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IV - ASPECETS ÉCONOMIQUES DU SECTEUR

4.1 - Structure et évolution récente des pêcheries1

4.1.1 - Introduction

Le secteur de la pêche mauritanienne se caractérise par les traits suivants:

Tableau 28 - Structure d'âge et évolution de la flottille de congélateurs céphalopodiers (Source CNROP).
Age (années)1984198519861987198819891990199119921993*
<55111822323061156
5–154939332818153119319
>1546514950505567263416

* : chiffres provisoires.

4.1.2 - Pêche artisanale

Par sa contribution à la création d'emplois, à la production de nourriture, à la fourniture de devises et par la distribution des richesses au sein de la population nationale, cette branche joue un rôle majeur dans le développement économique et social du pays.

Les 23 sites de débarquement (dont 17 permanents) se répartissent entre trois secteurs:

Deux centres de pêche prédominent:

1 - Cette partie du rapport final est basée sur la contribution de MM. A.T.N'Guer et I. Thiam.

4.1.2.1 - Unités de pêche

La pêche artisanale utilise plusieurs types d'embarcations: pirogues en bois - y compris pour le transport -, en acier, en aluminium, en plastique, canots à bordés, vedettes, lanches imraguen. Entre août 1992 et avril 1993, l'effectif du parc s'est accru de 58 % (tabl. 29), tandis que sa composition se modifiait profondément. On constate:

L'immatriculation des pirogues a mis du temps à se généraliser. Dans le passé, le s suivi des unités n'était pas parfait.

Tableau 29 - Structure et évolution de la flottille artisanale de 1985 à 1993 (Sources CNROP).
 198519881990199119921993
   févr.juill.févr.aoûtfévr.aoûtavrilnov.
Pirogues acier--0000071111
Pirogues aluminium--1133184377105
Pirogues plastique--14412313418496100128193
Pirogues bois--389482386398396424764715
Pirogues marée--50860391890
Bateaux--510404128
Canots--2055505126512825
Lanches--5357525353555754
Vedettes--10944564335426760
Total51975072676368979562773511621272*

* : dont 59 inactives.

Ces changements dansl la composition de la flottille artisanale traduisent des modifications profondes dans la structure et l'activité de la branche )changements dans la structure de la population de pêcheurs, migrations, assimilation d'innovations techniques autonome ou suscitée par des interventions nationales ou extérieures - projects), comme l'effet d'événements plus conjonturels. Ces modifications devraient être régulièrement suivies et interprétées, car on peut en tirer des enseignements d'un grand intérêt potentiel sur la dynamique de la branche et l'efficacité des diverses interventions publiques.

Le processus de motorisation se manifeste par (tabl. 30):

Tableau 30 - Évolution de la motorisation en nombres d'embarcations (source: CNROP).
Puissance(CV)fév.90juil.90juil.91fév.92août.92avr.93nov.93
076885246475554
81222231313154
15238263208205214412336
25168147149134147195191
≥ 40232232243229199261441
inactif---19674854
total72676366161575311661080

Choisis en fonction des espèces cible, les engins de pêche (ligne à main, palangre, pot à pouple, filet dormant, filets à sole, au tollo, …, filet d'épaule imraguen, senne de plage, senne tournante) changent avec les saisons et les lieux de pêche. Dans la région nord, le port à pouple domine (en novembre 1993, on recensait 567 filières de 60 à 80 pots chacune à Nouadhibou); il est suivi par le filet à langouste verte (La Guerra). Dans la région centre, la pêche motorisée est interdite dans la réserve du banc d'Arguin, entre Nouamghar et Agadir; on y pêche au filet dormant à courbine et à tollo, au filet imraguen (mulet); entre Jreif et Blawakh, on utilise, outre les engins énumérés pour la région nord, la ligne à main la palangre, et le filet dormant à sole. Dans la région sud, la palangre (34 % du total recensé en 1989), qui avait disparu avec le départ des pêcheurs artisanaux sénégalais (7 % en février 1992), est réapparue (11 % en novembre 1993).

4.1.2.2 - Activités et production

L'activité de la flottille artisanale est régulièrement suivie, depuis 1987 à Nouadhibou (La Tcherka), et depuis mai 93 à Nouakchott.

Les débarquements de la pêche artisanale ont atteint 14 600 tonnes en 1992, contre 10 200 tonnes en 1984, 17 100 tonnes en 1988, et 12 500 en 1991. Ces statistiques ne portent que sur la production qui transite par des circuits de commercialisation bien établis. La consolidation en cours du système statique devrait permettre d'apprécier la part restante.

La composition spécifique a changé au profit des espèces nobles (Ahmeda, 1990), comme le montre l'accroissement régulier des captures de poulpe: 18 tonnes en 1984, 389 tonnes en 1986, 3 345 tonnes en 1987, 6 900 tonnes en 1991, et 8 081 tonnes en 1992. Le poulpe représente aujourd'hui plus de la moitié de la production pondérale de la branche. Au cours de la même période, le rôle de la pêche artisanale dans l'exploitation des poissons démersaux s'est accru relativement, du fait du déclin de l'intérêt des chalutiers pour la pêche de ces espèces.

La figure 4 (§ 3.2.1), qui représente l'évolution de la prise par unité d'effort de pouple de la flottille artisanale de Nouadhibou, montre la forte chute des rendements survenue dans la pêche du poulpe de 1987 à 1990, et leur amélioration à partir de 1991. Pour la période 1984 – 1992, les pue des pirogues et celle des chalutier varient parallèlement.

La figure 17, qui donne les débarquements par principaux groupes d'espèces pour l'années 1992, fait apparaître:

L'importance du poulpe et des espèces démersales est révélatric d'une activité tournée de plus en plus vers la commercialisation et l'exportation de la production. La pêche artisanale mauritanienne n'est plus une activité de subsistance.

Figure 17

Figure 17 - Variations mensuelles de la composition des débarquements de la pêche artisanale (kg, année 1992).

4.1.2.3 - Emploi et mobilité

La création d'emploi progresse parallèlement au développement des activités (tabl. 31). On constate en outre une baisse temporaire de l'effectif, consécutive aux événements de 1989, et une forte augmentation en 1993. La comparaison des statistiques sur les pêcheurs et les embarcations montre que l'effectif des équipages reste stable (4–5 pêcheurs par pirogue). Comme cette stabilité est par ailleurs connue, c'est un indice de la bonne qualité des statistiques.

Tableau 31 - Évolution de l'effectif de pêcheurs artisanaux (moyenne des deux enquêtes annuelles).

