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Productivité des élevages villageois de moutons du bassin arachidier sénégalais


Le milieu
Structure démographique des troupeaux améliorés
Productivité numérique des élevages améliorés
Productivité pondérale des élevages améliorés
Conclusion

A. Buldgen, A. Dieng, D. Ducrot, D. Dumont, D. Dumont et R. Compère

Les adresses des auteurs sont les suivantes: MM. Buldgen et Dieng: Département des sciences et des techniques de productions animales, Institut national de développement rural (INDR), BP A296, Thiès, Sénégal. MM. Ducrot et Dumont: AGROPROV, BP 445, Kaolack, Sénégal. M. Compère: Unité de zootechnie, Faculté des sciences agronomiques de Gembloux (FSAGx), Passage des Déportés, 2, B-5030 Gembloux, Belgique.

Ces travaux ont été réalisés dans le cadre de la coopération belgo-sénégalaise pour un projet de l'Agence générale de coopération de développement (AGCD) de création d'un Département des sciences et des techniques de productions animales à l'INDR. Les auteurs remercient le personnel technique du projet AGROPROV pour leur participation active aux travaux de terrain ainsi que les éleveurs qui ont accepté de se soumettre aux contraintes des observations et mesures de leurs troupeaux.

Les derniers recensements réalisés par le Service de l'élevage du Sénégal indiquent que les effectifs des petits ruminants (moutons et chèvres) ont augmenté de 3 à 5 millions de têtes cours de la période 1980-1985 (Buldgen, 1987). Pour l'instant, on peut affirmer que ces espèces animales contribuent de plus en plus à satisfaire les besoins en protéines des populations urbaines et rurales. Par ailleurs, les ovins jouent un rôle particulier sur le plan social et religieux; les sacrifices de moutons sont quasiment obligatoires à l'occasion des grandes fêtes religieuses musulmanes et catholiques (Tabaski, Pâques, etc.), mais aussi lors de réunions familiales importantes.

Compte tenu du développement continuel de ces spéculations d'élevage, les autorités gouvernementales sénégalaises conduisent une politique en faveur d'une amélioration de l'élevage des petits ruminants, en particulier du mouton. Depuis 1984, un vaste programme d'encadrement des producteurs de la région du Sine-Saloum a été mis en place en vue de promouvoir et d'intensifier les productions ovines. La réalisation de cette opération a été confiée à deux organismes, l'AGROPROV (Association des groupements de producteurs ovins) et le PRODELOV (Projet de développement de l'élevage ovin).

Après cinq ans d'interventions auprès des éleveurs ovins, une enquête zootechnique approfondie a été réalisée sur huit élevages encadrés. Ceux-ci ont été judicieusement choisis en vue de constituer un échantillon représentatif de l'ensemble des élevages de la région en ce qui concerne la taille des troupeaux, les races utilisées, les ressources fourragères disponibles et le niveau de technicité des éleveurs. L'effectif concerné totalise 810 sujets et représente environ 3 pour cent de l'effectif encadré.

Les données récoltées en milieu villageois ont été comparées à celles fournies par une station de référence, le Centre d'application pédagogique des techniques d'élevage de l'INDR à Thiès, où les moutons sont soumis à des techniques modernes d'élevage. Ce centre entretient en permanence un troupeau de 40 brebis de race Peul-Peul et plus de 400 mâles en croissance et en engraissement. Les résultats ci-après portent essentiellement sur les productivités numériques et pondérales des troupeaux améliorés, car ce sont les principaux paramètres techniques qui conditionnent le revenu des éleveurs.

1. Carte du Sénégal situant le bassin arachidier, le Sine-Saloum et la station expérimentale de l'INDR Map of Senegal showing the groundnut basin, the Sine-Saloum region and the project area - Mapa del Senegal, en que se indica la posición geográfica de la cuenca del maní, de Sine-Saloum, y del INDR

2. Pyramide des âges des troupeaux d'ovins améliorés de la région du Sine-Saloum - Pyramid graph showing ages of improved flocks in the Sine-Saloum region - Pirámide de edades de las rebaños de ovinos mejorados de la región de Sine-Saloum

Effectifs des mâles et des femelles de chaque tranche d'âge exprimes en pourcentage de l'effectif total mesuré (810 têtes) dans huit troupeaux représentatifs. (L'année de naissance est indiquée entre parenthèses.)

