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7. EVALUATION

7.1 Merluccius merluccius

7.1.1 Analyse de cohortes

Les distributions de longueurs annuelles des prises (en nombre) par engin sont disponibles pour la période 1983–88 (tableau 56). Les distributions ont été utilisées sans modification. Les estimations des paramètres de la croissance ont été fournies par Goñi (1986) et E1 Ouairi (voir annexe E).

Le groupe de travail a considéré qu' il était préférable de choisir une valeur de L00 sur la base des plus grandes longueurs de merlus blancs pris par la pêcherie et un accord est intervenu pour une valeur de L00 de 100 cm. Ce L00 correspond à une valeur de K proche de 0.1 d' après les résultats de El Ouairi et ce K a été choisi. Les analyses ont été répétées avec K = 0.09 et K = 0.11 et les résulats n'ont pas montré de différences sensibles. La mortalité naturelle a été calculée à partir de la formule de Pauly (1980) par El Ouairi. Les valeurs obtenues sont proches de la valeur retenue par le précédent groupe de travail et cette valeur (M = 0.25) a été maintenue. Un taux d'exploitation de 0.5 pour la dernière classe de taille a été utilisé. Des distributions moyennes des longueurs des prises ont été calculées pour les périodes 1983/85 et 1986/88, sur lesquelles ont été effectuées les analyses de cohortes.

Les valeurs résultantes des mortalités par pêche F sont données dans les tableaux 57 (1983/85) et 58 (1986/88). Les résultats confirment la forte intensité de pêche sur les juvéniles pour l' ensemble de la période d'étude.

En 1986/88, F est maximum pour les individus de petites tailles ( 17 à 24 cm ), soit pour des merlus âgés de un à deux ans, avec une valeur moyenne de 0,85 pour cet intervalle. Les figures 11 à 17 montrent l'évolution des F par classe de taille pour les deux périodes. Par rapport à la première période, on observe que F diminue fortement pour les merlus inférieurs à 15 cm; les valeurs restent approximativement au même niveau pour les merlus plus âgés.

La figure 18 montre la courbe des rendements par recrue conditionnelle du schéma d'exploitation. On en conclut qu'une réduction de cinquante pour cent de l'effort actuel devrait conduire à un rendement par recrue maximal, avec à terme, un potentiel de captures augmenté de moitié (figure 19).

Les mortalités F par classe de longueur ont été sépaées dans le but d' obtenir des mortalités partielles par engin. Les résultats sont portés sur les tableaux 59 et 60. I1 apparaît que les chalutiers espagnols et marocains pêchant les crevettes et les merlus sont les responsables du lourd taux d' exploitation des juvéniles, ce qui est une exploitation inadéquate pour cette espèce à croissance lente. Les mortalités sur les individus adultes sont surtout le fait de la flottille portugaise (de 63 à 75 cm) (figure 13) et des filets maillants espanols (principalement entre 48 et 65 cm) (figure 17).

Les mortalités générées par la flottille portugaise augmentent significativement entre la période 1983/85 et la période 1986/88; cependant les F totaux pour les plus grandes tailles sontactuellement très faibles.

7.1.2 Effets de modifications du schéma d'exploitation

En dépit du peu de temps disponible, le groupe a pu effectuer quelques calculs dans le but d'illustrer l'amplitude des gains, potentiels qui pourraient découler des modifications du schéma d'exploitation.

La figure 19 montre la courbe des rendements par recrue issue de l'exploitation actuelle et la courbe obtenue dans le cas où l'effort effectif des chalutiers espagnols et marocainsserit réduit de moitié (pour cela les séries des mortalités F actuellement générées par ces deux flottilles ont été divisées par deux afin d'obtenir de nouveaux vecteurs de mortalité F totaux, puis ces nouveaux vecteurs ont été multipliés par des facteurs allant de 0.1 à 2.0). Pour un F maximum placé à un niveau situé entre 60 et 70 pour cent du F actuel, les gains attendus seraient de 70 pour cent.

Enfin, d'autres calculs ont été effectués, où F est réduit à zéro jusqu' à une certaine taille, respectivement 15, 19, 23, 27 et 31 centimètres. La figure 20 montre les gains à terme des rendements par recrue qui pourraient provenir de ces changements. Ceci pourrait être équivalent à augmenter la taille des mailles afin d'obtenir une taille à la première capture égale à la première classe de longueur retenue. Il a été remarqué qu'un gain significatif et continu serait obtenu en augmentant la taille à la première capture jusqu'à plus de 31 cm (correspondant à une taille des mailles de 80 mm).

