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Cérèscope


Quand l'Erythrée reverdira
Coupez et plantez la canne en une opération
Les effets dévastateurs de la fièvre éphémère
Fourrage sec même sous la pluie
Les montagnards ont le sens de l'équilibre
Espoirs brisés à Madagascar
Comment chasser les rats du poulailler
Sauver la mer d'Aral
Haïti, le retour du cochon
En bref
La FAO en action

Quand l'Erythrée reverdira

De cimes en sommets, les montagnes inhospitalières de l'Erythrée s'étendent dans toutes les directions; la terre rouge est crevée d'arrêtés aiguës, de précipices et de cratères. D'étroites vallées serpentent entre les versants, une route de hasard ne traverse qu'un paysage poussiéreux et stérile.

Une rare végétation survit pourtant: des buissons, de l'acacia surtout, poussent dans les gorges les plus larges et se ramifient comme les veines d'une feuille squelettique dans les ravines étroites. Et par-ci par-là, près des villages, les racines de quelques arbres, une flaque où s'amuse le soleil... On aperçoit parfois quelques terres en terrasses, comme souvent dans les paysages asiatiques, mais en moins vert.

Pourtant, l'Erythrée a commencé à reverdir; ce projet peut sembler téméraire, comme pouvait l'être celui des Erythréens lorsqu'ils ont entamé leur lutte pour l'indépendance il y a une trentaine d'années. A l'époque, leur victoire paraissait bien incertaine; pourtant, ils ont atteint leur but en 1991, et deux ans plus tard 99,8 pour cent des électeurs ont choisi l'indépendance: la naissance du nouvel Etat a été officiellement proclamée le 24 mai 1993.

Le pays n'a pas perdu de temps à affronter ses problèmes d'environnement, complètement négligés par le régime politique précédent. Déjà, quelques mois après la libération de 1991, les Erythréens s'engagèrent dans un vaste programme de reboisement: ils plantèrent près de 27 millions d'arbres en 1992, pour la plupart des eucalyptus et des leucanea. Et de nouveaux genévriers et oliviers poussent maintenant sur les pentes escarpées à l'est, là où les montagnes se jettent vers la plaine côtière de la mer Rouge en un saut de 2000 m.

Mebrahtu Iyassu, un vétéran de la guerre de libération formé à l'Université de Wageningen aux Pays-Bas, actuellement chef de la section pour l'environnement et les ressources naturelles du Département de l'agriculture, dirige ces opérations depuis son bureau d'Asmara, la capitale. D'après lui, "nous avons eu des échecs de 20 pour cent environ la première année, mais cette année nous avons planté 23 235 000 arbres, ce qui fait près de 45 millions d'arbres en deux ans."

Après tant de sacrifices, les Erythréens ont planté près de 45 millions d'arbres en deux ans

Photo Joseph Marando

Pépinières et terrassement

"Nous avons dû créer 50 pépinières en 1992 et nous en avons maintenant dans tous les coins du pays; elles sont surveillées par des gardes forestiers, qui distribuent les semences aux populations locales et sont responsables des mesures de protection. Nous plantons des espèces endogènes et exogènes, et nous faisons de notre mieux pour en obtenir de nos voisins comme le Kenya, le Soudan ou l'Ethiopie. Bien entendu, notre programme prévoit également la construction de terrasses; en 1992, notre peuple a édifié 42 km de terrasses et pour la première partie de 1993, on en compte déjà plus de 102 470 km."

Trente ans de guerre et près de 15 ans de sécheresse, ajoutés aux ravages des locustes et aux chenilles défoliantes, ont pratiquement anéanti l'agriculture érythréenne et il faudra des années pour gagner la bataille contre la dégradation du sol. "Nous n'y arriverons pas sans la participation de notre peuple", nous dit M. Iyassu; et il ajoute: "Le degré de participation des gens dépend de leur culture et du respect de leurs besoins. Par exemple, dans les montagnes, les gens sont parfaitement conscients du manque de bois de construction et de chauffage et ils participent très volontiers aux opérations".

D'après M. Iyassu, près de 200 000 hommes et femmes y prennent part, mais leur niveau de vie est si bas qu'ils ne peuvent travailler comme simples volontaires: "Au cours de la première année, nous les avons payés grâce à des rations fournies par le Programme alimentaire mondial (PAM); mais cette année nous les payons en argent car nous avons constaté qu'ils sont capables de produire 50 pour cent de leurs besoins nutritionnels. Notre devise pendant la lutte était l'autosuffisance, aussi faisons-nous attention à ne pas tomber dans un système de dépendance."

Le gouvernement s'intéresse également aux programmes de formation; des séminaires de 10 jours ont été organisés pour 30 participants à la fois, et au cours des deux dernières années, 1 227 fermiers ont été formés en conservation du sol et foresterie. M. Iyassu estime que "c'est un bon début, mais bien sûr il faut faire mieux".

La situation dans les plaines est différente; ici, les gens vivent surtout d'agro-pastoralisme et sont encore en partie nomades. "Etant donné leur culture et leur mode de vie, il est plus difficile de leur faire prendre conscience de la nécessité du reboisement pour lutter contre la désertification; par contre, il est assez aisé de les faire participer à des programmes d'aménagement des eaux. En 1992, nous avons réussi à construire 17 barrages de terre, 20 réservoirs d'eau et 41 puits creusés à la main dans différentes régions du pays. Nous avons aussi construit des barrages dans les provinces du Sahel au nord, de Barka à l'ouest et de Semhar à l'est. En 1993, nous avions projeté d'édifier 43 barrages de terre et 59 réservoirs, mais cela dépendait du matériel qui nous avait été promis l'année dernière comme une aide d'urgence aux programmes alimentaires. Malheureusement les machines ne sont arrivées que récemment au port de Massawa; j'espère donc que nous pourrons commencer très vite à les utiliser."

Un autre vétéran, Amdom Kiflemariam, dirige le Centre de formation et de recherche en agriculture dans la banlieue d'Asmara et travaille avec un assistant formé en ex-Union soviétique. Le centre a mis sur pied une bibliothèque très bien organisée, une banque de gènes, un laboratoire des sols et une section d'entomologie; certains sont installés dans des conteneurs de bateaux décorés de dessins de feuilles.

A. Kiflemariam rappelle que "nous avons utilisé ces conteneurs pour nos expériences durant la guerre, où nous devions être camouflés pour éviter les attaques aériennes; lorsque nous nous sommes transférés dans la capitale, il a été assez facile de les transporter sur des camions. Nous leur restons attachés car ils nous ont bien servis dans les moments difficiles, et en plus, ils sont beaux!"

Julia Rossetti

Coupez et plantez la canne en une opération

Planter la canne à sucre a toujours exigé de longues heures d'un travail difficile, et la plupart des tentatives faites pour introduire la mécanisation se sont révélées peu satisfaisantes. Pourtant, l'Indian Institute of Sugarcane Research (IISR) de Lucknow a mis au point une nouvelle machine qui permet aussi bien de couper que de repiquer les cannes et pourrait aider considérablement les exploitants.

Photo IISR

Cette découpeuse-repiqueuse à deux rangs, montée sur un tracteur de 35 chevaux, comprend divers disques de labours pour ouvrir les sillons, et différents appareillages annexes permettant de couper tes cannes, de repiquer les boutures, de répandre engrais et produits chimiques, de refermer et de tasser le sol, en un seul passage du tracteur. Elfe fonctionne plus précisément de la façon suivante:

· Le labour: Les disques présentent de gros avantages; les socs habituels ne sont d'aucune efficacité dans les sols durs, collants ou trop secs, alors que les disques fonctionnent dans n'importe quel type de sol et quel que soit le degré d'humidité. Ils ont été réglés de façon à obtenir un sillon propre, assez profond, en forme de V bien ouvert.

· Le repiquage: Les appareils de repiquage peuvent recevoir des tiges de canne entières, de toute forme et de tout type; ils les découpent en tronçons de 38 cm de long et plantent 36 tronçons pour 10 m de sillon.

· L'épandage: On répand l'engrais à l'aide d'appareils qui en mesurent la quantité et le gamma BHC se répand dans le sillon par un système d'ajutage. Les boutures mises en place sont recouvertes par la terre fraîchement retournée, tassée par un rouleau de blinage.

Les boutures sont très petites et l'efficacité de la machine motrice élevée.

Pour plus d'informations, contacter: Monsieur le Directeur de l'Indian Institute of Sugarcane Research, Lucknow 226002, Inde. Tél.: 91 522 52572 ou 51573; télécopie: 91 522 52073; telex 535 309.

