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6. EXAMEN DES DONNEES DE CAMPAGNES DE RECHERCHE

6.1 Maroc (Division 34.1.1)

Douze campagnes de prospection par chalutage ont été réalisées par l' Institut scientifique des pêches maritimes du Maroc depuis 1982.

Le réseau d' échantillonnage a couvert la zone s' étendant entre les parallèles 36°N et 29°N. Le programme a permis de suivre les tendances de l' évolution de l' indice d'abondance des principales espèces chalutables, en l'occurrence le merlu blanc (M.merluccius) et les crevettes (essentiellement Parapenaeus longirostris.)

Les résulats obtenus au cours de la période 1982–88 sont donnés à l' annexe E.

I1 ressort de ces résultats que le merlu blanc et les crevettes abondent dans les strates moyennes (100–500 m). La comparaison de prises moyennes permet de constater que la zone située au nord du parallèle 33°N est la plus riche en ces espèces. L'abondance du merlu et des crevettes dans cette zone semble liée à la nature du fond.

6.2 Sénégal (Division 34.3.1)

Les quatres campagnes hispano-sénégalaises de 1982–84 ont été utilisées pour estimer les biomasses minimales (coefficient d'efficacité du chalut considéré comme égal à l) des principales espèces rencontrées (Caverivière et al., 1986). Les résultats sont donnés au tableau 51. I1s incluent deux espèces de merlus et quatre espèces de crevettes.

Les biomasses minimales de merlus montrent de grandes variations suivant les périodes pour lesquelles elles ont été calculées. On sait que ces biomasses sont bien inférieures aux quantités réelles de merlus présentes au Sénégal car ces poissons peuvent être capturés par des chaluts pélagiques travaillant assez loin du fond. I1 s'agit également d'espèces présentant des migrations importantes en latitude montrées par le fait que les plus mauvais rendements surviennent en saison chaude au Sénégal, alors que c'est l' inverse plus au nord (littoral saharien). I1 ressort des deux remarques précédentes que l'estimation des biomasses de merlus par des campagnes dechalutage ne présente guère d'intérêt pour définir des potentiels annuels de pêche.

Pour la gamba P.longirostris on remarqueraque les biomasses minimales (1–100 tonnes au maximum) sont très loin inférieures aux captures, qui dépassebt 2 000 tonnes en 1982/84 et ont atteint près de 4 800 tonnes en 1980, soit six fois la biomasse apparente maximale. Un important taux d'évitement du chalut par fuite en avant ou latérale ne paraît guère plausible pour cette espèce dont la vitesse de propulsion sur plusieurs mètres est assez réduite et une estimation plus faible de l'aire balayée par le chalut ne modifierait pas suffisamment les biomasses calculées pour leur faire dépasser les prises; or on ne peut capturer, année aprèe, qu'une partie de la biomasse réelle1.

I1 apparaît donc que les biomasses apparentes calculées n'ont aucun rapport avec les biomasses rélles. Des migrations au niveau de la surface du fond étant exclues - les plus fortes abondances relatives se trouvent toujours situées entre 200 et 400 mètres et des déplacements latitudinaux de grande amplitude ne sont pas compatibles avec la taille et la morphologie de l'espèce - il apparaît que le chalut de fond ne travaille que sur une partie du stock présent dans la zone. L'autre partie serait, soit plus haute dans la tranche d'eau, soit enfouie dans le sédiment. La première hypothèse semble la plus plausible vu qu'à des profondeurs de 200–400 mètres les caractéristiques physiques de l'eau de mer sont quasiment les mêmes sur des hauteurs importantes. Les estimations concernent donc une biomasse apparente instantanée, c'est-à-dire s'appliquant à la partie du stock présente à un moment donné dans le volume de pêche du chalut utilisé. Les crevettes qui seraient situées plus haut que l'ouverture verticale du chalut ne sont pas compatibilisées, et si la hauteur de la distribution verticale est importante la partie manquante du stock peut être bien supérieure à la partie échantillonnée, ceci même si l' abondance en unité de volume est plus faible dans la partie manquante (les crevettiers préfèrent en effet des chaluts à forte ouverture horizontale plutôt que des chaluts à plus forte ouverture verticale mais à faible aire balayée).

Les captures d'Aristeus varidens par les crevettiers profonds sont, de la même manière, le plus souvent supérieures aux biomasses apparentes estimées.

Des trois cas précédents (merlus, gamba, et alistado) il apparaît qu'il s'avère très difficile d'obtenir des informations fiables à partir de campagnes de chalutage et que les calculs doivent être considérés avec la plus grande prudence. I1 serait utile de disposer avant cela de données suffisantes sur la distribution et le comportement des espèces. Des biomasses apparentes instantanées ne pourront servir à déterminer des potentiels de pêche que lorsque l'on sera assuré de l'accessibilité de l'ensemble du stock et lorsque le taux d'évitement du chalut aura pu être estimé.

1 Note du Secrétaiat: I1 est de toutes facons difficile de comparer la biomasse “instantanée” pendant une courte campagne à la capture totale annuelle. II faut également rappeler qie pour les animaux à vie courte et turn-over élvé la capture annuelle peut être supérieure à la biomasse (si F = C/B = 3/an on aura C = 3B)

6.3 Mauritanie (Divisions 34.1.3 et 34.3.1)

Quatre campagnes de prospection par chalutage ont été réalisées sur le talus et onze sur le plateau continental, uniquement entre 1985 et 1989. Comme il l' a déjà été souligné dans le paragraphe précédent (Séeégal), les estimations de biomasses apparentes, obtenues par cette méthode ne peuvent guère servir de référence pour l'estimation des potentiels de pêche du merlu et des crevettes, en raison de leur vulnérabilité relativement réduite face au chalut démersal.

De plus, en cequi concerne la ZEE mauritanienne, le relief, en grande partie très accidenté, ne permet pas de réaliser une couverture régulière des fonds, spécialement en zone nord.

6.4 Gambie (Division 34.2.1)

Une seule campagne hispano-gambienne a été réaliseée en novembre 1986 par un bateau de recherche (ISLA LANZAROTE) pour l'évaluation des stocks cêtiers et profonds (Lopez Abellán et al.,1987).

L' estimation des rendements et des biomasses minimales des principales espèces rencontrées est donnée au tableaux 52 à 55 pour Merluccius polli.

Tableau 52 Estimation des rendements par strate bathymétrique du M. polli
ZoneGambie
Profondeur
(cm)
100–200200–300300–400400–500500–700700–800
Rendement
(kg/h)
028,4847,0514,1429,5038,0

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