1. Répartition des effectifs de moutons améliorés selon le sexe et l'âge1

Number of males and females by age bracket

Distribución de los animales por sexo y por grupos de edades

Classes d'âge (années)


Mâles

Femelles

Total

(nombre)

(%)

(nombre)

(%)

(nombre)

(%)

0-1

178

21,98

244

30,13

422

52,11

1-2

24

2,96

91

11,23

115

14,19

2-3

-

-

114

14,07

114

14,07

3-4

-

-

101

12,47

101

12,47

>4

-

-

58

7,16

58

7,16

Total

202

24,94

608

75,06

810

100

1 Echantillon de huit troupeaux de la région du Sine-Saloum.

Le milieu

La région du Sine-Saloum, où se sont déroulées les enquêtes, est située dans la partie méridionale du bassin arachidier (figure 1). Elle est dotée d'un climat de type sahélo-soudanien, dont la pluviosité annuelle oscille entre 500 et 800 mm répartis sur quatre mois (de juillet à octobre). La longue saison sèche (de novembre à juin) constitue une période alimentaire difficile pour les troupeaux, qui pâturent alors les résidus des récoltes de mil, d'arachide et de sorgho et les superficies laissées en vaine jachère. Ces dernières, de moins en moins fréquentes, ne produisent plus que de 1 000 à 2 000 kg de MS par hectare et par an (Compère, Buldgen et Lemal, 1990).

Le système d'élevage traditionnel des petits ruminants pratiqué dans la région est très extensif: prélèvement de faibles ressources fourragères naturelles sans complémentation et maintien des animaux en plein air sans aucun soin particulier.

Les conditions d'élevage devenant de plus en plus difficiles sous l'influence de la sécheresse et de l'accroissement des superficies cultivées, les normes zootechniques généralement admises pour ces races ovines ne sont plus assurées, à savoir: âge à la première parturition, de 395 à 502 jours; intervalle entre les agnelages, 307 jours; performances de croissance, de 75 à 140 g par jour avant le sevrage et de 30 à 75 g par jour après le sevrage, moyenne de 59,6 g par jour en élevage extensif (Wilson, 1986).

Les exploitations ovines encadrées par l'AGROPROV et le PRODELOV se distinguent des autres exploitations par:

· la construction d'une bergerie, à partir de matériaux disponibles sur place, dont les divisions intérieures permettent une séparation des catégories;

· le respect d'un programme de protection sanitaire comprenant trois déparasitages annuels et des vaccinations contre la peste, la pasteurellose et la clavelée;

· l'amélioration des conditions alimentaires par la mise en place d'une culture de niébé (Vigna unguiculata [L.] Walp.) fourrager et la distribution d'un complément concentré en saison sèche. Celui-ci est composé de graines de coton de troisième choix, de tourteaux d'arachide, d'aliments pour ruminants commercialisés localement, de blocs à lécher, etc.;

· la pratique quasi généralisée de la méthode du «flushing» (supplémentation des brebis pendant la période de reproduction);

· l'amélioration génétique des reproducteurs grâce au choix des béliers, à des croisements améliorateurs à l'aide des races Causses du Lot, Sarde et Touabire et la sélection des brebis Touabire et Warale (croisement entre les races Touabire et Peul-Peul).

La taille moyenne du troupeau encadré est proche de 100 têtes, mais les effectifs peuvent aller de 50 à 400 têtes.

Le système d'élevage pratiqué par ces éleveurs s'oriente progressivement vers la commercialisation précoce des jeunes. Les mâles sont vendus pour la boucherie entre 8 et 14 mois et les femelles, très souvent gestantes, pour l'élevage à partir de l'âge de 1 an.