Les effets dévastateurs de la fièvre éphémère

La fièvre éphémère, qui s'est déjà répandue au Moyen-Orient, dans le subcontinent indien, en Chine et en Asie australe, pourrait faire ses débuts en Europe où malgré son nom innocent - la grippe - elle porterait alors un coup sérieux à la production de lait en infectant les vaches laitières et les buffles. Dans les pays développés eux-mêmes, où les responsables sanitaires se préoccupent de protéger les troupeaux d'autres dangers, les spécialistes préviennent que cette maladie pourrait causer plus de dégâts qu'on ne l'imagine.

Parfois connue sous le nom dé "fièvre de trois jours", cette infection a pour effets de ralentir la croissance, de faire baisser la production de lait et d'influencer le taux de fertilité. La plupart des élevages de zébus en Afrique et en Asie sont relativement résistants à l'infection, comme le buffle d'eau (Bubalis bubalis), qui présente des symptômes plus légers. Mais les Friesians ou les Holstein importés d'Europe pour améliorer la production laitière en Afrique, Moyen-Orient et Chine au cours des 20 à 30 dernières années sont très vulnérables.

Première rencontre

Les chercheurs se sont réunis récemment, à l'occasion de la première rencontre internationale sur la fièvre éphémère à Pékin; ils rappellent que les autorités sanitaires des pays développés, qui donnent la priorité à la lutte contre la peste bovine, la trypanosomiase ou la pleuropneumonie contagieuse des ruminants, ne devraient pas sous-estimer l'importance de la fièvre éphémère.

Cette maladie est causée par un Rhabdovirus, un lointain cousin du virus de la rage, transmis par les piqûres d'insectes - sans doute les moucherons du genre Culicoïdes. On soupçonne également les moustiques d'être impliqués dans cette affaire, mais on ne sait pas encore précisément leur rôle dans la propagation de la maladie.

Lorsqu'une épidémie de fièvre se déclare, près de 90 pour cent du bétail présentent des signes cliniques dans les six ou huit semaines suivantes. Dans certaines régions africaines, les fortes épidémies sont souvent associées à des cycles d'années humides; là où elle est endémique, les cas sont de 2 à 20 pour cent presque chaque année.

La fièvre monte à 41°C ou plus, en général pendant trois jours; les bêtes perdent l'appétit et leur production de lait devient moins abondante ou nulle. On note également des écoulements des yeux et des naseaux et des troubles moteurs, qui peuvent prendre la forme de claudication, ainsi qu'une certaine faiblesse musculaire. Les animaux sont alors souvent incapables, pendant trois à dix jours, de se tenir debout.

Les élevages de bovins comme les Holstein, très vulnérables, présentent des troubles sévères; certains font une déficience en calcium, impossible à différencier cliniquement de la fièvre laiteuse. Les bêtes en pleine production, qui présentent la plus vaste surface corporelle et la meilleure condition physique, sont généralement touchées davantage que les autres, moins prospères: les taureaux adultes souffrent plus que les bêtes d'un ou deux ans d'âge. La mortalité est en général, mais pas toujours, assez basse, avec un taux de deux à cinq pour cent; mais elle touche les plus belles bêtes du troupeau et son importance est plus grande que ce pourcentage ne l'indique.

Les conséquences économiques les plus graves sont la baisse de production de lait et du taux des naissances. Les fermiers, qui ont fait un investissement considérable pour rassembler des animaux chers, les élèvent souvent selon un système de production coûteux pour alimenter en lait frais les centres urbains. Une épidémie de fièvre éphémère peut provoquer la baisse de 40 à 50 pour cent de la production pendant quatre à huit semaines. De plus, les effets de cette maladie subsistent longtemps; la production peut ne jamais revenir à plus de 70/80 pour cent de ce que l'on en attendait.

Et les effets sur les consommateurs peuvent eux aussi être dramatiques, si le lait manque pendant six ou huit semaines, comme cela a été le cas en Chine ou au Caire.

Les pertes en animaux de boucherie sont moins évidentes, mais n'en sont pas moins sérieuses. Les taux de croissance des bêtes grasses et en bonne santé, les plus affectées, sont en baisse pendant plusieurs semaines. On constate une perte de fertilité et des avortements; les taureaux sont stériles pendant des périodes qui vont jusqu'à six semaines. Lors d'une récente épidémie en Egypte, les pertes ont été considérables; et dans le cas d'élevage en champ, on remarque des pertes supplémentaires, dues aux prédateurs qui attaquent les animaux affaiblis.

Bonnes et mauvaises nouvelles

Au congrès de Pékin, présidé par le Dr T. St. George du Long Pocket Laboratory de Queensland, les spécialistes ont discuté des progrès de la lutte. Les bonnes nouvelles: la découverte d'anti-inflammatoires qui atténuent les signes cliniques si le traitement est entrepris assez tôt. Et les vétérinaires chinois ont mis au point un vaccin prometteur. Les mauvaises nouvelles: les chercheurs chinois ont identifié une épidémie de fièvre éphémère au nord, sur le 44e parallèle.

Cette information est d'une grande importance; Hitherto est une barrière biologique naturelle, située entre le 36 et le 38e parallèle nord, au-delà de laquelle la fièvre éphémère, la maladie du cheval africaine et d'autres maladies virales transmises par les Culicoïdes ne se manifestaient pas jusqu'à présent. La récente expansion de la fièvre éphémère au-delà de cette limite peut être un avertissement général ou n'être que le fait de conditions climatiques locales et passagères, favorables aux insectes porteurs, actifs dans ce coin de Chine. Quoi qu'il en soit, les implications sont importantes pour l'Asie, le Moyen-Orient et l'Europe.

Si la fièvre éphémère dépasse le 44e parallèle en Asie et en Europe, des millions de bêtes supplémentaires seront exposées à l'infection, et le bétail concerné serait probablement très vulnérable au virus: les effets économiques d'épidémies périodiques de fièvre éphémère en Europe, au nord du 44e parallèle, seront considérables si les spécialistes ne se consacrent pas davantage à combattre cette maladie.

La lutte contre les porteurs qui transmettent la fièvre éphémère présente des difficultés pratiques, parce que ceux-ci peuvent être très nombreux; il vaut mieux vacciner les animaux concernés, mais les vaccins actuels ne sont pas entièrement satisfaisants: la plupart sont chers, pauvres en immunogènes et demandent au moins deux injections pour obtenir un niveau correct d'immunité. C'est pourquoi on ne les a pas encore utilisés à grande échelle en Afrique ou en Asie, bien qu'ils le soient au Japon et en Chine.

Il faut mettre au point de meilleurs vaccins, si possible sur les traces des chercheurs qui travaillent sur la rage: ils ont isolé la glycoprotéine immunogène de la rage et mis au point un vaccin efficace à base de vaccine. On pourrait tenter la même chose pour la fièvre éphémère et tester sa valeur en tant qu'immunogène en l'incorporant à un vaccin contre la variole ou autre.

Les spécialistes de biologie moléculaire possèdent toutes les expertises nécessaires pour venir à bout des difficultés scientifiques; de plus, un programme de vaccination à grande échelle se justifie économiquement en Afrique, au Moyen-Orient, en Australie, au Japon, en Chine, et dans diverses autres régions de l'Asie, qui abritent de vastes troupeaux de bêtes vulnérables.

La possibilité que dans les 20 ou 30 prochaines années l'Europe soit confrontée aux problèmes posés par la fièvre éphémère a donné aux responsables sanitaires des raisons supplémentaires pour mettre au point de nouveaux vaccins et s'intéresser davantage à la biologie des porteurs d'une maladie qu'il ne faut pas sous-estimer.

F. Glyn Davies

Fourrage sec même sous la pluie

Pour recueillir le foin coupé à fa main, les petits exploitants européens ont longtemps utilisé les trépieds traditionnels parce qu'ils ne sont pas coûteux et qu'ils permettent de faire sécher facilement la récolte avant de l'engranger; ils pourraient se montrer également très utiles dans tes pays en voie de développement, là où la pression de la population a obligé à passer de l'élevage en champ à un système sans pâturage qui incite à la production intensive de fourrage.

A l'opposé de ces simples trépieds, les machines pour la production de fourrage demandent un travail et un équipement coûteux. La mise en balles traditionnelle, ou le gerbage, quoique moins coûteux, présentent des risques en cas de changements climatiques. Les trépieds devraient être la méthode te plus pratique pour les petits fermiers, qui peuvent apporter te temps et les soins nécessaires à charger tes râteliers de foin.

L'expérience faite lors d'une récente saison des pluies au Kenya a été concluante: les experts de ta FAO en ressources alimentaires sont tombés d'accord sur l'efficacité de la méthode.

