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V - DEVELOPPEMENT ET AMÉNAGEMENT DES PÊCHERIES

5.1 - Possibilités de développement

Les Possibilitiés de développement résident:

Le Groupe a examiné, à partir des évaluations de stocks (tabl. 39, p. 71 et 72), les possibilités physiques d'accroissement ou de diversification de la production. La plus grande opportunité, en termes physiques mais non économiques, est offerte par les petits pélagiques. Si les stocks démersaux de grande valeur commerciale - le poulpe principalement - sont pleinement exploités, des possibilités d'intensification de la pêche, d'importance variable, existent encore. Mais, globalement, celles-ci résident plus dans la substitution de flottilles existantes - ce qui pourrait demander à terme des moyens nouveaux - et dans l'amélioration de la distribution de l'activité des capacités existantes, que dans le développement de nouvelles pêches.

Selon les ressources, plusieurs scénarios de développement doivent être distigués.

5.1.1 - Accroissement de la production des ressources latentes et sous-utilisées

5.1.1.1 - Développement de nouvelles pêches

Selon la profession, le stock de praire (Venus rosalina), dont le potentiel atteindrait 300 000 tonnes, n'est pas pêché parce que son exploitation se heurte à des problèmes de commercialisation. Le marché européen préfère les coquillages frais. Pour des raisons de contrôle de salubrité des coquillages, des accords avec les services compétents des pays importateurs sont nécessaires. Comme ces accords sont difficiles à négocier, l'écoulement sous d'autres formes de valorisation (produit décortiqué congelé, par exemple) serait peut-être plus facile. Cet exemple illustre l'effet d'entraînement sur la pêche que peut avoir le développement des secteurs secondaire (traitement) et tertiaire (commercialisation).

Le crabe profone (Geryon maritoe) est actuellement pêché de façon secondaire, mais suffisante, par les chalutiers espagnols: le chalut n'est pas l'engin le mieux approprié; le développement d'une pêche spécialisée au casier dépend de deux conditions:

5.1.1.2 - Développement de la pêche des petits pélagiques

Le problème a déjà été posé (voir § 3.3.1):

5.1.2 - Redistribution de l'activité des flottilles

5.1.2.1 - Participation d'armememnts mauritaniens aux pêcheries spécialisées

Les ressources de crevettes du plateau et du talus, de merlus et des autres espèces de poisson du talus, de longouste rose, …sont déjà significativement exploitées, mais par des flottilles étrangères. Il en est de même pour les stocks thoniers dont la production annuelle dans la ZEE mauritanienne est officiellement de 20 à 25 milles tonnes.

Il ne s'agit donc pas de développer de nouvelles exploitations, mais de promouvoir la participation d'armements nationaux aux pêcheries existantes. Ceci peut se faire graduellement. Dans un premier temps, obligation pourrait être faite aux armements étrangers de débarquer leurs captures en Mauritanie. Ensuite la création d'armements de droit mauritanien et de sociétés mixtes serait recherchée. Enfin, des armements nationaux prendraient le relais des armements étrangers. Des analyses économiques sont nécessaires pour comparer les mérites des différentes options. L'effet des difféentes formules sur le comportement des flottilles étrangères est également à prendre en considération.

Plusieurs raisons ont été avancées pour expliquer l'absence de participation mauritanienne à ces pêcheries:

5.1.2.2 Équilibre flottille artisanale - flottille chalutière dans le pêche des céphalipodes

Sur le plan de l'anayse, cette question se pose dans des termes analogues au cas précédent.

Depuis pluiseurs années, la pêche artisanale du poule se développe au développe au détriment de la pêche chalutière, alors que le stock est trop intensivement exploité. La première doit donc avoir des coûts de production inférieurs (voir § 4.1.4.2). La profession considère que jusqu'en 1988 le congelé à terre (chalutiers glaciers et pêche artisanale) revenait moins cher que le congelé en mer (chalutiers congélateurs). Depuis 1990, ce serait l'inverse. Par ailleurs, la pêche artisanale ne peut exploiter les stocks démersaux sur les secteurs éloignées de la côte. Les filières de traitement et de commercialisation mis en place par la pêche industrielle ont grandement contribué au développement de la pêche artisanale. Ainsi, les systèmes artisanaux et industriels d'exploitation sont complémentaires, mais le meilleur équilibre entre les deux flottilles demande à être mieux déterminé, tout comme les interventions nécessaires pour la réalisation des équilibres recherchés. C'est, pour le CNROP, une tache prioritaire. Ceci suppose la collecte et la mise à la disposition du CNROP par la profession des données sur les coûts de production et l'emploi dans les différentes flottilles.

5.1.2.3 - Meilleure distribution des activité de la pêche chalutière

Les évaluations de stocks ont fait apparaître:

L'objectif ici est de mieux ajuster le taux d'exploitation à la productivité des différents stocks. Ceci sous-entend:

Ces opportunités autant la pêche artisanale que la pêche industrielle. La première dispose, à cet égrande diversité et la meilleure sélectivité des engins qu'elle peut mettre en oeuvre. Elle pourrait, par exemple, suivant en cela l'exemple du Maroc, pêcher le calmar à la turlutte et, peut-être, la seiche au caiser.

5.1.3 - Valorisation de la matière première1

5.1.3.1 - Introduction

A part les espèces pélagiques - qui, si elles sont abondantes, ont une valeur faible et un coût d'exploitation élevé si lorsqu'elles sont pêchées par des flottilles industrielles -, l'essentiel des ressources halieutiques mauritaniennes est maintenant pleinement exploité. C'est pourquoi, les principales opportunités d'expansion du secteur sont à rechercher dans la valorisartion et la commercialisation.

Les perspectives en la matière peuvent être identifiées à partir de la comparaison de la matière première dans la zone de production mauritanienne et les produits dans les zones de consommation (marchés internationaux et, secondairement, intérieur; fig. 19).

Partant de ce schéma, le Groupe a examiné successivement:

5.1.3.2 - Techniques actuellement utlisées en Mauritanie

Manutention et traitement en mer

a) pêches artisanales

Après capture, les poissons sont triés, puis stockés sans réfrigération, ou sous glace dans des conteneurs isothermes. Comme peu de priogues traditionnelles sont encore équipées de tels conteneurs, leurs marées sont en général courtes (parfois de quelques heures). Malgré cela, la qualité des produits n'est pas toujours bonne. Les priogues glacières peuvent faire des sorties plus longues (jusqu'à 4 à 7 jours). Mais l'isolation des conteneurs est rerement adéquate.

Les poulpes sont éviscérés, lavés à l'eau de mer et conservés en vrac, sans glace, dans des sacs de jute jusqu'au débarquement. Malgré la rusticité de ce traitement, les débarquements sont de bonne qualité. Ce résultat s'explique par le fait que les céphalopodes sont moins périssables que le poisson, que, contrairement à la pêche au chalut où les traits sont longs, la pêche au pot ne traumatise pas les poulpes, et que la mise en sac évite la déshydratation.

1 - Cette partie du rapport final est pour l'essentiel basée sur le manuscrit de MM. A.S. Ba et N. Diouf.