Les brebis sont soumises à des conditions très extensives d'élevage et exploitent en permanence les parcours naturels et les jachères, tandis que les agneaux sont soumis à une alimentation plus intensive en parc à l'aide de fanes d'arachide complémentées de graines de coton, de son ou de tourteau d'arachide.

Le troupeau de brebis du centre d'application de l'INDR est maintenu en stabulation libre toute l'année. L'alimentation est adaptée aux besoins et assurée selon la saison par de l'herbe fraîche ou des résidus de récolte (paille et fanes), mélassés ou non et complémentés par un concentré.

La croissance des sujets mâles est réalisée en parc ou au pâturage, tandis que la finition pour les fêtes religieuses se déroule toujours en stabulation libre.

Structure démographique des troupeaux améliorés

La structure démographique d'une population résulte de la répartition des animaux par classe d'âge et par sexe. Elle figure au tableau 1 pour les effectifs observés.

En pratique, la structure démographique est présentée sous la forme d'un histogramme particulier, appelé pyramide des âges (figure 2), où chaque classe d'âge est figurée par une cartouche horizontale, dont la longueur est proportionnelle à la fréquence relative par rapport à l'effectif total du troupeau. Utilisée seule, la structure fournit des renseignements sur le régime démographique du troupeau, et témoigne aussi du passé de ce dernier.

En élevage traditionnel, la structure démographique du troupeau présente les proportions ci-après: femelles reproductrices: 48,0 pour cent; femelles de remplacement: 12,0 pour cent; produits de l'année: agnelles, 12,5 pour cent, agneaux, 12,3 pour cent; jeunes mâles: 8,2 pour cent; et mâles adultes: 7,0 pour cent.

En ce qui concerne les troupeaux encadrés, la pyramide des âges fait apparaître la forte proportion de très jeunes animaux (52 pour cent de 0 à 1 an). Cette situation coïncide bien avec la commercialisation précoce des mâles pour la boucherie dès l'âge de 10 mois. Par ailleurs, les brebis sont réformées à partir de 4 ans, après avoir été soumises à un rythme de reproduction soutenu.

Les mâles ne représentent plus que 25 pour cent des effectifs. Dans la classe de 1 à 2 ans, ils sont utilisés pour la reproduction à raison d'un bélier pour 13 à 14 femelles en âge de reproduire. Etant donné la commercialisation intense, les mâles âgés de plus de 2 ans ont pratiquement disparu. Les agnelages de la classe de 0 à 1 an atteignent actuellement 30 pour cent de l'effectif total, soit 8 pour cent de plus que les agneaux de la même tranche d'âge.

2. Productivité numérique des troupeaux améliorés du Sine-Saloum comparée à celle d'un troupeau de l'INDR

Comparative performance of improved Sine-Saloum flocks and a flock from the INDR

Productividad de los rebaños mejorados de Sine-Saloum, comparada con la de un rebaño del INDR

Paramètres


Troupeaux améliorés du Sine-Saloum (moyenne et écart type)

Troupeau de l'INDR1

(pourcentage)

Taux de fertilité (TFe)

94,0 ± 13,1

133,9

Taux de fécondité (Tf)

101,0 ± 11,5

136,6

Intervalle de vêlage (mois)

11,9 ± 1,1

8,8

Taux de prolificité (Tp)

109,0 ± 3,0

102,0

Taux d'avortement

0,8 ± 1,1

0

Taux de mortalité

0,4 ± 0,6

0

Mortalité entre 0 et 6 mois (Tm)

10,8 ± 7,2

7,1

Productivité numérique (Pn)2

90,5 ± 16,5

126,9

1 40 brebis de race Peul-Peul.
2 Pn = Tf x (100 - Tm)/100.

