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2. PROJET DE VALORISATION PISCICOLE DES AMENAGEMENTS HYDRO-AGRICOLES DU DEBE (A.M.V.S.)

Dès leur arrivée à Ouagadougou le 10 mai 1989, les consultants ont contacté les organismes des Nations Unies, le PNUD et la FAO, qui ont pris contact avec le Ministère de l'Environnement et du Tourisme afin de constituer la mission tripartite. Celle-ci s'est fait confirmer ses termes de référence par tous les partenaires qui ont notamment insisté sur la nécessité de se limiter à la zone géographique définie (Sourou et Débé) et aux aspects pisciculture à intégrer dans les aménagements hydro-agricoles. Cette position très claire excluait donc l'examen d'autres zones géographiques ainsi que les problèmes de pêche d'ailleurs couverts par d'autres projets d'assistance bilatérale et multilatérale.

Par ailleurs, la mission actuelle a réexaminé succinctement le problème de la pisciculture de Léri, à l'aval du barrage du Sourou, dont la construction avait commencé dans le cadre du projet de coopération technique (TCP/BKF/4511). Elle confirme les conclusions de la mission tripartite précédente (L'Heureux et al., 1988), à savoir que cette station n'est pas viable et doit rester fermée.

Enfin, avant de visiter les périmètres d'irrigation de l'A.M.V.S. à Niassan (rivière Débé) la mission a effectué un “pèlerinage” des principales piscultures construites au Burkina Faso depuis 1956 en vue de tirer parti des expériences du passé. Elle a bien dû constater l'abandon de :

Seule la pisciculture de Bazèga (1,8 ha) au sud de Ouagadougou, construite entre 1977 et 1980 est sous eau et fonctionne actuellement, principalement en tant que centre d'alevinage et de recherche.

Sur la base de ce constat peu encourageant, la mission s'est ensuite rendue à Niassan pour examiner concrètement les possibilités de développer une pisciculture intégrée aux aménagements hydro-agricoles dont la construction a commencé en 1986 et devrait continuer pendant plusieurs années. Elle a examiné successivement la faisabilité technique et la rentabilité économique de cette activité pour déboucher sur un petit programme d'expérimentation préalable qui pourrait être mené par l'A.M.V.S. en collaboration avec la Direction de la Pêche et de la Pisciculture du MET.

2.1 Faisabilité technique

2.1.1 Situation actuelle des aménagements du Debé à Niassan

L'A.M.V.S. signale qu'autour de ce lac de barrage, 30 000 ha sont aménageables dont 16 000 ha en périmètre d'irrigation. Dans la zone Lanfièra-Di, en bordure du Débé, l'A.M.V.S. (Tableau 1) a fait aménager, en 1986, un périmètre pilote de 50 ha. En 1987–88 un nouveau périmètre de 140 ha a été aménagé. En 1988–89, un nouveau bloc de 460 ha avec un grand canal adducteur a été réalisé mais sa future mise en valeur nécessite un surcreusement du Débé sur plus de 2,5 km dont l'entreprise est seulement prévue à partir d'octobre 1989. Conjointement au creusement de ce canal, l'aménagement de 2 nouveaux périmètres de 500 et 200 ha devrait démarrer fin 1989. Enfin un dossier d'aménagement de 900 ha, à côté du bloc 460 ha, qui implique un élargissement du grand canal adducteur actuel, est à l'étude et sa réalisation est programmée vers 1991.

L'exploitation actuelle des périmètres aménagés n'est pas encore totale puisque sur le premier bloc pilote de 50 ha, 71 exploitants sont installés sur 40 ha. Sur le second bloc de 140 ha, 120 ha sont actuellement exploités par 109 paysans actifs. Quant au nouveau bloc de 460 ha, aucun paysan n'est actuellement installé vu qu'il n'y a pas d'eau. Toutefois la mise en exploitation est prévue pour juin 1990. Enfin la production de riz paddy de la seconde campagne 1988 a été de 210 t pour le bloc 50 ha et de 170 t pour le bloc 140 ha.

Les cycles culturaux du riz repiqué durent 120 jours et s'étalent de janvier à mi-mai et de juin à octobre. En général, entre chaque cycle, il y a arrêt de pompage et mise à sec des canaux d'irrigation, des casiers rizicoles et des canaux de colature.

Tableau 1. : Etat des aménagements et niveau d'exploitation des périmètres d'irrigation du Débé à Niasson zone Lanfièra-Di (données A.M.V.S.)

DateBlocSurface (ha)Niveau d'exploitationRemarques
Surface (ha)Nbre actifs
19861504071-
19882140120109-
1989346000pas d'eau nécessité de surcreuser Débé sur 2.5 km
1989–904500 + 20000 
1991–92590000nécessité élargir canal adducteur du bloc 3

2.1.2 Pisciculture en canaux

L'examen sur le terrain des 3 premiers blocs aménagés révèle l'impossibilité de développer la pisciculture dans les canaux primaires et secondaires vu leur faible largeur et profondeur ainsi que leur assèchement temporaire (nocturne) quotidien. Toutefois le bloc 3 de 460 ha est approvisionné en eau par un grand canal adducteur d'eau de 5 265 m de long, de 4 m de largeur à la base et de 1,5 m de hauteur. Une lame d'eau de 1,0 m minimum y est prévue en permanence pendant les 2 périodes d'irrigation (juin à octobre et janvier à mi-mai). Au long de ce canal adducteur, 4 “reprises” (vis sans fin) sont installées pour alimenter 4 canaux primaires. Apparemment on pourrait partager ce grand canal de 2,5 ha d'eau en 4 secteurs séparés par des cloisons amovibles (planches et/ou grilles) coulissant dans des petites infrastructures bétonnées à double rainure (fig. 1). Ces cloisons ne devraient pas empêcher l'écoulement normal de l'eau pour l'irrigation mais permettre une vidange indépendante des 4 sections du canal ainsi qu'une gestion et récupération indépendante des 4 stocks de poissons.