De nombreux avantages

Récolter le foin sur des trépieds en soulevant la récolte du sol évite la moisissure et permet le passage de l'air, ainsi la récolte peut-elle sécher entre deux averses. La plus grande partie de la pluie s'écoule du foin grâce à la disposition des tiges, et lorsque le foin est partiellement sec, il ne réabsorbe pas l'humidité. Les gouttes restent à la surface des feuilles et des tiges et s'évaporent avec le soleil.

Cette technique présente de nombreux avantages; un séchage rapide diminué ta perte en hydrates de carbone solubles, qui apportent de l'énergie au bétail et épargne également les caroténoïdes, pourvoyeurs de vitamine A et B1. Il peut encore éviter le lessivage de l'azote et des sels minéraux et te développement de champignons dû à la pluie ou à la rosée. La manipulation limitée du fourrage - en comparaison avec te séchage au sol où la récolte doit être retournée plusieurs fois - évite la perte des feuilles, qui en général apportant le plus d'éléments nutritifs grâce à leur forte teneur en azote, en sels minéraux et en vitamines. Lorsque le séchage doit être effectué sur une période anormalement longue, le trépied évite ainsi la détérioration de ta récolte.

Les cultures les mieux adaptées à la production de fourrage comprennent des plantes comme le Cenchrus ciliaris ou le Chloris gayana (herbe de Rhodes), et des légumineuses comme le Lablab purpureus (haricot égyptien), le Macrotyloma uniflorum, le Phaseolus lathyroides et le Stylosanthes humilis.

Le séchage de la luzerne en Afrique de l'Est

Dernièrement, tes trépieds ont démontré leur efficacité en Afrique de l'Est au coure d'une saison des pluies exceptionnelle, alors qu'on risquait la perte d'une récolte de luzerne excédentaire. Ces trépieds étaient fabriqués avec des branches de faux poivrier ou de bois tendre (fig. 1); la récolte s'est faite à la main et les gerbes ont été déposées sur les supports. Le séchage a demandé 12 jours.

Un trépied construit avec des matériaux locaux permet de ne pas gâter le foin

Au cours de cette période, on a enregistré une moyenne quotidienne des précipitations de 10 millimétrés, avec chaque jour une averse suivie de soleil mais peu de vent; durant la pluie quotidienne, un peu d'eau a pénétré dans les plateaux les plus internes mais s'est évaporée avec le beau temps, de même que la lourde rosée matinale disparaissait rapidement. Les couches internes sont restées vertes pendant plusieurs jours alors que le foin extérieur séchait naturellement plus vite.

Photo T.B. Muckle

Une fois sèche, la récolte parfumait agréablement, sans aucune trace de la moisissure qu'elle aurait présentée après un séchage au sol selon des méthodes plus traditionnelles. Les couches externes étaient devenues marron sous l'effet de la pluie et du soleil mais les couches internes étaient vertes.

Le foin a été transporté jusqu'à la grange pour être stocké, vers le milieu du jour, quand la rosée s'était évaporée, et avant la nouvelle averse, en faisant attention à ne pas perdre de feuilles.

La construction d'un trépied est simple (schéma annexe); cette technique demande plus de travail pour couper et charger les récoltes, mais il est plus facile de les transporter à la grange puisque le foin sec est plus léger que l'herbe fraîche. Les facteurs essentiels pour réussir sont la connaissance du rythme des précipitations et la capacité de séchage de l'air entre deux pluies.

T.B. Muckle

Les montagnards ont le sens de l'équilibre

On accuse souvent les paysans de causer à la terre qu'ils travaillent des dégâts irréparables par des cultures et des labours excessifs. Mais ce n'est certainement pas le cas dans les Alpes; depuis plus de 1 000 ans qu'ils exploitent l'arc montagneux qui s'étend de là France à l'Italie en passant par l'Allemagne, la Suisse, le Liechtenstein, l'Autriche et la Slovénie, les paysans ici ont appris à respecter un certain équilibre entre les nécessités de la nature et leurs propres impératifs économiques.

C'est, d'après Philippe Morier-Jenoud, "une simple question de survie"; cet écologiste, spécialiste de la montagne, a grandi dans le pittoresque village de Rossinière, dans le Pays d'Enhaut, un canton suisse. "Au fil des siècles, dit-il, les montagnards ont appris à travailler la terre en respectant la nature: sans cela ils ne pourraient pas survivre. Si un paysan ne respecte pas ses pâturages, ou s'il coupe trop de bois, l'érosion du sol, les glissements de terrain et les avalanches se chargeront de le chasser de la montagne."

Cependant, aujourd'hui, cet équilibre, entre nature et paysan est en passe d'être bouleversé par la technologie, la circulation automobile, le tourisme et le sport. Les techniques d'agriculture intensive détruisent la riche diversité de la flore et de la faune alpines; les cours d'eau sont déviés et les versants des montagnes déstabilisés par la coupe des forêts, nécessaire à la construction des téléskis, des centres de villégiature et des routes.

Les fermes alpines vivent du bétail, depuis toujours

Dans ces montagnes, le bétail est l'élément fondamental des exploitations; les moines, qui ont commencé à coloniser les vallées les plus isolées dès le 10e siècle, ont mené les troupeaux à des altitudes de plus de 1000 mètres. A partir de là, une forme primitive d'agriculture a évolué et s'est adaptée aux prairies en pente. Les moines, puis les paysans, pratiquaient la rotation de cultures rustiques comme le seigle et l'orge, et laissaient paître leur bétail dans les alpages qui grimpèrent de plus en plus haut dans les montagnes jusqu'à ce que les Alpes soient transformées en une mosaïque de forêts, de prairies et d'alpages.

"L'or blanc"

Au 14e siècle, les paysans se rendirent compte que le lait de leurs vaches était un véritable "or blanc"; grâce à la richesse de leurs pâturages, les bêtes produisaient en abondance du lait qu'il était aisé de stocker et de transporter sous forme de fromage. Vers 1312, la vallée de Sarine, où se trouve d'ailleurs Rossinière, possédait ainsi un marché du fromage situé à Gruyères. Au 16e siècle, des roues entières de fromage venant des montagnes suisses partaient vers Gênes, Zurich, Lyon, Paris ou Francfort; aujourd'hui on en vend dans le monde entier.

La fabrication du fromage devint ainsi la base des revenus des fermiers alpins et transforma leur vie autant que le paysage: le cycle annuel des activités agricoles s'organisa autour des troupeaux, les pâturages furent régulièrement entretenus pour éliminer buissons et mauvaises herbes; de plus, chaque printemps, on se mit à répandre le purin de l'été précédent pour enrichir le sol, et au début du mois d'août on faucha les prairies pour le fourrage de l'hiver.

Des variétés de flore et de faune nouvelles s'installèrent dans les prés et les pâturages: ceux-ci sont encore aujourd'hui peuplés d'oiseaux comme la pie-grièche à crête rouge, la huppe et le petit hibou, qui ont disparu de la plaine; on y trouve également des espèces rares de papillons, d'orchidées ou des plantes médicinales comme l'arnica, la calendula, l'alchemille alpine, le thym, la gentiane, le millepertuis ou le plantain.

Pourtant, à la fin du siècle passé, deux éléments se combinèrent pour anéantir le travail de neuf cents années: on coupa les forêts pour obtenir du bois d'oeuvre, de chauffage ou de construction, et le réseau du chemin de fer européen s'élargit. De plus, la révolution industrielle poussa des familles entières à quitter les montagnes.

Le risque de l'érosion

La délicate mosaïque alpine créée il y a plus d'un millénaire avait tempéré les excès de la nature et apporté un nouvel équilibre; les gens découvraient maintenant que s'ils ne poursuivaient pas dans cette voie, ils risquaient de s'exposer à des catastrophes naturelles en cascade: "Après l'abandon d'un pâturage, il faut un certain temps avant qu'il ne retourne à l'état sauvage", nous rappelle Pierre Hunkeler, secrétaire de la Ligue vaudoise pour la protection de la nature; et il ajoute: "En présence de pâturages abandonnés, les possibilités d'érosion augmentent de façon dramatique; selon le degré de la pente, on se trouve devant le danger d'avalanches ou de glissements de terrain." L'érosion est arrivée en force vers la fin du siècle dernier et ses effets ont été si terribles que la Suisse a promulgué, en 1902, une loi de protection des forêts.

Un quart de la Suisse est encore couvert de pâturages et de prairies; bien utilisées, ces terres peuvent porter jusqu'à 70 variétés de fleurs et d'herbes différentes. Mais si on les surexploite, elles se dégradent et sont la proie de l'érosion.