3. Productivité pondérale des troupeaux améliorés du Sine-Saloum

Daily liveweight gain of improved flocks from Sine-Saloum

Desarrollo ponderal de los rebaños mejorados de Sine-Saloum

Classes d'âge (mois)

Effectifs observés (g)

Poids vif (moyenne et écart type) (kg)

Gain de poids vif quotidien moyen

Mâles

0-6

50

10,7 ± 4,7

88

6-12

112

26,8 ± 7,5


18 et plus

33

40,6 ± 10,6

38

Femelles

0-6

38

10,4 ± 4,7

52

6-12

148

19,9 ± 7,1


18

78

30,8 ± 9,0

40

24

59

34,3 ± 6,1


30

77

37,1 ± 6,1

15

42

98

38,6 ± 6,2


48 et plus

56

38,0 ± 5,7

0

3. Contrôle du poids lors d'une enquête effectuée en milieu villageois - Monitoring weight during a village-lever survey - Control del peso durante los estudios realizados en las aldeas

Courbes de développement pondéral des ovins des troupeaux améliorés du Sine-Saloum - Liveweight curves of improved flocks in the Sine-Saloum region - Curvas de desarrollo ponderal de los ovinos de los rebaños mejorados de Sine-Saloum

Troupeau de moutons en bergerie améliorée au Sine-Saloum - Sheep housed in improved sheds in Sine-Saloum - Rebaño de ovinos en un redil mejorado de Sine-Saloum

Embouche des mâles en prévision des fêtes religieuses - Fattening males for religions feasts - Engorde de machos para fiestas religiosas

La pyramide âges indique aussi une faible proportion de femelles dans la classe de 1 à 2 ans (11 pour cent). Cela signifie que les éleveurs s'orientent également de plus en plus vers la vente de jeunes brebis gestantes.

Les brebis de 2 à 4 ans en phase de reproduction représentent 25,5 pour cent de l'effectif total. Elles maintiennent le bon niveau des paramètres démographiques du troupeau.

Productivité numérique des élevages améliorés

Les divers paramètres intervenant dans le calcul de la productivité numérique sont chiffrés au tableau 2. Celui-ci permet de comparer les valeurs relevées dans les troupeaux encadrés du Sine-Saloum à celles mesurées sur le troupeau de 40 brebis de l'INDR.

Taux de fécondité

Le taux de fécondité, qui représente le rapport entre le nombre de produits nés vivants au cours de l'année et le nombre de femelles reproductrices x 100, s'élève à 101 pour cent pour les élevages encadrés du Sine-Saloum. Ce chiffre est très satisfaisant si on le compare aux résultats obtenus à la station de Dahra-Djolof, soit un taux de fécondité de 104 pour cent des femelles soumises au «flushing» (Diallo et Sow, 1985). Toutefois, à l'INDR, le taux de fécondité est nettement plus élevé (137 pour cent), car le troupeau de brebis bénéficie en permanence d'une alimentation riche et équilibrée, ce qui n'est pas le cas en milieu villageois.

Taux de prolificité

La prolificité, qui est le nombre moyen de produits issus d'une mise bas, s'exprime par le rapport entre le nombre de produits nés et le nombre de mises bas x 100. On constate que les naissances gémellaires sont rares, quel que soit le niveau alimentaire. Ainsi, les taux de prolificité sont de 109 pour cent pour les troupeaux améliorés du Sine-Saloum et de 102 pour cent pour le troupeau de l'INDR. Ces chiffres confirment les résultats obtenus à la station de Dahra-Djolof (Diallo et Sow, 1985; Sow, Thiongane et Tchamjtchian, 1985). Les races locales se révèlent donc peu prolifiques, même avec une alimentation optimale pendant la période de reproduction. Par ailleurs, ce paramètre a été nettement amélioré par le croisement avec des races exotiques réputées prolifiques (Causses du Lot et Sarde).

Taux de mortalité

Les faibles taux de mortinatalité et d'avortement (respectivement 0,4 et 0,8 pour cent) observés dans les troupeaux encadrés seraient dus à la fois à la faible fertilité des races locales et à la vulgarisation de la technique du «flushing».

