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6. REORIENTATION

6.1 UNE STATISTIQUE NATIONALE

Un problème soulevé dans la section 4 ci-dessus était celui d'une politique piscicole qui changeait suivant le projet et parfois suivant la région. Une stratégie nationale pour le développement de la pisciculture, provenant du gouvernement lui-même, aidera à résoudre ce problème et permettra de:

L'annexe 1 indique les lignes de conduite à suivre pour une telle stratégie; celle–ci sera élaborée par le gouvernement de façon à être durable. La stratégie devra incorporer les objectifs des pisciculteurs et ceux du gouvernement.

L'objectif d'un rendement de 30 kg/are/an est réaliste et faisable avec une bonne gestion basée sur le compost. Morrison (1988) a indiqué qu'un rendement de 50 kg/are/an est possible avec l'engrais organique (compost) et l'alimentation avec les feuilles.

L'autosuffisance des pisciculteurs et leur indépendance d'encadrement est une réalité dans les pays voisins et donc certainement faisable en RCA. Du fait que les pisciculteurs centrafricains aient vécu plusieurs interventions il est plus difficile d'arriver à une autosuffisance; le travail de vulgarisation consiste donc plutôt en une rééducation qu'en une éducation.

Avec un objectif quantifiable (rendement minimum) et un autre qualifiable (autosuffisance) le gouvernement pourrait définir un budget permanent en ce sens.

Une stratégie est plus qu'une élaboration des objectifs, c'est l'élaboration des moyens pour atteindre ces objectifs. Ces moyens, cités brièvement dans l'annexe l, sont détaillés dans les sections qui suivent.

La pisciculture rurale a souvent été défendue au point de vue nutritionnel: production de poissons en tant qu'aliment protéique destiné à l'autoconsommation pour améliorer le régime alimentaire (Coche 1980). Bien que le poisson soit un aliment de haute qualité il est souhaitable que la pisciculture soit jugée pour sa contribution à la vie économique quotidienne du pisciculteur.

6.2 METHODE DE VULGARISATION

Compte tenu des moyens humains et financiers limités il faut consolider les efforts du service de vulgarisation. Cette consolidation exige des pisciculteurs bien encadrés, ainsi qu'une définition précise du rôle du personnel de terrain et un programme de travail bien élaboré.

Critères pour les pisciculteurs et les étangs à encadrer

Un pisciculteur encadré répond aux critères suivants:

Un étang encadré répond aux critères suivants:

Rôle de l'agent

L'agent, qu'il soit moniteur ou volontaire, agit en tant que vulgarisateur. Il est chargé du recensement des pisciculteurs et des étangs dans sa sous-zone. Il sélectionnera les pisciculteurs à encadrer avec l'aide de son chef, il mettra en oeuvre un programme de contact serré avec les pisciculteurs. Il sera responsable de la collecte des données pour sa sous-zone et devra donc participer à chaque empoissonnement et vidange. Il aidera les pisciculteurs à trouver les bons alevins, à les trier pour assurer un stock homogène et assistera le pisciculteur dans le transport. Il aura une bonne formation en pisciculture et en vulgarisation et devra posséder des notions concernant la commercialisation, la conservation et le stockage des poissons. Il devra être capable de réparer son moyen de transport.

Rôle du chef de zone

Le chef de zone assistera l'agent à organiser son travail et le supervisera. Cette supervision s'effectuera sous la forme de visites sur le terrain et de réunions trimestrielles. Le chef de zone devra visiter chaque agent au moins quatre fois par an et passer une journée sur le terrain avec lui. Lors de ses déplacements il visitera plusieurs étangs et remplira une fiche d'évaluation pour chacun d'entre eux (annexe 5). Il contrôlera aussi les fiches d'étang gardées par l'agent pour en assurer l'exactitude.

Le chef de zone fournira le support logistique et servira d'intermédiaire pour la diffusion d'alevins dans les endroits où ceux-ci ne sont pas disponibles. Il assurera aussi la qualité des alevins dans sa zone et élaborera une liste régionale pour les ingrédients fertilisants et alimentaires. Il présidera à la réunion trimestrielle. Le chef de zone choisira un thème pour chaque réunion basé sur les observations de ses visites précédentes et sur les résultats des fiches d'évaluation.