Ce type d'exploitation pose toutefois un certain nombre de problèmes qui nécessiteront une expérimentation préalable pour :

Fig. 1 : Coupe transversale du canal (A) et principe des cloisons amovibles avec structures bétonnées (B)

Fig. 1

Toutefois ce genre d'expérimentation est à reporter de 2 à 3 ans pour deux raisons majeures :

Quant au canal principal de colature du bloc 3 de 4 986 m de long, de 2,5 m de large à la base et de 1,5 m de long, il ne devrait pas être rempli d'eau en fonctionnement normal du moins pendant la période de sécheresse. De plus l'installation de barrages amovibles ne semble pas judicieuse. En conséquence, ce type de canal ne convient pas pour y produire du poisson.

2.1.3 Pisciculture en étangs

Etant donné les difficultés actuelles d'expérimenter la pisciculture dans le grand canal adducteur d'eau du bloc 3 et vu sa superficie limitée (2,5 ha actuellement), la mission a voulu examiner la possibilité de transformer des casiers rizicoles en étangs de pisciculture. Cette démarche se justifie également dans la perspective de valoriser, à l'avenir, le son de riz qui sera probablement un sous-produit local important lorsque la production de paddy qui n'est actuellement que de 380 t pour la seconde campagne 1988, atteindra son niveau de croisière (prévision 1991 : 5 380 t) et lorsque l'usine de décorticage sera installée (prévision 1991). Sur base des critères classiques de production piscicole avec son de riz, 10% de la surface rizicole pourraient être aménagés en étangs de pisciculture.

Les modalités d'aménagement des casiers rizicoles en étangs de pisciculture ont été examinées principalement sur le périmètre pilote de 50 ha actuellement en exploitation. Techniquement, la transformation de 2 casiers rizicoles de 0,5 ha en un étang de 1 ha peut se faire aisément en bordure du canal primaire, nettement surélevé par rapport aux casiers rizicoles.

Ce canal primaire peut servir de berge, sans autre aménagement, aux 10 casiers contigus. La seule transformation importante serait de surélever et d'élargir la première diguette de séparation des casiers, parallèlle au canal primaire, et d'en faire une berge d'étang. Un léger surélèvement des berges le long des canaux secondaires peut être nécessaire dans certains cas pour assurer une profondeur moyenne d'eau dans l'étang de l'ordre de 0,75 m, en vue de minimiser les coûts autant que possible. L'installation d'un tuyau-vanne sortant du canal primaire et d'un tuyau-pipe au niveau de la première diguette de séparation des casiers se déversant dans le canal de colature suffirait à assurer la maîtrise de l'eau et la vidange de chaque étang rectangulaire (150 m × 75 m) ainsi construit.

Les contraintes à cet aménagement dans le périmètre pilote sont que tous les casiers rizicoles en bordure du canal primaire sont cultivés et améliorés par les paysans depuis 1986. Il n'est pas évident qu'ils acceptent cette transformation révolutionnaire. C'est pourquoi ce type d'aménagement serait plutôt à prévoir sur des périmètres non encore attribués ou mieux sur des périmètres à construire. Toutefois cette option ne pourra se concrétiser que sur base d'une démonstration de la rentabilité économique (cfr 2.2.).

2.1.4 Rizipisciculture

A l'évidence les surfaces en eau les plus importantes seront les casiers rizicoles lors des 2 périodes d'irrigation (janvier à mai et juin à octobre). L'A.M.V.S. est particulièrement intéressée à expérimenter la rizipisciculture non seulement comme apport économique et alimentaire complémentaire pour les paysans mais aussi pour faire assurer l'entretien des petits canaux de colature entourant chaque casier rizicole.

Pour ce faire, les modalités d'aménagement technique sont relativement simples. Il suffit d'élargir de 1,5 m à 2,0 m et d'approfondir à un minimum de 0,5 m les canaux de colature, du côté opposé aux canaux secondaires, qui serviront ainsi de trous refuges aux poissons. Un élargissement de 0,75 à 1 m des 2 canaux de colature perpendiculaires au canal secondaire améliorera également la vie des poissons. Un système artisanal de diguette dans le canal de colature séparant les casiers rizicoles devrait suffire à maintenir les poissons dans le casier de chaque propriétaire. Ce genre d'expérience devrait être mené dans le périmètre pilote et dans les casiers situés à la partie opposée au canal primaire où les canaux de colature des casiers ont tendance à être plus profonds vu la pente imposée (Annexe 1.)