Les langoustes vertes sont conservées dans des caisses servant de viviers, jusqu'à leur débarquement à La Tcharka (Nouadhibou).

Dans la pêche des petits pélagiques, les prises sont stockées en vrac, sans glace. Le plus souvent, les pirogues rentrent immédiatement après la capture. Les marées sont donc généralement courtes (quelques heures). La production, destinée au marché intérieur, est consommée fraîche, ou après transformation selon les procédés traditionnels (mulet).

Figure 19

Figure 19 - Opportunités et problèmes de valorisation de la matière première.

b) chalutiers glaciers

Le poisson commercial est séparé et mis en cale en vrac sous glace.

Les poulpes subissent le traitement suivant: éviscération, lavage, ensachage plastique avant mise en bacs ou en paniers, transfert manuel ou mécanique à la cale, entreposage en compartiments, débarquement et transfert en usine. Les seiches et les calmars sont parfois mis directement en bacs.

La grande majorité des chalutiers débarquent à Nouadhibou. Les marées durent une semaine environ (6 jours pour les céphalopodes). L'équipement des glaciers est généralement convenable, quoique pas toujours conçu pour des conditions tropicales et pour économiser l'énergie. La manutention du poisson à bord - dont la qualité varie selon la qualification des équipages -, le glaçage en vrac - qui occasionne des altérations par écrasement -, et la manutention au débarquement - où l'emploi de pelles abîme le poisson -, de même que l'hygiène de manutention et d'entreposage sont susceptibles d'améliorations significatives.

c) chalutiers congélateurs

Les poulpes sont éviscérés, triés par tailles, emballés sous sacs plastiques, mis en plats, congelés par contact, démoulés, mis en cartons, entreposés dans la cale à - 25°C. Les seiches et les calmars subissent le même traitement avec, en plus, un lavage après le tri.

Le poisson pêché sur le plateau continental subit la chaîne de traitement suivante: tri, lavage, classification des espèces et des tailles (gros, moyen, petit) selon la destination (marchés africain et européen), mise en plats des poissons entiers (les ailes de certaines raies - miroir - sont préparées) congélation en tunnel (1 à 9 heures), démoulage, mise sous sachets cellophane, mise en cartons, entreposage à - 25°C, débarquement.

Les congélateurs font des marées de 45 à 60 jours. Leur équipement est satisfaisant.

Dans les pêches spécialisées espagnoles, les merlus sont triés par espèces, lavés, transférés vers l'installation frigorifique, congelés en tunnel ou par contact, et entreposés à - 25° C. Les crevettes sont congelées entières ou décortiquées. Dans le premier cas, elles sont calibrées, lavées, triées, mises en boîtes d'un kg, surgelées, et mises en caisses de 10 kg. Dans le second cas, le deécorticage s'effectue dès la mise à bord, avant le tri et le lavage. La production est débarquée directement en Espagne.

La nature (espèces) et le volume des rejets sur les chalutiers congélateurs et glaciers pêchant les espèces démersales ne sont pas connus. L'estimation des rejets en fonction des espèces cible justifie un programme de recherche.

Le diagramme ci-dessous présente les techniques mises en oeuvre par les chalutiers de l'Europe de l'est pêchant les petits pélagiques. Selon la nature de la matière première et les produits finaux, les captures passent par une des trois filières de traitement suivantes (fig. 20): - fabrication de conserves; - congélation du poisson, destiné principalement au marché africain où il est souvent fumé de façon traditionnelle avant écoulement vers l'intérieur; - fabrication de farine et d'huile.

Figure 20

Figure 20 - Traitement des petits pélagiques à bord des chalutiers-congélateurs de l'Europe de l'est.

La bonne qualité de la matière première se répercute sur celle de la farine et des huiles. Le taux de protéines des farines est supérieur à 60%.

d) canneurs et senneurs (grands pélagiques)

Les thoniers canneurs et senneurs qui pêchent le thon dans la ZEE mauritanienne congèlent leurs prises de la façon suivante: tri, transfert manuel ou mécanique vers les cales, congélation en saumure, entreposage à - 25° C. Le poisson est débarqué aux îles Canaries et au Sénégal, où il est mis en conserves.

Manutention et traitement à terre

a) débarquement

Sur les sites de la pêche artisanale, les opérations de débarquement du poisson frais se font au soleil. La manutention, le conditionnement et l'hygiène laissent à désirer. Dans les ports de Nouadhibou et de Nouakchott, le débarquement est ralenti par les opérations de contrôle avant transfert dans les usines et les entrepôts frigorifiques. Le même contrôle pourrait se faire dans les salles couvertes.

b) ateliers artisanaux

Les ateliers qui traitent les produits destinés à l'exportation en frais sous glace appliquent la chaîne de préparation suivante: réception, tri, lavage, classification, glaçage em caisses isothermes, transport à l'aéroport, entreposage en atmosphère ambiante, expédition par avion vers l'Europe.

Le poisson salé-frais (poisson vert) est préparé à partir de mérous et de courbine de bonne qualité selon la chaîne suivante: réception, prétraitement (étêtage, éviscération, tranchage en lanières), lavage, premier salage à sec en cuves (1 à 2 jours), deuxième salage à sec après premier retournement (1 journée), troisième salage à sec après deuxième retournement (1 journée), égouttage sur palettes, mise en sacs de jute, entreposage à - 25°C, mise en conteneurs, expédition. Le sel est d'excellente qualité. La production est exportée vers l'Espagne.

Le poisson sale-séché est fabriqué à partir de capitaine et d'otolithes de taille moyenne. Le procédé est le suivant: réception, prétraitement (éviscération, étêtage, tranchage ventral), lavage, salage en saumure (4–5 jours), lavage, égouttage, séchage sous claies (6 à 7 jours), conditionnement sous cartons, et entreposage en salles non conditionnées. Le sel, importé d'Espagne, est d'excellente qualité. La production est écoulée vers l'Afrique centrale.

Le poisson fermenté-séché est préparé, principakement à Nouadhibou, à partir des déchets de la pêche, de déchets d'usines, et de poissons de la pêche artisanale. Le procédé est le suivant: réception, prétraitement (étêtage, éviscération ou non), fermentation aérobie ou anaérobie (en saumure ou sous terre) pendant 2 à 3 jours, tranchage, lavage, égouttage et séchage sur claies (4 à 7 jours), badigeonnage à l'huile de poisson obtenue par cuisson des foies, oeufs et têtes récupérés durant les opérations de prétraitement, entreposage sur claies (avec protection pendant la nuit), aplatissage par piétinement avec humidification, et conditionnement en sacs de ciment ou de jute. Ce produit est écoulé vers l'intérieur du pays.

Le requin séché (“tollo”) est préparé à partir de Mustellus sp. et de Leptocharias sp. frais suivant le procédé suivant: réception, prétraitement (étêtage, enlèvement des nageoires, équeutage, éviscération), tranchage en lanières, lavage, séchage des lanières sur des lignes (4 à 7 jours), dépeçage, conditionnement en sacs de jute, et entreposage à température ambiante. Le ‘tollo’ est exporté vers l'Espagne. Les ailerons de requins, préparés à partir de mêmes espèces, subissent le traitement suivant: enlèvement des nageoires dorsale, pectorales, anales et caudale (lobe inférieur), séchage à même le sol ou sur terrasses (3 à 4 jours), conditionnement en sacs de jute.

