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6. ACTIVITES PECHE/PISCICULTURE DU PROJET MAG/86/005

Le projet MAG/86/005 “Développement agricole intégré de la région du lac Itasy” pourrait insérer dans son programme un volet dynamique d'aquaculture. L'activité décrite ci-dessus - l'élevage en cages et enclos - aurait un intérêt particulier pour la communauté de pêcheurs autour du lac, mais son application dépend des résultats des expériences que le MRSTD mènera sur le lac avec l'assistance du projet. Qui plus est, le projet doit retenir en priorité un appui aux activités aquacoles existantes, pour lesquelles les paysans sont déjà motivés, notamment la rizipisciculture.

6.1 RIZIPISCICULTURE

La rizipisciculture a déjà été développée dans une grande partie de Madagascar, et le MPAEF a implanté une structure dans la région d'Itasy (Circonscription de Miarinarivo) équipée d'une station d'alevinage et gérée par une personnel spécialisé (un ingénieur d'élevage, deux adjoints techniques, huit agents de terrain).

La rizipisciculture est déjà connue des paysans de la région, et semble soumise aux mêmes contraintes que celles identifiées par le gouvernement dans les autres zones du haut plateau. Le problème principal qui se pose est celui de l'approvisionnement en alevins; en 1987 seuls 23 500 alevins sur une commande totale de 46 000 ont pu être livrés (et il est certain que si l'offre était suffisante la demande exprimée par les paysans serait beaucoup plus importante).

Par une amélioration des techniques d'élevage en rizières, on obtiendrait un meilleur rendement en poissons; pour cela il faudrait fournir un encadrement technique pour informer les paysans des améliorations possibles.

Encadrement: deux possibilités se présentent pour organiser avec le MPAEF un meilleur encadrement technique. Le projet pourrait d'abord intégrer des connaissances piscicoles dans la formation de l'équipe de vulgarisateurs du MPARA avec laquelle il collabore déjà; ils sont nombreux et seront bien placés pour sensibiliser les paysans, les informer et démontrer les techniques de rizipisciculture (et pisciculture en étang) et participer à la campagne de distribution des alevins. Le projet pourrait aussi prévoir un petit nombre de vulgarisateurs spécialisés mais celui-ci n'ayant pas la possibilité de les former il pourrait demander une assistance au projet MAG/82/014 de vulgarisation piscicole (voir ci-dessous). Dans un premier temps, deux agents vulgarisateurs spécialisés en pisciculture (l'un pour Miarinarivo, l'autre pour Soavinandriana) pourraient être d'une grande utilité dans l'encadrement agricole de la région d'Itasy.

6.2 ALEVINAGE

L'action la plus urgente du projet est l'amélioration des conditions de production dans les stations d'alevinage de la région (Miarinarivo/MPAEF, Kianjasoa/MRSTD). Les stations sont fonctionnelles, bien entretenues, avec des équipes techniques ayant une grande expérience dans le domaine de la reproduction de la carpe. Le Projet pourrait apporter une aide matérielle précieuse dans le fonctionnement de ces stations: approvisionnement en fumier et aliments pour les poissons, petit matériel de gestion, assistance à l'organisation des campagnes de distribution des alevins. La station de Miarinarivo devrait pouvoir bénéficier de la même autonomie financière que le gouvernement étudie actuellement pour d'autres stations. Dans la mesure où le programme de recherche sur le lac (et éventuellement la pisciculture en étang) prévoit l'utilisation de Tilapia nilotica, cette assistance porterait aussi sur la réorganisation des stations en vue d'une activité quasi continue (voir calendrier d'exploitation proposé).

Non moins importante sera la promotion par le Projet d'une certaine indépendance des paysans pour ce qui est de l'approvisionnement en alevins (principalement en carpe pour la rizipisciculture), par l'installation de petites fermes d'alevinage privées ou appartenant aux associations et collectivités. Cette politique a été étudiée par le gouvernement dans le cadre de ses préparations pour la deuxième phase du projet d'Antsirabé.

6.3 ASSISTANCE DU PROJET FAO D'ANTSIRABE (MPAEF)

Le projet PNUD/FAO de vulgarisation piscicole MAG/82/014, basé à Antsirabé, commencera probablement une deuxième phase avant la fin de 1988. Axé essentiellement sur la rizipisciculture, et la production des alevins de carpe pour cette spéculation, le personnel a acquis une importante expérience en ces matières. Il serait souhaitable que le projet Itasy sollicite une collaboration avec eux pour:

  1. Formation: assister ponctuellement à la formation de vulgarisateurs et pisciculteurs suivis par le projet Itasy.

  2. Vulgarisation: proposer une approche à la vulgarisation, avec matériel approprié. Il faudrait d'abord savoir dans quelle mesure Antsirabé peut fournir à la Circonscription de pêche et d'aquaculture de Miarinarivo les deux vulgarisateurs spécialisés proposés ci-dessus. Une première rédaction du document du projet pour une nouvelle phase à Antsirabé (sujet à des amendements futurs) porte à croire que 10 des 30 vulgarisateurs actuels pourraient être sans occupation en 1989; cela permettrait l'embauche de deux agents par le projet Itasy. Il faudrait cependant que ces deux agents soient valables; et de toute manière il semblerait que le MPAEF cherche à maintenir l'équipe déjà en place à Antsirabé.