Année198519861987198819891990199119921993
Effectif2279*22542923329928773531304234675833

* :une seule enquête, en juillet.

En 1987, le secteur artisanal générait sept fois plus d'emplois par tonne débarquée que la pêche industrielle. Même si l'on ne dispose pas d'estimation de l'emploi indirect, les activités induites (construction et réparation des pirogues, réparation des moteurs, ramendage des filets, transformation et commercialisation) ont du progresser dans les mêmes proportions que les emplois embarqués.

La distribution spatio-temporelle de l'activité reflète l'effet de deux processus contraires:

La principale communauté migrante est celle de N'Diago. Elle compte 2 260 pêcheurs répartis de façon sensiblement égale entre Nouakchott et Nouadhibou. Ses members résident plusieurs mois dans ces centres. Ils ne rentrent chez eux qu'à l'occasion des grandes fêtes religieuses (Tabaski et Mouloud). Les pêcheurs originaires du fleuve Sénégal sont au nombre de 721. Récemment revocertis à la pêche maritime, ils opèrent à partir de Nouadhibou et de La Guerra. Dans cette dernière localité, ils pratiquent la pêche de la langouste.

Traditionnellement, les pêcheurs imraguen se déplaçaient, entre les sites de pêche au sein de leur secteur, pour suivre les concentrations de leurs espèces cible (courbine et mulets). Depuis quelques années, avec leur intérêt nouveau pour la pêche du poulpe, du poulpe, leurs activités évoluent. Durant la période de soudure (juin-août), ils migrent maintenant saisonnièrement vers Nouadhibou, où la dernière enquête-cadre a recensé 70 pêcheurs de cette communauté. Ce comportement d'un groupe social qui avait maintenu jusqu'à ces dernières années son autonomie peut refléter la monétarisation croissante de son activité.

Il existe enfin une immigration de personnes originaires de pays africains plus méridionaux, qui cherchent des activités de pêche et de travail pérennes. L'enquête-cadre de novembre 1993 a estimé à 448 l'effectif des étrangers employés dans la pêche artisanale.

4.1.2.4 - Organisation économique et sociale

La rémunération à la part, caractérisée par le partage du produit sur la base d'une prise en charge collective des frais courants d'exploitatin (carburant, entretien, réparations, nourriture) et le partage du risque lié aux aléas de la pêche, est la plus courante dans la pêche du poisson. De nouveaux modes de rémunération des intrants humains (main d'oeuvre et capital), en rupture avec les systèmes traditionnels, sont apparus avec le développement de la pêche du poulpe. Dans cette pêche, le système repose sur une individualisation des risques, chaque pêcheur apportant les engins utilisés sur une même embarcation. Derrière les formes de coopération induites par la pêche du poulpe, transparaît l'émergence d'une logique capitalistique. Le phénomène est plus clair sur les vedettes où le salariat est en vigueur, que sur les priogues en bois et en plastique. Dans les premières, l'emploi des pêcheurs est assorti de l'obligation de vente des captures aux propriétaires des embarcations. Un tel système peut être considéré comme ‘cloisonné’ dans la mesure où il rémunère fortement les facteurs techniques à forte valeur en capital: embarcation et moteur.

4.1.2.5 - Crédit et investissement

Il n'existe pas, en Mauritanie, de système formel de crédit adapté aux particularités de la pêche artisanale. Grâce à leur appartenance aux coopératives, certaines unités ont accès à une assistance pour l'acquisition d'équipements. Les rapatriés du Sénégal ont, par exemple, bénéficié d'équipements divers (pirogues,moteurs,...) sur financement de la Caisse Française de Développement.

Mises à part ces aides, le financement des investissements repose pour l'essentiel sur des modes informels de crédit. A côté des formes traditionnelles (familiales) de solidarité, des pêcheurs artisanaux ont trouvé auprès de certains usiniers des possibilités de crédit en échange d'un monopole de traitement ou de vente de leur production.

Les besoins des pêcheurs artisanaux portent souvent au moins autant sur les crédits de campagne et les fonds de roulement, que sur les gros investissements (embarcations, moteurs, engins).

4.1.2.6 - Commercialisation

La commercialisation de la production se fait par deux circuits distincts:

La part non commercialisée de la production (auto-consommation, dons) est devenue faible. Avec le développement des marchés intérieur et internationaux, les communautés de pêcheurs artisanaux s'intègrent graduellement dans les économies nationale et internationale.

1 - Le transport par voie maritime, entre Nouadhibou et Nouakchott, est une possibilité à envisager.

Le tableau 32 donne, pour les principales espèces, les prix pratiqués sur le marché en 1992, et ceux fixés par l'Administration avant la suppression du contrôle des prix. La grande différence entre les prix pratiqués dans les deux systèmes est révélatrice des limites des interventions publiques dans la commercialisation, surtout au niveau des espèces exportées.

Tableau 32 - Prix officiels et pratiqués des principales espèces débarquées par la pêche artisanale (1992; source CNROP).
EspècesMérou blancMérou brunDoradeCourbineMuletTolloPoulpeLangousteSoleSardinelleDivers
Marché30020012010060602301200706070
Officiel757575755050--505050

4.1.2.7 - Encadrement

Au sein du Ministère des Pêches et de l'Économie Maritime, la Direction de la Pêche Artisanale est chargée de l'encadrement de la pêche artisanale. Ses principales activités portent sur:

Ces actions visent à promouvoir le développement de la branche, et à faciliter son intégration dans l'économie nationale. L'examen de l'histoire récente de la pêcherie révèle de grandes différences dans l'efficacité des différents types d'intervention publique. L'analyse de la dynamique propre de la pêcherie devrait permettre de mieux comprendre comment le secteur public peut accompagner effectivement l'évolution en cours.

4.1.2.8 - Conclusions

Depuis plusieurs années, la pêche artisanale mauritanienne fait preuve d'un grand dynamisme. Profitant de l'existence de ressources nobles très demandées sur les marchés internationaux, et des circuits de commercialisation vers l'étranger étranger établis par la pêche industrielle, sa production croît régulièrement. En même temps, elle adopte de nouvelles techniques. Certaines, comme les pirogues métalliques, sont conçues et construites sur place. Elle forme de nouveaux pêcheurs. En s'intégrant dans l'économie nationale et mondiale, son organisation économique et sociale subit des mutations profondes.