Les contraintes à cette activité sont une légère réduction de la surface cultivée en riz mais compensée par une production de poissons et par une production de riz probablement plus élevée par unité de surface (10 – 15 %). Il sera également nécessaire de maintenir dans le casier rizicole une profondeur d'eau de 15 cm pendant toute la période culturale de 4 mois et d'utiliser des pesticides non toxiques pour les poissons. A cet égard, il faut connaître la substance active du Cypercal et du Decis et vérifier sa toxicité vis-à-vis des poissons (cf. Liu Chiang-Lu, 1988)

Les essais envisagés avec le Furadan, très toxique pour les poissons, sont à proscrire. Quant à la lutte contre les plantes adventices, elle est actuellement pratiquée manuellement voire mécaniquement. A l'avenir il ne faudrait pas s'orienter vers l'utilisation d'herbicides mais plutôt expérimenter l'ensemencement avec Azolla pinnata (souche australienne), fougère aquatique flottante empêchant le développement des adventices (contact, De Cock à l'INERA). De plus cette fougère a l'avantage de fixer l'azote atmosphérique et d'être consommée par les poissons ce qui peut contribuer à l'augmentation de la production piscicole et rizicole (cf. Liu Chiung - Chu, 1988). Enfin dans les canaux refuges une alimentation régulière avec son de riz contribuera également à améliorer le niveau de production rizipiscicole du casier.

2.1.5 Zones d'emprunt

Suite aux suggestions de M.A. Tigasse, Directeur Général de l'A.M.V.S., la mission a examiné les deux zones d'emprunt situées l'une près du bloc 2 et l'autre près du bloc 3. Ces grands trous ne conviennent pas pour la pisciculture car la gestion du stock de poisson y serait très difficile, peu productive (turbidité de l'eau probablement très élevée) et coûteuse (nécessité de pomper pour remplir et vider ces trous).

2.1.6 Centre d'alevinage

Vu que plusieurs centres d'alevinage ont été créés puis abandonnés dans le pays et étant donné l'existence, le fonctionnement actuel et les potentialités du centre d'alevinage de Bazèga, la mission recommande, pour toute expérience de pisciculture, de s'y approvisionner pendant au moins deux ans, en alevins de Tilapia nilotica. Si les essais de production de poissons en riziculture à Niassan sont intéressants et que les paysans souhaitent pratiquer à grande échelle cette technique il faudra alors envisager la construction d'un petit centre autonome d'alevinage.

Dans cette optique, la mission a repéré un site propice à proximité de la station de pompage (vis sans fin) du périmètre pilote de 50 ha (bloc 1). Il est situé (fig. 2) à l'opposé du bloc 50 ha, à l'angle de la piste longeant le canal primaire et allant vers le bloc 140 ha (cf. Annexe 1). Six étangs rectangulaires (33 × 15 m) de 5 ares (fig. 2), 2 bacs de stockage, (6 × 1 m) un magasin (qui pourrait servir d'abri à un gardien) et un bureau devraient y être construits. L'alimentation en eau sera assurée par prise d'eau dans le canal primaire et la vidange s'effectuera par gravité, avec évacuation des eaux dans le canal de colature existant.

La gestion des poissons (Tilapia nilotica) s'effectuera de la façon suivante. Deux étangs (R1 et R2) serviront à la reproduction et seront mis en charge avec des poissons de 125 à 175g à la densité de 17 à 25 mâles et de 51 à 75 femelles par are avec un rapport des sexes de 3 femelles pour 1 mâle. On veillera à disposer des mâles légèrement plus gros que les femelles. La reproduction a généralement lieu presque toute l'année mais il faut s'attendre à une chute de reproduction voire à un arrêt pendant les mois les plus froids de décembre, janvier et février. Les observations sur le terrain permettront de préciser les périodes les plus favorables et les plus défavorables car elles dépendent de plusieurs facteurs: saison, âge des géniteurs, alimentation, etc. Trente à quarante-cinq jours après la mise en charge des géniteurs, on procédera au sennage des étangs de reproduction tous les 15 jours. Au petit matin, une senne à ralingue de vase, à mailles de 6 mm sera passée suffisamment de fois dans l'étang (1 à 3 fois successivement) pour récupérer le maximum d'alevins. Les géniteurs sont chaque fois séparés des alevins (0,5 à 1 g), ces derniers étant expédiés dans les bacs de stockage et les géniteurs remis dans l'étang de reproduction après le dernier passage de la senne. Le soir même, les alevins seront pesés et comptés (estimation par échantillons) et mis en charge à la densité de plus ou moins 50 ind./m2. Ces alevins alimentés régulièrement selon les normes (Parrel et al., 1986) pendant plus ou moins 2 mois devraient atteindre 5 à 10g selon les saisons (chaude ou froide). A ce stade, la vidange des étangs de grossissement sera effectuée et les alevins seront stockés pendant deux jours dans les bacs de stockage avec une bonne circulation d'eau puis envoyés dans les casiers rizicoles aménagés pour la rizipisculture.

Cette pratique, qui vise à disposer de stocks homogènes d'alevins d'âge connu à bonne croissance pour la production, devrait permettre à ce centre d'alevinage de produire 300 000 à 350 000 alevins de 5 à 10 g par an, ce qui devrait suffire pour empoissonner quelques 70 ha de rizières aménagés en rizipisciculture, ou 15 à 30 ha d'étangs ou canaux ! A la limite ces alevins pourraient être également vendus pour empoissonner des lacs de barrage temporaires si la Direction de la Pêche et de la Pisciculture démontre, avec les 2 projets d'aide multilatérale (VPH-FED) et bilatérale (RFA), la viabilité de cette activité.