Les pertes à court terme n'ont pas été calculées bien qu'elles doivent être importantes si le changement est important et soudain. Cependant elles peuvent être minimes si les changements sont conduits d'une certaine maniàre.

7.1.3 Modèles de production

Il n'a pas été possible d'adapter des modèles de production à ce stock de merlu européen car on ne disposait pas d'un indice d'abondance pour l'ensemble du stock. Les cpue des chalutiers reflètent uniquement l'abondance des quelques plus jeunes classes d'âge présentes dans la pêcherie; par ailleurs, les cpue des palangriers et des filets maillants reflètent l'abondance des reproducteurs qui sont peu exploités et ne constituent qu'une part tout à fait mineure des captures. Les chiffres relatifs à l'effort de pêche varient beaucoup d'une année à l'autre, ce qui suggère qu'il y a des écarts importants par rapport à l'équilibre ou peut-etre la mesure de l'effort rend très mal compte de la mortalité par pêche.

Le Groupe de travail a done décidé de ne pas appliquer ce de type de modeles à ce stock.

7.2 Crevettes 34.1.1

Le Groupe de travail a estimé qu'il n'était pas en mesure de procéder aà une évaluation de ce stock; la série chronologique de données sur les captures et l'effort de pêche est très courte et il faudrait disposer d'informations sur le recrutement pour évaluer l'abondance. Le Groupe de travail n'a done pas évalué ce stock1

7.3 Merluccius spp., Merluccius senegalensis et M. polli (Divisions 34.1.3 et 34.3.1)

7.3.1 Modèles de production

Compte tenu des incertitudes demeurant sur les données soviétiques, particulièrement avant l'année 1978, le groupe a analysé une série restreinte de captures et d'effort aux années recentes (1978–88) où la pêcherie espagnole domine (voir tableau 5 et figures 21).

Pour obtenir une série unique d'efforts, de captures, un effort théorique a été calculé sur les dix années en se référant aux seules CPUE espagnoles appliquées aux captures totales. Les relations CPUE/effort total et captures totales/effort (voir figures 21 et 22) apparaissent inutilisables pour définir un modèle global: en effet, de très fortes variations de PUE sont constatées (de l'ordre du simple au double) Pour des variations d'effort très limitées. Ceci découle non seulement de la qualité médiocre des données (fiabilité et type de mesure de mesure de l'effort), mais vraisemblablement aussi du non respect des hypothèses de base du modèle de production: variabilité de la zone d'exploitation par rapport à la répartition des deux espèces impliquées.

1 Note du secretariat: en l'absence de séries chronologiques longues, de bonnes données sur les fréquences des tailles débarquées aurailent permis de procéder à une analyse de pseudo-cohortes

L'approche globale ne semble donc pas pouvoir convenir à l'évaluation de ces stocks mélangés.

7.3.2 Méthodes analytiques

Le groupe de travail peut disposer de la structure en taille des captures portugaises pour quelques années antérieures à 1982.

Comme la capture portugaise de cette période n'est pas représentative pour le total de la pêcherie, le Groupe ne l'a pas utilisée. On a donc choisi des captures totales pour la période 1983/88 sur la base des données des débarquements des chalutiers et des filets maillants espagnols pour la période 1983/88 en incluant la structure de taille des captures des filets maillants du Portugal seulement pour 1983.

Le Groupe a estimé la composition en tailles des captures de l'URSS à partir des valeurs correspondantes aux chalutiers d'Espagne pendant cette même période 1983/88. La composition en tailles des captures portugaises pour 1983 a été estimée à partir de celle correspondant aux filets maillants de l'Espagne. Ces résultats sont présentés dans le tableau général des captures et effort de pêche.

Analyse de cohortes

Même si les débarquements de merlus sont composés d'individus appartenant à deux ou trois espèces, le groupe de travail a essayé d'évaluer cette ressource en l'assimilant à un seul stock. Il tient à souligner que cette évaluation doit être utilisée avec précautions.

Pour réaliser l'analyse de cohortes sur les classes de taille, les distributions de longueur dans les captures totales ont été calculées comme décrit précédemment. L00 a été estimé à 90 cm, ce qui correspond à la taille maximale observée dans cette pêcherie. K a été estimé égal à 0,1 compte tenu de la faible vitesse de crissance du merlu. On a supposé M égal à 0,25 et un F final de 0,5 a été appliqué.

Une VPA (Virtual Population Analysis) a été réalisée sur la moyenne des captures pour les deux périodes 1983/85 et 1986/88.

On observe une diminution moyenne de F égale à 31 pour cent entre les deux périodes (tableau 61 et figure 23).

