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10 RECHERCHE, SUIVI ET ÉVALUATION EN PARTICIPATION

La recherche, le suivi et l'évaluation comptent parmi les fonctions essentielles de tout projet de développement. Ces activités aident les donateurs, les gouvernements et les organes d'exécution à identifier les contraintes que rencontre le projet et les besoins des bénéficiaires, à suivre l'évolution en direction des objectifs et à en évaluer les résultats. Vu que l'un des principaux objectifs des projets participatifs est de développer la capacité propre des ruraux pauvres, d'identifier et de résoudre leurs problèmes, ceux-ci doivent prendre part directement à toutes les phases de ce processus.

Dans le PPP, la recherche, le suivi et l'évaluation sont compris comme ayant essentiellement vocation de répondre aux besoins d'information des participants. Cette approche est conçue comme un outil participatif d'apprentissage qui aide les groupes à renforcer leurs capacités de résolution des problèmes.

La recherche-action participative

Les enquêteurs de terrain doivent faire participer les ruraux pauvres à la collecte et à l'analyse des informations relatives à la situation sociale et économique, aux contraintes qui pèsent sur les pauvres et sur leurs organisations, ainsi que sur la communauté dans son ensemble. Seule une recherche-action participative de cette nature permet au projet de comprendre les problèmes des pauvres.

Initialement, les principaux objectifs de recherche sont de choisir la zone de projet et, à l'intérieur de celle-ci, des grappes de villages, puis d'y identifier des ruraux pauvres et de déterminer s'ils sont déjà concernés par des efforts de développement, notamment dans le cadre d'organisations locales existantes. Une recherche est alors effectuée pour évaluer le potentiel de constitution de groupes, pour planifier et mettre en œuvre des activités collectives, et mettre au point les programmes de formation appropriés.

Au cours de la mise en œuvre du projet, la recherche participative continue vise à résoudre les problèmes concrets et à réunir des données pour les ateliers de terrain, à élaborer et à entretenir un système de suivi et d'évaluation participatif praticable, à effectuer des études de cas sur les groupes de ruraux pauvres, et à mettre au point les technologies appropriées à l'intention des participants au projet.

Les outils de la recherche-action participative sont des enquêtes simples portant sur les ménages et les villages, effectuées périodiquement, principalement par les PG en collaboration avec les participants. Ces enquêtes permettront d'établir des repères économiques et sociaux, qui mettront en lumière la situation des bénéficiaires dans la phase initiale du projet, et permettront de mesurer les résultats de celui-ci. Les discussions en groupes avec les villageois sont utiles pour familiariser le personnel de projet avec les caractères propres de la population locale et de sa situation, ainsi que pour le sensibiliser aux problèmes des villageois. Cette recherche-action consiste en partie à enregistrer soigneusement et systématiquement les observations des PG, notamment en ce qui concerne les démarches adoptées par les participants pour constituer leurs groupes.

Suivi participatif

Le suivi participatif est un processus qui permet de recueillir, de traiter et de mettre en commun des données afin d'aider les participants au projet à prendre des décisions et à apprendre. Son objet est de fournir à toutes les personnes concernées des informations sur le degré de réalisation des objectifs du groupe. Les organes d'exécution et les donateurs ont aussi besoin de connaître l'avancement du projet en direction de ces objectifs généraux.

Un système viable de suivi participatif devrait donc se fonder sur une approche à plusieurs niveaux qui permette d'harmoniser les besoins d'informations de tous ceux qui sont concernés par le projet, et de permettre, à l'occasion des réunions régulièrement tenues à chacun des niveaux, d'exploiter les données ainsi rassemblées.

Les principaux outils du suivi participatif sont donc les suivants:

Les informations recueillies doivent faire apparaître les insuffisances de fonctionnement du projet et les écarts entre les objectifs et les résultats obtenus. Ces informations permettront de modifier les objectifs du projet et de rectifier ses carences.

Le suivi participatif devrait être compris, dès le départ, comme faisant partie intégrante du processus d'apprentissage et d'action des groupes. Cela signifie que les données de référence et les mesures effectuées périodiquement, ainsi que les données relatives aux apports, aux produits, aux plans de travail et aux progrès effectués dans le développement du groupe devraient être enregistrées, discutées et conservées pour référence ultérieure.