D'après Ami Nicolet, un fermier d'Yvorne, "pour obtenir des résultats à long terme, il faut traiter les pâturages avec grand soin; on doit répandre le purin tous les ans et déraciner les mauvaises herbes. Sinon, la terre se dégrade très rapidement. Les pâturages sont de véritables laboratoires biologiques; il faut les conserver en bon état pour maintenir une agriculture de montagne saine".

Tous les ans, à la mi-juin, Nicolet et sa famille conduisent leurs 30 vaches paître près de Leysin, localité touristique d'altitude à l'est du lac de Genève. Aux premiers froids d'octobre, ils les ramènent sur les pentes plus basses d'Yvorne; ils pratiquent cette transhumance depuis trente générations maintenant.

Quand on change les modèles

Pourtant, Nicolet est le premier à admettre que depuis 20 ans les méthodes ont changé et les modèles économiques aussi. La récession des années 60 a obligé de nombreux fermiers à abandonner leurs pâturages de montagne et ceux qui sont restés ont été forcés de produire davantage; par ailleurs, le gouvernement helvétique a subventionné la construction de diverses routes pour favoriser le tourisme et donner du travail aux montagnards.

Il en résulte en particulier que la plupart des chalets de pâtres sont maintenant accessibles par la route: "Les paysans montent aujourd'hui aux pâturages avec leurs familles chaque été. La fabrication du fromage, qui dépendait autrefois du seul bouvier, est devenue une occupation familiale, nous dit Morier-Jenoud. De nombreux chalets possèdent générateur, trayeuses électriques, machines d'épandage pour le purin, faucheuses mécaniques et de vastes bassins réfrigérés pour l'écrémage du lait. Grâce aux nouvelles routes, un paysan n'a plus besoin d'engager de travailleurs saisonniers: il peut surveiller ses pâturages en même temps que ses terres dans la vallée, en faisant l'aller-retour dans la journée".

P. Morier-Jenoud sait bien que la technologie moderne n'est pas sans danger, et il demande que l'usage de fertilisants et d'herbicides chimiques soit réglementé; mais il estime que les paysans des montagnes sont, par nature, attentifs à la protection de leur environnement: "Vingt ans après avoir saturé la plaine de leurs engrais chimiques, les représentants de commerce sont allés dans nos montagnes pour vendre leurs 'engrais rapides'; plus vous montez haut, plus les effets de ces produits chimiques sont dévastateurs. Ils font des merveilles pendant deux ans, puis ils éliminent toute diversité; là où existaient auparavant 70 espèces de plantes, sept ou huit vont se développer avec les engrais rapides, et tuer les autres. Il faudra des années pour rétablir l'équilibre; les paysans ont vite vu le danger."

Dans les années 70, la Ligue suisse pour la protection de la nature et la section locale du Fonds mondial pour la nature (WWF) ont établi un label biologique et une marque pour les produits écologiques: Bourgeon. D'après P. Morier-Jenoud, "les paysans du Pays d'Enhaut préfèrent utiliser les procédés traditionnels pour faire leurs fromages; ils évitent d'employer certaines sortes d'engrais ou d'insecticides pour pouvoir commercialiser leurs produits sous la marque Bourgeon. Cela leur permet de vendre leurs fromages à bénéfice".

Les autorités helvétiques reconnaissent que même s'il est nécessaire que l'agriculture de montagne soit intensifiée pour conserver leur travail aux paysans, il faut néanmoins limiter l'utilisation des produits chimiques. Cependant, sachant qu'une législation trop complexe tend à irriter les fermiers et engendre des lourdeurs bureaucratiques, la solution réside donc dans un nouvel instrument d'auto-réglementation, couramment utilisé dans 10 des 23 cantons qui possèdent le plus fort pourcentage de pâturages alpins: il s'agit d'un simple contrat entre le canton et le paysan. Le paysan renonce volontairement à l'usage des méthodes intensives et des produits chimiques, et reçoit en retour une subvention annuelle. Ce système, mis en place par la Ligue suisse pour la protection de la nature, a eu du succès; il laisse le paysan libre de décider s'il veut transmettre la terre aux générations futures, en renonçant aux gains immédiats que produit une utilisation intensive des terres, ou s'il préfère courir le risque d'être chassé des montagnes par la nature en colère.

Robert Hutchison

Espoirs brisés à Madagascar

Au milieu de la route, un homme accroupi se penche sur un nid de poule. Avec une boîte de conserve, il ramasse l'eau, la verse dans un seau en plastique. Il a plu la nuit précédente: averse providence sur cette terre sèche sans rivière, sans puits, sans source. Plus loin, trois enfants courbés sur les trous d'une piste où le goudron ne ressemble plus qu'à une dentelle déchirée répètent le même geste. Avec lenteur et précaution. L'eau est si rare, si précieuse, dans cette région du sud de Madagascar, entre Tuléar et Ranohira.

Un retrait du PNUD signifierait des milliers d'emplois perdus, des routes, puits et écoles jamais construits

Comment comprendraient-ils, ces paysans qui survivent de quelques épis de maïs, que l'adduction d'eau dont on leur avait parlé pourrait ne pas être construite? Ces pauvres parmi les pauvres, qu'entendent-ils à une réduction d'un quart du budget du PNUD, décidée en juin dernier? Et pourtant, si cette décision est mise en application, ce sont une trentaine de micro-projets qui seront annulés, représentant plus d'1,1 million de dollars d'investissements. 482 603 personnes vivant dans 9 districts les plus déshérités de Madagascar verront s'envoler leurs espoirs de lendemains meilleurs. Si, en dépit des protestations des responsables locaux du PNUD, cette décision est mise en application, une quinzaine d'écoles ne seront pas réhabilitées, dix centres de santé ne verront pas le jour, vingt-cinq puits ne seront pas construits, pas plus que des systèmes d'épuration d'eau, trois petits barrages seront annulés, et encore cinq centres de vaccination du bétail, et puis six marchés, ut aussi deux réhabilitations forestières... Ce seront près de 300 000 jours de travail et des milliers d'emplois permanents qui seront perdus. Et les enfantas iront encore boire l'eau de la route dans les trous qu'ils se gardent bien de combler...

Dominique Hoeltgen

Comment chasser les rats du poulailler

Lorsque l'on dessine un poulailler, on crée sans le vouloir un nouveau milieu de vie parfait pour la volaille mais aussi pour les rats. En leur offrant abri, eau et nourriture, les poulaillers sont un véritable paradis des rongeurs. Une fois en place, leur taux de reproduction élevé et l'absence de prédateurs naturels favorisent l'accroissement rapide de la population. En Inde par exemple, on a compté 196 rats pour 102 m2 dans un élevage de volailles et 292 rongeurs pour 335 m2 dans un autre; en Californie, ils étaient 3 000 sur 2 787 m2, et au Koweit on a trouvé 8 738 souris dans une seule ferme.

Les dégâts sont énormes: les rats attaquent la volaille, rongent les bâtiments et transmettent des maladies aux animaux et aux gens. Il existe heureusement diverses façons de faire face à ce problème.

Tableau 1. Maladies propagées par les rongeurs

Maladie

Agent

Rongeurs impliques

Typhose

Bactérie

Rats

Paratyphoïde aviaire*

Bactérie

Rats, souris

Salmonellose*

Bactérie

Rongeurs divers

Pseudotuberculose

Bactérie

Rongeurs divers

Choléra. aviaire

Bactérie

Rats, souris

Erysipèle

Bactérie

Souris

New Castle*

Virus

Rats

Laryngotranchéite

Virus

Rats

Ornithose*

Virus

Rats, souris

Toxolasmose*

Protozoaire

Rongeurs divers

Coccidiose

Protozoaire

Rats, souris

* Peut être transmis à l'homme par les rongeurs ou les poulets

Face à l'ennemi

Trois espèces de rongeurs commensaux infestent habituellement les poulaillers: le rat des champs (Rattus rattus), que l'on appelle aussi rat des navires, ou rat noir; le rat des villes (R. norvegicus) et la souris domestique (Mus musculus); les espèces sauvages attirées par les poulaillers sont le Bandicoot rat du Bengale (Bandicota bengalensis), le gerbille indien (Tatera indica), le rat des champs à fourrure douce (R. Meltada), indien lui aussi, B. bengalensis en Thaïlande, Apodemus agrarius au Danemark et Meriones sp. au Koweit. Ces dernières populations fluctuent en fonction de la nourriture et des abris, du nombre de prédateurs, des activités agricoles et des facteurs climatiques.