Le taux de mortalité des jeunes entre 0 et 6 mois est également acceptable (10,8 pour cent) et démontre l'efficacité de l'amélioration des techniques d'élevage. Ce chiffre est voisin de ceux obtenus en station par Sow, Thiongane et Tchamjtchian (1985): Peul-Peul, 11,2 pour cent; Touabire, 16,7 pour cent; Warale, 7,0 pour cent.

La mortalité est également fonction du sérieux et du niveau de technicité des éleveurs et varie dès lors de 9,3 à 18,0 pour cent. A l'INDR, où les conditions alimentaires et sanitaires sont optimales, le taux de mortalité dans le jeune âge se situe aux environs de 7 pour cent.

Dans les élevages traditionnels, les taux de mortalité avant sevrage sont très importants, 28 pour cent pour le Mali selon Wilson (1986). L'amélioration de la conduite des troupeaux a donc un effet marqué quant aux pertes en agneaux et agnelles.

Taux de productivité numérique

Le taux de productivité numérique au sevrage correspond au nombre moyen de produits sevrés par an et par femelle reproductrice. Cette variable est véritablement intéressante pour les élevages orientés vers la production d'animaux sevrés, car elle mesure alors à la fois une performance biologique et une performance économique. C'est le cas des troupeaux encadrés du Sine-Saloum.

De ce point de vue, une différence apparaît nettement entre les troupeaux villageois du Sine-Saloum (90,5 ± 16,5 pour cent) et celui de l'INDR (126,9 pour cent). Le mode d'élevage et surtout le niveau d'alimentation influencent ce paramètre très sensible.

Productivité pondérale des élevages améliorés

Les résultats des pesées réalisées dans les troupeaux encadrés figurent au tableau 3 sous la forme de moyennes et d'écarts types. Par ailleurs, des courbes de développement pondéral ont été tracées pour les mâles et les femelles à la figure 3.

Ces documents démontrent que le système d'élevage adopté par les éleveurs favorise le développement des agneaux en vue de leur commercialisation précoce. En effet, les jeunes mâles bénéficient d'une alimentation plus intensive en parc. Jusqu'à l'âge de 9 mois, le gain quotidien moyen des agneaux s'élève à 88 g (26,8 kg à 9 mois), tandis que pour les agnelles il atteint seulement 52 g (19,9 kg à 9 mois).

Les essais de croissance réalisés à partir du sevrage au centre d'application de l'INDR, où les agneaux et les agnelles sont placés dans les mêmes conditions, indiquent que les courbes de développement pondéral des deux sexes se superposent parfaitement jusqu'à l'âge de 10 à 12 mois. Au-delà de 9 mois, les performances des mâles diminuent considérablement dans les élevages villageois (38 g par jour en moyenne), mais on obtient néanmoins un poids assez élevé (40,6 kg en moyenne) avant l'âge de 2 ans. Ces bons résultats sont dus à la fois à l'amélioration génétique du format et à l'alimentation plus intensive pratiquée en faveur de cette catégorie animale.

4. Gains de poids vif enregistrés chez les mâles tout-venant en croissance aux cours d'expérimentations conduites à l'INDR

Liveweight gain of randomly selected growing rams during INDR experiments

Aumento de peso vive registrado en los machos no seleccionados en fase de crecimiento durante experimentos realizados en el INDR

Conditions de l'expérience

Gain de poids vif quotidien moyen (g/jour)

Hivernage sur jachère spontanée

86

Saison sèche froide sur jachère
Niveau de complémentation élevé (350-450 g de concentré par jour)

58

Niveau de complémentation faible (150-200 g de concentré par jour)

30

Saison sèche chaude sur jachère
Niveau de complémentation élevé (350-450 g de concentré par jour)

21

Niveau de complémentation faible (150-200 g de concentré par jour)

-10

Sans complémentation

-40

Croissance des jeunes en parc en hivernage

101

Embouche des mâles en parc

79

La croissance des femelles, nettement inférieure à celle des mâles, se poursuit régulièrement jusqu'à l'âge de 18 mois, qui correspond approximativement au premier agnelage. Au-delà, le développement pondéral est considérablement ralenti (15 à 19 g par jour), et les brebis sont alors soumises à un rythme de reproduction intensif. Le poids adulte est atteint à l'âge de 3 ans, soit 38 kg en moyenne. Au-delà de cet âge, les variations de poids vif dépendent essentiellement de la saison, de l'état de gestation et de lactation. Dans le troupeau de l'INDR, constitué de brebis de race Peul-Peul moins lourdes, le poids des femelles adultes est de 31 kg.

