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ANNEXE VI

NOTES SUR LES RELATIONS ENTRE LES ONDES INTERNES DE MAREE ET LES VARIATIONS D'ABONDANCE DE PERIODES INFERIEURES A 24 HEURES OBERVREES PAR CHALUTAGE POUR QUELQUES ESPECES DEMERSALES DU PLATEAU IVOIRIEN

par

CAVERIVIERE Alain et PICAUT Joël

Chargés de Recherches de l'ORSTOM

INTRODUCTION

Les premières observations sur des variations d'abondance de périodes inférieures à heures des prises effectuées ar chalutage dans le golfe de Guinée ont été faites par Rijavec (1971) au Ghana. Il les relie aux mouvements des masses d'eaux au dessus du fond, sans fournir d' explication précies. Cet auteur a remarqué que lors de traits de chalut effectués toutes les trois heures au même endroit pendant deux jours, il y avait une succession de deux ou trois honnes prises d'ensemble (toutes espèces) suivies de deux ou trois mauvaises. Les variations d'abondance des principales espèces capturées suivaient la même tendance, à l'exception des balistes. Il note pendant cette expérience de remarquables variations de la température au niveau du fond (relevée toutes les six heures). Une autre expérience de ce genre réalisée pendant trois jours (même endroit par 45 m de profondeur) et qui comprenait ii traits, tous effectués de jour, montre une corrélation négative de l'abonance avec la températiure du fond relevée après trait.

Picaut et Verstrate (1979), Park (1979) ont mis en évidence de fortes ondes internes semi-diurnes devant Abidjan en relation avec la marée. La figure 1 montre l'existence de variations rapides de la température au niveau du fond avec une période proche de 12 heures. Ces variations, qui peuvent atteindre plus de 5°C en moins de 6 heures, sont en phase avec celles du niveau de la surface de la mer à Abidjan et de la composante Est-Ouest du courant.

1. METHODOLOGIE

Pour étudier les variations à courtes périodes de l'abondance des espèces démersales, nous avons effectué pendant 48 heures lors de la campagne CHALCI 79.01 (Caverivière et Champagnat, 1979) des traits de chault de 30 minutes toutes les deux heures - soit 24 traits du 20.3.79 à 16 heures au 22.3.79 à 14 heures - et situés au mème endroit sur des fonds de 35 mètres. Les opérations de pêche se sont déroulées taujours dans le même sens, soit d'Ouest en Est, entre 3°37'W et 3°42'W, sur des sédiments homogènes. Les températures et les courants ont été enregistrés toutes les 10 minutes au fond et à plusieurs autres niveaux par des apparei9ls automatiques fixés sur une des bouées délimitant la zone de pêche. La ont étérelevés 24 heures après le dernier. De plus des stations hydrologiques classiques, ainsi que des profils de courtants en continu de la surface au fond, ont été effectués autour du mouillage.

2. PRINCIPAUX RESULTATS

L'inspection visuelle des données de température et de courant montre l'existence d'une forte onde de marée semi-diurne et d'une onde quart-diurne.

La faible longueur des séries empechant une analyse spectoale classique, rous avons utilisé pour mettre en évidence les variations à courtes périodes concernant les données hydrologiques et de possibles variations à courtes périodes des rendemants spécifiques, une méthode dite du “Maximum d'Entropie” (Ulrych et Bishop, 1975). Si cette méthode donne souvent des pizs d'anergie beaucoup plus nettement marqués qu'avec l'analyse spectrale, elle est cependant fourtement imprécise - particulièrement du point de vue statistique - quand les bruits de fond sont important, ce qui est le cas de nos données. Nous ne donnerons ici que l'essential des résultats.

L'analyse des températures et des courants donne des pics qui sont proches des périodes connues des ondes semi-diurnes et quart-diurnes (12H25 et 6H13). Un exemple est donné sur la figure 2.

La méthods du Maximum d'Entropie appliquée aux rendements spécifiques montre souvent trois pics, dont les deux premiers correspondent très centainement aux pics des ondes de marée observés lors de l'analyse des données hydrologigues; il existe cependant un certain décalage dont la cause doit étre recherchée dans le faible nombre de traits de chalut et dans l'imprécision de la méthode. Le troisème pic, qui se situe autrour de 24 heurs, représente très probablement les variations nycthémérales d'abondance qui ont cette périodicité. Deux exemples parmi les plus nets sont donnés sur les figures 3 et 4, qui concennent le sciaenidae Pseudotolitus sanegalensis et le pomadasyidae Pomadasys incisus. Des pics qui paraissent également pouvoir étre reliés aux ondes de marée sont aussi observés pour des espèces telles Galeoides decadactylus, Pomadasys peroteti, erres melanopterus, Pteroscion peli Par contre, pour d'autres espèces, aucun pic ne peut étre décelé entre les périodes 4 et 20 heures, et ceci plus particulièrement pour les espèces eurybathes et celles dont le maximum d'abondance n'est guère éloigné des fonds de 35 m, nous citerons Cynoglossus canariensis, Brachydeuterus auritus, Pseudupeneus prayensis, Pacellus coupei.

II paraît donc très probable, à partir de ce qui peécède, que des mouvements de poissons - en particulier ceux de la communauté des Scianidae proche de la limite inférieure de leur distribution - correspondent sur les fonds de 35 m aux variations de la température duus aux ondes internes de marée. De tels movements existent sans doute à d'autres profondeurs et doivent en définitive intéresser la quasi totalité du plateau continental.

BIBLIOGRAPHIE

Caverivière, A. et Champagnat, C., 1979: Campagne CHALCI 79.01 (13.03.79 au 31.03.79). Résultats des chalutages. Centre Rech. Océanogr. Abidjan, Arch.Scient., vol. 5 n°4: 198p.

Park, Y.H., 1979: Contribution à l'étude de la génération et de la propagation des phénomènes des marées internes au large de la Côte d'Ivoire. These Doc. 3° Cycle Océanogr. Physique, Univers. Bretagne Occidentale, 180p.

Picaut, J. et Verstraete, J.M., 1979 : Propagation of a 14.7 day wave along the northern coast of the Guinea Gulf.. Phys. Océanogr., n°9 136–149.

Rijavec, L., 1971 : A survey of the demersal fish resurces of Ghana. Rapp. FAO/UNDP, 40p. multigr., - Aussi FAO, 1980 CECAF/TECH/80/25.

Ulrych, T.J. et Bishop, T.N., 1975 : Maximum Entropy Spectral Analysis and Autoregressive Decomposition. Rew. Geophys. and Phys., vol. 13, n°1 : 83–200.

Fig. 1

Fig. 1 Niveau de la mer à Abidjab, température et composante et composante E-0 du courant au dessus des fonds de 52 mètres (saison chaude). D'après Picaut et Verstraete (1979)

Fig. 2

Fig. 2 Spectre par Maximum d'Entropie des températures à 19 m (fonds de 35 m)

Fig. 3

Fig. 3 Spectre par Maximum d'Entropie des variations d'abondance de Pseudotolithus senegalensis

Fig. 4

Fig. 4 Spectre par Maximum d'Entropie des variations d'abondance de Pomadasys incisus


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