Les langoustes, débarquées à a charka par les pirogues, sont conditionnées vivantes, en couches séparées par de la paille douce, dans des cartons contenant des sachets de glace pour améliorer la survie. Les langoustes mortes sont congelées après étêtage. La production est exportée vers l'Europe.

Dans les centres de traitement artisanaux, les équipements - fabriqués avec des matériaux localement disponibles (produits naturels et de récupération) -, les mediums de traitement (eau, énergie, sel, …), et l'hygiène des procédés sont insuffisants. Dispersés dans des zones peu salubres, les ateliers artisanaux occupent des locaux où les conditions de sécurité et d'hygiène, et les équipements de traitement et d'entreposage sont rarement convenables.

Actuellement, les techniques de traitement appliquées en Mauritanie aux petits pélagiques sont exclusivement artisanales:

c) usines

Les produits congelés en mer subissent au débarquement à Nouadhibou un contrôle par la SMCP, avant leur entreposage à - 25°C jusqu'à leur expédition.

La production de poisson des chalutiers glaciers est entreposée en chambres froides (0°C), avant transformation en congrlé entier et en filets congelés (usines ALASMAC etSIPECO). Le congelé entier subit la chaîne de traitement et de conditionnement suivante: réception, lavage, tri, classification du poisson destiné au marché europén, mise en plats, pesée, congélation en tunnel ou par contact, démoulage, mise sous sacs cellophane, mise en cartons, entreposage à - 25°C, expédition. Comme en mer, la nature et le volume des rejets lors du triage à terre ne sont pas connus.

Dans quelques usines, certaines espèces subisent une préparation particulière avant congélation du poisson entier:

Les filets congelés sont préparés de la façon suivante: réception de la matière première glacée, lavage, prétraitement (étêtage, éviscération, tranchage, …_, lavage, filetage, mise en plats, congélation par contact (– 35°C), démoulage et glazurage, emballage sous plastique, mise en cartons de 5 kg, entreposage à – 25°C, expédition. Les principales espèces et la qualification des employés, le rendement du filetage varie entre 55 et 65 %.

Les poulpes, deébarqués et réfrigérés, subissent le traitement suivant: entreposage en chambre à 0°C, tri par tailles, emballage sous cellophane, mise en plats, pesée, congélation par tunnel ou contact, démoulage, mise en cartons, entreposage à – 25°C, expédition. Les calmars et les seiches, congelés entiers, subissent le même traitement, à une différence près: ils sont lavés aprés le tri.

Certaines usines fabriquent des produits élaborés: tentacules etcorps de poulpe congelés; tubes de calmar congelés; blanc, tentacules et têtes de seiche congelés. Les produits tirés de la seiche sont élaborés de la façon suivante: réception des seiches réfrigérées, pesée, tri, lavage, pretraitement (enlèvement de l'os, áeviscération, enlèvement des yeux, dépeçage), récupération des têtes et des blancs, pesé3, emballage sous plastique (cellophane), mise en plats, congélation à - 35°C, mise en cartons de 5 ou de 20 kg, entreposage à - 25°C, expédition.

Il n'existe pas, à l'heure actuelle, en Mauritanie d'industrie de traitement des crevettes. Il en est de même pour les petits pélagiques et les thonidés. Des usines de conserve et de production de farine et d'huile, approvisionées en petits pélagiques par des petits senneurs basés à Nouadhibou, ont néanmoins existé jusq'à la fin des années 70. Elles ont fermé pour des raisons économiques et de carence de gestion.

5.1.3.3. - Perspectives de valorisation des produits en Mauritanie

Observations générales

Diverses observations d'ordre général peuvent être tirées de la revue précédente (tabl. 40):

Céphalopodes

En valeur, le poulpe congelé représente la moitié des exportations du secteur. Sur les marchés européen et japonais, le produit brut est attendri pour répondre aux exigences des consommateurs. Cette qualité organoleptique s'obtient de deux façons:

Apreés ce traitement, le produit fait souvent l'objet de préparations culinaires variées: panage (passage en solution de farine), cuisson à l'eau ou l'huile (friture), marinade au vinaigre ou aux aromates, … Les produits préparés sont ensuite conditionnés selon leurs marchés de destination, et surgelés. Sur le marché japonais (Mizuishi, 1991), la consommation par types de produits est la suivante: poulpe bouilli (70 %), poulpe aux aromates (20 %), poulpe au vinaigre (10 %).

Les premières expériences mauritaniennes d'exportation de blancs de seiche et de tubes de calmar sur le marché européen, notamment français, ont obtenu des résultats encourageants. L'expansion de cette production passe par l'application sur place des procédés suivants:

Tableau 40- Perspectives de valorisation des produits en Mauritanie en fonction de la destination des produits.
• produits bruts: frais;Véhicule• Techniques pour la conservation et la distribution:
• produits finis et semi-finis. • primaires: froid et air chaud;
• secondaires: produits artisanaux.
Marchés africains:  
• produits bruts: frais; • Techniques pour la conservation et la distribution:
• produits finis et semi-finis: congelé, produits artisanaux, conserves.Bateau Véhicule• primaires: froid et air chaud;
• secondaires: produits artisanaux fermentés, séchés et salés et salés; conserves;
• Développement de la pêche des petits pélagiques et valorisation des petits démersaux; Commentaires:
• amélioration des techniques artisanales;
•amélioration des circuits de distribution: transport routier;
•problème de l'approvisionnement en bois pour les produits fumés;
•demande solvable des consommateurs compte tenu du prix de revient.
Marchés européens:  
• espèces nobles: en frais ou congelé • Techniques de valorisation:
  • primaires: réfrigération, congélation, air chaud;
•production croissante de produits semi-finis et finis.Bateau
Avion
• secondaires;
• Valorisation des espèces démersales et pélagiques: filets, pulpes, conserves,semi-conserves, farine, huiles;
• Commentaires:
• création en partenariat de nouvelles chaînes, avec transfert de tech- niques et acquisition de savoir-faire (formation);
• système de contrôle technique fiable et agréé par les pays importateurs;
• appui technique par la recherche nationale;
• distribution et marketing performants.
Marché japonais:  
• espèces nobles: enfrais ou congelé;
• production croissante de produits semi-finis et finis.
Bateau
Avion
• Techniques de valorisation:
• primaires: réfrigération, congélation, air chaud;
• secondaires;
• Valorisation du poulpe, des seiches et des calmars:
• tendreté;
• produits finis: poulpe bouilli, frit, pané au vinaigre, aux aromates, …;
•Commentaires: idem marché européen.

Poissons démersaux

En ce qui concerne les produits destinés aux pays du nord, des améliorations sont souhaitables et possibles, dans un premier temps, au niveau des procédés de glaçage et du conditionnement, des liaisons aériennes à partir de Nouadhibou, et de l'installation de chambres froides dans l'aéroport de cette ville. Au delà, il s'agit de développer la production sur place de surgelés divers (filets, filets panés, pulpes), et de leur conditionnement sous des présentations répondant aux spécificités des différents marchés. Ceci suppose, de la part des opérateurs mauritaniens, une implication active dans l'étude et la prospection des marchés.