Comme indiqué ci-dessus, le vulgarisateur travaillera en collaboration avec les pisciculteurs de la deuxième catégorie. Le chef de zone devra donc jouer le rôle de coordonnateur entre les pisciculteurs de première et troisième catégories. Grâce aux contacts périodiques il pourra essayer de faire durer l'intérêt des pisciculteurs pour l'exploitation de la pisciculture.

Le chef de zone collectionnera les données de chaque agent, analysera ces données pour évaluer le progrès du programme et identifiera les faiblesses. Son attention sera portée sur les données concernant la qualité des alevins, la quantité d'alevins par récolte, le taux de survie des poissons et la taille moyenne à la vidange. Sur la base des résultats obtenus et des conclusions tirées le chef de zone préparera un rapport de synthèse pour le CPN.

Plan de travail

L'annexe 6 présente un modèle de plan de travail pour l'agent. Ce programme, très rigide, est établi par l'agent et son chef. Ce programme a été créé en vue de contrôler l'agent qui ne pourra pas se déplacer plus de 15 à 20 km sans perdre plus de temps sur la route que chez les pisciculteurs. Avant tout, il faudrait affecter un agent à chaque sous-zone ayant 10 pisciculteurs dans un rayon d'action d'environ 15 à 20 km.

Une fois la sous-zone établie l'agent élaborera son programme qui sera basé sur le nombre de sites piscicoles. Un site sera attribué à un ou plusieurs pisciculteurs mais l'agent ne pourra visiter que deux ou trois sites par jour. Au début, il choisira six à neuf sites et visitera chaque site deux fois par semaine. Dès qu'une confiance mutuelle entre l'agent et le pisciculteur sera instaurée et une bonne gestion d'étang atteinte, les visites au site se feront seulement une fois par semaine.

Les visites auront une fréquence hebdomadaire jusqu'à ce que la gestion de l'étang soit mise au point - probablement après au moins quatre à cinq cycles d'élevage. A partir de ce moment-là les visites se feront mensuellement, permettant à l'agent de dédier plus de temps aux nouveaux pisciculteurs.

A l'heure actuelle il est difficile de juger la durée de contact nécessaire pour qu'un pisciculteur devienne indépendant. D'après des programmes précédents l'expérience démontre qu'il faut compter au moins six ans avant que le pisciculteur ne devienne autosuffisant. Etant donné que le programme actuel concerne la rééducation on estime que le temps nécessaire sera même plus long.

Dès que les pisciculteurs dans une sous-zone auront atteint un stade d'autosuffisance, une nouvelle sous-zone sera choisie suivant les critères et un agent y affecté. Le chef de zone suivra les progrès faits par les pisciculteurs autonomes en effectuant deux visites par an pour assurer que le stade d'autosuffisance soit réellement atteint et pour fournir l'assistance technique nécessaire.

Réunions

Des réunions trimestrielles auront lieu sur le terrain, à tour de rôle, dans les différentes sous-zones. Suivant la situation et les contraintes logistiques, le chef choisira une sous-zone qui représentera le thème de la réunion.

Ces réunions engloberaient également les problèmes administratifs et le perfectionnement du personnel de terrain. Trois réunions trimestrielles auront lieu ainsi qu'une Conférence nationale une fois par an à Bangui.

Documentation

Les agents prépareront les rapports trimestriels qu'ils présenteront aux réunions. Une fois par mois les agents transmettront les données sur les vidanges. Les formulaires concernant d'autres documents de vulgarisation sont proposés par Janssen (1989).

Les fiches d'évaluation ne serviront pas seulement à l'évaluation des efforts de l'agent mais donneront une vue d'ensemble sur la situation de la zone considérée au long d'une année tout en permettant de noter les progrès faits dans cette zone année par année. Ces fiches pourront aussi être utilisées par les agents pour évaluer les étangs dans leurs sous-zones.

Suivi et contrôle

Les copies du plan de travail de chaque agent se trouveront dans les bureaux du chef de zone et chef de service national. En cas de besoin il n'y aura aucune difficulté à les trouver. S'en tenir au plan de travail est une preuve de bonne volonté de la part de l'agent, ainsi que la bonne gestion des étangs de la sous-zone. Le chef de zone devra également envoyer au CPN son programme mensuel et un planning trimestriel. Un jugement sera exprimé par la suite sur son programme et la qualité de la pisciculture dans sa zone. Au cas où le jugement serait négatif (négligence et/ou défi du personnel) l'agent sera dépourvu de ses mentions ou muté dans un autre service.