Avec leur manie de creuser, de grignoter, de tout ronger, leurs déjections et leurs allées-venues nocturnes, les rats dérangent la vie de la ferme, font baisser la production de l'élevage et sont nuisibles pour la santé. Ils tuent les poussins, blessent les adultes, abîment les oeufs.

Les rongeurs sont également de redoutables concurrents pour la nourriture, grevant ainsi pour près de 50 à 70 pour cent les frais de gestion de la ferme. Ils préfèrent les meilleurs aliments (les céréales) et ils salissent souvent ce qu'ils ne mangent pas, ce qui oblige à jeter les sacs de nourriture qu'ils ont contaminée. Les volailles sont alors moins bien nourries et leur croissance, ainsi que leur production en oeuf ou en viande, en souffrent.

De plus, les rongeurs causent des dégâts aux bâtiments (portes, fenêtres, isolation et installation électrique). Le rat des villes et d'autres espèces sauvages creusent partout et peuvent miner fondations et sols; quant au rat noir, il attaque non seulement les toits de bois et de chaume mais aussi les isolations de polystyrène ou de plastique.

Les rongeurs transmettent parfois des maladies mortelles aux volailles (tableau 1) et, plus ou moins directement, aux hommes. Ils coûtent chaque année aux éleveurs plusieurs millions de dollars en pertes et en dépenses de vaccination et de chimiothérapie. Quelques épidémies peuvent décimer un élevage, alors que les maladies chroniques en abaissent la production et la qualité. Par ailleurs, plus la densité de rongeurs est élevée, plus les travailleurs de la ferme sont vulnérables; on compte chaque année plusieurs morts par leptospirose. La maladie de New-Castle (Ranikhet) infecte l'homme aussi bien que les animaux. Des infections bactériennes, comme la salmonellose, sont transmises à l'homme par l'ingestion d'oeufs ou de viande de volaille.

La lutte contre les ravageurs s'avère plus difficile dans les poulaillers que pour les autres types d'élevage; il n'existe aucune méthode complètement efficace et la plupart sont de courte durée car l'abondance de nourriture et de cachettes aide les populations de rongeurs à se reconstituer rapidement. La meilleure solution est une gestion intégrée des rongeurs.

Petits poulets dévorés par tes rats dans un poulailler

La lutte

Peu de poulaillers sont conçus pour éloigner les rongeurs, en particulier dans les pays en voie de développement; manquant d'argent et de facilités, les fermiers ne font pas les réparations nécessaires, ne peuvent protéger efficacement la nourriture et les oeufs, et laissent à terre le matériel abîmé. Un élevage dont les sols sont sales et le toit percé abrite aussi souvent une forte population de rongeurs.

Tableau 2 Efficacité des rodenticides dans les élevages de poulets

Rodenticide

Concentration

Type d'appât

Efficacité (en %)

Phosphure de zinc

2,0

Nourriture volaille

100

2,0

Millet + 2% sucre + 2% huile

80-100

Warfarine

0,25

Appât liquide

45-50

0,25

Appât prêt à l'emploi

11-32

Brodifacoum

0,005

48% farine de blé + 48% farine de maïs + 2% sucre + 2% huile arachide

56-97

0,005

Appât prêt à l'emploi

34-100

0,005

Crête de coq (Ecinocloa frumentacea)


Bromadiolone

0,0005

Farine de riz + légumineuses + huile + sucre

70

0,005

Comme ci-dessus

84-87

0.005

48% farine de blé + 48% farine de maïs + 2% huile arachide + 2% sucre

89

Bromethalin

0,005

65% farine de blé + 25% avoine + 5% sucre + 5% huile de blé + 2% sucre

31-100

Phosphure zinc (piège)

2.0

Millet + 2% huile + 2% sucre (renouveler sept jours après)

88,07

Phosphure de zinc-phosphure de zinc

2,0

Millet + 2% sucre + 2% huile (renouveler 54 jours après)

93

Brodifacoum-brodifacoum

0,005

48% farine de blé + 48% farine de maïs + 2% sucre + 2% huile arachide (renouveler sept jours après)

89

De bonnes mesures de protection contre les rongeurs devraient inclure la fermeture ou la fixation de toutes les ouvertures mutiles, le rebouchage des fissures dans les murs et les sols avec un mélange de béton et de ciment ou de mortier, l'installation de treillages métalliques et le stockage de la nourriture dans des coffres métalliques ou des sacs de jute placés sur des étagères dans des pièces protégées des rongeurs.

Une bonne hygiène permet de réduire les sources de nourriture, d'eau et de protection pour les rongeurs; ceux-ci se découragent lorsque les éleveurs nettoient les endroits où ils pourraient se cacher et construire leurs nids et lorsqu'on élimine les herbes folles dans la ferme et ses alentours. On pourra alors aisément capturer ou empoisonner les derniers irréductibles.

La capture est le moyen de lutte le plus sain et le plus économique. Les pièges du type Sherman, Wonder ou autres trappettes peuvent réduire une population de 65 pour cent et plus. Le système de piège à répétition de Wonder et les boîtes permettent d'attraper plusieurs rats à la fois, en particulier les rats noirs qui vivent en groupe. Les autres systèmes ont leurs limites: lés pièges mortels comme la glu ou le piège à ressort peuvent tuer les volailles, et on ne peut les placer dans les bâtiments abritant les poussins ou les pondeuses. Les pièges à glu sont en général plus efficaces pour capturer les souris que les rats.

Les résultats dépendent des saisons, du nombre de pièges installés et de l'expérience antérieure des rats qui les rend plus méfiants. Le piège marche mieux si la population est nombreuse que si l'on se trouve devant quelques individus; installer de nombreux pièges sur une courte période est plus efficace que d'en mettre peu pendant longtemps.

Il est risqué d'utiliser des raticides chimiques, car ils sont souvent toxiques pour les volailles. Les poules qui picorent les carcasses des rats s'empoisonnent avec le phosphure de zinc, et les rats peuvent transporter les appâts empoisonnés dans les mangeoires et les poulaillers. De plus, les volailles, comme les rats, mangent des céréales et il n'est pas facile de trouver des aliments qui ne plaisent qu'aux ravageurs. Un entourage de parafine pourrait éloigner les poules, mais attirerait éventuellement certains rongeurs.

La meilleure façon d'empoisonner les rongeurs est de placer les raticides dans des boîtes fermées, ce qui évite d'en mettre partout et de contaminer la nourriture; cela attire davantage les rongeurs que ne le font les appâts, trop en évidence, des pièges à ressort.

Choisir son moment

Les tests sur les raticides effectués à partir de différentes formules d'appâts (tableau 2) montrent que lorsque les rongeurs ont à leur disposition de la nourriture sous forme de grains, poussins ou oeufs, ils dédaignent un peu le poison. La dératisation est plus efficace après la vente des poules, lorsque le poulailler est vide et que les rongeurs sont le plus actifs.

Des produits toxiques comme le phosphure de zinc provoquent une mort plus rapide que les anti-coagulants comme la warfarine, le brodifacoum ou le bromadiolone; ils agissent vite, après une seule ingestion, et le fermier peut facilement prévoir quand ramasser les cadavres. Les anti-coagulants, eux, demandent de 3 à 15 jours pour agir, et la plupart des rats meurent dans des endroits imprévisibles où il est difficile de les retrouver; certains produits n'agissent même qu'après plusieurs ingestions successives. C'est pourquoi, lorsque les rongeurs sont nombreux et que la nourriture abondante leur permet de dédaigner les pièges classiques, il vaut mieux utiliser un poison plus rapide comme le phosphure de zinc.

Les appâts à deux pour cent de phosphure de zinc, en poudre ou en petits grains (comme du millet) ont un taux de réussite de 80 à 100 pour cent et sont relativement inoffensifs pour l'homme. On peut les rendre plus efficaces en répandant des appâts non empoisonnés pendant quelques jours, avant de les bourrer de poison. De plus, pour éviter que les rongeurs refusent les appâts après expérience, il ne faut entreprendre un traitement de ce genre que tous les deux ou trois mois.

La deuxième génération de raticides anti-coagulants comme le brodifacoum ou le bromadiolone, élimine également de 50 à 100 pour cent des rongeurs après une seule ingestion et la vitamine K est un antidote efficace en cas de besoin; mais les bêtes ne commencent à mourir que 3 à 5 jours après le traitement.

Les oeufs, friandises appétissantes pour les rongeurs qui rôdent dans les poulaillers

Quelle que soit la méthode choisie par le fermier (pièges ou appâts chimiques) pour éliminer ses ravageurs, il devra passer à une autre technique pour tuer les survivants, devenus méfiants.