Fig. 2 : Situation et plan du centre d'alevinage.

Fig. 2

2.1.7 Production de sous-produits locaux

La pisciculture dans cette région du Sourou, relativement isolée et à priori peu favorable pour cette activité ne peut se justifier qu'à partir d'une disponibilité importante de sous-produits locaux peu valorisables.

Ce sera très probablement le cas pour le son de riz. Il est donc essentiel pour l'avenir de la pisciculture dans ces périmètres d'irrigation que le riz soit décortiqué sur place et que la qualité de ce son soit adéquate (son et brisure non mélangés aux paillettes). L'achat, déjà prévu en 1988, d'une décortiqueuse d'une capacité de 1,6 t/heure sera donc vital. Il faut espérer que les négociations menées dans ce sens par l'A.M.V.S. aboutissent rapidement et que la disponibilité de 1 600 à 1 800 t de son de riz prévue pour 1991 devienne effective.

Une autre possibilité de produire du poisson, suggérée par la mission tripartite de 1988 (L'Heureux et al., 1988), concernait les élevages associés porcs-poissons, volailles-poissons. Les informations récoltées sur place n'incitent pas la mission à proposer l'association avec les porcs vu les problèmes religieux qui peuvent se poser avec la population locale à majorité musulmane. A ce stade, il ne semble pas y avoir beaucoup d'intérêt non plus pour l'association volailles-poissons.

De toute façon, le problème de l'alimentation équilibrée de ces animaux terrestres en stabulation se poserait vu que la production agricole est focalisée actuellement sur la monoculture du riz. A l'avenir, une certaine diversification (maïs, blé) aura probablement lieu. Le problème pourra alors être réexaminé mais il est préferable dans l'immédiat de se limiter à des expérimentations en rizipisciculture avec des paysans volontaires.

2.2 Rentabilité économique

Pour approcher ce problème, la mission a tenté de percevoir la demande du marché en poisson par l'examen des prix d'achat et de vente à Ouagadougou et dans la région du Sourou. Elle s'est ensuite intéressée aux coûts de production en pisciculture dans la région du Débé, et aux potentialités de commercialisation de cette production.

2.2.1 Le marché du poisson à Ouagadougou

D'emblée, la mission a été fort étonnée par les faibles prix de vente (Tableau 2) pratiqués à Ouagadougou aussi bien pour le poisson (250–700 FCFA/kg) que pour la viande (650–750 FCFA/kg) bien que celle-ci soit plus chère que le poisson. Comparé aux prix de vente au détail dans les capitales de quelques autres pays africains (Niamey : 1000 à 1 200 FCFA/kg, Bangui 600 à 800 FCFA/kg etc...) ce prix de vente du tilapia à Ouagadougou est désespérant. Bien que diverses autorités déclarent que la demande en poisson est forte au Burkina Faso et notamment à Ouagadougou, l'on constate que cette demande théorique (cf. Deceuninck 1988 : besoins en poissons de 121–635 tonne/an) ne se reflète pas dans le prix de vente ! De plus, la demande du marché en petits tilapia (100 – 150 g) est très faible ce qui se traduit par un prix maximum de vente au détail de 400 FCFA/kg et c'est justement ce type de catégorie qui sera produit en pisciculture, du moins dans une première phase, dans les périmètres d'irrigation. Enfin, il faut bien constater une certaine concurrence du poisson de mer surgelé qui est vendu à un prix assez bas (300 – 500 FCFA/kg) pour une catégorie de taille supérieure à celle des tilapia les plus communs.

L'examen des quantités de poissons commercialisés par le comptoir de vente du projet “Valorisation du potentiel halieutique ” (DPP-FED), qui circule dans le pays pour acheter aux pêcheurs leur production à un prix remarquablement bas (50 à 200 FCFA/kg, selon la catégorie) montre qu'en général l'approvisionnement en poisson d'eau douce à Ouagadougou est faible mais apparemment suffisant puisque, en 1987, 38 t ont été achetées (Centres de pêcher Tapoa + Arly + Sourou) et seulement 34, 1 t sont vendues à Ouagadougou et, en 1988, 61,4 t ont été achetées dans les mêmes centres et seulement 42,8 t ont été écoulées à Ouagadougou. De plus, l'approvisionnement mensuel en tilapia (tableau 3) montre que chaque année (1987 et 1988), il y a un surplus de poissons invendus qui nécessite régulièrement une vente promotionnelle à des prix cassés.

2.2.2 Le marché du poisson dans la région du Sourou

Il faut rappeler, que depuis la création du lac de barrage, les captures potentielles de poisson sont de 500 à 1 000 t/an. A l'évidence les poissons du lac dominent le marché local. De plus, l'effort de pêche est tel que la catégorie de taille des tilapia capturés est essentiellement proche de 100 g ce qui correspond au type de production attendu en pisciculture. L'achat aux pêcheurs de ce type de poisson à l'état frais, est de 50 à 100 FCFA/kg. La quantité disponible localement est telle que l'essentiel de ce produit est actuellement fumé à des fins de conservation. Le tilapia fumé entre dans des circuits artisanaux de commercialisation complexe et est vendu au détail, dans la région du Sourou, à un prix approximatif de 200 FCFA/kg équivalent poids frais. Toutefois une quantité importante de ce poisson fumé est commercialisé hors de cette zone.