Grandeur du programme

Pour assurer un suivi et un contrôle efficaces, le nombre d'agents par zone ne devra pas être supérieur à dix. Avec la structure actuelle le service est limité à un maximum de 30 agents.

NOTE:

Le consultant a visité la Direction du projet de développement régional de l'Ombella-Mpoko (PRODEROM). Ce projet, financé par la Banque mondiale, est constitué d'un programme de vulgarisation agricole dans quatre sous-préfectures. Les sous-préfectures sont divisées en sous-secteurs et chaque chef de sous-secteur supervise de six à sept vulgarisateurs. Ces vulgarisateurs se déplacent à bicyclette, sur un rayon de 30 km avec cinq à dix sites à visiter, et encadrent un à deux “innovateurs” et de sept à dix “suiveurs”. Ce programme est semblable au programme présenté ci-dessus et les expériences peuvent être utiles pour le service de vulgarisation piscicole.

6.3 GESTION DES ETANGS RURAUX

Compost

Le compost est l'intrant le plus important mais aussi celui le moins apprécié. Dans toutes les régions où les sous-produits ne sont plus disponibles ou sont trop coûteux les pisciculteurs devront se réorienter vers l'emploi du compost. Les pisciculteurs devraient être soutenus pour obtenir une meilleure qualité et une connaissance plus approfondie de l'utilisation et de l'entretien du compost.

Le service devra préparer une liste détaillée des ingrédients nécessaires pour la fabrication du compost; les ingrédients locaux seront disponibles auprès du pisciculteur (feuilles de plantes, buissons et arbres; paille, fumier, etc.). Cette liste, détaillée en sango, devra être distribuée à tous les pisciculteurs encadrés par le service.

Une fois que les ingrédients seront identifiés, la quantité à utiliser devra être comme suit:

Ces enclos à compost seront préparés là où l'eau est plus profonde car le contact eau/compost est optimal. Le compost sera retourné tous les 2/3 jours pour assurer une décomposition rapide et pour pouvoir ajouter les ingrédients supplémentaires chaque semaine.

Le compost requis devra être mis dans l'étang une semaine avant l'empoissonnement. Un réglage de l'eau est important si l'on veut profiter au maximum de l'effet du compost. L'eau ne devra pas sortir de l'étang et ne devra entrer que pour remplacer les pertes dues à l'évaporation et à l'infiltration. Etant donné que les étangs en série posent des problèmes il faudrait faire en sorte que chaque étang ait son propre canal d'alimentation et de vidange.

Nourrissage

L'emploi des sous-produits agricoles et d'aliments pour poissons devrait être encouragé si l'on a constaté que ces intrants sont rentables. La nourriture est considérée comme supplément au compost et non pas l'inverse. L'alimentation avec les produits locaux comme feuilles, déchets, cultures avariées, etc., devrait figurer dans la gestion quotidienne. Ces produits peuvent être incorporés dans la liste des intrants mentionnés ci-dessus.

Plusieurs ingrédients sont cités dans le nouveau livret “Simon alimente ses poissons” préparé par le Ministère et le Peace Corps.

Empoissonnement

L'élevage de Tilapia nilotica serait le seul à être vulgarisé. Pour éviter le problème des nains, il est préférable d'empoissonner les alevins plus petits de 2–3 g dont l'âge est plus sûr et la croissance plus rapide.

Les alevins de petite taille requièrent plus de soins au moment de leur capture, stockage, et transport (voir section 6.5.1). Il est important que l'on empoissonne le nombre d'alevins recommandés par are. Actuellement, la plupart des pisciculteurs basent leur empoissonnement sur le poids/are (ex. 2 kg/are); étant donné que ce poids par are varie selon la taille des alevins, il vaut mieux utiliser le nombre par are.

Durée de l'élevage

La durée d'élevage sera de 100/150 jours et non pas de 180 jours comme chez la plupart des pisciculteurs. Déjà à Yaloké les pisciculteurs vidangent après 120 jours avec de bons résultats. Bérubé (1988) a constaté que (d'après la courbe de croissance) la croissance s'est arrêtée après 120 jours. Une durée d'élevage plus courte aura plusieurs avantages: elle permettra une récolte au moment optimal, ce qui augmentera le rendement; le nombre total d'alevins diminuera; les alevins seront plus jeunes et le risque des nains diminuera; trois récoltes par an pourront être faites dont une, si nécessaire, pour le pisciculteur et sa famille et les deux autres pour compenser ses efforts.