Plus que d'un appui direct de la part de l'État au niveau de la production, son évolution dépend d'interventions publiques au niveau des facteurs et des conditions que leurs dimensions mettent hors de portée des pêcheurs artisanaux:

4.1.3 - Pêche industrielle

4.1.3.1 - Pêcheries démersales

Les pêcheries démersales se distinguent entre elles par leurs espèces cible: céphalopodes, poissons du plateau, merlus, crevettes et langoustes.

Les flottilles nationales pêchent essentiellement, sur le plateau, les deux premiers groupes d'espèces, et débarquent en Mauritanie. Les autres groupes sont pêchés par des flottilles étrangères, opérant sous licence, qui ne débarquent pas localement. Ces pêcheries sont regroupées sous le vocable pêcheries spécialisées.

La structure de la flottille chalutière pêchant les stocks démersaux dans la ZEE mauritanienne est donnée dans le tableau 33.

Tableau 33 - Structure de la flottille chalutière démersale (hors pêcheries spécialisées, année 1993, source CNROP).
ClassesCongélateursGlaciers
(puissance motrice en kW)MauritaniensÉtrangersMauritaniensÉtrangers
150 – 29900122
300 – 4990256
500 – 749351104
750 – 99913000
1000 – 149911100
1500 – 19996000

Deux flottilles assez homogènes se distinguent:

Alors que, pour la promotion des activités à terre de traitement, la politique nationale privilégiait les glaciers dans la création d'un armement national, on constate que ces bateaux sont devenus secondaires dans la flottille nationale. .bl Dans les dernières années 80,les céphalopodes représentaient plus des 4/5 des prises des congélateurs (avec le poulpe pour plus de la moitié, et les seiches pour 1/7 environ). Sur le plateau mauritanien, la production des stocks de poisson est devenue secondaire. En 1989, la valeur au débarquement des céphalopodes représentait la moitié de celle de l'ensemble du secteur de la pêche.

L'évolution des captures par flottilles (tabl. 34) montre:

Tableau 34 - Évolution de la part des flottilles dans la pêche des céphalopodes (Source CNROP).
Flottilles19851986198719881989199019911992
Pêche artisanale54390330025003000235046218257
(0,1%)(0,9%)(7,2%)(6,8%)(8,9%)(10,9%)(15,5%)(18,8%)
Glaciers71644113611566812124314694777
(1,8%)(1,0%)(3,0%)(4,3%)(2,4%)(5,7%)(4,9%)(10,9%)
Congélateurs30 32540 96538 41631 83729 55818 40023 79230 818
(79,9%)(90,5%)(84,0%)(86,9%)(88,1%)(85,7%)(79,6%)(70,3%)
Chalutiers débarquant à Las Palmas687434572655729163000
(18,1%)(7,6%)(5,8%)(2,0%)(0,5%)(0,0%)(0,0%)(0,0%)
Total37 96945 25345 73236 63233 53321 99329 88243 852
(100%)(100%)(100%)(100%)(100%)(100%)(100%)(100%)

La composition des flottilles engagées dans les pêcheries spécialisées est la suivante:

En 1988 les merlutiers ont déclaré une capture de 7 415 tonnes, pour une valeur de 3,3 millions $ US (450 $ la tonne). La même année, les crevettiers (essentiellement espagnols) ont déclaré une capture de 2 739 tonnes; les langoustiers, une prise de 700 tonnes (dont 696 tonnes de langouste rose), pour une valeur de 4, 2 millions $ US (6000 $ la tonne).

4.1.3.2 - Pêcheries pélagiques

Dans la ZEE mauritanienne, la pêche des petits pélagiques est effectuée essentiellement par des flottilles de l'Europe de l'est (tabl.21). La production totale a varié entre 200 et 500 000 tonnes. Après avoir atteint 495 000 tonnes en 1980, elle a baissé après 1987, jusqu'à 295 000 tonnes en 1990. Si elle est remontée à 381 000 tonnes en 1991, des informations non encore confirmées indiquent que la production aurait fortement décliné à la fin 1993. L'avenir de cette pêche est incertain (voir § 3.3).

Les captures déclarées de grands pélagiques (albacore, listao, patudo) ont augmenté régulièrement au cours des 20 dernières années (autour d'une production moyenne sur la période de 6 500 tonnes), pour atteindre 13 000 tonnes en 1991. L'essentiel de cette production correspond à l'activité d'une flottille de l'Union Européenne qui suit, chaque année, les mêmes concentrations de poisson. Leur production est débarquée à l'étranger (Sénégal et Espagne).

4.1.3.3 - Évolution de la flottille nationale

La Nouvelle Politique de Pêche avait les objectifs suivants:

La décision,prise en 1984, de réserver la pêche démersale aux chalutiers nationaux visait à accélérer la naturalisation de la flottill.

Dès 1976,les unités japonaises furent progressivement remplacées par des unités coréennes; cette substitution était achevée en 1983. En 1980, la flottille de glaciers était composée d'unités étrangères de nationalités différentes, parmi lesquelles le Portugal et l'Espagne dominaient (Josse et Garcia,1986). A partir de 1981, la ‘mauritanisation’ de la flottille s'est matérialisée avec l'armement d'une vingtaine de glaciers modernes, de taille moyenne,dont les équipages étaient en majorité (Girardin, 1988). A peu près à la même période,les congélateurs passaient sous pavillon mauritanien, mais sans changement notable dans la composition de leurs équipages. En 1987, des glaciers et des congélateurs étrangers étaient de nouveau autorisés à pêcher saisonnièrement dans la ZEE nationale. La naturalisation de la flottille de pêche fraîche s'est poursuivie jusqu'en 1989, date à laquelle on dénombrait 24 unités nationales et 5 soviétiques. De 1988 à 1991, les difficultés financières rencontrées par les armements nationaux de glaciers perturbèrent la réalisation de la politique nationale. Celles-ci ne peuvent s'expliquer par le seul déclin du stock de poulpe, puisque la flottille de pêche fraîche, plus engagée initialement dans l'exploitation des stocks de poisson, aurait dû moins souffrir que les congélateurs. A partir de 1991, des glaciers chinois gérés par une société de droit mauritanien sont venus se joindre à la flottille nationale.

Le résultat de cette évolution est qu'aujourd'hui, contrairement aux objectifs initiaux de la politique,la flottille de glaciers comprend une majorité de navires étrangers, alors que la flottille de congélateurs est principalement mauritanienne.

Durant toute cette période, des flottilles étrangères étaient autorisées àpêcher des espèces définies dans des pêcheries spécialisées: langoustes, merlus et crevettes du talus, crevette côtière.