De même, en ce qui concerne les produits artisanaux, une meilleure valorisation des ailerons de requin passe par une meilleure connaissance de la part des producteurs du devenir de leurs produits dans les marchés de consommation.

La technique de fabrication de la poutargue est bien connue. Le progrès est à rechercher ici dans la qualité du produit (technique de production et hygiène), du conditionnement, et de la présentation. L'amélioration de la qualité du poisson salé-frais et du poisson salé-séché dépend de celle de la matière première et des conditions de production (travail et hygiène). Pour mieux valoriser le poisson séché-fermenté (‘guédj’) et le requin séché (‘tollo’), les techniques locales de fabrication et de conditionnement devraient être normalisées. Ceci suppose que les procédés, mais aussi les processus, de fermentation et de séchage soient mieux connus, et donc étudiés.

Crustacés

La langouste verte est un exemple d'espèce très bien valorisée car elle est commercialisée vivante. Le progrès est ici à rechercher dans la réduction du nombre d'intermédiaires et l'amélioration des communications aériennes. Des gains significatifs sont possibles. Ainsi, en septembre 1993, les langoustes exportées à 1 200 pesetas de Nouadhibou étaient revendues 4 000 pesetas le kg à Barcelone.

La création de valeur ajoutée par la valorisation des crevettes passe par leur débarquement en Mauritanie. La délocalisation des opérations de tri, de cuisson, de décorticage, de surgélation, d'expédition et de commercialisation, par la création de sociétés mixtes, permettrait de réaliser le transfert initial du savoir-faire. Par la même occasion, le débarquement en Mauritanie faciliterait la collecte de statistiques fiables, et le prélèvement de la rente foncière: les conditions nécessaires à la bonne exploitation du stock (§ 5.2.3) seraient améliorées.

Pélagiques

On a vu que l'identification de filières potentiellement adaptées et la détermination des conditions de leur développement passait par l'évaluation de la rentabilité économique de différentes combinaisons de systèmes de pêche, de traitement et de commercialisation dans le contexte mauritanien. Parallèlement, les progrès réalisés en Mauritanie dans le traitement et la commercialisation des poissons démersaux faciliteront la relance de la pêche des petits pélagiques.

Mais, si les ressources et les techniques existent, les contraintes économiques sont fortes. Cette observation s'applique aux produits modernes (conserves, farine, huile), comme aux produits traditionnels consommés sur le marché africain. Ainsi, la rareté du bois est un obstacle sérieux au développement du fumage sur place. Les contraintes sont peut-être moins fortes pour la congélation, ou l'extraction et la surgélation de pulpe. Si, par son volume et le pouvoir d'achat des consommateurs, l'Afrique (pays du Sahel et du golfe de Guinée) demeure, pour un écoulement en frais, en congelé, et, éventuellement, sous forme saurissée ou fumée, un marché potentiel à l'échelle du potentiel mauritanien, l'accroissement probable du prix de revient consé-cutivement à la transformation de l'économie des pays de l'est et les conséquences de la dévaluation du franc CFA sur les importations des pays du golfe de Guinée risque d'être une contrainte majeure.

Les perspectives de valorisation de l'anchois s'analysent dans des termes similaires. La variabilité dans l'abondance et la disponibilité des concentrations d'anchois peut être une contrainte supplémentaire au développement d'une industrie spécialisée.

Si un approvisionnement régulier peut être assuré, le sabre pourrait être plus facile à valoriser. Il peut servir à la fabrication de produits de qualité (en frais et en filets, avec de la farine et de l'huile comme sous-produits).

Le développement d'une industrie de conserve de thonidés se heurte aussi à des contraintes plus économiques que techniques. Une évaluation des possibilités de développement d'une industrie mauritanienne de conserve pourrait être conduite parallèlement à l'étude sur les petits pélagiques.

Espèces sous-exploitées, sous-utilisées et rejetées

Quelques espèces démersales, comme la praire (V. rosalina), restent sousexploitées. La valorisation peut contribuer à débloquer sa pêche. Diverses espèces accessoires des pêcheries dirigées sont sous-utilisées: brotule, rascasses, raies, drépane, galathées, grondins. Leur potentiel de production peut être au moins approximativement apprécié. Leurs caractéristiques physiques, biochimiques et microbiologiques, ainsi que les techniques de valorisation et les principaux marchés sont connus. Ici encore, leur valorisation dépend d'abord de l'évaluation de la rentabilité de systèmes de traitement adaptés, de l'acquisition d'un savoirfaire, et de la prospection des marchés potentiels.

La valorisation des rejets au niveau de la pêche comme des opérations de traitement sous-entend que leur nature et les quantités correspondantes, ainsi que les coûts de fabrication et les prix de sous-produits, soient estimés. La raréfaction de la matière première et les progrès dans le traitement et la commercialisation des espèces classiques pousseront les armements et les usines à mieux utiliser les rejets.

En conclusion, l'adaptation des usines à la fabrication de produits d'une plus grande valeur commerciale et le lancement de nouvelles chaînes de fabrication supposent:

5.1.3.4 - Les hommes et l'environnement économique

La valorisation de la matière première ne jouit pas encore en Mauritanie d'un intérêt à la mesure des opportunités qu'elle peut offrir. Pour expliquer cette attitude, le Groupe a avancé plusieurs explications:

Pour ce qui est du dernier point, certains professionels peuvent penser que la mise en oeuvre d'une politique de développement des industries de traitement, et de promotion des produits mauritaniens sur les marchés étrangers est du ressort de la SMCP. La prise en charge par cet organisme des opérations de commercialisation du poisson démersal congelé peut alors affecter l'intérêt des entrepreneurs nationaux pour la valorisation de leurs produits.. La discussion passée sur la fixation du prix de vente du poisson congelé montre que les partenaires nationaux peuvent négliger des enjeux plus stratégiques. Pourtant, des professionnels mauritaniens font preuve d'initiatives. De même, dans les contrats d'affrètement de chalutiers pélagiques, le fait que les diverses opérations de commercialisation soient assurées par leurs partenaires étrangers ne pousse pas les opérateurs nationaux à s'engager activement dans les activités de transformation et de promotion de leurs produits.

Si l'Administration mauritanienne a pris des mesures pour encourager la création de valeur ajoutée, un effort important reste nécessaire sur les plans juridique, fiscal et économique pour susciter la création de sociétés mixtes et des partenariats. Dans la négociation des accords de pêche, l'accroissement de la proportion des débarquements et des activités de traitement sur place est une préoccupation majeure de l'État. Ces accords doivent inclure des mesures d'accompagnement en matière de formation, de perfectionnement et d'encadrement technique nécessaires à leur réussite. Ce n'est pas le cas dans tous les accords en cours. Ainsi, les diverses techniques utilisées sur les navires étrangers opérant dans la ZEE mauritanienne, comme dans les usines à terre, ne sont pas toutes maîtrisées, ni même connues, des chercheurs, des techniciens, et des ouvriers mauritaniens.