Elevage associé

L'élevage associé, pratiqué par les pisciculteurs, devrait consister en l'intégration de jardins potagers avec les étangs. Ayant des cultures avec une bonne valeur commerciale, le jardin bénéficiera de l'eau et de la vase des étangs et ceux-ci des déchets des jardins. De plus, les pisciculteurs seront encouragés à les contrôler si leurs cultures sont regroupées en un même site.

Groupements de pisciculteurs

Jusqu'à présent l'expérience démontre que l'organisation des pisciculteurs ruraux en coopérative pose des problèmes et la plupart de ces groupements rencontre des difficultés d'entente. Les pisciculteurs se réunissent pour coordonner le marché, la diffusion d'alevins, les travaux communs, etc., et les résultats sont satisfaisants. Ces rassemblements permettront à l'agent d'encadrer plus de pisciculteurs à condition que chaque fermier reçoive un encadrement particulier.

6.4 PROGRAMME FUTUR

Une stratégie nationale pour un programme de vulgarisation pourrait entraîner de bons résultats, une augmentation de la production d'étangs encadrés ainsi qu'une meilleure connaissance de l'élevage des poissons par les pisciculteurs.

L'impact de cette stratégie pourrait être considéré de deux points de vue qui se basent sur le scénario suivant: 25 agents de vulgarisation, 625 pisciculteurs encadrés, un étang par pisciculteur et 2 ares par étang, 30 kg/are/an comme rendement, 89 % des poissons consommés ou mis en vente (Lictar, 1983), 600 FCFA/kg le prix du poisson vendu. Cela donnerait FCFA 32 040 par étang par an ou FCFA 20 025 000 pour l'ensemble des pisciculteurs.

Premier point de vue:

La SOCADA (1989) a présenté la situation familiale des paysans.

Dépenses annuelles Recettes annuelles 
 FCFA FCFA
Alimentaires38 480    Vente de vivriers83 740
Entretien de la case22 720    Recettes artisanales et commerciales 
Agricoles15 920 21 360
Hygiéne et soins9 490    Coton22 500
Habillement11 830  
Alcool et tabacs9 320  
Total107 760    Total127 600

Les recettes d'un étang peuvent augmenter le revenu de la famille de 25%; il est donc normal qu'une entreprise familiale qui apportera plus de 20 % au revenu annuel se justifie envers le gouvernement.

Deuxième point de vue:

On considère que le résultat des efforts du service de vulgarisation a doublé le rendement des étangs ruraux, c'est-à-dire la moitié des recettes attendues grâce à l'encadrement du service équivalent à FCFA 10 012 500. Si l'on compare les frais de fonctionnement du service indiqué par le CPN, CFA 7 620 000, on remarquera un retour à l'investissement de 130 %. Dans ce cas le service rapportera plus au secteur privé qu'au gouvernement qui a investi dans le fonctionnement de ce même service.

Le consultant pense que le programme de vulgarisation piscicole est valable et que le gouvernement devrait soutenir un budget de fonctionnement permanent (quel que soit le point de vue choisi).

Mis à part les salaries des fonctionnaires qui sont assurés par la fonction publique, ce budget (annexe 7A) s'élève à la modeste somme de FCFA 27 176 000. Le CPN a proposé que 59 % de cette somme soit alloué au fonctionnement des stations et 28 % au service de vulgarisation. Le CPN insiste sur le fait que ce budget permettra au service de vulgarisation de fonctionner mais à un niveau plus bas que le niveau actuel.

Avec un programme comme celui détaillé dans les sections 5.2 et 6.2, le besoin de fonds sera plus élevé. Le budget en annexe 7-B reflète le besoin actuel de FCFA 14 480 000 (sans compter les salaires du personnel), une augmentation de 290 % par rapport au montant prévu par le CPN. Le trou budgétaire annuel de FCFA 14 480 000 n'est pas énorme si l'on considère que cette subvention n'est qu'une aide supplémentaire pour faciliter la mise en place du programme déjà lancé par PNUD/FAO et l'USAID. Mais cette intervention devra suffire en attendant qu'un budget permanent soit établi.

Même si ce budget permanent du gouvernement est limité à la somme de FCFA 27 176 000 on notera que plus de FCFA 15 000 000 sont prévus pour le soutien des stations qui en principe s'auto-financent. Avec le reversement des fonds de la rubrique production à la vulgarisation, le gouvernement sera en mesure de supporter tous les frais du service de vulgarisation; de même, la production provenant des pisciculteurs encadrés par ce service aura doublé par rapport à la production provenant des stations.