Les captures espagnoles ont dans un même temps baissé de 25 pour cent et celles de l'URSS de 30 pour cent. L'effort nominal espagnol des unités débarquant en Espagne a baissé de 20 pour cent, tandis que le nombre de chalutiers opérant dans les ZEE mauritaniennes et sénégalaises était réduit de 50 pour cent.

Le F actuel correspondrait au rendement par recrue maximum (figure 24). La situation prévalant durant la période 1983/85, caractérisée par un F supérieur de 31 pour cent (correspondant à un multiplicateur de F de 1,44) amène à un rendement par recrue inférieur situé sur la partie droite de la courbe.

Cette amélioration résulterait au moins partiellement d'une modification du schéma d'exploitation de la pêcherie espagnole, avec une taille moyenne exploitée supérieure (figure 25).

Le manque d'information sur le schéma d'exploitation et les tailles capturées par la flottille soviétique ne permet pas d'approfondir cette analyse.

7.4 Crevette Parapenaeus longirostris du Sénégal

Thiam a présenté au groupe de travail un modèle de production pour la crevette gamba du Sénégal, basé sur la série historique des captures et des efforts annuels 1977–88 (voir annexe C). Les résultats indiquent que l'effort correspondant au MSY (capture maximale à l'équilibre) est fréquemment plus haut que celui exercé en 1988.

La figure 26 montre l'évolution des rendements en fonction de l'effort pour la période. Les rendements changent assez peu alors que l'effort de pêche est beaucoup plus variable. Dans ces conditions le groupe de travail estime qu'il est difficile d'appliquer un modèle de production à ces données.

Ce type de ressource est caractérisé par une durée de vie très courte et une mortalité naturelle élevée; les conditions d'une pêche à l'équilibre ne sont jamais atteintes. La biomasse dépend grandement d'un ou deux recrutements annuels et une évaluation de l'état de la ressource demande la connaissance de la force des classes d'âges présentes dans la pêcherie.

Une forte augmentation de l'effort peut causer une diminution des reproducteurs qui peut endommager la capacité de renouvellement du stock, et, jusqu'à l'obtention de données biologiques suffisantes, le stock devrait être géré avec précaution.

7.5 Conclusion et proposition d'aménagement

7.5.1 Division 34.1.1

Les ressources en Merluccius merluccius et crevettes dans cette région subissent des conditions d'exploitation très mal adaptée et liée à la pêcherie mixte merlu-crevette. Le principal désavantage de cette pêcherie mixte réside dans les quantités importantes d'individus juvéniles et merlus pêchés. Tout en maintenant l'exploitation de la crevette il importe de limiter considérablement la capture de ces juvéniles. Plusieurs voies d'aménagement peuvent être avancées dans ce but:

  1. recourir à des engins de pêche technologiquement plus avancés, à savoir des chaluts avec séparation et maillages différents dans la partie inférieure et supérieure. Ce type de chalut, déjà expérimenté en Europe, semble tout à fait prometteur et donne de bons résultats dans ce type de pêcherie mixte. De plus, cette méthode n'implique pas d'intervantion coûteuse (surveillance, matériel, etc.).

  2. Après analyse de l'époque où la PUE de la crevette est la plus haute et si cette dernière s'avère décalée par rapport à celle du recrutement du merlu, il serait possible d'instaurer un changement de maillage saisonnier. Celui de 40 mm n'aurait cours qu'en dehors de la période de recrutement du merlu pendant laquelle on utiliserait le maillage de 60 mm. On reviendrait donc dans ce cas aux pêches dirigées.

  3. En jouant sur la distribution bathymétrique du merlu, un accès limité des bateaux dans les zones les moins profondes limiterait la mortalité par pêche de juvéniles. Dans ce cas le problème du maillage ne se poserait plus. Il faut néanmoins s'assurer d'une répartition bathymétrique de l'abondance des crevettes au contraire de celle du merlu, avant de repousser la flottille vers le large.

  4. La flottille pourrait également subir une évolution vers un mode d'exploitation mixte au chalut démersal et pélagique. Ce type d'exploitation, très simple, permet de modifier facilement les espèces cibles.

  5. Enfin, la fermeture saisonnière ou le cantonnement pourrait également constituer une alternative intéressante d'aménagement.

I1 s'avère important de souligner que ces propositions d'aménagement permettent l'augmentation de la biomasse reproductrice et de la production.

Néanmoins la prise en compte de contraintes économiques telles que les valeurs par taille, du merlu en particulier, impliquerait une réorientation des objectifs.

7.5.2 Divisions 34.3.1 et 34.1.3

Faute de données satisfaisantes aucune mesure concrète d'aménagement n'a été proposée par le groupe de travail.


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