En conclusion, le marché du tilapia de petite taille dans la région du Sourou est saturé (L'Heureux et al., 1988) et ce poisson est exporté fumé à un faible prix vers diverses régions du pays. La commercialisation de petits tilapias frais vers Ouagadougou est très problématique (cfr expérience V.P.H - DPP-FED) vu les coûts de transport et le faible prix de vente.

Tableau 2 : Prix d'achat du poisson au producteur et prix de vente à Ouagadougou et dans quelques autres capitales africaines.

SourcesItemPoids Moyen (g)Prix d'Achat (CFA/kg)Prix de Vente (CFA/kg)
Demi-grosDétail
ONERAPoisson de mer surgelé   300–500
FED/DPPTilapia10050 250–300
      "100 – 15050 – 100300400
      "150 – 250150450500
      "250200600700
Marché barrage 2Tilapia230 – 500- 500
Marché villepoisson fumé-- 1.200
ONERAViande de boeuf avec os - marché-- 650–700
lère qualité export   750
Niamey, NigerTilapia220 – 250850 1.200
Bangui, RCATilapiatoutes tailles- 600 –800
Côte d'IvoireTilapia215 – 270400  
BéninTilapia170 – 230650  

NB :

Tilapia 250 g = 50% des ventes

Tilapia 150 – 250 g = 40% des ventes

Tilapia 100 – 150 g = 6% des ventes

Tableau 3. Evolution mensuelle des quantités de tilapia commercialisées au comptoir de vente duprojet Valorisation du Potentiel Halieutique à Ouagadougou en 1987 et 1988.

MOIS
19871988
Achat (kg)Vente (kg)Achat (kg)Vente (kg)
Janvier
3692631 6721 568
Février
6937332 6931 901
Mars
1 9781 7583 9952 643
Avril
2 1781 5133 9602 066
Mai
1 0958955 0571 938
Juin
2 6932 5992 4742 650
Juillet
1 4441 6591 1632 007
Août
1 6491 241209432
Septembre
2 0961 6101 026561
Octobre
1 5571 3351 323708
Novembre
1 3151 1721.7591 440
Décembre
2 0341 9251 4881 346
TOTAL
19,10116 703
(87% des achats)
26 81919 260
(72% des achats)

NB : 90% des tilapias sont vendus aux demi-grossistes (bars - restaurants)

2.2.3 Production de tilapia en pisciculture dans la zone Lanfièra-Di

Afin de bien cerner ce problème, on examinera successivement la disponibilité en sous-produits pour la fertilisation des étangs et l'alimentation des poissons, les différents scénarios possibles de production de tilapia et enfin la rentabilité d'un éventuel futur centre d'alevinage.

2.2.3.1 Disponibilité et coûts de divers sous-produits

Localement, il n'y a, actuellement, pas de sous-produits disponibles. Dans ces conditions, le premier modèle de pisciculture à envisager doit être basé sur la fertilisation organique des étangs par compostage de matériel végétal. Toutefois les conditions climatiques de la région de Lanfièra-Di limitent la production végétale et ne rendent pas plausible la technique du compostage.

Toutefois, divers sous-produits sont disponibles dans d'autres régions du pays (tableau 4.). Mais les coûts de transport (30 à 40 FCFA/t/km) sur plus de 300 km ne peuvent que s'ajouter aux coûts de ces sous-produits et la rentabilité de la production ne pourrait être assurée y compris pour les graines de coton disponibles en quantité irrégulière à Dédougou (cf. l'Heureux et al., 1988). En conséquence, le développement de la pisciculture à Lanfièra-Di repose sur la construction et le fonctionnement d'une rizerie locale, d'ailleurs prévue par l'AMVS.

Tableau 4. : Sous-produits disponibles comme aliment pour poissons

Type d'AlimentSourceProduction annuelle estimée (tonnes)Prix (départ usine)
(1) Son de bléBlé importé - transformé à Banfora7 00012 FCFA/kg
(2) MélasseSucrerie de Banfora14 0001,5     "
(3) Tourteau de cotonUsine de Bobo-Dioulasso30 00027     "
(4) Tourteau d'arachide ± 10 000
Saisonnier/irrégulier
45     "
(5) Drèche de brasserieBobo-Dioulasso / Ouagadougou9 000 t humide
(70% d'eau)
± 1 000 FCFA/m3
(6) Son de riz2 usines dans région de Bobo-Dioulasso± 10 000
production irréguliere
12 – 13 FCFA/kg
(au moment de surplus, peut surplus, peut descendre à 7 FCFA/kg)

Source : Atelier de fabrication d'aliment du bétail (AFAB), Bobo-Dioulasso

Tableau 5. Coûts de la production de Tilapia nilotica avec divers aliments

Type d'alimentPrix (CF A/kg)Qn moyenVariation de QnCoût par kg poissonObservations
1) Son de riz121107 – 12 2120Supplément au compost - fertilité moyenne
2) Son de riz1287 – 1296Supplément à l'engrais chimique fertilité bonne
3) Mélange : Son de riz, tourteau de coton20 354 – 6 410070% son de riz 30% tourteau
4) Graines de coton17,59 158 
5) Granulés120532.5 – 4.5 636040% son de blé 40% tourteau coton 20% farine poisson

Notes: 1) Prix 12 – 13 CFA/kg hors-usine fourni par AFAB (Atelier de Fabrication d'Aliment du Bétail);

2) Qn en Côte d'Ivoire de 7.5 rapporte par Lazard et al., (1988) avec nourriss age de 100/kg/ha/jour.Traoré (1986) indique un Qn de 10.4 pour son de riz et 4.1 son de rizcombiné avec fientes de volaille à raison de 10 kg/are/mois

3) Le coût du tourteau de coton donné par AFAB est 27 CFA, kg, le prix dumélange compte le transport du tourteau à 270 km à raison de 40 CFA/Tonne/km, le son de riz est local.

