelles sont les responsabilités du secrétaire?
· Rédiger l’ordre du jour et les minutes et tenir le registre des présences aux réunions
· Tenir tous les registres du groupe
· Donner lecture des minutes des réunions
· Se charger de la correspondance (lettres reçues et envoyées par le groupe)
· Seconder le président.
Quelles sont les responsabilités du trésorier?
· Tenir les comptes financiers du groupe

· Tenir la caisse et la gérer

· Faire rapport aux membres sur les dépenses et les recettes et sur le solde disponible dans la caisse ou à la banque

· Etablir des reçus pour les sommes versées par les membres

· Compter l’argent que détient le groupe, en présence des membres

· Tenir le livre de caisse et le registre des achats, des ventes et des cotisations

· Gérer l’utilisation du fonds d’épargne de groupe.

Composante 2 - Contributions des membres

La deuxième composante du groupe et de son développement est représentée par les contributions des membres, en espèces comme en nature. Discutez avec le groupe pour découvrir pourquoi et comment les membres doivent verser des contributions.

Que sont les contributions des membres?

Les contributions sont des paiements réguliers faits au groupe, - en nature ou en espèces, par ses membres. Il importe que soit précisé par écrit à quoi l’argent est destiné.

Pourquoi les contributions sont-elles importantes?

Les contributions favorisent l’unité, car tous les membres font ainsi quelque chose de visible dans l’intérêt commun du groupe.

Les contributions permettent aussi au groupe de couvrir ses frais - des petites dépenses, comme les fournitures d’écriture et le transport, jusqu’aux dépenses plus importantes, comme l’investissement initial dans une activité génératrice de revenu.

Enfin, les contributions représentent une forme d’assurance qui amortit les difficultés imprévues que pourrait rencontrer l’entreprise de groupe, ou permettent d’apporter une aide ponctuelle à des membres du groupe dans le besoin.

Comment les contributions peuvent-elles être faites?

Chacun des membres devrait être tenu, par la charte du groupe, de verser un montant fixe au trésorier au jour dit, chaque semaine ou chaque mois. Le montant de la contribution doit être fixé avec l’agrément de tous les membres et dépendra des utilisations envisagées.

Il importe que le trésorier donne des reçus et tienne convenablement la comptabilité des contributions de chacun des membres (voir tableau 2 ci-après). Le trésorier devra faire rapport devant le groupe sur toutes les dépenses et sur le solde en caisse. Si de l’argent a été dépensé, le trésorier doit établir combien et pourquoi faire. Si de l’argent a été prêté, le trésorier doit pouvoir fournir la preuve du montant du prêt, dire à qui il a été accordé et quand il sera remboursé.

Tableau 2. Modèle pour l’enregistrement des contributions

Date

Nom

Montant

Solde

4/3/93

Mme D.

10

10

4/3/93

Mme S.

10

20

4/3/93

Mme K.

5

25

4/4/93

Mme L.

10

35

4/4/93

Mme D.

5

40

4/4/93

Mme S.

10

50


Composante 3 - Etablir la charte du groupe

Vous devrez faire observer qu’il faut des règles pour éviter les conflits et permettre au groupe de prendre efficacement des décisions. Rappelez ce qui peut s’être produit dans des réunions antérieures pour montrer que des règles sont nécessaires afin de guider et de discipliner les membres.

Qu’est-ce qu’une charte de groupe?

Une charte est un accord écrit, dont sont convenus les membres du groupe. Cette charte fixe ce que l’on attend de chacun et ce que chacun est en droit d’attendre du groupe.

Pourquoi une charte est-elle nécessaire?

La charte du groupe donne, de façon claire et cohérente, les règles qui définissent quels sont les droits des membres et leurs obligations vis-à-vis du groupe. Dans un groupe participatif, la charte est au bénéfice et à l’usage exclusif des membres. Elle est faite par les membres et ne peut être changée que par les membres.

Que doit prévoir la charte?

Il n’y a pas de modèles types pour une charte de groupe. Celle-ci doit être établie pas à pas, en discutant des expériences particulières du groupe. La charte est d’abord ébauchée lorsque le groupe est constitué. Des règles peuvent être ajoutées ou modifiées à mesure que de nouvelles questions se posent. Le tableau 3 (ci-après) indique les points dont pourront discuter les membres du groupe lors d’une réunion sur la charte qu’ils veulent se donner.

Tableau 3. Exemple de points à discuter pour établir la charte du groupe


Points

Questions à discuter

1

Objectifs du groupe


2

Composition

Noms, fonctions, durée, responsabilités.