Les groupes doivent tenir un journal de leurs réunions et des principaux problèmes débattus, des décisions prises et des actions entreprises, au moyen de formulaires simples, normalisés, archivés dans un classeur. Chacun des groupes doit aussi apprendre un minimum de règles de comptabilité pour enregistrer les opérations de prêt et d'épargne. La collecte systématique de données relatives aux prêts et à leur remboursement, en combinaison avec une analyse simple des coûts et des avantages, permet d'apprécier la capacité des groupes de gérer leurs affaires et d'améliorer leur sort.

Evaluation participative

L'évaluation continue est l'analyse systématique, par les bénéficiaires et le personnel de projet, des informations recueillies grâce au suivi, et a pour objet de permettre à tous d'ajuster ou de redéfinir les objectifs, les politiques, les dispositions institutionnelles, les ressources et les activités du projet, chaque fois que nécessaire.

Les principaux outils d'évaluation sont les suivants:

Ces outils doivent tous être mis en œuvre de manière à favoriser un flux permanent d'informations, dans les deux sens, entre les groupes et le personnel de projet. Les groupes doivent aussi être encouragés à évaluer le fonctionnement du système de prestations de services. Cela les aide à «répondre» à ce système, par exemple en épinglant ses faiblesses ou en identifiant les goulets d'étranglement.

L'évaluation, ainsi comprise, stimule l'esprit critique et renforce les motivations dans le sens d'une meilleure autogestion du groupe. Les résultats des auto-évaluations doivent être présentés aux autres participants au projet, à l'échelon local et aux échelons plus élevés.

L'évaluation doit non seulement porter sur les résultats tangibles et mesurables des activités de groupe, mais aussi, autant que possible, sur les avantages indirects qui facilitent le développement économique, social et humain des membres du groupe.

Les connaissances locales


La recherche-action participative met à profit les connaissances locales pour étudier les situations et les problèmes propres au terroir concerné.

Un guide simple du PMŒ

Le Bureau régional de la FAO pour l'Asie et le Pacifique a publié un manuel, rédigé simplement et fort bien illustré, sur le suivi et l'évaluation continus participatifs (PMŒ). Ce manuel est utilisé pour former les agents de terrain à aider les groupes villageois à établir leur propre système de suivi et d'évaluation.

Il montre bien que le PMŒ est un processus double, qui permet aux membres du groupe de réunir et de produire des données permettant de suivre et d'évaluer leurs activités, et qui permet aussi de s'éduquer soi-même et d'éduquer autrui pour mieux maîtriser son devenir. Le manuel explique, en langage clair, le rôle du suivi et de l'évaluation dans la promotion des petits agriculteurs, le choix et l'utilisation des indicateurs, et les méthodes fondamentales de PMŒ.

Il illustre aussi certaines applications pratiques du système: suivi de l'évolution des groupes, évaluation du rôle des femmes dans le projet, mesure de la pollution de l'environnement, ou encore amélioration de la santé et de la nutrition.

Un atelier national fait le point des progrès accomplis

Des responsables politiques du plus haut niveau, des agents de projet, promoteurs de groupes et représentants de groupes se sont réunis à Colombo en octobre 1987 pour discuter des progrès accomplis et des problèmes rencontrés par le projet PPP du pays. Cet atelier de deux jours a permis d'analyser l'expérience acquise dans la mise en œuvre des principaux éléments du PPP, à savoir activités de groupes, soutien des organismes publics, épargne et crédit.

Au fil des discussions, il est ápparu que les services gouvernementaux à l'échelon local n'avaient pas apporté au groupe un soutien adéquat — nombre d'administrateurs, dans la zone du projet, n'avaient pas été mis au courant du projet et certains considéraient qu'organiser les pauvres menaçait leur autorité. Les participants à l'atelier, et parmi eux le Secrétaire du Ministère du développement et de la recherche agricoles, sont convenus que dans l'avenir toutes les personnalités officielles seraient informées du PPP et que le bureau de vulgarisation du district devrait coordonner l'appui gouvernemental aux groupes.

L'atelier a aussi recommandé que le projet renforce ses liens avec les ONG chargées de services et avec le système de crédit parrainé par l'Etat.


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