4) Lazard (1988) donne un Qn de 3.5 d'un aliment à 75% son de riz et 25%tourteau ce coton, nourriss age à 8% de la biomasse au début, à début, à 1,5% en find'élevage

5) AFAB prix livré, y compris emballage

6) Lazard (1988) rapporte un Qn de 2.9 – 4.6 pour un aliment composésemblable.

2.2.3.2 - Rentabilité économique de différents systèmes de pisciculture

Pour établir la rentabilité économique de la production de poissons en pisciculture, le premier élément à préciser est le coût d'aliment par kg de tilapia. Pour ce faire, on partira de l'hypothèse plausible que la rizerie sera installée à Niassan et que le son de riz sera disponible en grandes quantités localement. Toutefois, comme ce sous-produit est vendu au prix de 12–13 FCFA/kg à Bobo-Dioulasso, on supposera que ce sous-produit a la même valeur à Niassan bien qu'elle pourra être inférieure si sa demande locale n'est pas élevée. Le tableau 5 montre que le coût du poisson produit avec ce son de riz reste relativement faible (92 à 120 FCFA/kg selon l'hypothèse de Qn). En vue d'augmenter la production, on pourrait introduire un complément alimentaire (tourteau de coton) apporté de Bobo-Dioulasso ce qui n'augmentera pas le coût de production (100 FCFA/kg).

En l'absence de son de riz local, l'apport d'un autre sous-produit de la région la plus proche (graines de coton de Dédougou) ferait augmenter fortement le coût du poisson (158 FCFA/kg). Enfin l'achat d'un aliment composé équilibré sous forme de granulés ne pourrait se justifier car le coût de l'aliment par kg de tilapia s'élèverait à 360 FCFA. Ces chiffres démontrent donc, une fois de plus, la nécessité de disposer localement du sous-produit potentiel : le son de riz.

En pisciculture, le coût de l'aliment est évidemment important mais le prix de revient du poisson produit dépend également du coût des alevins, du pompage, des amortissements des infrastructures et de la main-d'oeuvre. Comme pour la production de riz, abstraction sera faite ici des amortissements et de la main-d'oeuvre. En fonction des contraintes locales exposées précédemment, 3 systèmes de gestion sont examinés avec chacun 2 types d'alimentation. Le tableau 6 montre que la transformation de casier rizicole en étang de pisciculture n'est pas très intéressante et conduit à un prix de revient du tilapia de 201 à 401 FCFA/kg selon l'aliment. L'élevage dans le grand canal adducteur d'eau pourrait être intéressant avec le son de riz comme aliment (146 FCFA/kg). Quant à la riziculture, elle donne un prix de revient assez faible avec le son de riz (146 FCFA/kg) et encore plus faible (133 FCFA/kg) avec le mélange (70% son de riz et 30% tourteau coton) même si l'on achète et transporte le tourteau de coton de Bobo-Dioulasso.

Tableau 6 : Comparaison du prix de revient de la production de tilapia par différents systèmes de gestion de la pisciculture.

SystèmeRendement par récolteType d'alimentCoûts par hectare (FCFA)Prix de revient du poisson
AlevinAlimentPompage1
1) Elevage en Etang1250/kg/ha2Son de riz50 000150 00051 455 FCFA201 FCFA/kg
2) Elevage en Etang2500/kg/ha4granulé50 000900 00051 455 FCFA401 FCFA/kg
3) Elevage en Canal1100/kg/ha5mélange50 000110 000-146 FCFA/kg
4) Elevage en Canal1850/kg/ha6granulé50 000666 000-387 FCFA/kg
5) Rizipisciculture400/kg/ha7Son de riz820 000938 400-146 FCFA/kg
6) Rizipisciculture600/kg/ha10mélange20 00060 000-133 FCFA/kg

Notes : 1) Coût de pompage 4,1 FCFA/m3 (Source : AMVS) ; par récolte : mise en eau + (évaporation - précipitation) = 12 550 m3

2) Durée d'élevage 150 jours, poids moyen à la récolte de 125 g

3) Taux d'empoissonnement 10 000 alevins/ha ;prix d'un alevin 5 FCFA par pièce, transport non compris.

4) Durée d'élevage 150 j, poids moyen 250 g

5) Durée d'élevage 150 j, poids moyen 110 g

6) Durée d'élevage 150 j, poids moyen 185 g

7) Durée d'élevage 120 j, poids moyen 100 g

8) Qn = 8

9) Taux d'empoissonnement de 4 000 alevins/ha

10) Durée d'élevage 120 j, poids moyen 150 g.