Ce compte rendu succinct de l'évolution de la flottille chalutière est révélateur de la multiplicité des facteurs en jeu, parmi lesquels la ressource n'est pas nécessairement la plus déterminante. Comme pour la pêcherie artisanale, le jeu de ces facteurs devrait être analysé pour mieux comprendre les opportunités réelles du secteur et les fondements d'interventions réalistes.

4.1.3.4 - Emploi

Dans la pêche industrielle, une forte proportion des marins embarqués est étrangère (Gilly et Maucorps, 1987). Au total, cette pêche emploie entre 1 000 et 1 500 marins mauritaniens. La réglementation nationale impose d'embarquer 35 % de nationaux sur les chalutiers étrangers et 80% sur les bateaux nationaux

4.1.3.5 - Exportations

En 1992, 49 900 tonnes de poissons démersaux et de céphalopodes, pour une valeur totale de 151, 5 millions de dollars, a été exportée. 73 % de ces exportations étaient destinées au Japon, 25 % à l'Afrique. Le Japon domine actuellement le marché des produits de la mer mauritaniens.

4.1.4 - Contribution du secteur à I'économie nationale1

4.1.4.1 - Données globales

Plusieurs méthodes sont utilisées pour analyser les performances du secteur. La Cellule Économique d'Appui du Ministère des Pêches et de l'Economie Maritime (CEAMP/MPEM) a utilisé la méthode des effets pour chiffrer l'apport direct et indirect du secteur. Cette méthode consiste à éclater chaque poste de dépense du compte de production (dont le solde est la valeur ajoutée), d'une part, et du compte d'exploitation (dont le solde est le revenu net), d'autre part. Elle permet de distinguer la création locale de valeur ajoutée par les dépenses sur les facteurs locaux de production, et les coûts en devises résultant des dépenses sur achats extérieurs. Une fois identifiés les différents agents d'une branche (fournisseurs étrangers et nationaux, producteurs, transformateurs, commerçants, État, …), leurs interrelations sont analysées en termes de flux physiques et monétaires. Cette méthode a été appliquée par Affo (1992).

1 - Cette partie du rapport final est basée sur la contribution de M. I.Thiam.

Le secteur de la pêche vient en tête de l'économie nationale. Il représente environ 20 % du PNB (18% du PIB). En 1991, pour une production totale déclarée de 485 000 tonnes représentant une valeur brute de 24,4 milliards d'UM, la valeur ajoutée incluse a été de 12,5 milliards d'UM. Il a apporté 17,2 milliards d'UM de devises (soit 48% du total national). Mais, ces exportations s'accompagnent d'importations directes dont le montant pour l'ensemble du secteur (8, 6 milliards d'UM en 1991) représente près du tiers des recettes d'exportation. Sa contribution directe au budget de l'Etat atteint 5, 1 milliards de la VA directe lorsque l'on y inclut les revenus fiscaux et parafiscaux (CEAMP, 1993). Les salaires directs et indirects liés à lêche s'élèvent à 2, 1 milliards d'UM. La part des entreprises est de 5, 3 milliards.

Dans le secteur, les céphalopodes tiennent une place primordiale. En 1989, les 35 000 tonnes débarquées représentaient une valeur de 112 millions de dollars, soit 50 % de la valeur totale de la pêche.

Le secteur de la pêche reste peu intégré dans l'économie nationale. Une partie importante des biens et des services est importés. En 1991, le niveau de transfert (coût en devises) du chiffre d'affaire du secteur était de 41% (CEAMP, 1993).

4.1.4.2 - Performances des flottilles artisanales et industrielles

Les comptes d'exploitation moyens de trois flottilles (pêche artisanale, glaciers et congélateurs) engagées dans la pêche des céphalopodes ont été analysés pour l'année 1991 (CEAMP, 1992). Ces comptes d'exploitation moyens permettent de calculer certains ratios dont la comparaison permet d'apprécier les taux de profit et la contribution des trois flottilles à économie nationale (tabl. 35):

Tableau 35 - Ratios (%) des comptes d'exploitation moyens des unités artisanales, des glaciers et des congélateurs engagés dans la pêche des céphalopodes (CEAMP, 1992)
RatiosPêche artisanaleGlaciersCongélateurs
Valeur ajoutée/Chiffre d'affaire753371
Frais financiers/Chiffre d'affaire252
Carburant/Chiffre d'affaire1058
Résultat net d'exploitation / Chiffre d'affaire50-3331
Salaires/Valeur ajoutée174028

Ce premier examen des performances des principales flottilles demande à être approfondi. L'objectif étant de comparer les capacités respectives des différentes flottilles à réaliser les objectifs de la politique nationale dans la mise en valeur d'une ressource qui, pour sa partie démersale, est devenue limitante, ces analyses devraient comparer les performances des flottilles (création de valeur ajoutée locale, entrées nettes en devises, emploi national, …) par tonne capturée, et tenir compte des différences dans les systèmes de rémunération des facteurs résultant de l'organisation énomique différente de la pêche artisanale, d'une part, et de la pêche industrielle, d'autre part. Les emplois induits, y compris dans les services, devraient également être estimés.

4.1.5 - Conclusions

La politique mauritanienne de la pêche donne la priorité à trois objectifs:

De ces objectifs, le dernier semble à première vue le plus facile à atteindre. Il suffirait pour cela de maintenir la production des stocks dont les produits sont exportés à des niveaux élevés. Pour les stocks démersaux biologiquement surexploités, cela signifie une réduction du taux d'exploitation, et donc des capacités et de l'activité de pêche. Pour les stocks pélagiques, il faudrait intensifier leur pêche, ce qui implique que cette expansion soit rentable dans le contexte mauritanien actuel. En réalité, la réduction des dépenses en devises est aussi importante, puisque seuls comptent les gains nets. Or, pour l'ensemble du secteur, les dépenses en devises représentent près du tiers des recettes d'exportation. La pêche artisanale présente à cet égard un avantage évident.

Si le second offre d'excellentes perspectives, il est difficile à atteindre. Pour cela, il faut réduire, pêcherie par pêcherie, le taux d'exploitation à un niveau tel que la différence entre le chiffre d'affaire total et le coût total de production - y compris le bénéfice normal des entreprises - soit le plus élevé. Ce niveau est toujours inférieur à celui correspondant au maximum de production physique. La plus-value résultante peut être assimilée à la rente foncière. Cette dernière apparaît lorsque, la demande excédant l'offre, le prix des produits tend à dépasser le coût de la production. Ces conditions sont réunies dans la pêche du fait de la capacité naturellement limitée des ressources. Pour cela, le coût de production doit pouvoir être contenu par un contrôle adéquat des capacités de capture. Avec un régime approprié de propriété des ressources, le propriétaire de celles-ci - en l'occurrence l'État - peut réaliser cette plus-value. Dans une pêcherie en équilibre, la rente foncière n'est pas à la charge des producteurs, mais des consommateurs. Son prélèvement ne ponctionne ni les salaires, ni l'intérêt du capital, ni les bénéfices industriels des entreprises, ni la prime de risque. Contrairement à beaucoup d'autres formes d'imposition, il n'affecte donc pas la compétitivité des entreprises. Dans la pêche, la rente foncière constitue la meilleure source de recettes budgétaires.