Outre une subvention des frais de fonctionnement, le consultant propose un financement pour un stage en techniques de vulgarisation pour le chef de service national. Avec la nouvelle orientation, la rééducation des pisciculteurs, la transmission des idées entre vulgarisateur et pisciculteur est très importante. Ce stage aidera le chef national à perfectionner le personnel de terrain. L'annexe 7-c présente un budget sur cinq ans pour l'aide au service de vulgarisation y compris l'achat des moyens de déplacement des agents suivant les besoins, les conférences internationales (voir 6.5.3) et l'assistance technique.

Tant que le financement du FED et du FISE sont des éventualités et que ces deux interventions seront régionales, vu leurs zones d'action, on a combiné les ressources des deux projets avec celles proposées pour le gouvernement et préparé un quatrième budget (annexe 7-D) qui démontre qu'une intégration de fonds permettra un bon fonctionnement du service. Chaque bailleur aura quant à lui une opinion personnelle concernant l'exécution du programme et n'en suivra pas le planning à la lettre, mais l'essentiel est qu'il y ait collaboration entre les intérêts qui suivent la politique nationale et que l'exécution de ce programme soit coordonnée par le CPN.

6.5 DIVERS

6.5.1 Alevinage

Tilapia nilotica

Pour ce qui est des centres d'alevinage, la gestion d'une station consacrée à la production d'alevins n'est pas la même que celle d'une station produisant des poissons de taille marchande. Les alevins seront prélevés des étangs de reproduction tous les 7 à 15 jours, triés, stockés dans les étangs de prégrossissement, triés à nouveau et enfin diffusés. Les alevins provenant d'un étang de production de poissons de taille marchande ne seront jamais de la même qualité.

Comme à l'heure actuelle la plupart des alevins proviennent d'étangs ruraux, une durée d'élevage réduite améliorera la qualité de l'alevin. Ces alevins devront être bien triés et séparés suivant leur taille. Si possible, les alevins destinés au réempoissonnement de l'étang ou à l'empoissonnement d'un autre étang devront être prélevés d'un étang rural avec un filet, nasse, etc., et ce avant de vider l'étang. Le transport de ces alevins devra être effectué avec beaucoup de soin et sous la supervision de l'agent de vulgarisation.

L'alevinage n'a plus de raison d'être pour une station gouvernementale. La Landja devra consacrer une partie de l'écloserie à la production à plein temps des alevins de tilapia. La reproduction peut se faire dans les bacs ou dans les happas dans l'étang et les alevins seront prélevés tous les 7/15 jours. Ces alevins, séparés par rang d'âge, seront gardés dans les bacs jusqu'à maturation pour leur diffusion. Ceux qui ne sont pas diffusés pourront être vendus au marché ou moulus pour être ajoutés à la nourriture des poissons. De cette manière, les alevins de petite taille (âge connu) seront disponibles à tout moment à la Landja pour diffusion à l'intérieur du programme de vulgarisation ou pour la vente aux propriétaires des étangs saisonniers. Par l'empoissonnement d'une plus petite taille, il est souhaitable que les alevins soient vendus à la pièce et non plus au kilogramme. Le prix devra dépasser le prix de revient et, dans le cas où le service effectuera le transport, le prix de ce dernier devra être ajouté au prix unitaire.

Clarias

La mission n'a pas trouvé de raison plausible pour l'élevage de Clarias dans les étangs ruraux. Certains pisciculteurs ont dit qu'ils piègent les Clarias dans les cours d'eau pour l'empoissonnement de leurs étangs. Cette idée est bonne et devra être encouragée là où cela est faisable. Cependant la production d'alevins de Clarias dans les stations gouvernementales pour la diffusion semble être une surcharge pour l'Etat et impossible du point de vue logistique.

Carpe

On a constaté que la ferme de Boyali ne possède malheureusement que 40 000 alevins de carpes qu'elle veut vendre aux pisciculteurs ruraux. Ces alevins sont un croisement inconnu entre trois à quatre espèces de carpes. Il est certain que les pisciculteurs ruraux ne sont pas encore en mesure d'élever la carpe et la présence de poissons d'une grande taille peut entraver le marché de tilapias de taille inférieure.