Afin de préciser les revenus de la pisciculture pour un chef d'exploitation, on a effectué un bilan économique théorique pour une parcelle de 0,5 ha transformée en étang de pisciculture ou utilisée en production de riz plus poissons. Pour ce faire on s'est basé sur un bilan d'exploitation d'un casier rizicole (Annexe 3.) Les tableaux 7 et 8 montrent clairement que l'alternative pisciculture stricte conduit à une rentabilité négative (-9 122 FCFA) alors que la production de tilapia en rizipisciculture fait disparaître la taxe d'entretien du périmètre et apporte un petit gain de 4 406 FCFA. A l'évidence, la seule option permettant de produire des tilapias, dans les circonstances actuelles est la rizipisciculture (tableau 9) qui assure au paysan un revenu de 4 406 FCFA pour le poisson produit.

Tableau 7.. Bilan économique de la production de tilapia d'un casier de 0,5 ha transformé en étang.

A)Charges  
I)Intrants  
- Alevins5 000 al. à 5 FCFA/pièce25 000
- Aliment6 250 kg à 12 FCFA/kg75 000
II)Redevance d'eau 25 728
III)Taxe d'entretien du périmètre 2 000
IV)Frais d'encadrement 6 394
  Total des charges 134 122
B)Production poisson  
1)Quantité commercialisée625 kg 
2)Prix d'achat au producteur200 FCFA/kg 
3)Produit brut 125 000
C)Revenu au producteur - 9 122 FCFA

Tableau 8. Bilan économique de la production de tilapia en rizipisciculture dans un casier de 0,5 ha

A)Charges  
I)Intrants  
- Alevins2 000 al. à 5 FCFA10 000
- Aliment (Qn = 8)1 600 kg à 12 FCFA/kg19 200
II)Frais d'encadrement 6 394
  Total des charges 35 594
B)Production poissons  
1)Quantité commercialisée200 kg 
2)Prix d'achat au producteur200 FCFA/kg 
3)Produit brut 40 000
C)Revenu du producteur+4 406 FCFA

Tableau 9 Comparaison des revenus sur un parcelle de 0,5 ha de 3 modes de production : rizicole, piscicole et rizipiscicole.

Type d'exploitationRendementPrix d'achat (FCFA/kg)Revenu brutCharges totalesRevenu net FCFA
0,5 ha rizière (riz)1 824,4 g85155 07449 857105 217
0,5 ha étang (poisson)625 kg200125 000134 122-9 122
0,5 ha rizipisciculture (poissons)200 kg20040 00035 5944 406

Note : Poids moyen des poissons vendus 100–125 g

En conclusion, la seule option plausible pour développer la pisciculture, dans les périmètres d'irrigation existants de la région, Lanfièra-Di est la rizipisciculture à condition de disposer localement de son de riz. Même dans ces conditions, les revenus économiques de la production de tilapia peuvent paraître dérisoires mais elle présente divers avantages qui sont difficilement mesurables d'un point de vue économique strict. Avec l'A.M.V.S., directement intéressée à développer ou du moins à tester cette activité complémentaire, on peut signaler :

Ces diverses raisons conduisent, à la demande de l'A.M.V.S, à développer une petit programme expérimental en rizipisciculture qui pourrait être mené avec du personnel local et sur les fonds propres de l'A.M.V.S.

2.2.3.3 Centre d'alevinage

Dans l'hypothése où les expériences de rizipisciculture se révéleraient positives et où la demande en alevins de Tilapia nilotica viendrait à se développer, la mission a fait l'exercice d'examiner la rentabilité économique d'un petit centre d'alevinage autonome de 6 étangs de 5 ares qui serait confié à un chef d'exploitation privé dans le cadre d'une famille de 3 actifs qui se spécialiserait dans ce domaine. Elle s'est basée sur les données du centre d'alevinage de Sona au Niger (Parell et al., 1986) où les conditions climatiques sont proches de celles de la région de Tougan.

Ainsi à Sona, la production annuelle d'alevins de Tilapia nilotica de 0,7 g est en moyenne de 123 700 individus par étang de 3,5 ares au cours de deux cycles de 120 j pendant la période de reproduction du ler mars au 31 octobre, ceci donne 4 418 alevins/are/mois soit 360 500 alevins/an pour les 2 étangs de reproduction de 5,1 ares prévus an centre d'alevinage de Niassan. Ces alevins doivent alors être prégrossis dans les 4 étangs de grossissement jusqu'au stade de 5 à 10 g. L'ensemble des coûts de ce centre d'alevinage est répertorié au tableau 10. On peut constater que les coûts les plus importants concernent l'alimentation des poissons (alevins et géniteurs) et que les coûts du pompage supplémentaire sont relativement limités. En tenant compte des coûts de construction de la station, les coûts de fonctionnement annuel s'élèvent à 1 482 260 FCFA et si, comme pour le riz, on ne tient pas compte de l'amortissement de l'infrastructure, ils s'élèvent à 1 080 140 FCFA. Sur base d'un prix de vente de FCFA/alevins de 5 g les coûts avec amortissement de l'infrastructure seraient couverts avec une production de 300 000 alevins/an et en ne comptant pas l'amortissement de l'infrastructure, une production de 216 000 alevins/an, soit 2 647 al/are/mois, couvriraient les dépenses. En continuant l'exercice théorique, une production de 360 000 alevins/an sur cette station rapporterait au pisciculteur 1 800 000 FCFA/an (360 000 × 5 FCFA) soit un bénéfice net (amortissement non compris) de l'ordre de 720 000 FCFA/an pour une surface occupée de l'ordre de 0,5 ha. Comparé au revenu net annuel de 210 000 FCFA pour un riziculteur sur un casier de 0,5 ha (Annexe 3), l'avantage est évidemment au pisciculteur spécialisé en production d'alevins. Faut-il encore démontrer le besoin et la demande d'alevins par les futurs rizipisciculteurs. D'où l'importance d'expérimenter cette technique pendant une période préalable d'au moins deux ans.