En 1981, la rente maximale potentielle était estimée entre 70 et 90 millions de dollars, dont 60 pour la seule pêche des céphalopodes (Doucet et al., 1981). Depuis, cette valeur a augmenté avec l'augmentation du prix du poisson, le progrès technique qui diminue les coûts de production, et le développement de la pêche artisanale dont les coûts de production sont moindres. La Mauritanie prélève déjà une part significative de cette rente (taxe à l'exportation, redevances et autres compensations payées par les armements et les pays pêchant dans la ZEE mauritanienne). Il est important de réévaluer ce que représente ces rentrées par rapport à la rente foncière potentielle maximale.

Enfin, l'accroissement de la valeur ajoutée passe par la réduction des coûts unitaires de production (par tonne) et la consommation de facteurs de production nationaux. Compte tenu de sa plus grande consommation relative en intrants nationaux, la pêche artisanale dispose ici aussi d'avantages indéniables. Des analyses du type de celle esquissée dans la section 4.1.4.2 sont nécessaires pour comparer les atouts des différentes flottilles.

En aval de la production, le débarquement dans les ports mauritaniens, le traitement sur place et la commercialisation par des entreprises mauritaniennes d'une part croissante de la production nationale offrent les meilleures perspectives pour la réalisation de cet objectif (voir § 5.1.3).

4.2 - Marcheés1

4.2.1 - Petits pélagiques

A la fin des années 80, la pêche des petits pélagiques par les flottilles de l'Europe de l'est opérant sous licence dans la ZEE mauritanienne a représenté environ 70 % du tonnage et 30 % de la valeur de la production mauritanienne. L bouleversement survenu dans les pays qui armaient ces flottilles rend l'avenir de ce système d'exploitation incertain: les navires-usines ont une consommation élevée en gas-oil et emploient une main d'oeuvre abondante; l'écoulement traditionnel de la production se heurte à la baisse du pouvoir d'achat des pays de l'Europe de l'est; de fortes baisses des cours en ont résulté, qui ont incité les opérateurs à se retourner massivement vers les marchés africains; mais la dévaluation du franc CFA a réduit la demande solvable des pays de zone franc. Les grandes difficultés financières éprouvées par les armateurs à utiliser les autorisations de pêche qui leur ont été accordées sous forme de contrats d'affrètement suggèrent que la production a dû fortement décliner (voir § 3.3). Les contraintes qui affectent la pêche artisanale mauritanienne ne sont pas moindres: rayon d'action limité des pirogues, enclavement des secteurs de production par rapport aux centres de consommation nationaux, volume du marché national par rapport à la production potentielle.

L'évaluation des perspectives d'exploitation dans ce nouveau contexte économique devrait déterminer les filières les mieux appropriées et leur viabilité économique dans l'environnement mauritanien. L'examen des tendances du marché - en termes d'offre, de demande et de prix - pour les produits dérivés des petits pélagiques donne déjà certaines indications sur les filières de production et de traitement potentiellement adaptées

4.2.1.1 - Marché mondial

Les informations disponibles sur l'offre mondiale, pour les dernières années (1985–1991) et les trois principaux groupes d'espèces, sont données dans le tableau 36 (FAO, 1993). Le groupe chinchards-mulets-balaous contient des espèces - les mulets -, qui n'entrent pas dans la catégorie des petits pélagiques. Mais leur importance relative est suffisamment faible pour ne pas invalider les conclusions d'ensemble. Sur la période considérée, ces trois groupes ont représenté 37 % de la production globale (harengs, sardines et anchois: 22, 9 millions de tonnes; chinchards, mulets et balaous: 8, 7 million; maquereaux, thyrsites et trichiures: 3, 7 millions en moyenne). La plus grande partie provient du Pacifique centre-est et nord-ouest, et de l'Atlantique nord-est et ouest, centre-est et sud-est. Les variations naturelles des principaux stocks se contrebalançant, la production mondiale de petits pélagiques est restée relativement stable en volume, avec cependant une tendance à la baisse de sa contribution à la production totale - de 38, 5 % en 1985 à 36, 1% en 1991.

L'offre de l'Afrique nord-occidentale2 et de la ZEE mauritanienne pour les principales espèces exploitées dans la ZEE mauritanienne (chinchards, sardinelles, sardine, anchois, maquereau et sabre) est donnée dans le tableau 37. En 1991, l'offre de la ZEE mauritanienne pour ces espèces représentait le sixième environ de celle de la zone COPACE, et 2 % de l'offre mondiale. Les chinchards et le sabre, et, à un degré moindre, la sardine et les sardinelles, tiennent un rang plus élevé.

En l'absence de statistiques FAO sur les produits, on se bornera à quelques rappels généraux:

1 - Cette partie du rapport final est basée sur le manuscrit de M.E. Lebrun.

2 - Les statistiques données dans le tableau 37 se rapportent à l'ensemble de la région COPACE. Comme la plus grande partie de la production de petits pélagiques de cette région provient du secteur nord (Maroc - Guinée), ces statistiques reflètent bien l'offre de l'Afrique nord-occidentale.

Tableau 36 - Captures mondiales de petits pélagiques (en miliers de tonnes) au cours des sept dernières années (FAO, 1993).
Groupes d'espèces1985198619871988198919901991
Chinchards, mulets, ba- Laous8 3217 4798 2968 1289 3509 72810 077
Harengs, sardines, an- chois21 08823 98422 37524 38724 78022 18321 406
Maquereaux, thyrsites, trichiures3 8234 0073 6443 8623 7713 5053 480
Total petits pélagiques33 23235 47034 31636 37737 92135 41634 963
Production totale86 32492 80494 37999 016100 20897 43496 926
Petits pélagiques/total (%)38,538,236,436,737,836,336,1


Tableau 37 - Petits pélagiques (1991): importance des captures (en milliers de tonnes) dans la ZEE mauritanienne par rapport aux captures mondiales et dans la zone COPACE (Sources: FAO, 1993; données CNROP).
GroupesZEE
mauritanienne
Région
COPACE
MondeZEE mauritanienne (%)
d'espècesRégion COPACEMonde
Chinchards*127,7273,25 899,946,72,2
Sardinelles83,5630,21 784,613,34,7
Sardine69,9963,81 377,87,35,1
Maquereaux**13,8135,02 564,810,20,5
Anchois8,2194,05 698,04,20,1
Sabre***79,0****88,3939,789,5***8,4
Total381,02 287,418 264,916,72,1

* :Trachurus spp., Decapterus spp., Caranx spp.
** :Scomber spp., Rastrelliger spp.
*** :Trichiurus spp., Lepidopus spp., Aphanopus spp.
**** : valeur probablement surestimée.