NOTE:

Un problème a été signalé: dans le cas où un étang est contaminé avec Tilapia zilli il faut attendre six mois avant de pouvoir distinguer les alevins de Tilapia nilotica de ceux de T. zilli. Dans ce cas il faut d'abord tout faire pour protéger l'entrée d'eau avec un grillage ou une autre sorte de filtre. Or si l'étang est contaminé on peut toujours le vider après 100/150 jours et ne pas garder les alevins pour le réempoissonnement mais plutôt les petits géniteurs de 50–100 grammes. Après avoir bien séché l'assiette et protégé l'entrée d'eau, on peut empoissonner l'étang avec une dizaine de mâles et 20 à 30 femelles par are. Après 6 à 10 semaines l'on devra trouver les bons alevins qui pourraient être réempoissonnés pour le grossissement. Ce système peut être employé dans tous les cas où l'on ne pourrait pas récupérer les bons alevins à la vidange.

6.5.2 Les stations piscicoles

La Landja

En tant que siège du service, La Landja a un rôle administratif et avec une intensification d'alevinage elle jouera aussi un autre rôle dans la vulgarisation. Mais, même avec une forte demande, la production de poissons de taille marchande dans une petite superficie risque d'être fort onéreuse vu les moyens disponibles.

La recherche n'est plus nécessaire pour le soutien de la vulgarisation car les techniques de base ne sont pas toujours bien maîtrisées.

Les stations principales

Bambari n'existe plus en tant que station piscicole et la pisciculture devra y être abandonnée. Un forage n'est pas une solution viable et il ne faudrait plus dépenser les fonds inutilement ni reprendre encore la station sauf si un changement de climat venait à assurer de l'eau en abondance en toutes saisons.

En ce qui concerne la station de Bouar, les dépenses pour la maintenir semblent exagérées et il faudra en considérer la privatisation.

Les sous-stations

La privatisation des sous-stations devra continuer mais il faut noter que certaines sont en très mauvais état et leur rénovation serait coûteuse et qui plus est, il serait difficile de trouver un preneur.

NOTE

Le consultant a contacté le CAPMEA (Centre d'assistance aux petites et moyennes entreprises et à l'artisanat) à Bangui; cette organisation peut en tant que cabinet de conseil aider à la privatisation, c'est-à-dire chercher des preneurs en dispensant une assistance financière et commerciale, etc.

6.5.3 Formation

Pisciculteurs

Précédemment, les pisciculteurs de première catégorie ont participé au recyclage des stations piscicoles. Au recyclage ce groupe a démontré qu'il a plus ou moins maîtrisé la pisciculture et son soutien ultérieur devra prendre la forme de support moral.

Bien que la formation des pisciculteurs encadrés fasse partie intégrante du programme de vulgarisation, elle devrait être organisée avec une certaine souplesse: c'est-à-dire, non pas une formation à un centre mais plutôt des visites de pisciculteurs entre eux où les techniques que l'agent veut vulgariser sont bien démontrées. Ces visites pour élaborer les pratiques devront avoir lieu aussi souvent que possible dans chaque sous-zone.

Dès qu'un pisciculteur fait assez de progrès, il ne reçoit plus qu'une visite mensuelle de son encadreur et il peut alors être considéré comme candidat à une formation plus formelle et plus théorique. Cependant, cette formation ne devra pas se faire dans une station piscicole mais au niveau d'un village où l'on peut organiser des sorties sur le terrain en rapport avec le thème de la séance.

Les agents

Comme mentionné ci-dessus, les réunions trimestrielles seront en partie consacrées à la formation du personnel. La conférence nationale servira davantage a regrouper le personnel pour les séances de travail. A la suite de cette conférence un séminaire sera organisé pour rassembler toutes les organisations, les ONG, les services volontaires, etc. pour coordonner les diverses interventions et informer les bailleurs de fonds.

La mission a constaté que plusieurs problèmes concernant la pisciculture sont semblables à ceux rencontrés dans les pays voisins du Congo et du Zaïre. Il sera donc très utile d'arranger des conférences périodiques entre les représentants des programmes piscicoles des trois pays.

6.5.4 Le marché, la conservation et le stockage

Avec la concentration d'efforts dans les sous-zones et le faible pouvoir d'achat en milieu rural, l'augmentation de la récolte peut poser des problèmes de marché. A ce sujet, le pisciculteur devra être encouragé à effectuer des pêches intermédiaires. En plus, il devra recevoir une formation en technique de fumage et séchage du poisson.


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