C.S. Malhi et V.R. Parshad sont zoologues auprès de la Punjab Agricultural University, à Ludhiana, en Inde, et travaillent en association avec le Projet de recherche coordonné pour l'ensemble de l'Inde sur la lutte contre les rongeurs.

NDLR: Les feuilles de Gliricidia sepium, une légumineuse à croissance rapide, très commune sous les tropiques, sont également un anti-coagulant très efficace contre les rongeurs et les insectes mais inoffensif pour les hommes et le bétail. Pour plus d'informations, voir Cérès n° 140, pp. 9 et 10.

Sauver la mer d'Aral

Pour sauver la mer d'Aral et stopper l'avancée du désert alentour, cinq anciennes républiques soviétiques ont mis sur pied, en collaboration avec la Banque mondiale, un immense programme de développement agricole: il vise à remédier à l'une des atteintes au milieu naturel les plus graves du siècle, héritage de la planification communiste. Plusieurs milliards de dollars seront nécessaires pour ramener à la vie cette mer intérieure. Mais l'on sait comment faire et les pays d'Asie centrale ne devraient pas avoir de mal à trouver le capital initial; en effet, bien que le Kazakhstan, le Kyrgyzstan, le Tajikistan et l'Uzbekistan fassent partie des pays pauvres, à l'économie sous-développée, ils possèdent des réserves inutilisées de pétrole et de gaz naturel, riches de promesses.

Ce projet pour la mer d'Aral représente probablement l'un des efforts du genre les plus importants dans l'ancien bloc soviétique, mais ce n'est pas le seul. La recherche et le développement en matière de lutte contre la désertification et d'aménagement des zones arides sont l'une des préoccupations essentielles des pays qui n'ont retrouvé que depuis peu la liberté de parler des désastres causés au milieu naturel par la cupidité de leurs dirigeants et une industrialisation chaotique.

La mer d'Aral, qui était autrefois le quatrième lac du monde par sa taille, a progressivement rétréci depuis le début des années 60, lorsque les Soviétiques ont commencé à détourner l'eau de deux des rivières qui s'y jetaient pour irriguer des champs de coton et des rizières. Le niveau des eaux a baissé de 15 m, la salinité a triplé, passant à 30 grammes par litre, et la surface du lac est passée de 68 000 à 37 000 km2.

Le désastre prend de l'ampleur

Avec la baisse des eaux, le processus de désertification a commencé sur des centaines de milliers de kilomètres carrés de terres que les planificateurs soviétiques avaient autrefois destinées à l'agriculture intensive. Des rives desséchées du lac se sont levés des nuages de sel et de poussière; les herbicides et les insecticides que l'eau avait lavés pendant des années ont pollué l'atmosphère et posé des problèmes de santé aux proportions catastrophiques. L'assèchement du lac serait ainsi à la source de l'augmentation récente et brutale des taux de leucémie et de maladies du foie et des reins; on lui impute également le taux de mortalité le plus élevé jamais enregistré par les 35 millions de personnes concernées. Et lorsque des lagunes, des marécages et des deltas de rivières se sont trouvés à sec, des centaines d'espèces animales ont disparu. La mer d'Aral était autrefois le centre d'une industrie de pêche florissante, mais aujourd'hui la seule des 14 espèces de poissons qui ait survécu ne présente aucun intérêt commercial.

Avec la Perestroïka, on commença à débattre en public des thèmes concernant l'environnement; avant son éclatement, l'Union soviétique fit appel au Programme des Nations Unies pour l'environnement (PNUE) et au Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) pour mettre sur pied des projets de développement; le programme d'aide en préparation est basé sur les conclusions des experts qui insistaient sur la nécessité d'une nouvelle entente régionale élargie, ce qui a rendu possible le projet international actuel.

Un accord a été conclu à Washington sur la nécessité de mettre au point un programme d'assistance à l'environnement visant à stabiliser le niveau des eaux de la mer d'Aral, à planifier et à gérer les ressources en eau des rivières affectées et à créer les instances administratives, scientifiques, économiques et sociales nécessaires. Le programme comprendra également des schémas à court terme pour l'amélioration des conditions de vie des populations locales; la FAO, l'Organisation mondiale pour la santé (OMS) et d'autres organisations spécialistes de la recherche et de la formation seront contactées. L'investissement initial viendra sans doute du Fonds pour l'environnement mondial (FEM) récemment créé, et l'on s'attend à une certaine générosité de la part de pays comme la Nouvelle-Zélande et le Canada.

Selon Jaroslav Valek, un spécialiste du PNUE qui étudie la région de la mer d'Aral depuis 1990, la croissante salinisation des sols serait le problème le plus urgent.

Le système d'irrigation en sillons des champs de coton portait à la saturation du sol, dissolvait les sels et les ramenait en surface. Avec l'évaporation des eaux, les sels sont restés dans le sol et leur concentration a augmenté lors de chaque inondation; les pluies ont alors emporté les sels vers les affluents puis vers la mer.

Différentes techniques de culture et d'irrigation pourraient éviter une ultérieure salinisation. On a expérimenté avec succès de nouveaux hybrides de coton au Zimbabwe, où un coton de bonne qualité pousse dans des zones relativement sèches, et les chercheurs soviétiques ont mis au point un hybride qui ne demande que deux périodes d'irrigation par an contre les quatre nécessaires à la plupart des plantes actuelles. Les nouveaux systèmes d'irrigation coûteraient plus cher mais permettraient de grandes améliorations: la micro-irrigation, qui apporte une petite quantité d'eau au pied de chaque plante, utilise moins d'eau et évite de saturer inutilement le sol.

Cependant J. Valek estime que la véritable solution au problème réside en une réforme institutionnelle; les sovkhozes et les kolkhozes de la région recevaient en général de l'argent non pas en fonction de l'eau qu'ils préservaient mais pour l'eau qu'ils utilisaient et les entreprises de construction des canaux d'irrigation étaient payées selon le volume d'eau que ceux-ci transportaient: de là une tendance au gigantisme et à une surconsommation en eau. Dans certains cas extrêmes, on construisait des canaux d'irrigation pour des fermes qui ne voyaient jamais le jour; les canaux existent encore et mènent leur précieux liquide se perdre dans le désert. Véritables monuments d'une erreur monumentale.

Thomas Land

Haïti, le retour du cochon

Dans les Caraïbes, de 1978 à 1982, tous les cochons domestiques de l'île d'Hispaniola, qui comprend Haïti et la République dominicaine, ont été abattus, afin d'éviter que la peste porcine africaine ne se répande dans les autres pays d'Amérique. Cet abattage, fortement recommandé par le Département de l'agriculture des Etats-Unis (USDA), a permis d'éviter l'infestation mais il a également mené à l'extinction de l'élevage traditionnel des porcs, unique dans cette île.

Cela fut un désastre pour les petits fermiers: non seulement ils perdirent leurs porcs bien adaptés aux conditions locales, mais encore les nouveaux troupeaux introduits sur les conseils de l'USDA s'acclimatèrent mal. Un groupe de chercheurs français réussit cependant à sauver la situation: en croisant des animaux de trois continents, ils sont parvenus à produire un nouveau cochon fermier, qui se développe bien en Haïti et sera bientôt introduit en République dominicaine.

Une maladie incurable

La peste porcine africaine est une maladie virale incurable, très contagieuse et endémique en Afrique; elle est rare en Europe mais inconnue sur le continent américain. C'est donc par accident qu'elle a éclaté en 1978 à Hispaniola, où des cochons de la République dominicaine mangèrent par hasard des déchets de porc provenant de repas servis à bord d'un avion qui venait d'Europe. L'épidémie se répandit rapidement dans toute l'île et les producteurs de porcs des E.U., du Mexique et du Canada craignirent qu'elle n'atteigne le continent: les dégâts auraient alors pu atteindre des coûts de 560 millions de dollars dans les seuls Etats-Unis. Cela aurait pris des décennies pour éradiquer la maladie et les fermiers exportateurs de porcs auraient perdu dans les 300 millions de dollars par an. C'est donc pour éviter ce désastre que l'USDA décida l'abattage du cheptel, en accord avec les deux gouvernements concernés.

Des scientifiques ont créé une race particulièrement résistante de cochonnets Guadeloupe-Gascon-Meishan

En Europe, on contrôle les explosions de la peste porcine en isolant et en supprimant les bêtes malades, mais l'USDA a estimé qu'il était nécessaire de supprimer tous les porcs de l'île pour être sûrs que le virus était éradiqué. L'impact de cette décision fut énorme car à Hispaniola comme dans divers autres pays en voie de développement, les porcs sont une sorte de réserve pour les fermiers. De plus, à Haïti, le sacrifice d'un porc noir est essentiel dans les cérémonies Vaudou. Aussi les gens ont-ils tenté de cacher leurs porcs.