La consommation mondiale est dominée, en volume, par les produits traditionnels de bas de gamme. La demande correspondante de la clientèle à faible pouvoir d'achat est stable. Sur un plan régional toutefois, on peut craindre que la demande solvable des consommateurs des pays du golfe de Guinée ne soit pas affectée par le renchérissement des coûts de production lié au changement dans l'organisation économique des pays de l'Europe de l'est, ainsi que par l'impact de la dévaluation du franc CFA sur leur pouvoir d'achat vis-à-vis des produits importés. La consommation de produits plus nobles, comme les filets d'anchois à l'huile, les harengs fumés et saurs, ou les filets de sare frais, est globalement modeste. La percée d'un nouveau produit, comme la promotion de produits classiques, exigent de la part des producteurs un effort de promotion important auprès des distributeurs. Mais l'expérience marocaine de promotion des conserves de sardine sur le marché américain montre qu'un tel effort peut être fructueux. La farine de poisson est écoulée vers les pays du nord: marchés japonais - qui privilégie la farine chilienne de meilleure qualité -, américain et européen (données Infopêche).

Les données disponibles permettent de suivre l'évolution des prix de la farine, de l'huile, des chinchards et maquereaux congelés sur la période octobre 1991 à septembre 1993 (fig. 18).

Figure 18

Figure 18 - Prix CAF ($ US/tonne) de la farine (Chili et Pérou) sur le marché européen, de l'huile (Danemark) sur le marché britannique, et du chinchard et du maquereau congelés sur divers marchés ouest-africains, entre octobre 1991 et septembre 1993 (Source: Infofish).

Entre octobre 1991 et septembre 1993:

4.2.1.2 - Marché mauritanien

Les contrats d'affrètement de la production de petits pélagiques des navires autorisés à pêcher dans la ZEE mauritanienne prévoient la commercialisation d'une partie des captures par les associés mauritaniens. Cette partie de la production est commercialisée principalement à l'étranger, mais peut aussi approvisionner le marché local.

La fixation des prix se fait sur la base d'un plan de production qui précise la quantité produite, le nombre et le type de bateaux, la répartition des produits selon l'amortissement et le mode de transformation, ainsi que les conditions de livraison. Le mode de règlement de la quote-part revenant à l'affréteur n'est pas spécifié. La pratique courante est la suivante:

Depuis 1992, une autre formule de règlement du quota a été adoptée. Elle consiste à livrer la moitié de la quote-part (toujours calculée selon la formule précédente) en chinchard (> 20 cm), et la moitié en espèces, conformément à un échéancier de paiement et de livraison mutuellement agréé.

Certains contrats prévoient que le règlement de la quote-part affréteur se fasse exclusivement en produits (chinchards > 20 cm, sardinelles et sardine).

Ce mécanisme a tendance à désintéresser les opérateurs mauritaniens de la prospection des marchés et de la commercialisation.

Ces dernières années, la production (poisson congelé, farine et huile tirés des petits pélagiques) des navires opérant dans la ZEE mauritanienne a été, en moyenne, de 245 000 tonnes. A première vue, l'année 1993 ne diffère pas des précédentes (290 000 tonnes exportées pour les neuf premiers mois de l'année). Toutefois, les statistiques mensuelles d'exportation montrent une baisse importante d'activité en fin d'année. On notera qu'une diminution similaire s'est produite en fin 91 - début 92, période au cours de laquelle les armateurs de l'ex-URSS éprouvèrent de grandes difficultés à faire pêcher leurs navires. Des baisses similaires, quoique de moindre amplitude, s'étaient également produites en juin 88 et avril 89.

La production mauritanienne est écoulée surtout sous forme congelée, accessoirement en farine pour les prises de moindre qualité ou difficiles à commercialiser. Les opérateurs mauritaniens estiment que cette valorisation sous forme de produits à faible valeur marchande est peu profitable. Pourtant les opérateurs néerlandais obtiennent des prix supérieurs sur le marché africain.

Le tableau 38 donne, sur la base des statistiques du Service des Douanes, la répartition par pays importateurs des exportations mauritaniennes de produits dérivés des petits pélagiques (en tonnage et en pourcentage des exportations totales par produit).

Les produits sont exportés dans 20 pays: 9 en Afrique, 4 en Europe de l'est, 3 en Europe de l'ouest, 2 au Proche Orient, et 2 en Amérique du sud. L'importance de ces marchés diffère: 60 500 tonnes de poisson congelé, 20 000 tonnes de farine et 2 000 tonnes d'huile vont vers l'ex-URSS, contre 29 tonnes de chinchard congelé vers la Finlande. L'ex-URSS absorbe plus du quart du poisson congelé, 90% de la farine, et la quasi-totalité de l'huile mauritanienne (sa part était considérablement supérieure dans les années 80), la Côte d'Ivoire 20%, le Nigeria 12 %, le Cameroun 9 %, et l'Egypte 6 % du poisson congelé. Ces exportations sont concentrées: quatre pays importent 70% du poisson congelé, et l'ex-URSS seule 91% de la farine et 98% de l'huile.

