Le plan quinquennal de développement du Burkina Faso (1986– 90) signale que le développement de la pêche et de la pisciculture doit contribuer à la recherche de l'autosuffisance et de la sécurité alimentaire (Deceuninck 1989). Pour ce faire, il faut “organiser la pisciculture de facon rentable au niveau villageois en complément aux autres activités agricoles de production végétale et animale”. Il faut également “intensifier l'exploitation de la pêche et développer la pisciculture au niveau des retenues d'eau et des barrages”.
Par un calcul fort théorique, Deceuninck (1989) évalue le besoin de la population du Burkina à 121 635 tonnes de poissons frais et constate que la production actuelle de la pêche est estimée à 7 000 t/an pour une production potentielle de 12 000 t/an et que la production en pisciculture est quasi inexistante.
Les importations de poissons en équivalent poids frais sont de 4 000 t/an (2 500 t de poisson de mer + 500 t de poisson fumé d'eau douce, équivalent 1 500 t frais). Les besoins théoriques en protéines animales et en particulier en protéines de poissons de la population burkinable sont donc loin d'être couverts.
C'est dans ce contexte que le Gouvernment du Burkina Faso a introduit une requête auprès des Organismes des Nations Unies (PNUD et FAO) pour bénéficier d'un appui international qui devrait contribuer à l'augmentation de la production piscicole du pays. Dès 1986, la FAO avait envoyé un expert pour un programme de coopération technique (TCP/BKF/4511) intitulé : “Aménagement piscicole et renforcement de l'encadrement dans la zone du Sourou” qui devait servir de base à l'élaboration d'un projet PNUD/FAO/BKF de plus longue durée et qui s'est traduit notamment par la construction d'une nouvelle station de pisciculture à l'aval du barrage de Léri.
Un premier document de projet intitulé : “Développement de la pisciculture familiale dans la vallée du Sourou”, présenté au PNUD en 1987 a été jugé trop général et n'a pas été accepté. En 1988 le PNUD a proposé de constituer une mission tripartite (PNUD-FAO-BKF) pour formuler un projet : “Introduction de la pisciculture familiale dans la vallée du Sourou” (BKF/87/053). Les conclusions principales de cette mission (L'Heureux et al., 1988) sont que :
la pisciculture sensu stricto ne peut être envisagée, pour des raisons pluviométriques, dans les provinces de la Kossi, du Sourou et du Mouhoun, zone géographique du projet ;
la station d'alevinage de Léri, qui ne peut être alimentée en eau que par pompage, n'est pas viable et devrait être fermée ;
la seule possibilité de développer une pisciculture rurale dans la zone du Sourou est de l'intégrer dans les aménagements hydro-agricoles de la rivière Débé, en voie de réalisation sous l'Autorité de Mise en Valeur du Sourou (A.M.V.S.).
Dans cette dernière perspective, le PNUD a proposé de constituer une nouvelle mission tripartite pour formuler un nouveau projet de : “Développement de la pisciculture rurale dans la zone du Sourou” (BKF/87/053). Cette mission qui se compose d'un consultant du PNUD, Chef de mission (Pr. J.C. Micha), d'un consultant de la FAO (J. Moehl) et d'un représentant du Gouvernement du Burkina Faso (A.C. Traore) a séjourné au Burkina Faso du 10 au 26 mai 1989. Elle avait pour mandat de définir un projet de valorisation piscicole des aménagements hydro-agricoles de la rivière Débé en étroite collaboration avec les services concernés du Ministère de l'Environnement et du Tourisme (MET) et de l'Autorité de Mise en Valeur du Sourou (A.M.V.S.).
En particulier cette mission de formulation devra :
sur base des contraintes techniques, déterminer les sites d'expérimentation intégrant la pisciculture aux aménagements réalisés et délimiter un centre d'alevinage ;
effectuer une analyse économique préliminaire pour déterminer la rentabilité économique potentielle de différents systèmes de production piscicole ;
élaborer un programme d'expérimentation de suivi d'évaluation et de diffusion via des O.N.G ;
identifier le personnel, les infrastructures et les équipements requis ;
préparer le calendrier des activités et le budget du projet ;
formuler un document de projet : “Valorisation piscicole des aménagements hydro-agricoles prévus dans le cadre du projet d'aménagement de la vallée du Sourou” conformément à la section 30.200 du PPM ;
préparer un rapport avec conclusions et recommandations discutées avec les autorités nationales concernées ainsi qu'avec les représentants du PNUD et de la FAO.