L'impact alla même plus loin que la perte d'argent ou de protéines. Les fermiers ne savaient plus que faire des mangues qui servaient à nourrir les porcs; à la recherche d'argent, ils vendirent leurs manguiers pour en faire du charbon de bois, participant ainsi au phénomène de déforestation de l'île déjà bien avancé. De plus, ils remplacèrent leurs cochons par des chèvres qui, en mangeant les arbustes, accélérèrent encore le processus.

C'est pourquoi l'USDA, en collaboration avec l'Institut interaméricain de coopération pour l'agriculture (IICA), un département de l'Organisation des Etats américains, s'engagea à restituer ses porcs à Hispaniola; on promit même de meilleures bêtes encore et ce fut là le problème.

Accueil d'un nouveau porc dans un village haïtien

Les porcs locaux descendaient des cochons européens apportés par les pirates qui pillaient les navires de transport coloniaux au XVIIe siècle; les animaux qui échappèrent au tourne-broche étaient petits et costauds, capables de se contenter d'une nourriture fibreuse et pauvre et de se passer de graisse en cas de famine. Or l'USDA décida de les remplacer par les produits gras de l'élevage moderne - Hampshires, Yorkshires et Durocs, très répandus en Europe et en Amérique du Nord. Ces bêtes engraissent avec une belle efficacité, à condition de disposer d'une nourriture à basse teneur en fibres et haute teneur en calories, de procéder à des lavages réguliers, de disposer d'eau propre, de locaux sains et de médicaments. Tout ceci est bien au-dessus des possibilités des petits fermiers d'Hispaniola.

Les nouvelles bêtes se développèrent différemment dans les deux pays: la République dominicaine est plus riche, et plus de la moitié des fermiers purent offrir les conditions nécessaires au bon développement des porcs. Au moment où les maladies des porcs décimaient les élevages, les fermiers dominicains purent ainsi offrir des bêtes saines.

A Haïti au contraire, la plupart des petits fermiers étaient trop pauvres pour donner à leurs porcs une nourriture spéciale et des médicaments; il était déjà surprenant que quelques Grimmel, comme les Haïtiens appellent les porcs blancs américains, survivent; plus de la moitié des 400 000 bêtes introduites par l'IICA entre 1980 et 1986 moururent. Les survivants sont maintenant la propriété des quelques rares Haïtiens, maîtres d'école ou commerçants, qui peuvent se permettre de les entretenir.

Le tour de taille d'un animal permet d'avoir une estimation de son poids

Aider les plus pauvres

Ainsi, les Dominicains les plus pauvres et la plupart des Haïtiens se retrouvaient-ils toujours sans porcs; c'est alors qu'en 1983, un groupe français d'experts en reproduction du bétail qui travaillaient en Haïti décida de recréer le porc traditionnel local. Ils proposèrent au gouvernement de croiser trois espèces: pour une moitié, les nouveaux troupeaux descendraient du porc de la Guadeloupe, cousin de l'ancien porc haïtien; l'autre moitié serait composée d'un mélange de deux espèces: l'ancien cochon français de Gascogne et le Meishan chinois. Les experts misaient beaucoup sur ce dernier, particulièrement prolifique; il est apte à la reproduction dès trois mois, contre les sept mois habituels, et les femelles mettent bas 18 porcelets à la fois, contre une moyenne de 14 chez les meilleures espèces, et même deux ou trois pour les porcs haïtiens traditionnels. Les truies ont davantage de tétons pour nourrir leurs petits et l'espèce se développe même dans les plus dures conditions.

Au départ, le gouvernement haïtien et l'USDA se montrèrent réticents car ils craignaient que ces bêtes ne soient porteuses de maladies européennes ou même de la peste porcine africaine; c'est pourquoi des spécialistes de l'Institut national de la recherche agronomique (INRA) ont prélevé par césarienne des petits qu'ils ont ensuite élevés en milieu stérile. Un établissement aseptisé a été construit à Tomassin, près de Port au Prince; en 1986 on y a apporté des porcelets non contaminés de Guadeloupe pour les croiser avec des descendants de Gascon-Meishan: dès 1987, il était possible de distribuer aux Haïtiens des cochonnets Guadeloupe-Gascon-Meishan.

Les fermiers haïtiens étaient aux anges: non seulement les petits ressemblaient aux porcs qu'ils possédaient avant l'abattage forcé, mais encore les adultes, même mal nourris, mettaient bas bien plus de porcelets à la fois (en moyenne 5,6). Et mieux encore, ils étaient noirs: on pouvait de nouveau sacrifier des porcs lors des cérémonies Vaudou!

Les descendants de ces porcs de facture française sont aujourd'hui au nombre de 250 000 sur un total de 650 000 et leur nombre ne rend même pas assez compte de leur succès réel: en effet, l'IICA a introduit ou élevé trois fois plus de Grimmels que les experts français n'ont produit de bêtes au cours de leur programme et pourtant il n'y a toujours à Haïti que 1,6 Grimmel pour chaque cochon français. Les chercheurs français se proposent d'introduire bientôt leurs bêtes en République dominicaine, où ils les croiseront avec le Cimarron, seule espèce qui subsiste à l'état sauvage dans les forêts. Ils apporteront une amélioration supplémentaire à la variante génétique des porcs d'Hispaniola, qui apparaît déjà comme bien supérieure à ce qu'elle était avant l'épidémie.

Debora. MacKenzie

En bref

· Le Rif est né en mai 1993 à Constantine, Algérie. L'objectif de ce nouveau mensuel, qui a l'apparence d'un quotidien, est de faire connaître l'agriculture algérienne, de contribuer à sa réhabilitation, et d'être un lien entre les partenaires du monde rural, en traduisant les préoccupations de la profession. Le premier numéro faisait notamment le point sur la production céréalière du pays, démystifiait la profession d'aviculteur, spéculait sur la valeur nutritive des lentilles, et, dans le cadre d'un dossier sur la mise en valeur des terres, s'interrogeait sur l'existence d'une mer saharienne. Une initiative à encourager.

Le Rif, 8 rue Bensegar Mohamed Cherif, BP 613, Constantine, Algérie. Tel: (213 4) 94 00 55. Abonnement annuel: 100 DA.

· On a découvert l'an dernier, dans la réserve naturelle vietnamienne de Vu Qang, un nouveau mammifère; il est si différent de tous ceux que l'on connaissait jusqu'ici qu'il est un genre à lui tout seul. C'est le Vu Qang ox Pseudoryx nghetinhensis, de la famille des Bovidae, qui comprend les bovins, les chèvres et les antilopes. C'est le premier genre de grand mammifère que l'on découvre depuis 50 ans. Bien qu'il ressemble à l'oryx d'Arabie, son ADN le rapproche davantage des boeufs. Depuis qu'une équipe conjointe du ministère vietnamien des Forêts et du Fonds mondial pour la nature (WWF) ont découvert trois paires de cornes de cet animal, les gardes forestiers vietnamiens en ont trouvé 20 autres, ainsi que trois peaux entières. Les spécialistes estiment que plusieurs centaines d'animaux de ce genre survivent encore dans la réserve, près de la frontière nord entre Vietnam et Laos.

· Mikhail Gorbatchev vire au vert: grâce au 1,5 million de dollars fourni par les Pays-Bas, l'ex-président soviétique a mis sur pied la Croix verte internationale (IGC), destinée à redonner de la vigueur aux mouvements pour l'environnement et à encourager "les initiatives décisives des chefs d'Etat" en faveur du milieu naturel. Lancée au Japon, l'IGC opérera à partir de Genève, La Haye et Moscou. M. Gorbatchev rappelle à ce sujet sa "conviction que l'état de l'environnement doit avoir l'absolue priorité sur tous les autres problèmes qui se posent à nous aujourd'hui: nous avons besoin d'une révolution environnementale".

· D'après le professeur P.F.J. Abeels de l'Université catholique de Louvain, en Belgique, c'est encore une bonne idée d'utiliser des chevaux en agriculture. D'après lui, les chevaux peuvent permettre d'abaisser les coûts des activités sylvipastorales, tout en réduisant les dégâts causés au sol et aux arbres. Il rappelle, dans un article décrivant les techniques et l'équipement nécessaires, que la forme, l'usage et l'entretien du harnais sont essentiels, ainsi que le dressage des chevaux; la plupart de ses indications peuvent être i suivies pour les boeufs et les éléphants. Pour obtenir ce texte, on peut écrire à: Prof. P.F.J. Abeels, Unité de génie rural, Faculté des sciences agronomiques, Université catholique de Louvain, B-1348 Louvain-la-Neuve, Belgique.