3

Comité

Types de fonctions, devoirs du comité et de ses membres, durée des fonctions.

4

Action disciplinaire contre les membres du comité

Que faire si les responsabilités ne sont pas exercées. Par exemple, amendes, exclusion, etc.

5

Calendrier des réunions

Lieu, date, heure. Nombre de membres présents nécessaire pour prendre les décisions, à l’unanimité ou par vote majoritaire, enregistrement des absences, représentation des absents ou non? Des représentants peuvent-ils voter?

6

Contributions

Quand les payer, quel montant? Cotisations d’adhésion et contributions régulières. Paiement échelonné. A qui payer. Où conserver l’argent. Objet des contributions. Que faire si l’argent est perdu. Comptabilité.

7

Actions disciplinaires contre les membres

Absence, retard, excuse acceptée ou non, montant des amendes. Quand payer, que faire en cas de non-paiement des amendes. Que faire en cas de non-paiement des contributions.

8

Registre des activités du groupe

Que faut-il consigner au registre; qui s’en charge?

9

Epargne

Objet; où la conserver; comment épargner; tenue du registre.

10

Bénéfices

Utilisation des bénéfices; partage; quand et qui; que faire en cas de décès, de retrait du groupe, d’absence ou de négligence du travail.

11

Prêts

Règles concernant les prêts à des membres sur l’épargne de groupe; taux d’intérêt; conditions de remboursement; pénalités pour défaut de remboursement.


Composante 4 - Tenir le registre

Il importe pour les membres du groupe de savoir quelles opérations ont été faites par le groupe, ce qui a été acheté, vendu ou remboursé, et dans quelle quantité. Si ces actions ne sont pas enregistrées, des malentendus peuvent apparaître entre les membres. L’un des piliers majeurs du développement du groupe est donc la tenue des registres.

Comme les autres composantes de la constitution du groupe, la mise en place de la tenue des registres se fait progressivement. Discutez avec les membres du groupe des faits qu’il leur paraît important d’enregistrer. Commencez par le nom du groupe et de ses membres et par l’argent remis au groupe. Par la suite, on enregistrera les minutes des réunions.

Le tableau 4 (ci-après) propose un modèle pour l’enregistrement des minutes des réunions de groupe. N’oubliez pas que les enregistrements doivent être compréhensibles pour tous les membres, même ceux qui ne savent pas lire. Si c’est le cas pour certains, proposez que les enregistrements se fassent par signes conventionnels.

Tableau 4. Modèle pour l’enregistrement des minutes d’une réunion de groupe

Date

Ordre du jour

Discuté
Oui/Non

Décisions

4/6

Atelier

Oui

3 membres s’y rendront


Achat d’aliments

Oui

2 membres achèteront 3 sacs


Mise à l’amende: retard des membres du comité

Oui

Néant

11/6

Rapport atelier

Oui

Amender charte


Rapport vente poulets

Oui

Tous les membres feront de la publicité à l’école

18/6

...




Que signifie tenir un registre?

La tenue d’un registre permet de conserver la trace de ce qui s’est passé dans le groupe de manière à s’y reporter plus tard - on enregistrera, par exemple, les informations relatives à l’organisation du groupe, à ses activités et à ses recettes. Les enregistrements devront être faits de façon simple, de sorte que tous les membres du groupe les comprennent. Les membres de groupes bien informés ont toute chance de prendre de meilleures décisions que des groupes mal informés.

Pourquoi les registres sont-ils importants?

· Ils aident les membres à se souvenir de ce qui s’est produit.
· Ils donnent des renseignements et des chiffres permettant de suivre les progrès
· Ils donnent des renseignements et des chiffres pour l’évaluation.
Qui est responsable de la tenue des registres?

Les registres sont tenus par le comité de gestion, mais ils doivent être examinés fréquemment par tous les membres, lors des réunions, afin d’évaluer les problèmes rencontrés et les progrès réalisés en direction des objectifs du groupe.

Quand et où tient-on les registres?

Les registres doivent être régulièrement tenus (tous les jours, chaque semaine, ou chaque mois), ou bien à l’occasion de chaque réunion, ou chaque fois qu’une activité se tient. Les renseignements doivent être inscrits dans un livre, et non pas sur des feuilles volantes. Les renseignements concernant les accords, la répartition des tâches et les opérations financières sont importants et l’on prendra grand soin de ne pas les égarer.