Tableau 10 Coûts totaux annuels du centre d'alevinage autonome de Niassan (6 étangs de 5,1 ares) (cf. Annexe 2).

1)Amortissement de l'infrastructure (25 ans)402 120 FCFA
2)Amortissement de l'équipement (5ans)102 000 FCFA
3)Pompage - Etangs
2 étangs de reproduction de 5,1 are mis en eau
510 × 0,75 × 2 × 2 = 1 530 m3
 
 4 étangs de grossissement de 5,1 ares - 4 mises en eau
510 × 0,75 × 4 × 4 = 6 120 m3
 
 6 étangs de 5,1 ares (30,6 ares) = Evap, - précip.
= 2 098-862 = 1 236 mm ; 1,236 m × 3 060 m2 = 3 782 m3
 
 Total : 11 432 m3 × 4,1 FCFA/m3 =46 871 FCFA
4)Pompage bacs
4 m3/h × 2 bacs × 8 × 4 j/mois × 8 mois
2 048 m3 × 4,1 FCFA/m3 =
8 397 FCFA
5)Aliment 
-Etangs de reproduction (2)
12 kg poissons/are × 10,2 ares = 122,4 kg
à 3% /jour = 3,7 kg/j × = 31 j = 113,8 kg
à 120 FCFA/kg = 13,656 FCFA/mois × 12 mois =
163 872 FCFA
-Etangs de grossissement (4)
15 kg poissons/are × 20,4 ares = 306 kg
à 8%/jour = 25,5 kg/jour × 311 j = 759 kg/mois
à 125 FCFA/kg = 94 875 FCFA/mois × 8 mois =
759 000 FCFA
 TOTAL 1 482 260 FCFA

2.3 Programme d'expérimentation en rizipisciculture

Du fait du prix de revient relativement élevé du poisson de rizipisciculture (146 FCFA/kg) et du prix d'achat au producteur relativement bas (100 à 200 FCFA/kg de tilapia de 100 à 150 g) on ne saurait garantir à la pisciculture une bonne rentabilité. Ce faisant la mission estime qu'il serait hasardeux de se lancer dans la formulation d'un grand projet de pisciculture comme prévu dans les termes de références.

Cependant, la volonté manifestée, tant au niveau des riziculteurs que de l'A.M.V.S., d'élever du poisson dans les périmètres irrigués amène la mission à proposer un programme d'expérimentation préalable pour établir les bases d'une véritable intervention de plus grande envergure.

Ce programme qui est prévu pour 2 ans (2 cycles d'élevage/an) sera mené sous forme de rizipisciculture dans le périmètre pilote de 50 ha. Seront concernés 8 à 12 casiers rizicoles de 0,5 ha chacun, tous situés dans la partie la plus basse du périmètre, le long du grand canal de colature (cf. Annexe 1).

Les expérimentations seront menées avec les exploitants de ces 8 à 12 casiers qui assureront la main-d'oeuvre pour les petits aménagements, le nourrissage et l'entretien des élevages.

Ces expérimentations auront pour but :

Les aménagements et opérations nécessaires à ces tests sont

Ces expérimentations seront menées par un cadre des pêches qui sera mis à la disposition de l'A.M.V.S. par la DPP pour sa phase de production SNP (Service National Populaire)

Il veillera à mesurer les paramètres suivants :

Budget (24 mois)F CFA (financement AMVS)
1 Moto 125 cc (HT)700 000
1 Trousse hydrobiologique500 000
Petits ouvrages300 000
Petits équipements500 000
Suivi DPP (12 missions)600 000
Carburant - lubrifiant entretien450 000
Son de riz (transport non compris)350 000
Indemnité de subsistance (50 000 FCFA/mois)1 200 000
Acquisition d'alevins400 000
Evaluation et rapport200 000
TOTAL
5 200 000

Calendrier d'exécution

Octobre 1989:Mise en place du cadre des pêches
Novembre - décembre 1989:Aménagement des casiers
Janvier 1990:Acquisition d'alevins, mise en charge après le thallage soit ± 10 jours après repiquage 4 casiers à 0,2 alevins/m2 et 4 casiers avec 0,4 alevins/m2
Janvier- mai 1990:Conduite des élevages : entretien, fertilisation, nourrissage, vidange, récolte, bilan
Juin 1990:Remise en état des casiers
Juillet - novembre 1990:2ème essai, bilan
Décembre 1990:Remise en état des casiers
Janvier - mai 1991:3ème essai, bilan
Juin 1991:Remise en état des casiers
Juillet - novembre 1991:4ème essai, bilan global
Décembre 1991:Conclusions et recommandations.

Evaluation des résultats :

En décembre 1991, l'évaluation des essais de rizipisciculture devrait être effectuée conjointement par l'AMVS et la DPP et un organisme extérieur tel que la Direction Etudes Planification du MET. Les critères de cette évaluation devraient être :

Sur base des résultats et d'un rapport succinct, cette commission d'évaluation devrait prendre position sur l'arrêt, la poursuite et/ou l'extension de cette activité.


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