· Le Centre international d'agriculture tropicale (CIAT) vient de rendre hommage à un chercheur colombien en donnant son nom à une nouvelle variété de haricot résistant aux maladies; ainsi, le Secrétariat des ressources naturelles du Honduras a enregistré la lignée expérimentale DOR 482 sous le nom de Haricot de Don Silvio pour remercier Silvio H. Orozco parti à la retraite. Ce haricot rouge a un fort rendement, il résiste au virus de la mosaïque du haricot doré qui ravage les cultures en Amérique centrale, mûrit vite et supporte la rouille bactérienne. Orozco est agronome, spécialiste des haricots, de la vallée de Cauca en Colombie; il a travaillé sur un projet primé du CIAT qui a produit une série de variétés DOR résistantes au virus de la mosaïque du haricot doré en Amérique centrale.

· La Belgique impose une taxe pour l'environnement. Le gouvernement belge taxé dorénavant les emballages non écologiques, qui incluent des articles courants comme bouteilles, papiers, rasoirs en plastique et piles. Les entreprises chimiques et les autres industries concernées crient au scandale, mais le gouvernement rappelle que les emballages représentent la moitié des ordures ménagères; il espère pousser les entrepreneurs à bien réfléchir avant de lancer leurs produits.

La FAO en action

Rome
Novembre-Décembre
No. 72

RÉUNION DE LA CONFÉRENCE DE LA FAO

C'est au cours de la 27e session de la Conférence de la FAO, du 6 au 25 novembre à Rome (soit peu après l'impression de ce numéro), qu'aura été élu le nouveau directeur général qui prend la succession du Libanais Edouard Saouma. Celui-ci aura dirigé l'Organisation depuis 1975. Au programme de la Conférence figurent également l'approbation du Programme de travail et budget pour 1994-95 et le plan à moyen terme (1994-99), l'admission de nouveaux membres au côté des 159 Etats membres et l'examen des questions relatives à l'alimentation et à l'agriculture. La Conférence, qui se réunit tous les deux ans, est l'organe plénier, chargé d'arrêter la politique générale de l'Organisation.

L'AN 2010 VU PAR LA FAO

Comment se présentera le monde agricole dans la première décennie du siècle prochain, tel est le sujet de l'étude globale "Agriculture: horizon 2010". Présenté lors de la Conférence de la FAO, ce document publié en cinq langues examine quelle pourra être la situation mondiale de l'alimentation et de l'agriculture, y compris les pêches et les forêts, durant les 20 prochaines années. Il s'agit d'une édition reprise et complétée de "Agriculture: horizon 2000" que la FAO a publié en 1987. Selon l'auteur de l'étude, Nikos Alexandratos, économiste à la FAO, des progrès ont été réalisés quant à la sécurité alimentaire mondiale, mais la pauvreté et la sous-nutrition persistent parce que les denrées alimentaires, toujours insuffisantes, sont mal distribuées de par le monde. Quelque 800 millions de personnes - 15 pour cent de la population mondiale et 20 pour cent de la population des pays en développement - souffrent de sous-nutrition chronique. Ce pourcentage, qui atteint 37 pour cent en Afrique sub-saharienne, est encore supérieur dans certains pays. Ces régions ont peu d'espoir de connaître une amélioration avant l'an 2010. Pour plus d'informations, contacter la FAO, Section distribution et ventes, Viale delle Terme di Caracalla, 00100 Rome, Italie.

CONSÉQUENCES DE LA LUTTE CONTRE LE CRIQUET

Des tonnes de pesticides ont été déversées en Afrique du Nord et de l'Ouest pour détruire les essaims de criquets pèlerins durant les années 80. Le remède a été par endroits efficace, mais à quel prix pour l'environnement? A long terme, l'écosystème du Sahel risque d'être bouleversé et les ennemis naturels des acridiens de disparaître. La FAO et la Direction pour la protection des végétaux du Sénégal exécutent un programme de recherche sur la question (ECLO/SEN/003/NET). Le projet, dénommé LOCUSTOX, a débuté en octobre 90 sur des financements hollandais de 1,6 million de dollars. En développant les méthodes d'observation pour l'analyse des risques concernant l'environnement en Afrique, le projet cherche à déterminer le niveau au-delà duquel l'écosystème sahélien ne se reconstituera plus. Certains types de pesticides et les dosages spécifiques les moins dangereux seront également recommandés.

AIDE AUX COLPORTEURS

En Jamaïque, un projet (GCPP/JAM/016/NET) aide les fermiers des collines et les marchands ambulants à réaliser de meilleurs bénéfices sur leurs récoltes. Sept cents agriculteurs et une centaine de petits commerçants de la région du Rio Minho dans le centre de la Jamaïque sont concernés par ce projet. Les objectifs sont de réduire les pertes existant actuellement entre la moisson et la vente, ainsi que d'améliorer le commerce des différentes récoltes grâce à de meilleures conditions de stockage, d'emballage et de transport.

TRAVERSÉE DES CONTINENTS

Dans le cadre du Programme de participation populaire de la FAO, un groupe de Zambiens a organisé un voyage en Asie pour échanger des idées avec des Sri Lankais. Les projets PPP sont destinés à démontrer que les petits groupes d'agriculteurs qui s'autogèrent sont efficaces et peu coûteux. Les échanges aident les groupes à résoudre des problèmes communs. Il s'agit là de la première tentative de rencontre entre ressortissants de continents différents. Commencé en 1983, le projet zambien couvre trois districts de la province isolée de l'Ouest et concerne 2 298 fermiers réunis en 200 groupes. Le projet du Sri Lanka a débuté une année plus tard dans trois districts des provinces du Centre et du Nord-Ouest; il concerne 2 220 fermiers répartis en 220 groupes. Il comprend des activités génératrices de revenus comme la transformation alimentaire et l'artisanat.

PLANIFICATION SUR ORDINATEUR

La Division de l'analyse de politiques de la FAO offre un nouveau système informatique pour la planification de l'agriculture et les analyses de politiques au niveau gouvernemental. Dénommé K2, c'est une version améliorée du Computerized System for Agricultural Population Planning Assistance and Training (CAPPA), développé par la FAO au milieu des années 80. Comme CAPPA, K2 offrira un cadre souple pour organiser et analyser les statistiques agricoles et construire des scénarios de simulation de politique dans certaines situations spécifiques. Il servira aussi d'outil pour les simulations économiques et aidera à l'évaluation de l'impact des stratégies mises en oeuvre concernant l'agriculture et les ressources naturelles. Pour toute information, contacter: F. Viciani, Division de l'analyse de politiques, FAO, Viale delle Terme di Caracalla, 00100 Rome, Italie.

UTILISATION DES TERRES AU BOTSWANA

Un projet FAO-PNUD (BOT/91/001) aide le Botswana à mieux utiliser ses terres. La productivité de l'agriculture et de l'élevage de ce pays est restée jusqu'à présent faible parce que l'information et la technologie appropriées n'arrivaient pas jusqu'aux paysans. Les sols et la végétation se sont dégradés, les terres sont devenues vulnérables à la sécheresse, et les ruraux - qui représentent 75 pour cent de la population - trop souvent condamnés à la pauvreté. Ces problèmes devraient être résolus grâce au projet, qui se poursuivra jusqu'en 1996. Les initiatives sont prises en étroite consultation avec les décisionnaires locaux et les agents d'exécution. En outre, des opportunités d'investissement se dévoilent grâce à une meilleure gestion de l'utilisation des terres. Des organisations non gouvernementales pourront en profiter pour aider les communautés rurales à mettre en oeuvre les programmes destinés à améliorer leur vie.

AMÉLIORER LA PÊCHE À ARUBA

Le gouvernement d'Aruba (Petites Antilles) veut développer son industrie des pêches, et un projet FAO-PNUD (ARU/90/002/01/12) l'assiste en lui fournissant les données techniques et économiques et les ressources financières. Un économiste spécialiste des pêches et un maître-pêcheur ont été envoyés dans l'île pour 18 mois pour conseiller l'utilisation de tel ou tel matériel de pêche dans des eaux sous-exploitées, et pour apprendre aux pêcheurs à s'en servir. Ils décideront également quels bateaux et filets utiliser pour la pêche en haute mer dans les eaux de la zone économique exclusive d'Aruba.


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