En se basant sur le taux de productivité numérique (Pn = 90,5) et le gain de poids vif quotidien moyen d'un animal des troupeaux améliorés (37 g/jour) calculé en prenant en considération la pyramide des âges enregistrée lors de l'enquête, on peut estimer la productivité pondérale par reproductrice (44,9 pour cent des effectifs) à (37/0,449) x 0,905 = 75 g par jour ou 0,075 x 365 = 27,4 kg de mouton par an. Ce chiffre relativement élevé peut toutefois varier fortement selon les années.

En effet, tous les auteurs sont unanimes (Bourzat et al., 1987; Guérin et al., 1985, 1986; Sall et Guérin, 1983) pour affirmer que les performances des races ovines des régions sahélo-soudaniennes dépendent surtout des conditions alimentaires et des catégories animales considérées.

Dans des conditions habituelles d'entretien, les performances moyennes des moutons sont faibles: entre 41 et 56 g/jour jusqu'au sevrage, et entre 29 et 36 g/jour du sevrage à 18 mois. Le poids vif moyen d'abattage entre 1 et 2 ans est compris entre 20 et 25 kg, alors que le potentiel de croissance n'est pas accompli.

Les gains de poids vif enregistrés chez les mâles tout-venant en croissance aux cours d'expérimentations très variées conduites à l'INDR indiquent des performances très différentes selon les conditions d'alimentation et les saisons (tableau 4).

Placés sur les parcours naturels sans complémentation alimentaire, les mâles en croissance réalisent des gains de poids très variables selon la saison: 86 g/jour en hivernage et -40g/jour en fin de saison sèche chaude. L'hivernage (saison des pluies) va de juillet à octobre, la saison sèche froide de novembre à février, et la saison sèche chaude de mars à juin. Au cours de cette dernière, la jachère spontanée n'offre plus que les résidus pailleux; malgré une augmentation très significative de l'utilisation du pâturage aérien (feuilles et gousses de ligneux), la distribution de foin ou de fanes additionnés de concentré s'avère indispensable pour éviter les pertes de poids (Compère, Buldgen et Lemal, 1990).

Nourris en stabulation libre à l'aide de rations copieuses et riches (0,75 UF et de 100 à 110 g de MAD par kg de MS), les jeunes mâles en croissance réalisent des gains de poids qui ne dépassent pas 100 g par jour, tandis que les performances des sujets de plus de 1,5 an sont limitées à des gains de poids vif de 80 g par jour.

Conclusion

L'amélioration des élevages de moutons du Sine-Saloum conduit à une intense commercialisation des jeunes mâles et des jeunes femelles gestantes ainsi qu'à la réforme précoce des brebis. Le système provoque une modification importante de la structure du troupeau: élévation de la proportion de jeunes de 0 à 1 an (52 pour cent) et diminution de la proportion de mâles (25 pour cent) indiquant un système d'élevage plus intensif.

Le taux de productivité numérique de 90,5 pour cent et les gains pondéreux quotidiens moyens des mâles de 88 à 38 g pour la période de 0 à 2 ans se révèlent satisfaisants. Toutefois, les expériences d'intensification des productions ovines conduites à l'INDR démontrent que des résultats nettement meilleurs peuvent être obtenus: taux de fécondité de 137 pour cent, taux de productivité numérique de 126 pour cent et gains quotidiens moyens de 100 à 80 g. Ces données représentent les performances potentielles actuelles des races ovines de la région sahélo-soudanienne du Sénégal.