Si certains membres du groupe sont illettrés, on utilisera des signes conventionnels plutôt que du texte pour représenter les produits ou l’argent.

Etape 5 - Autodépendance et durabilité

Une fois le groupe constitué et doté de ses propres règles, de son propre système d’enregistrement des faits et de ses activités génératrices de revenu, votre rôle va se transformer: d’initiateur et de participant actif, vous deviendrez assistant et conseiller.

Votre objectif va désormais être de guider le groupe vers l’autodépendance et la durabilité. Les membres devront développer et affiner leur système d’enregistrement des faits, leur charte de groupe et leurs objectifs. Au début, vous consacrerez beaucoup de temps au groupe, mais au bout de deux ou trois ans, votre concours devra se borner à des visites qui vous permettront de temps à autre de suivre les progrès et de discuter des problèmes et des questions nouvelles qui se posent.

A ce stade, avancé, de la constitution du groupe, vous pourrez encore aider celui-ci dans plusieurs fonctions importantes.

Renforcer l’autodépendance humaine et financière

Vous devrez, en tant que promoteur de groupe, encourager les membres à prendre d’eux-mêmes des initiatives et réduire progressivement la fréquence de vos visites.

Prendre des initiatives entraîne des risques, mais l’épargne de groupe permet de parer certains dangers. A mesure que l’épargne se développe, le groupe peut faire davantage sur ses propres ressources et dépendre moins de l’extérieur.

Diversifier les activités

Une fois que l’activité initiale du groupe est devenue rentable, celui-ci peut souhaiter entreprendre d’autres activités. Les membres peuvent aussi décider d’utiliser leurs bénéfices pour lancer des activités non génératrices de revenu, par exemple l’amélioration des infrastructures communautaires (écoles ou entrepôts à céréales). Certains groupes pourront aussi décider d’agir pour s’assurer des droits fonciers, négocier des prix plus élevés pour leurs produits, ou satisfaire d’autres objectifs économiques. Dans tous ces domaines différents, vous pouvez aider les groupes à établir des contacts avec les personnes ou avec les organisations susceptibles de les aider.

Renforcer l’assurance et l’amour propre

Vous pouvez contribuer à renforcer l’assurance et l’amour propre des membres du groupe en reconnaissant leurs connaissances et leurs compétences, et en constatant tout haut les aspects positifs de leur groupe ou de leurs entreprises. Vous pouvez de la même façon les aider à reconnaître les faiblesses.

Bien entendu, il n’est pas toujours agréable de discuter de mauvais résultats ou d’échecs, surtout en présence de personnalités extérieures. Certains membres pourront se sentir menacés, ou tenter de cacher ce qui n’a pas marché, ou faire porter la faute à d’autres. Par conséquent, soulignez toujours que les erreurs ou les échecs doivent être pris comme autant de leçons qui peuvent aider le groupe à éviter qu’ils ne se reproduisent et à améliorer ses résultats. Cette attitude positive permettra de sauvegarder ou de renforcer la confiance en soi.

Constitution d’autres groupes

L’exemple offert par un groupe qui marche bien et dont les activités sont rentables pourra encourager d’autres personnes de la communauté à s’organiser aussi en groupe. Par exemple, les hommes pourront en venir à accepter - voire à appuyer - la constitution de groupes féminins. On peut aussi imaginer que des femmes se déclarent volontaires pour constituer un groupe à elles.

Promouvoir la coopération entre groupes

Il faut du temps et de la patience pour aider un groupe à devenir durable. Des problèmes, par exemple des jalousies entre membres ou des querelles entre familles, peuvent nuire gravement au groupe. Il est aussi parfois difficile de faire en sorte que les femmes participent pleinement.

N’oubliez pas que le groupe n’existe pas isolément de la communauté et qu’il sera influencé par les changements sociaux, politiques et économiques qui se manifestent localement. Les groupes se heurtent à beaucoup d’obstacles et il est fréquent qu’ils éclatent. L’une des causes les plus fréquentes de l’éclatement d’un groupe est que l’activité économique entreprise ne produit pas les bénéfices escomptés.

Pour aider les groupes à se renforcer, encouragez-les à entrer en contact les uns avec les autres, pour échanger des idées ou des produits, pour s’entraider dans la résolution des problèmes, pour organiser le concours des organismes extérieurs, ou encore pour coordonner leurs activités, par exemple la préparation des sols et la récolte. Ce type de coopération aide les groupes à résoudre leurs problèmes communs en œuvrant ensemble. Les liaisons intergroupes permettent aussi de protéger les groupes, individuellement, de difficultés politiques ou économiques.

