L'état d'avancement du programme de l'Autorité de Mise en Valeur du Sourou qui réalise les périmètres d'irrigation de la zone Lanfièra-Di n'est pas suffisant pour envisager un vaste programme de développement de la pisciculture intégrée aux infrastructures existantes. En effet, le bloc 460 ha et son grand canal adducteur d'eau ne sont pas approvisionnés en eau vu la nécessité de surcreuser le Débé sur 2,5 km. Par ailleurs, la construction d'une rizerie est toujours en discussion et la disponibilité en son de riz local, indispensable pour nourrir les poissons, n'est pas assurée à ce stade.
Le prix de vente du tilapia frais de la catégorie 100–150 g, dans la région du Sourou est trés bas (± 200 FCFA/kg) alors que le seul coût de l'aliment par kg de poisson produit en pisciculture varie de 96 à 360 FCFA selon le type d'aliment, et le prix de revient total selon les systèmes de gestion envisagés varie de 146 à 401 FCFA/kg.
La demande de tilapia de cette taille dans la capitale à Ouagadougou ne semble pas être très forte ce qui se reflète dans le prix de vente au détail qui est très bas (400 FCFA/kg) comparé au prix du tilapia dans d'autres villes africaines (Niamey : 1 000 à 1 200 FCFA/kg, Bangui : 600 à 800 FCFA/kg, etc.)
En conséquence, la commercialisation de cette catégorie de poisson produit en pisciculture ne peut être rentable s'il faut passer par des intermédiaires et le transporter vers des marchés éloignés.
Il n'empêche que l'A.M.V.S. reste intéressée au développement d'une pisciculture intégrée dans les périmètres d'irrigation non seulement pour diversifier les activités et compléter les revenus des paysans installés mais aussi pour améliorer l'entretien des canaux de colature entourant chaque casier rizicole. C'est pourquoi la mission à élaboré un programme d'expérimentation en rizipisciculture, d'une durée de 2 ans à mener avec du personnel national de la Direction de la Pêche et de la Pisciculture qui en étroite collaboration avec l'A.M.V.S. effecturera les aménagements et les expériences préalables à tout projet de plus grande envergure. Le coût de ce programme, évalué à 5,2 millions de FCFA sera pris en charge par l'A.M.V.S. sur fonds propres.
L'évaluation, après deux ans, sera effectuée conjointement par l'A.M.V.S., la DPP et la Direction des Etudes et de la Planification (DEP) du Ministére de l'Environnement et du Tourisme et devrait servir de base à une requête éventuelle pour un projet de plus grande envergure qui comprendrait notamment la construction d'un centre d'alevinage autonome.
La mission attire l'attention sur l'importance de cette expérimentation qui doit être rigoureusement menée et notamment la nécessité de disposer d'une très bonne qualité d'alevins de Tilapia nilotica de taille homogène aux dates fixées.
Elle insiste également sur le développement futur des infrastructures et souhaite que l'A.M.V.S. intègre dans sa programmation des aménagements adéquats pour expérimenter non seulement la rizipisciculture mais aussi la pisciculture seule dans les grands canaux adducteurs d'eau, voire même en étangs classiques.
Elle propose de développer une collaboration-coordination avec le projet PNUD/FAO/Mali (MLI/86/001) et l'office du Niger (Niono) : développement de la pisciculture en étangs et en rizières dans les périmètres irrigués.
La mission est confiante dans les perspectives du développement de la pisciculture intégrée dans les pérriètres d'irrigation qui se multiplient dans la région du Sourou (16 000 ha aménageables en périmètres d'irrigation) car il est fort probable que les paramètres économiques évoluent favorablement lorsque :
plusieurs nouveaux périmètres, et notamment celui de 460 ha, seront occupés et productifs ;
le village prévu de 1 000 habitants sera construit et occupé ;
la rizerie sera installée et produira le sous-produit (son de riz) localement.
En guise de conclusion finale, la mission recommande au Gouvernement du Burkina Faso de :
développer un programme général d'animation pour faire connaître, déguster et apprécier le poisson d'eau douce burkinabe et notamment les petits tilapias en vue d'en augmenter la demande ;
d'étudier une stratégie générale pour favoriser l'écoulement des produits autochtones de la pêche, et à l'avenir de la pisciculture, pour mieux concurrencer les poissons de mer surgelés importés.
Enfin, la mission constate que les conditions ne sont pas requises, actuellement, pour une intervention dans le développement de la pisciculture par le PNUD et la FAO dans la zone du Sourou.
| J. MOEHL | A.C. TRAORE Le 26 mai 1989 |  |