La comparaison des résultats enregistrés en station et en milieu villageois indique que la maîtrise de l'alimentation constitue l'élément essentiel de la réussite de l'amélioration des performances. L'effort doit être concentré sur une augmentation des ressources fourragères en réalisant tout d'abord le remplacement de la jachère spontanée très appauvrie par une culture fourragère temporaire à haute productivité.

L'expérimentation conduite à l'INDR avec Andropogon gayanus Kunth var. bisquamulatus, graminée vivace spontanée de la région, a permis de maîtriser les techniques d'implantation par semis, de récolte et de conservation d'un fourrage de qualité.

Pour garantir de hautes performances en dehors de la période pluvieuse, il faut aussi procéder à la complémentation des fourrages par un concentré fabriqué à l'aide des sous-produits agro-industriels disponibles localement, dont la combinaison permet de lever les déficiences alimentaires de la ration fourragère de base.

Références

Bourzat, D., Bonkoungou, E., Richard, D. & Sanfo, R. 1987. Essais d'intensification de la production animale en zone sahélo-soudanienne: alimentation intensive de jeunes ovins dans le nord du Burkina. Rev. Elev. Méd. vét. Pays trop., 40: 151-156.

Buldgen, A. 1987. Etude des possibilités de spécialisation régionale de l'élevage bovin en région sahélo-soudanienne du Sénégal. Faculté des sciences agronomiques, Gembloux, Belgique. 235 p. + 44 p. annexes. (Thèse)

Compère, R., Buldgen, A. & Lemal, D. 1990. La jachère de courte durée du bassin arachidier sénégalais. Bull. Rech. agron. Gembloux, 25: 357-372.

Diallo, I. & Sow, R. 1985. Amélioration de la production bouchère et laitière des petits ruminants au Sénégal. Valorisation des ressources naturelles pour l'alimentation animale. Actions: 1. Etude et maîtrise de la reproduction chez la brebis (paramètres de reproduction des brebis Peul et Touabire). 2. Influence du niveau d'alimentation sur la productivité numérique des brebis Peul et Touabire (comparaison avec les résultats obtenus par la méthode de chaleurs induites artificiellement). Rapport 002/PR/VAL. Centre de recherches zootechniques de Dahra-Djolof, ISRA, Sénégal. 24 p.

Guérin, H., Richard, D., Friot, D. & Mbaye, N. 1985. Les choix ix alimentaires des ruminants domestiques (bovins ovins, caprins) sur les pâturages sahéliens. Leurs facteurs de variation et leurs conséquences. Conférence internationale sur les productions animales en zones a ides, ACSAD et AOAD, Damas, 7-12 sept. 1985. 17 p.

Guérin, H., Sall, C., Friot, D., Ahokpe, B. & N'Doye, A. 1986. Eléments d'une méthodologie pour le diagnostic de l'alimentation des ruminants dans un système agropastoral. L'exemple des villages de Thysse-Kaymor et Sonkorong au Sine-Saloum (Sénégal). Atelier Méthodes de la recherche sur les systèmes d'élevage en Afrique intertropicale, Mbour, Sénégal, 2-8 février 1986. 24 p.

Ministère français de la coopération. 1976. Cartographie des pays du Sahel.

Sall, C. & Guérin, H. 1983. Etude des variations saisonnières de la capacité d'ingestion de moutons adultes. Rapport n° 97/Physio, LNERV/ISRA, Dakar, Sénégal. 6 p.

Sow, R., Thiongane, P.I. & Tchamjtchian, L. 1985. Bilan de cinq années d'études des moutons Peul et Touabire. Centre de recherches zootechniques de Dahra-Djolof, Rapport n° 008/PR/avril 1985, ISRA, Dakar, Sénégal. 16 p.

Wilson, R.T. 1986. Systèmes de production des petits ruminants en Afrique. Etudes et synthèses de l'IEMVT, Méthodes pour la recherche sur les systèmes d'élevage en Afrique intertropicale, 20: 61-98. IEMVT, ISRA. Paris.


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