Dans le transfert des innovations techniques, le secteur privé joue un rôle primordial. A condition que chaque partie y trouve son intérêt, les accords avec des entreprises étrangères constitue donc un moyen privilégié pour accélérer les transferts techniques. Les partenaires étrangers qui sont intervenus dans le secteur industriel - y compris pour l'approvisionnement en matériaux d'emballage et de conditionnement - ont effectivement transféré des équipements et des techniques. Ils ont ouvert l'accès aux marchés des pays riches. Cela reste insuffisant. Au cours des visites effectuées en septembre 1993 à Lorient (France) et à Barcelone (Espagne), les professionnels mauritaniens ont pu se rendre compte du potentiel de création de valeur ajoutée qu'offrent le traitement et la commercialisation des produits nationaux. Un effort accru de formation, l'intéressement et la responsabilisation des cadres d'entreprises, une attention plus grande pour les investissements à rentabilité différée, l'adaptation du système de crédit aux spécificités des activités de transformation artisanales et industrielles, la rationalisation des procédures d'autorisation d'exportation, …sont nécessaires.

La réduction des coûts locaux de production et les gains de productivité de la main d'oeuvre et des usines locales rendront plus attractives les délocalisations. Le développement des activités primaires et secondaires se heurte, en effet, en Mauritanie à un environnement physique et économique particulièrement difficile. Ces contraintes se répercutent sur les coûts de production (énergie, eau, …). A cet égard, les politiques des services publics (Port autonome, SONELEC, …) doivent tenir compte des impératifs de développement du secteur secondaire. Si la main d'oeuvre est bon marché, sa productivité doit être promue par une formation initiale et continue appropriée.

Les pêches spécialisées, effectuées par des flottilles et des équipages étrangers, sans transit des captures par le pays, contribuent peu à l'économie nationale et ont peu d'effets induits. Elles offrent un champ tout indiqué au développement de coopérations économiques entre entreprises nationales et étrangères.

La situation est similaire dans le secteur artisanal. Celui-ci dispose d'un savoir-faire non négligeable. Ce savoir a été acquis en partie auprès d'intermédiaires étrangers - canariens notamment -, qui commercialisent saisonniérement diverses productions locales ( langouste verte, poisson salé frais, poisson frais entier, filets frais, tollo, poutargue, …). En échange de l'apport d'une main d'oeuvre bon marché et d'équipements sommaires, les partenaires locaux ont acquis des techniques susceptibles de diffuser vers les activités traditionnelles de traitement, et trouvé un accès vers des marchés extérieurs. Mais, pour les opérateurs locaux, ces arrangements sont souvent précaires; le transfert de techniques reste partiel; les marchés où s'écoulent leurs produits leur demeurent inconnus.

Ces exemples montrent la nécessité pour les opérateurs nationaux de s'intéresser davantage aux activités aval du secteur. Ceci suppose des actions individuelles et collectives, comme la création d'une base d'informations sur les produits et les marchés.

La profession, l'Administration et la recherche devraient collaborer à la mise en oeuvre d'un système efficace de contrôle de la qualité des produits d'exportation. C'est la première condition pour la conquête de nouveaux marchés. La mise en conformité des équipements et des procédures aux exigences propres aux usines alimentaires doit porter sur:

Une politique nationale de développement des industries de traitement et de commercialisation devrait intégrer ces différents aspects et se fonder sur une évaluation des opportunités et des capacités des opérateurs mauritaniens. Les initiatives des professionnels se matérialiseront plus facilement si elles peuvent s'exprimer dans un environnement plus favorable. Les interventions publiques susceptibles d'améliorer cet environnement concernent:

Enfin, professionnels, Administration et recherche devraient se concerter de façon régulière sur les opportunités offertes par la valorisation, la commercialisation et la promotion des produits mauritaniens, et les actions nécessaires à la mise en ouvre des conclusions de leurs réflexions. Cette concertation pourrait être dynamisée par la création d'une structure permanente d'échange d'information et de discussion.

5.2 - Besoins et mesures d'aménagement

5.2.1 - Fonction et objectifs de l'aménagement

5.2.1.1 - Concepts de base

Le Groupe de travail a entamé la discussion sur l'aménagement par un rappel des données du problème.

Tant que les stocks ne sont pas limitants, la régulation de la pêche ne s'impose pas. Par contre, lorsque la pêche s'intensifie, leur régime d'exploitation doit être ajusté à leur productivité parce que cette dernière ne peut être artificiellement forcée.

Schématiquement, le régime d'exploitation peut être ajusté de deux façons:

La première de ces deux taches est la plus critique. En effet, si la seconde, la protection des juvéniles, permet d'accroître très significativement la productivité d'un stock, les réglementations qui visent cet objectif sont difficiles à appliquer tant que les capacités de capture sont excessives. Pour couvrir leurs coûts, les pêcheurs sont en effet poussés à pêcher les cohortes de plus en plus tôt, avant que celles-ci ne soient capturées par les autres producteurs. A l'inverse, la réduction des surcapacités peut faciliter sensiblement l'application de ces mesures. Le meilleur diagramme d'exploitation du poulpe réalisé par la flottille japonaise avant que le stock ne soit surexploité est conforme à cette observation.

Le probléme de la régulation de l'accès à la pêche a deux dimensions:

Le mode administratif d'allocation des droits de pêche prend mal en compte la valeur que prennent les ressources lorsqu'elles deviennent rares. Avec un tel mode, aucune ligne n'apparaît dans la comptabilité des producteurs pour l'achat ou la location de la ressource. Tant que le taux d'exploitation reste modéré, la rente foncière apparaît comme un surprofit qui vient s'ajouter au profit normal des producteurs. Pour maintenir leur niveau de profit, ceux-ci sont poussés à investir davantage. Rationnel au niveau de l'unité d'exploitation, ce comportement ne l'est pas au niveau de la pêcherie. Les surcapacités qu'il génère (voir la fig. 6, § 3.2.1.2 pour un exemple concret) se traduit par la dissipation de rentes économiques qui peuvent être considérables, puis par la surpêche (fig. 21).

Figure 21

Figure 21 - Dynamique de surpêche: surcapacité et surexploitation et équilibre (E) de la pêcherie en régime d'accès libre et gratuit.

Dans les pêcheries commerciales, le recours à des mécanismes économiques (fig. 22) pour l'allocation des droits de pêche offre la possibilité de réduire ce dysfonctionnement. Ces mécanismes peuvent être:

Quel que soit le mécanisme d'allocation adopté, son bon fonctionnement dépend d'une clarification préalable du régime de propriété. De même qu'en économie de marché, la propriété conditionne ce dernier, l'allocation des droits de pêche par décisions suppose que les responsabilités de la régulation soient clairement partagées entre les niveaux successifs de la pyramide politico-administrative: international, bilatéral (stocks partagés), national, dakhlet, … Pareillement, le bon fonctionnement des systèmes coutumiers dépend de la reconnaissance par les pouvoirs centraux de droits exclusifs d'usage collectif. La propriété, au sens de l'attribution formelle et explicite de droits d'exclusivité, n'est pas une particularité de l'économie marchande. Seule change, avec l'organisation économique et sociale, l'échelle d'attribution et les titulaires des droits.