Tableau 38 - Destination des produits mauritaniens dérivés des petits pélagiques (données 1992; tonnages et pourcentages par produit; sources: Service des Douanes).
ProduitsEspècesBréninBrésilCame- rounCongoCôte d'IvoireÉgypteEspagneFranceFinlandeGhana
CongeléChinchards7 108020 6182 83647 2823 7835532 4162915
  4,9%0,0%14,2%2,0%32,6%2,6%0,4%1,7%0,0%0,0%
 Sardine,968 72983105 4338 3811701 3620566
 sardinelles0,2%14,4%1,4%0,0%9,0%13,8%0,3%2,2%0,0%0,9%
 Maquereau01 04884001223125388300
  0,0%9,5%7,6%0,0%0,1%2,1%2,3%8,0%0,0%0,0%
 Autres0440200600472247000
  0,0%11,4%0,5%0,0%15,6%12,3%6,4%0,0%0,0%0,0%
 Total7 20410 21722 3092 83653 32712 8671 2014 66129581
  2,9%4,2%9,1%1,2%21,8%5,8%0,5%1,9%0,0%0,2%
Farine 00000295231000
  0,0%0,0%0,0%0,0%0,0%1,3%1,1%0,0%0,0%0,0%
Huile 00000017000
  0,0%0,0%0,0%0,0%0,0%0,0%0,8%0,0%0,0%0,0%


ProduitsEspècesLibanNigeriaPanamaPortugalRouma- nieSuisseTogoTur- quieURSSZaïre
CongeléChinchards019 1743 57820304089 996026 450400
  0,0%13,2%2,5%0,1%0,0%0,3%6,9%0,0%18,3%0,3%
 Sardine,2005 598011101462 729026 2960
 sardinelles0,3%9,2%0,0%0,2%0,0%0,2%4,5%0,0%43,4%0,0%
 Maquereau087805410161006 2080
  0,0%7,9%0,0%4,9%0,0%1,5%0,0%0,0%56,2%0,0%
 Autres00053100001 5390
  0,0%0,0%0,0%13,8%0,0%0,0%0,0%0,0%40,0%0,0%
 Total20025 6503 5781 386071512 725060 493400
  0,1%11,6%1,6%0,6%0,0%0,3%5,8%0,0%27,4%0,2%
Farine 00015684550043419 9340
  0,0%0,0%0,0%0,7%3,9%0,2%0,0%2,0%90,8%0,0%
Huile 0150000002 0180
  0,0%0,7%0,0%0,0%0,0%0,0%0,0%0,0%98,4%0,0%

L'Afrique importe deux fois plus de poisson congelé que l'ex-URSS. Ce poisson alimente les marchés intérieurs des pays du golfe de Guinée par les ports d'Abidjan, Douala, Lagos et Lomé. Les sardinelles et le maquereau ont trouvé au Brésil un marché significatif.

Malgré la concentration des exportations, le grand nombre de pays importateurs est un facteur favorable: des échanges commerciaux ont été établis; ils ont fait connaître les produits mauritaniens sur différents marchés. Ces marchés devraient être systématiquement prospectés. Le Ghana, par exemple, importe moins de 600 tonnes de poisson congelé mauritanien alors qu'il constitue, en Afrique, un grand marché de consommation des petits pélagiques.

4.2.1.3 - Conclusions

Les points suivants ressortent de cet examen:

4.2.2 - Céphalopodes1

4.2.2.1 - Information générales

Sur le marché international, le Japon est le principal acheteur de poulpe. Il consomme plus de 70 % de la production mondiale, et sa demande croît. Cette concentration va au-delà de la demande nationale. Elle porte aussi sur le négoce: alors qu'une vingtaine d'entreprises japonaises importaient autrefois la production mauritanienne, elle ne sont plus aujourd'hui que quelques-unes. Cette position quasi dominante de la demande est seulement atténuée par l'effort de régulation de la SMCP (annexe 5) qui dispose, depuis 19872, année au cours de laquelle l'obligation de débarquée en Mauritanie a été instituée, du monopole de la commercialisation à l'étranger de la production mauritanienne (§ 4.2.3).

Les pays producteurs majeurs sont peu nombreux: Chine, Corée, Japon lui-même, Maroc, Thaïlande, … Depuis 1982, la Mauritanie a renforcé sa position sur le marché japonais, pour devenir, en 1986, son principal fournisseur. Elle a perdu cette place en 1990, et n'occupe plus actuellement que le troisième rang, après le Maroc et l'Espagne.

Les prix de la production mauritanienne sont fortement déterminés par le marché japonais. Il n'y a pas confrontation directe entre l'offre et la demande au moment du débarquement en Mauritanie. Bien que chaque producteur mauritanien ait la possibilité de présenter ses offres propres, les prix sont fixés par la SMCP sur une base décadaire. La structure des prix est rigide.

1 - Cette partie du rapport final est pour l;essentiel basée sur le manuscrit de M.C. El Kébir O/Chbih.

2 - Supprimé temporairement au second semestre 1992, ce monopole a été rétabli en 1993.

4.2.2.2 - Évolution des prix

Sur le marché international, les prix varient fortement: le prix de la tonne de poulpe a atteint 5 930 $ en 1978, pour tomber à 1 806 $ en 1982, et remonter à 3 680 $ en 1986. Il se négocie actuellement autour de 4 480 $ en moyenne (toutes catégories commerciales confondues).

Plusieurs facteurs interviennent dans la formation des prix:

Poulpe

Sur la période observée (1985 – 1993), le prix moyen (toutes catégories commerciales) a augmenté régulièrement jusqu'en 1992. La baisse sensible observée en 1992 et en 1993 semble due à une diminution de la qualité des produits et à la désorganisation de la commercialisation fin 1992.

Le prix des poulpes de grande taille a suivi la même évolution, mais plus marquée: la catégorie 3 est passée de 2 600 $ / tomme en 1985 à 6 607 en 1991, pour descendre à 4 195 en 1993. Par contre, celui des tailles moyenne (catégorie 6) et petite (catégorie 9) est resté plus stable (à l'exception d'une augmentation marquèe et passagère en 1989).

Seiches

Seul le prix de la catégorie la plus grande (1) a augmenté régulièrementg sur la même période. Celui des catégories plus petites (7 et 9), et le prix moyen (toutes catégories confondues) sont restés plus stables.

Ensemble des espèces

Le prix moyen a une tendance à s'améliorer lentement (acec un maximum un 1988 – 89), pour baisser sensiblement en 1993 (-27 %).

4.2.2.3 - Conclusions

Dans son analyse du prix des céphalopodes destinés au marché japonais, J. Catanzano conclut que:

L'importance économique de la production de céphalopodes est considérable pour la pêche mauritanienne. Parmi les mesures susceptibles d'améliorer la position de la Mauritanie et le prix de vente de sa production, le Groupe a cité:

Les pays de la sous-région produisent le dixième de la production mondiale de céphalopodes (et près de la moitié de celle de poulpe). Ecoulant leur production sur les mêmes marchés, la valorisation de leur production se pose pour eux en termes similaries. Ils ont donc intérêt à concerter pour harmkoniser leurs politiques de commercialisation. Dans le négoce mondial des céphalopodes, les entreprises japonaises sont en position dominante. Pour les pays de la sous-région, il est important de vérifier dans quelle mesure ces enterprises sont en concurrence entre elles. Les pays de la sous-région pourraient collaborer à la réalisatuion d'une analyse plus approfondie du marché (séries plus longues pour vérifier différentes hypothèses, comme la position concurrentielle des principaux types de produit sur les différents segments du marché, …) et du comportement des sociétés importatrices.