Au début, la coopération sera en général de type informel. Elle pourra plus tard être officialisée dans le cadre d’une association intergroupes, qu’il est parfois plus facile de faire reconnaître et même enregistrer. Une association de groupes est plus puissante que des groupes isolés. Elle demande toutefois davantage de compétences en matière de gestion, surtout si elle regroupe de nombreuses activités.

Certaines associations s’attachent essentiellement à obtenir des avantages économiques pour les membres des groupes, par exemple l’accès au crédit, aux intrants et aux marchés. D’autres ont des visées sociales, par exemple la construction d’écoles, de dispensaires ou autres services communautaires.

Liens avec d’autres organisations

Pour que la durabilité du groupe soit confirmée, celui-ci doit se relier à d’autres groupes et établir des liens avec des organisations extérieures.

Il faut donc enseigner aux groupes comment établir des rapports et comment traiter avec les fonctionnaires locaux et les responsables des ONG. Ces personnes ne sont pas toujours attentives aux problèmes des pauvres. Il est fréquent qu’elles ciblent leurs services de préférence sur les gros agriculteurs et les membres de l’élite rurale.

Les PG et les membres des groupes devront donc persuader ces responsables qu’il importe d’aider aussi les groupes d’auto-assistance. Il faudra leur faire valoir qu’ils ont tout intérêt à étendre leurs services à ces groupes. Par exemple, le succès de petits groupes pourra renforcer le prestige du responsable qui les a aidés, ce qui pourra lui valoir ultérieurement promotion et augmentation de salaire.

Les associations intergroupes peuvent servir à relier les groupes aux services gouvernementaux ou aux ONG. Les comités de coordination de projets, locaux ou nationaux, peuvent aussi y contribuer.

Le comité devrait compter parmi ses membres des représentants des organismes de prestation de services des pouvoirs publics et des ONG qui sont actifs dans la zone du projet.

Liens entre organismes de services

Une meilleure coordination entre les organismes prestataires de services dans la zone du projet permet d’améliorer le flux de l’aide au développement au bénéfice des groupes. Vous pourrez contribuer à établir de tels liens en organisant des réunions avec les organismes de services pour discuter de votre projet.

Mesurer l’autodépendance

L’expérience démontre que l’édification d’un réseau de groupes d’auto-assistance durables prend du temps. En tant que PG, vous exercerez un rôle charnière dans le lancement et le renforcement de ce processus d’apprentissage, dans ses phases initiales. Il sera néanmoins vital que vous sachiez reconnaître le moment où les groupes ont atteint un degré d’autonomie suffisant et n’ont plus besoin de votre concours.

Les groupes peuvent utiliser un certain nombre d’indicateurs pour mesurer leurs progrès. Ces indicateurs sont les suivants:

· Régularité des réunions de groupe et degré d’assiduité des membres. Lorsque les réunions se succèdent régulièrement et continuent d’être bien suivies en l’absence du PG, il est évident que le groupe est fortement motivé et en passe d’atteindre l’autonomie.

· Partage des responsabilités et participation des membres aux décisions de groupe. Les groupes dans lesquels les responsabilités de conduite des activités sont partagées et dans lesquels les membres participent de près aux décisions apprennent plus de choses plus vite, et l’esprit d’initiative s’y diffuse plus largement. Les groupes dominés par une minorité sont instables et vulnérables aux crises de gestion.

· Croissance régulière de l’épargne de groupe. L’épargne de groupe est l’une des mesures principales de la confiance des membres et de leur détermination financière vis-à-vis des activités du groupe. Elle est aussi un bon indicateur de la rentabilité de l’activité collective. Les groupes qui n’épargnent pas, ou épargnent très peu, ont moins de chance de parvenir à la durabilité.

· Taux élevé de remboursement des prêts. La capacité du groupe de rembourser les prêts dans les délais est un autre indicateur de sa discipline financière et de la rentabilité de son activité génératrice de revenu.

· Résolution des problèmes en groupe. Le groupe qui résout ses problèmes et prend des initiatives en vue de son propre développement en l’absence du PG jouit d’un degré élevé de confiance de la part de ses membres.

· Liens efficaces avec les services de développement. L’autodépendance du groupe est aussi fonction de sa capacité d’entretenir des liens avec les services de développement des pouvoirs publics et des ONG, même en l’absence de son PG.


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