Figure 22

Figure 22 - Effets sur les capacités de capture et le taux d'exploitation (E') du recours à des mécanismes économiques (redevance à gauche, marché à droite) pour l'allocation des droits de pêche et le prélèvement de la rente foncière

La fluidité des stocks halieutiques permet rarement, comme en agriculture, d'allouer directement la ressource par lots. Dans certains cas cependant, le monopole d'exploitation d'un stock peut être alloué temporairement à une entreprise (cas de la praire); de même, des concessions territoriales peuvent être attribués pour un usage exclusif à des collectivités définies de pêcheurs. Cependant, dans la plupart des pêcheries, les droits de pêche doivent être exprimés sur les captures (quotas) ou/et les moyens de capture (licences). Quels que soient leur support physique, le volume des droits doit correspondre à la capacité du stock et à l'objectif d'aménagement. Dans tous les cas, la nécessité pratique de distinguer propriété publique et usages privés des ressources fait que les droits d'usage devraient être temporaires, même s'il est préférable que la durée de leur validité soit pluri-annuelle (pour faciliter la planification de la production par les armements), ou lorsque celle-ci ne peut pas être fixée (cas de la pêche traditionnelle ou artisanale).

Ce rappel sommaire fait ressortir plusieurs points importants pour la conception d'un système d'aménagement fonctionnel:

5.2.1.2 - Implications dans le contexte mauritanien

Le nouveau droit de la mer a clarifié le régime de propriété des stocks circonscrits au sein des ZEE. Mais, si la plupart des pays ont révisé leurs législations pour réguler l'activité des flottilles étrangères, seul un petit nombre a adopté les dispositions nécessaires pour contrôler efficacement l'accès de leurs propres bateaux. C'est la cause majeure du mauvais état général des stocks et des pêcheries. Les régimes de propriété des stocks partagés restent flous, tandis que celui des stocks de haute mer a encore peu changé. Si, pour les premiers, les pays de la région s'entendaient sur des schémas de partage valables pour plusieurs années, ils pourraient allouer, comme ils peuvent le faire pour les stocks nationaux, les droits de pêche sur les parts des stocks partagés qui leur reviennent.

Le recours à un mécanisme de marché pour l'allocation des droits de pêche est immédiatement envisageable pour les armements étrangers pour lesquels le régime de propriété des stocks présents dans la ZEE mauritanienne est clair. Dans ce cas, le paiement des droits de pêche doit être à la charge des armements, non des budgets publics des pays dont les flottilles opèrent dans la ZEE mauritanienne. En effet, lorsque le coût des droits de pêche n'est pas imputé aux producteurs, ce régime de paiement contribue à la surexploitation.

L'organisation économique des flottilles industrielles permet d'envisager également son adoption pour les armements nationaux. Son adoption suppose la mise en place préalable des dispositions légales et opérationnelles indispensables à la mise en vente périodique par enchères publiques de droits individuels quantitatifs et temporaires (informations sur les droits disponibles, système d'enchères, …), d'un système approprié de suivi et de contrôle, ainsi que des mesures d'accompagnement pendant la phase transitoire d'ajustement des capacités de capture. Passé cette phase d'ajustement, la rente n'est plus supportée par les producteurs, mais par les consommateurs. On notera que, pour les produits exportés, ceux-ci sont étrangers. Avec un mécanisme d'allocation fonctionnel, le prélèvement de la rente foncière par le propriétaire n'affecte pas la compétitivité des armements. Sans être directement bénéfique pour ces derniers, ce prélèvement peut présenter pour eux des avantages indirects significatifs: garanties d'accès et plus grande stabilité des rendements favorables à la planification de leur production (en fonction par exemple des variations saisonnières du cours des produits), amortissement des cycles de surinvestissement-désinvestissement (annexe 5), possibilité de recours contre les contrevenants, facilité d'obtention de crédits bancaires, …

Par contre, l'organisation économique et sociale de la pêche artisanale ne permet pas d'envisager immédiatement pour cette dernière le recours à l'allocation marchande des droits de pêche. Toutefois, caractéristique remarquable du système, la taxe àl'exportation permet d'extraire dans cette pêche une partie significative de la rente des stocks dont la production est exportée. En transférant à des structures collectives l'application courante de systèmes d'aménagement adaptés aux caractéristiques des pêcheries artisanales, l'attribution à des communautés définies de pêcheurs artisannaux de concessions territoriales collectives pour la pratique de certaines pêches peut offrir aussi des solutions transitoires intéressantes. Leur bonne marche posera inévitablement des problemes similaires à ceux que rencontrent les coopératives de production. C'est pourquoi la mise en place de tels systèmes suppose des études préalables sur les implications potentielles de l'organisation sociale des groupes de pêcheurs sur les attributions, les conditions d'appartenance, la structure et le fonctionnement internes de tels systémes.

D'un point vue théorique, les intrants humains (capital et main d'oeuvre) sont plus faciles à ajuster lorsque l'accès est régulé par l'intermédiaire des captures (quotas ou taxes d'exportation), que lorsqu'il l'estpar les moyens de capture (licences). Dans ce dernier cas, en effet, la liaison entre la valeur du capital et de la ressource (le prix de vente des navires intègre la valeur du navire et celle du droit de pêche) peut compliquer beaucoup l'équilibrage de ces deux facteurs. Ce n'est pas le seul cas de liaisons entre facteurs de production. On a rappelé au chapitre II que la pêche mauritanienne comprenait peu de pêcheries autonomes (fig. 1). Un grand nombre de stocks sont exploités par plusieurs flottilles de nature différente - industrielles et artisanales, nationales et étrangères. Cette structure limite les possibilités d'ajustement direct par pêcherie des capacités de capture. Par contre, le système de taxation des captures par espèces présente le grand avantage de permettre de réguler l'effort exercé sur les différents stocks, tout en laissant aux unités de production une souplesse dans le choix de leurs espèces cible. L'annexe 5 rappelle opportunément que la taxe peut également servir à la protection des juvéniles. Un système de vente de quotas de capture présenterait de ce point de vue le même avantage théorique.

Par contre, des contraintes opérationnelles peuvent rendre le contrôle des captures plus difficile que celui des navires. C'est le cas de la pêche artisanale pour la production destinée au marché local (à cause de la multiplicité des points de débarquement et des circuits de commercialisation), ou des navires étrangers dont la production ne transite pas par la Mauritanie. Pour ces flottilles, le contrôle des capacités par un système de licences de pêche a, même s'il reste imparfait, des chances d'être moins difficile à appliquer. Mais la Mauritanie dispose d'un atout remarquable. L'enclavement des ports facilite grandement le contrôle des produits débarqués. Pour toutes les flottilles dont la production transite par Nouadhibou et Nouakchott, et particulièrement pour la partie destinée à l'exportation, la régulation de l'accès par l'intermédiaire des captures présente un grand avantage. L'obligation de débarquer en Mauritanie permettrait d'étendre cet avantage aux flottilles opérant dans les pêcheries spécialisées.

L'annexe 5 explicite les avantages, dans ce contexte, du système de taxe sur les exportations:

Avant de le remplacer, il est donc important de s'assurer qu'un nouveau système fera au moins aussi bien que le système actuel.

