La pisciculture fait déjà partie des activités quotidiennes de plusieurs paysans. Bien que le rendement actuel soit bas à cause de la mauvaise gestion de la plupart des étangs ruraux, il existe un potentiel pour une contribution significative à l'économie familiale.
Le récent déclin dans la pisciculture en milieu rural a aidé à la création d'un noyau de pisciculteurs confirmés; mais la plupart des pisciculteurs ne maîtrisent toujours pas bien les techniques d'élevage du poisson. Il incombe au Service de vulgarisation d'entreprendre la rééducation de ce groupe, de le convaincre qu'il pourra s'adonner à la pisciculture sans dons, sans crédit ni sous-produits agricoles et qu'ils pourra doubler son rendement avec les produits locaux et devenir autosuffisant et se passer d'assistance technique.
A cet effet, il faudra une consolidation du Service avec des limitations sur le nombre de personnes que le service est à même d'encadrer et en même temps il faudra pouvoir garantir un encadrement de qualité. Il faut procéder à une sélection des meilleurs pisciculteurs et un vulgarisateur pourra travailler avec 10 à 25 de ces pisciculteurs choisis. Les agents doivent suivre un programme bien élaboré avec un suivi et un contrôle stricts de la part de leur chef de zone.
Avec la nouvelle structure du programme de vulgarisation et le remaniement du personnel, il est difficile d'évaluer l'efficacité du Service. Néanmoins, la nouvelle organisation est bonne et bien gérée, elle sera efficace.
A travers les interventions actuelles et précédentes les éléments nécessaires pour une pisciculture viable sont en place. Les expériences vécues ont aidé à tracer le programme actuel. Un soutien de l'extérieur est souhaitable pour cette relance pourvu qu'il soit accompagné d'un budget de fonctionnement fixé à l'avance et garanti après l'intervention.
L'appui du programme piscicole national devra être apporté à l'aménagement de la pisciculture rurale avec un minimum pour les stations piscicoles. La production provenant de ces stations n'équivaut pas à la moitié du budget de fonctionnement.
L'autosuffisance éventuelle des pisciculteurs encadrés ne prouve pas que le service de vulgarisation exercera ses activités à court terme. Tout d'abord, la rééducation pour pouvoir arriver au stade d'autosuffisance prendra des années et, avec le succès du premier groupe encadré, les efforts pour la relance seront doublés et la demande en milieu rural ira en augmentant.
Le gouvernement devra élaborer une stratégie piscicole nationale qui justifiera le soutien financier et humain du Ministère de tutelle.
Ce ministère devra mettre à la disposition du centre piscicole national (CPN) un budget de fonctionnement permanent de FCFA 27 000 000 en insistant sur le volet vulgarisation.
Petit à petit le gouvernement devra octroyer les places pour les nouveaux moniteurs piscicoles afin que l'équipe nationale soit en mesure de continuer le programme à la fin du mandat du Peace Corps. Toutefois, l'effectif sur le terrain ne devrait pas dépasser 10 agents par zone piscicole.
Le gouvernement devra résister à la sectorisation des actions piscicoles provoquées par le fait que les différents bailleurs de fonds voudront suivre les programmes les concernant directement.
La méthodologie de vulgarisation devra être appliquée en sélectionnant bien les pisciculteurs à encadrer, en précisant bien le programme de visites ainsi que le rôle du personnel.
Il faut que le service de vulgarisation reste tel quel pour le moment, car l'augmentation de l'effectif sur le terrain, ou du nombre des pisciculteurs encadrés, amoindrirait son efficacité. Il ne faut pas dépasser 25 pisciculteurs par vulgarisateur ni 10 vulgarisateurs par chef de zone.
Il faut que l'infrastructure mise en place soit telle que le gouvernement seul puisse la supporter.
La vulgarisation de la pisciculture ne devra traiter que de l'élevage de Tilapia nilotica avec le compost comme intrant de base.
Fort heureusement, l'approvisionnement en alevins a le plus souvent lieu au niveau des étangs privés, mais il faut veiller à la qualité des alevins empoissonnés.
Le service devra élaborer une liste précise des produits locaux et naturels que les pisciculteurs pourront utiliser pour le compost et l'alimentation.
N'importe quel agent manifestant peu d'intérêt pour son travail devra être transféré ou renvoyé.
Les activités piscicoles de Bambari devront être abandonnées et le statut de Bouar révisé, Bouar étant une charge pour le gouvernement alors que sa contribution est négligeable.
La Landja devra commencer la production continue d'alevins de Tilapia nilotica qui aidera à valoriser l'écloserie; la rentabilité de la production et les besoins pour la recherche devront être étudiés.
Les subventions éventuelles devront suivre la politique nationale avec une consolidation et non pas un relâchement d'effort.
Il faut prévoir un appui au niveau national et non pas régional lorsque l'on touche à un programme restreint comme celui de la pisciculture.
Une subvention modeste pourrait aider le gouvernement dans l'exécution de sa politique piscicole. Une somme de FCFA 166 000 000 servira pendant cinq ans, puis le programme géré par le budget de fonctionnement du centre piscicole national prendra la relève.
Il faut éviter les dons, les interventions dans les stations piscicoles (en principe celles-ci s'auto-financent) en ce qui concerne la recherche, jusqu'au moment où les techniques déjà éprouvées seront maîtrisées.
Il faut participer au planning d'une conférence internationale qui regroupera les représentants des programmes piscicoles du Congo, du Zaïre et de la République centrafricaine où les situations sont semblables.
Il faut augmenter la qualité et la quantité du compost employé; il faut que le compost occupe 10% de la superficie totale des étangs et qu'il soit bien rempli et entretenu.
La nourriture est considérée comme un supplément au compost et non pas l'inverse. Il faut se concentrer sur une alimentation à base de produits locaux.
Il faut empoissonner les alevins d'une plus petite taille et d'âge connu.
La durée de l'élevage devra être réduite à 100– 150 jours.
Il faut pratiquer l'agro-pisciculture (c'est-à-dire l'intégration des jardins potagers aux étangs).
Il faut penser aux poissons fumés ou séchés pour la conservation de la récolte là où le marché n'est pas garanti.