CHAPITRE IV
LA FORMATION À LA COMMUNICATION POUR LE DÉVELOPPEMENT
Etat des lieux
La formation des cadres de la communication sociale bissau-guinéenne est un des défis majeurs du pays, et son insuffisance est une des contraintes majeures au développement des organes de la communication sociale.
L'inexistence de centres de formation professionnelle spécialisés, ainsi que de centres de formation supérieure, oblige le pays à recourir à des stages à l'étranger qui, souvent, ne correspondent pas aux besoins et à la réalité de la Guinée-Bissau; de plus, il y a très peu de programmes de formation dans la langue de travail du pays, qui est la langue portugaise.
Cinq pays de langue officielle portugaise ont pris l'initiative de créer, avec l'appui de l'Unesco, un centre régional de formation pour les professionnels de la communication sociale d'expression portugaise. Mais, pour diverses raisons, ce centre n'a pas encore été mis en place. Les pays lusophones et l'Unesco sont actuellement à la recherche du financement nécessaire.
I1 existe une importante nécessité de formation de professionnels en communication sociale afin que ceux-ci puissent exercer cette profession et bien maîtriser les nouvelles technologies.
I1 s'est avéré difficile de recourir aux centres de formation qui existent dans la sous-région, vu que la plus grand e partie d'entre eux sont francophones ou anglophones, ce qui rend difficile, ou même impossible, l'accès de stagiaires lusophones.
I1 existe une grande inadéquation entre le niveau de formation et la disponibilité intellectuelle qu'on attend des professionnels de la communication sociale ainsi qu'avec la rémunération qu'on leur offre. C'est la raison pour laquelle on peut constater une grande instabilité des cadres professionnels qui, ayant un niveau culturel et académique supérieur, sont sollicités par d'autres secteurs qui offrent souvent des rémunérations beaucoup plus avantageuses.
L'inexistence d'une politique de communication orientée vers le développement, particulièrement en milieu rural, constitue un obstacle important au développement d'une certaine attractivité des professions lices à la communication sociale, en particulier des professions lices à la communication pour le développement.
Profil du professionnel de la communication pour le développement
Le professionnel de la communication pour le développement devrait avoir le profil suivant:
Pour la communication sociale
- avoir une formation professionnelle;
- dominer la langue utilisée dans la région où il travaille;
- être capable de s'adapter au milieu rural; savoir rédiger;
- savoir recueillir et traiter des informations;
- avoir une ample culture générale;
- savoir rédiger des rapports d'activité;
- être familier avec des systèmes de documentation et d'archives;
- avoir un comportement simple;
- être capable d'élaborer des programmes de radio et TV rurales; avoir un accès facile aux moyens traditionnels de communication.
Pour la communication éducative
- bien connaître le contenu technique des messages;
- avoir un comportement simple qui facilite le dialogue;
- bien maîtriser la langue utilisée dans la région où il travaille; avoir une bonne expérience en communication; avoir une formation polyvalente;
- savoir recueillir et traiter des informations;
- connaître les usages et coutumes du milieu; savoir produire et utiliser des outils de communication audio-scripto-visuels.
Pour les ONG et associations de base
- Maîtriser la langue (les langues) de la région d'affectation;
- connaître la culture locale;
- avoir des notions en matière de communication;
- interactive;
- savoir produire et utiliser des outils de communication;
- savoir communiquer avec une population analphabète.
Potentialités
Sur le plan institutionnel
L'Association des journalistes;
le Conseil national de communication sociale;
la Faculté de droit.
Sur le plan des ressources humaines
- Existence de jeunes cadres très motivés, prêts à être formés;
- existence de professionnels de la communication sociale formés "sur le tas";
- existence de professionnels en communication sociale formés à l'étranger, qui pourraient contribuer à la formation professionnelle de nouveaux journalistes.
Sur le plan des infrastructures
- Existence d'infrastructures qui pourraient être utilisées de manière plus rationnelle et qui devraient être équipées avec du matériel complémentaire; il s'agit notamment de:
la RDN
- Existence d'un amphithéâtre qui peut être utile au théâtre radiophonique, au théâtre pour les enfants et aux enregistrements des orchestres musicaux;
- existence d'installations pour la formation locale de techniciens de prise de son, et pour la réalisation et le montage de programmes radiophoniques;
- existence d'un certain savoir-faire en matière de rédaction, techniques d'interviews et de reportages, production de programmes, etc.
I'ANG
- Possibilité de formation technique de cadres au niveau local.
I'INACEP
- Existence de conditions pour la formation en matière de reproduction (photocomposition).
la TVE GB
- Existence d'installations et d'équipements pour un travail de vidéo et télévision (toutes les composantes).
le SNIECS, le CECOMES, le CDEDA, lINDE
- Possibilité de formation en matière de documentation, archives, techniques d'enquêtes, supports et outils didactiques et de communication, méthodes d 'animation.
la Faculté de droit:
- Formation de base en matière de sciences juridiques, avec un potentiel en sciences de communication.
Sur le plan des ressources matérielles
- existence de supports didactiques et d'outils de
- communication pour la sensibilisation communautaire.
Facteurs limitants
- Manque d'une école nationale de communication sociale;
- pour des journalistes, des réalisateurs et des agents de base, orientée vers le milieu rural (par les contenus et les méthodes interactives de production et de diffusion);
- faible niveau de rémunération des professionnels de la communication;
- absence d'un plan de formation en matière de communication;
- manque de centres de documentation, manque d'archives et de bibliothèques;
- manque de formateurs de formateurs;
- manque d'un centre régional de formation professionnelle en matière de communication sociale pour les pays de langue officielle portugaise.
Recommandations
- Considérant l'instabilité des professionnels de la communication sociale, due à une rémunération insuffisante, d'une part, et au manque de reconnaissance professionnelle et de plan de carrière, d'autre part, le séminaire recommande:
- de prendre des mesures en vue de la stabilisation des professionnels de la communication sociale;
- de privilégier la formation de cadres à partir d'une sélection de base qui facilite leur intégration ultérieure au sein du milieu rural;
- d'élaborer un plan de formation qui corresponde aux réalités et aux besoins du pays;
- de renforcer les mesures de formation dans des contextes lusophones, notamment au Portugal et au Brésil, pour des raisons linguistiques;
- d'organiser des sessions de formation en radio rurale à l'intérieur du pays, avec des séminaires de formation de quatre semaines tous les six mois, auxquels devraient aussi participer les communicateurs de terrain des différents organismes de développement;
- de privilégier la formation des agents de développement en matière de communication pour le développement; de donner priorité à la formation des formateurs; de former des locuteurs de radio en langues nationales;
- de motiver les artistes nationaux qui connaissent bien la réalité socioculturelle du pays et de produire des supports didactiques;
- de faire l'inventaire du matériel de communication nécessaire à la formation;
- d'harmoniser les méthodes d'intervention sur le terrain, et de donner un profil pluridisciplinaire à l'agent de terrain;
- de prendre en considération les marques des équipements déjà existants quand on procède à l'acquisition de nouveaux équipements;
- d'inclure, dans les contrats d'achat de nouveaux équipements, une clause qui prévoie une formation initiale à leur utilisation;
- de créer à moyen terme une école nationale de communication sociale;
- de doter les infrastructures existantes (radio, TV, ANG, INACEP) d'équipements supplémentaires qui faciliteront la formation à l'intérieur du pays;
- de préparer un programme de formation sur le terrain pour les équipes régionales;
- de renforcer la formation de base en matière de production d'outils de communication, de documentation et d'archives;
- de favoriser des cours de recyclage réguliers à l'intérieur du pays, mais aussi à l'étranger.