Partant de ce rappel, le Groupe de travail a:

5.2.2 - Besoins d'aménagement1

5.2.2.1 - Ressources démersales

Céphalopodes

Poulpe

De toutes les ressources halieutiques de la ZEE mauritanienne, le stock de poulpe est économiquement dominant. Son potentiel moyen de capture est de l'ordre de 40 à 50 000 tonnes - plus près de la limite supérieure si les juvéniles étaient mieux protégés. Pour un intervalle assez large d'effort, au sein duquel oscille actuellement la pêcherie, la production totale change relativement peu. Par contre, il n'en est pas de même du rendement (pue), et donc de la rente foncière. Le maximum de cette plus-value est toujours obtenu pour un effort sensiblement inférieur à celui correspondant au maximum de production physique (fig. 22).

De 1987 à 1992, le régime d'exploitation du stock s'est sensiblement amélioré:

Néanmoins, ce progrès n'est pas dû à une meilleure efficacité de l'aménagement. La réduction de l'effort de pêche n'a concerné que la flottille chalutière, les congélateurs principalement. Elle ne résulte pas d'interventions délibérées du secteur public, mais de la chute des rendements consécutive à la forte surexploitation associée aux surcapacités apparues avant 1987 (fig. 6). Le même cycle pervers (amélioration des rendements - nouveaux investissements - surcapacités - surpêche - baisse des rendements - réduction des surcapacités - reconstitution du stock) se répétera tant que les institutions nécessaires à l'adjustement des capacités de capture ne sont pas adoptées (annexe 5). De son côté, la pêche artisanale a accru son effort mais, jusqu'à présent, moins que ne diminuait celui de la pêche chalutiére. Lamélioration du diagramme d'exploitation est surtout dûà l'expansion de la pêche artisanale dont le mode de pêche exploite mieux le stock (en termes de production de cohortes déjà recrutées, comme de préservation de la reproduction - dans l'hypothèse non vérifiée où cette dernière poserait problème).

La baisse des rendements observée de 1988 à 1990 consécutivement à l'accroissement de l'effort en 1987 a eu deux conséquences sérieuses sur la pêcherie et, cela, malgré une évolution positive des prix qui a amorti l'impact:

1 - Cette partie du rapport final est basée sur le manuscrit de MM T. Do Chi et H. Ejiwane.

Sur la longue période, la part de la flottille chalutière devrait continuer de baisser du fait de l'expansion de la pêche artisanale. Cette évolution est conforme à la politique de l'État. Mais, si les institutions nécessaires à l'aménagement ne sont pas mis en place avant que la pêche artisanale ait épuisé son potentiel d'expansion, cette dernière se trouvera dans un état similaire à celui que connaît la pêche chalutière aujourd'hui.

Pour réaliser l'objectif d'aménagement de la politique nationale, à savoir la maximisation des recettes budgétaires, une baisse de l'effort total probablement comprise entre le tiers et la moitié de l'effort appliqué en 1992 est nécessaire. Les différentes voies envisageables pour réaliser cet ajustement des capacités de capture au potentiel des stocks démersaux sont esquissées à la section 5.2.3

Parallèlement à la régulation des capacités de capture, la protection des juvéniles est très importante. A capture égale, la pêche artisanale protège mieux les juvéniles que la pêche industrielle. Le fait que, dans les années 70, la pêche chalutière japonaise pêchait nettement moins de juvéniles que la pêche chalutière actuelle montre qu'une meilleure protection des juvéniles est peut-être possible dans la pêche au chalut, à condition que les capacités des flottilles soient significativement réduites.

Plusieurs méthodes peuvent être combinées pour mieux protéger les juvéniles:

Seiches et calmar

Les données disponibles n'ont pas permis d'évaluer les stocks de seiches et de calmar. Tout au plus peut-on avancer, qu'en termes biologiques, ces stocks paraissent moins intensément exploités que celui de poulpe. Leur pêche pourrait être graduellement intensifiée à condition que cette intensification porte essentiellement sur ces espèces. Ceci est peut-être possible:

Si ces conditions ne peuvent être réalisées, la collecte de données pour l'évaluation du potentiel de ces stocks deviendra plus urgente. Dans le cas contraire, un accroissement de l'effort des chalutiers, justifié seulement par l'état des stocks de seiches et de calmar, contribue-

1 - L'écologie du poulpe (le fait notamment que les femelles couvent et, caractéristique liée, que leur fécondité soit faible par rapport à celle de la majorité des espèces marines) peut avoir pour conséquence que la seule protection des recrues soit insuffisante pour assurer la conservation du recrutement. La capacité à fournir sur cette question des recommandations étayées passe par l'amélioration des connaissances sur la reproduction et la dynamique des phases précoces. rait à accroître la surexploitation du poulpe. L'aménagement de la pêche des céphalopodes doit rester basé sur celui du poulpe, ou de l'ensemble des espèces tel qu'il est actuellement pêché. Dans l'immédiat, cette indétermination du potentiel des stocks de seiches et de calmar n'a pas de conséquences trop sérieuses car leurs captures ne représentent que 15 % des prises de céphalopodes.

Poissons, crustacés et bivalves du plateau continental

Poissons

Les données disponibles sur les stocks de poisson du plateau sont insuffisantes pour que l'on puisse émettre un diagnostic sûr sur leur état. Aucun avis ne peut être donné sur des mesures d'aménagement, en dehors de la bonne application de la réglementation sur le maillage (70 mm). Cette mesure garde toute son intérêt.

Il est important de clarifier, même approximativement dans un premier temps, l'état réel des stocks. Les investigations qui permettraient d'identifier et d'apprécier les biais dans les statistiques liés aux comportements des flottilles (accroissement du taux de rejet, mauvaise application des réglementations sur le maillage, et sous-déclaration des captures dans les pêcheries chalutières de céphalopodes et de crevettes, braconnage par les flottilles pélagiques et spécialisées, …) ont été indiquées (§ 3.2.2.3).

Parallèlement, la consolidation du système statistique (statistiques commerciales et biologiques) doit être poursuivie, car d'elle dépend la capacité d'évaluation et de suivi de l'état de ces stocks.

Crustacés

En termes biologiques, le stock de crevette côtière ne paraît pas surexploité. Cette évaluation reste approximative par suite des carences des statistiques fournies par les flottilles étrangères. Dans un premier temps, l'effort de pêche pourrait être maintenu au niveau actuel pendant deux à trois ans. Si les captures restent au même niveau, on pourrait dans un deuxième temps, autoriser un accroissement de l'effort de l'ordre de 20 % pour une seconde période de durée équivalente. La condition de cette intensification contrôlée serait l'adoption de dispositions permettant d'obtenir des navires licenciés des statistiques complètes et suffisamment détaillées (captures par espèces, efforts et secteurs de pêche correspondants). L'évaluation des divers stocks exploités par les pêcheries spécialisées dépend en effet de l'obtention de statistiques appropriées. Toutes ces pêcheries présentent à cet égard les mêmes carences et les mêmes contraintes. Les voies d'amélioration du suivi de leurs activités, et le système d'aménagement envisageable pour les pêcheries spécialisées, sont esquissés à la section 5.2.3.