4.2.3 - Rôle de la SMCP

En mauritanie, la SMCP (Société Mauritanienne de Commercialisation du Poisson), organisme public à caractère industriel et commercial placé sous la tutelle du MPEM, a le monopole de la commercialisation des produits d'exportation. Pour chaque décade (dix jours), elle fixe, par l'intermédiaire d'une commission qu'elle préside, le barème de ses prix d'achat. Elle stocke la production, et prospecte les marchés extérieurs sur lesquels elle s'efforce d'obtenir les meilleures offres.

Pour le compte de lÉtat, la société assurfe deux fonctions:

Pour la profession, le système assure la commercialisation des produits d'exportation. A cet égard, on lui fait plusieurs reproches:

L'évaluation de la SMCP doit distginguer ces différentes fonctions, et tenir compte aussi des rapports de force entre pays producteurs et pays importateurs (annexe 5), comme de l'intérêt pour les entreprises d'un amortissement des fluctuations des cours des produits et des monnaies.

Si les pays du sud sont souvent en position de faiblesse (“price taker”) dans la commercialisation de leurs produits agricoles, ce n'est pas nécessairement le cas dans le négoce des différents produits de la mer. Sauf pour les produits aquacoles et les produits comme les petits pélagiques oû les disponibilités dépassent la demande solvable, le secteur halieutiqu se caractérise en effet sur la longue période par uine offre naturellement limitée, insuffisante pour satisfaire une demande mondiale en expansion. Cette situation met les pays producteurs en position favorable. Les analogies avec les systèmes adoptés pays africains pour la commercialisation de leurs produits agricoles (cacao, café, …) sur le marché mondial ne sont donc pas fondées dans tous les cas.

Tableau 39 - Potentiles et état d'exploitation des ressources halitiques dans la ZEE mauritanienne.
RessourcesPotentiel de capture*Captures courantes (t)Niveau actuel d'exploitationStabilité naturelle***Carences des donnéesQualité de l'évauationObservations
1. Démersales:       
11. Plateau       
112. Céphalopodes (total)       
1121. Poulpe40–50 00043 000Surexploité, mais non mésexploitéApparemment stableBiologie et écologie des populationsAcceptable pour les besions immédiatsConditions de pérennité mal établies
1122. Seiches? Peut-être moins inten- sément exploité que le poulpeid.Effort effectif, structure démo- graphiquePas d'évaluationMais l'aménagement peut être fondé sur celui du poulpe
1123. Calmar? Peut-être modérément exploitéVariable(?)id.id.``
113. poissons?12 000 (40 000 t il y a dix ans)Surexploitation apparente, et mésexploitationGlobalement stableCaptures et ef- forts effectifs, distributions de fréquence (LF)Pas d'évaluation fiableMauvaise connaissance de l'état réel du stock; évalua- tion nécessaire
114. Creveue còère≥500–1 000650Pleinement exploitéStableid.id.id.
115. Langouste vertenord: 50 sud: 17580Stock nord sureexploité, stock sud non encore reconstituéVariable (?)id.Evaluation approximativeid.
116. Praire
(V. verrucosa)
500–1 00050Pleinement exploitéFluctuantid.Compte tenu de la vari- abilité du recrutement, à répéter si la pêche s'intensifieRéévaluation périodique du stock par prospection
117. Prairc
(V. rosalina)
<300 0000InexploitéFluctuant id.connaissance actuellement suffisantes vu le dévelop- pement de la pêcherie
12. Talus       
121. poissous
(sauf merlus)
10–15 000 Modérément exploité, ou inutilisé selon les espèces?Captures par es- pèces, effort effectifInsuffisanteEvaluation nécessaire
122. Merlus≥13 0009–11 000Peut-être pas exces- sivement exploitéVariable (?)@id.Première appréciation d'une capture minimaleEvaluation à préciser, stocks partages(?)
123. Crevettes profondes> 4 000**1 200–2 400Modérément exploité (?)Variable (?)id.Peu précise; analogie stock sénégalaisMéconnaissance des populations
124. Langouste rose800210Antérieurt surexploité, pas encore reconstituéVariable (?) Insuffisante 
125. Crabe protend2 – 400300Pleinement exploité comme prise secondaire?Meilleures statistiques de captureApproximativeMéconnaissance des popu- lations
2. Pélagiques côtes****100 0001 000 000Modérément exploités par le passé; peu ex- ploités depuis la baisse d'activité des flottilles de l'Europe de l'est Structure des populations, captures/espèces et flottilles, efforts effectifsVu le niveau actuel d'exploitation, évaluations immédiate- ment suffisantes, mais par potentiellement;Informations différentes né- cessaires pour évaluer les opportunités de développement
21. Sardine ? ?id.FluctuantCaptures, effort effectif, structu- re démographi- que (nouvelle population ?)Pas d'évaluationStructure de la population
22. Sardinelles (total)750 000320 000id. Effort effectif, structure démo- graphiquePeu précise 
221. Sardinelle plate 110 000id.VariableEffort effectifPeu précise 
222. Sardinelle ronde 210 000id.VariableEffort efectifPas d'évaluation 
23. chinchard (total)400–600 000260 000id. Effort effectif, structure démo- graphiqueSatisfaisante pour les besoins actuelsLes potentiels de capture indiqués ne correspondent pas au maximum, mais à
231. Chinchard européen200–300 00085 000id.Variable  ce qui sarait réalisable en
232. Chinchard africain200–300 000150 000id.Variable  maintenant le rendement et sa variabilité au niveau 90
24. Maquereaux?14 000id.VariableEffort effectif, structure démo- graphiquePas d'évaluationconnaissance de la structure des populations, préalable à l'examen de la variabilité de leur recrutement

* Maximum de capture pour recrutement moyen égal à celui observé pendant la période d'analyse et un régime d'exploitation en état d'équilibre.

** 4 000 tonnes représent le potentiel de Parapenoeopsis longirostris seul.

*** Variabilite dans l'abondance des stocks causée par les variations naturelles du recrutement annuel.

**** Les estimtions portent sur l'ensemble des stocks de petits pélagiques présents dans les zones Sahara, Mauritanie et Sénégal et la moyenne pour la période 1987 – 1991.


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