  3. Technique: conseils techniques pour la résolution des problèmes rencontrés par les pisciculteurs. Conseils pour l'opération des stations d'alevinage et pour leur conversion à double vocation - carpe et tilapia.

Il serait souhaitable que la FAO intègre une collaboration dans le plan de travail du projet de vulgarisation piscicole.

6.4 CADRES ASSOCIES FAO

Compte tenu de la priorité à donner aux activités d'alevinage il est recommandé qu'un cadre associé FAO, spécialiste en reproduction de poisson, soit engagé. Celui-ci devra appuyer le personnel des stations de la région dans le but d'augmenter leur productivité et d'intégrer l'alevinage de tilapia dans leur programme.

Un cadre associé avec trois ans d'expérience dans le projet piscicole d'Antsirabé, M. D. Claeys, a été “prêté” au projet MAG/86/005 pour le reste de son contrat. En fonction de la durée de sa présence, son programme sera orienté vers l'intégration du volet aquacole au sein du projet:

L'idéal serait que cet expert reste avec le projet pendant un an pour pouvoir participer au développement du volet aquacole. Cela est important parce que les ingénieurs de MPAEF et MRSTD qui seront les collaborateurs directs du projet sur le terrain à Itasy n'ont achevé leur formation que récemment. De cette manière, on valorisera au maximum l'expérience malgache de M. Claeys, et l'on pourra transférer les expériences du projet Antsirabé dans une nouvelle zone, ce qui répond aux souhaits du gouvernement, en responsabilisant les cadres nationaux le plus rapidement possible sans avoir recours à une assistance extérieure prolongée. Le contrat de M. Claeys se termine fin septembre avec possibilité de prolongation jusqu'en février. Il serait souhaitable que le gouvernement et la FAO/Madagascar interviennent dans ce sens auprés des autorités belges.

6.5 ORGANISATION DES PECHEURS

A l'heure actuelle les pêcheurs sur le lac semblent être très individualistes et dans le contexte professionnel ils ne sont pas vraiment organisés. Deux coopératives, à Ampefy et à Manazary, ont été créées mais seule celle de Manazary existe aujourd'hui; cette coopérative est chargée de l'amodiation du lac (FMG 300/ha/an). Ce rôle de payer des droits couplé avec une absence d'intérêt de la part des coopératives en ce qui concerne le bien-être des membres serait au moins partiellement responsable du manque d'enthousiasme des pêcheurs pour les coopératives.

Cependant des “associations de solidarité” pourraient aider les pêcheurs sur plusieurs plans: accès au matériel de pêche moins cher, amélioration de la sécurité et des conditions de commercialisation, etc. Une telle organisation horizontale répond parfaitement aux objectifs du projet, qui prévoit des interventions dans plusieurs secteurs.

En outre, le projet estime qu'une certaine organisation des pêcheurs serait en fait le préalable à la vulgarisation de la nouvelle technique d'aquaculture. La sécurité, par exemple, des élevages ne pourrait être assurée que dans une situation où il existe une solidarité entre pêcheurs (ce qui n'est pas le cas, à l'heure actuelle, pour le matériel de pêche). Les premières tentatives d'organisation pourraient être faites à petite échelle au niveau d'un village ou “fokontany” riverain, avec fonds de roulement pour l'acquisition de matériel de pêche. L'association se chargera du règlement intérieur et de la gestion des fonds, et dans des conditions favorables, le projet pourrait même, au départ prêter une assistance matérielle. Le fonds de roulement accorderait des prêts en nature que le pêcheur pourrait rembourser progressivement par la suite. Cette même association, sensibilisée par le projet, pourrait décider d'adopter l'élevage en cages/enclos.

6.6 AMELIORATION DES CONDITIONS DE PECHE

Etant donné la nature intégrée des activités du projet il serait raisonnable de considérer la possibilité d'actions visant l'amélioration du métier de pêcheur. Ce rapport recommande déjà que les pêcheurs soient sensibilisés pour une meilleure organisation entre eux.

Des recommandations ont été faites à plusieurs reprises dans les dernières années visant l'amélioration de la pêche sur le lac; les dernières se trouvent dans le rapport sur la situation des pêches au lac Itasy (Matthes, 1985). Juste avant cette étude une importante innovation avait été instaurée - la fermeture de la pêche en novembre et décembre, les mois de reproduction intense. En outre, les agents du MPAEF exercent un contrôle plus strict que par le passé sur les maillages des filets.

Ces mesures visent à diminuer l'effet de surpêche constaté par plusieurs auteurs. Le consultant n'a pu déterminer si la pêcherie souffre encore de cet état de choses. Cependant il faut noter qu'une production d'environ 100 kg/ha/an est normale pour un lac dont les eaux sont aussi peu conductrices.

Plusieurs recommandations ont été formulées visant l'introduction d'autres espèces dans le lac dans le but de mieux exploiter les différentes niches écologiques. Cela devrait être effectué avec des études préalables, car en plus, la population est particulière, changeante et, assez mal comprise.

De telles actions ne seront pas prioritaires pour le projet. Une fois qu'un contact aura été établi avec les pêcheurs et que le projet aura gagné leur confiance, il sera plus facile d'identifier leurs problèmes. Le projet pourrait alors entamer un dialogue avec les spécialistes nationaux pour essayer de trouver des solutions; différentes propositions d'introduction, etc., seraient abordées en même temps.


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