Le stock nord de langouste verte montre des signes de surexploitation. Même si sa condition paraît meilleure, le stock sud n'est pas encore totalement reconstitué. Les captures du stock nord devraient être limitées à 50 tonnes, celles du secteur sud à 175 tonnes. Leur reconstitution sera accélérée si le taux d'exploitation peut être maintenu à un niveau inférieur. Leur pêche devrait être graduellement réservée à la pêche artisanale au casier, et le filet droit interdit. L'attribution de concessions territoriales collectives à des groupes définis de pêcheurs (§ 5.2.1 et 5.2.3) peut être une méthode pour contrôler cette pêche.

Bivalves

Le taux actuel d'exploitation (500 t) du stock de praire (Venus verrucosa) serait convenable. Le régime actuel doit être maintenu. La vente aux enchères publiques d'un droit d'exploitation exclusif pour une période de quelques années (5 ans par exemple), assorti de clauses sur le régime d'exploitation (quota annuel, engin) et la fourniture de statistiques appropriées, paraît une méthode bien adaptée pour réguler cette pêche.

L'important stock de praire (Venus rosalina, < 300 000 t) n'est pas encore exploité. Il ne requiert pas de mesures d'aménagement, mais de développement.

Poissons et crustacés du talus continental

Poissons

Le potentiel de merlus pourrait dépasser 13 000 tonnes. Le stock serait modérément exploité. La pêche des merlus pourrait être accrue graduellement (à partir de l'effort actuel, accroissement par paliers de 20 % portant sur des périodes de 3 à 5 ans). Pour cela, les conditions suivantes doivent être réunies:

L'état du stock des autres espèces de poisson est mal apprécié. Compte tenu de cette incertitude, les captures devraient être limitées entre 10 à 15 000 tonnes jusqu'à ce que le potentiel soit précisé.

L'application du système d'aménagement esquissé pour les pêcheries spécialisées (§ 5.2.3) pourrait permettre de réaliser ces conditions.

Crustacés

Consécutivement à son exploitation intensive au filet droit, le stock de langouste rose n'est plus pêché depuis 1990. Le stock n'est pas encore totalement reconstitué. Une reprise limitée de la pêche (maximum de 12 bateaux) pourrait être envisagée à trois conditions:

Le stock de crevettes profondes aurait un potentiel significativement supérieur aux captures actuelles (1 200 à 2 400 t). L'état apparent du seul stock de Parapenoeopsis atlantica pourrait justifier une intensification graduelle de la pêche (par paliers de 20 % et périodes de 2 à 3 ans, par exemple). Ici également, il faudrait s'assurer au préalable que l'activité des bateaux puisse être convenablement suivie et contrôlée, et que les statistiques nécessaires aux évaluations soient régulièrement fournies.

Le taux d'exploitation du stock de crabe profond (Geryon) résultant de l'activité des autres pêcheries spécialisées atteindrait déjà un niveau convenable. Une amélioration ne paraît possible que si la pêche au casier peut être développée. Dans ce cas, l'aménagement de la pêche devrait être conçu comme celui de la pêche de la langouste rose.

5.2.2.2 - Ressources pélagiques côtières

Le potentiel de capture pour l'ensemble des espèces - à l'exception de la sardine - et la zone s'étendant du Sahara au Sénégal - donc supérieure à la ZEE mauritanienne - serait de l'ordre de 1 100 000 tonnes. Le taux d'exploitation ne se serait approché de ce niveau qu'à la fin des années 80. Certaines espèces, comme les sardinelles, auraient même été moins fortement exploitées. Si les informations sur les difficultés rencontrées par les flottilles de l'Europe de l'est sont confirmées, ces stocks seraient actuellement modérément exploités. Leur pêche ne demanderait alors pas pour l'instant de mesures de régulation particulières.

La première urgence concerne le recueil d'informations récentes sur l'activité actuelle des flottilles.

Si la baisse d'activité des chalutiers pélagiques est confirmée, la question la plus urgente concerne l'identification des systèmes de production les mieux adaptés au contexte mauritanien. L'analyse des perspectives de développement requiert des données (e.g., distribution spatio-temporelle des rendements maxima par différentes méthodes de pêche) et porte sur des échelles (armement), différentes de celles propres à l'évaluation des besoins d'aménagement. L'intensification de la pêche des petits pélagiques dépend, en effet, de la résolution de contraintes techniques et économiques qui se posent au niveau des unités de production (armements industriels, groupes de pêcheurs artisanaux) et de transformation (usines), alors que l'aménagement de la pêche consiste à ajuster, à l'échelle des pêcheries, les capacités totales de capture à la productivité des stocks correspondants (§ 5.2.1).

5.2.2.3 - Implications des incertitudes sur l'état des stocks

En caricaturant, seuls le stock de poulpe et de petits pélagiques ont été évalués avec des détails et une précision suffisants pour déterminer les mesures d'aménagement. Ce raccourci est exagéré, car on a une idée de l'état et du potentiel de plusieurs autres stocks. Il pose néanmoins la question de la contribution potentielle de l'évaluation des stocks à un aménagement effectif.

On a indiqué pourquoi, actuellement, l'aménagement de la pêcherie de céphalopodes peut et doit être fondé sur celui de la pêche du poulpe (§ 5.2.2.1). Pour plusieurs raisons, l'argument reste valide pour la pêche des poissons démersaux du plateau:

Par son poids économique, la pêche des céphalopodes domine le secteur. Cette prédominance est encore supérieure lorsque l'on considère, non plus la valeur absolue de la production, mais la plus-value que peut générer la pêche si les différentes pêcheries étaient convenablement régulées. En 1980, la rente halieutique de la pêcherie de céphalopodes était estimée à dix fois celle de la pêcherie de petits pélagiques. En 1993, l'écart s'est encore creusé avec la régression supposée de la pêcherie pélagique industrielle.

La section 5.2.1 souligne qu'actuellement, le progrès de l'aménagement dépend avant tout de l'adoption des innovations institutionnelles. Les connaissances déjà acquises sur les stocks et les pêcheries permettent de choisir les systèmes d'aménagement les mieux adaptés aux particularités des différentes pêcheries mauritaniennes. Le manque de connaissance sur les stocks n'est pas la contrainte majeure. Le progrès de l'aménagement des pêcheries mauritaniennes ne pouvant être que graduel, il convient de se préoccuper d'abord des pêcheries pour lesquelles la régulation est la plus bénéfique et la plus facile. De ce point de vue, celle du poulpe est prioritaire.

5.2.3 - Innovations institutionnelles susceptibles d'améliorer l'efficacité de la régulation de la pêche

Au vu des considérations théoriques présentées dans la section 5.2.1 et des besoins d'aménagement pratiques résumés à la section 5.2.2, le Groupe de travail a énuméré un certain nombre de principes susceptibles de servir de cadre pour l'élaboration des institutions nécessaires à un aménagement effectif des ressources halieutiques mauritaniennes:

5.2.3.1 - Clarification du régime de propriété des ressources

5.2.3.2 - Mécanismes de régulation de l'accès

5.2.3.3 - Diffusion et pratique des concepts de l'aménagement


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