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Il existe de nombreuses publications de la FAO traitant de ce sujet, en particulier le Bulletin FAO N°53 - Traitement et stockage des céréales vivrières par les ménages ruraux; (1983), le Bulletin PAO N°93 - L'Après-récolte des grains: organisation et techniques (1992); et le Bulletin FAO N°109 - Technique de stockage des céréales (1994). Le chapitre suivant est extrait de ces publications.
Les moyens traditionnels de stockage au niveau villageois sont l'aboutissement de l'évolution de systèmes ingénieux et empiriques. Au fil des générations, les agriculteurs ont mis au point des techniques souvent très élaborées et maîtrisées (cf. le Chapitre 5). Mise à part la fonction de stockage, les greniers et autres structures traditionnelles sont conçus de façon à réduire au maximum les pertes causées par les principaux ennemis des récoltes: insectes, moisissures, rongeurs ou incendies. La prolifération des insectes et des moisissures dépend de facteurs climatiques (humidité, température) et de la composition du milieu interstitiel du grain. La présence de rongeurs, de termites, d' incendies et de vols est liée aux techniques de construction du grenier (emplacement, matériaux et type d'architecture). L'évaluation des dégâts en cours de stockage dans les greniers traditionnels est mesurée précisément depuis peu. Les données disponibles sont fragmentaires et ne permettent pas d'être extrapolées à l'ensemble d'un pays ou d'une sous-région (tableau 6.1).
Tableau 6.1- Taux de perte lors du stockage du mil et du sorgho dans les greniers traditionnels d'Afrique
Pays | Produits | Pertes (%) |
Sénégal | Mil en épis | 2,2 |
Sorgho en épis | 5,3 | |
Sorgho en grains | 9,5 | |
Nord-Nigéria | Sorgho en épis | 4,0 |
Sorgho en grains | 4,0 | |
Mali | Mil en épis | 2 à 4 |
Niger | Mil en épis | 10,1 |
Mil en grains | 3,4 | |
Burkina Faso | Mil en épis | 6,9 |
Mil en grains | 8 mois de stockage |
6.1.1 Les insectes
Si les paysans estiment difficilement les pertes causées par les insectes, en revanche ils sont en mesure de préciser la période d'infestation. Le projet de la FAO au Bénin s'est intéressé à la façon dont les villageois perçoivent et estiment les pertes dus aux insectes à travers quelques critères: qualité de conservation entre variétés de céréales, période d'infestation. On affirme généralement que ce sont les insectes qui causent le plus de dégâts (Boxall, 1994).
Dans la zone climatique dite guinéenne, du Bénin, du Togo et de la Côte d'Ivoire, l'hygrométrie élevée, même pendant la courte période de saison sèche, favorise le développement des principaux ravageurs de grains: Le Sitophilus spp (charançon) et le Prostephanus trancatus (Grand Capucin du maïs). D'après les informations recueillies auprès des paysans, les pertes causées par ces insectes après six mois de stockage seraient de 2 à 3% sur du maïs en épis despathés. A cela s'ajoutent les pertes (jusqu'à 15%) lors du battage sur des grains détériorés par les insectes, après trois mois de stockage. L'apparition du Grand Capucin des Grains a remis en cause l'efficacité des greniers et des techniques traditionnelles.
Dans les autres zones de la sous-région, les conditions climatiques sont peu favorables à la prolifération des insectes communs pendant les cinq premiers mois de stockage (décembre à avril). Au mois de mai, l'hygrométrie plus élevée provoque l'apparition d'insectes. Les espèces observées sur le sorgho et le mil en épis sont Corcyra cephalonica (la teigne du riz), Phizopertha dominica (capucin du grain) et Tribolium castenum (Tribolium). Les dégâts causés par la teigne du riz sont faibles car ils se limitent à la couche supérieure du stock (20 cm).
6.1.2 Les moisissures
Le développement des moisissures est lié à des conditions atmosphériques particulières (température, humidité) comme dans les zones sud en bordure du Golfe de Guinée où l'hygrométrie est très élevée. Dans le reste de la sous-région le climat ne favorise pas l'apparition de moisissures et les greniers installés sur des plates-formes sont convenablement isolés du sol. A moins d'infiltrations d'eau par un toit défectueux, les villageois ne signalent aucun cas de moisissures dans leurs greniers.
Dans les régions de Mopti au Mali et de Ayorou au Niger, des pertes importantes ont été relevées suite à la remontée d'humidité à travers le plancher en banco des greniers, seul écran entre le sol et le grain. Lorsque le stockage des épis de maïs, mil ou sorgho se fait à même le sol dans les nouveaux magasins (dans le Guidimakha en Mauritanie, dans le Borgou au Bénin), des moisissures apparaissent dans la couche inférieure du stock.
Le cas des mycotoxines
Les mycotoxines sont des métabolites hautement toxiques produites par différentes moisissures. La toxicité des mycotoxines entraîne des maladies chroniques affectant le système nerveux, le système cardio-vasculaire, le système digestif et pulmonaire. certaines mycotoxines sont cancérigènes et d'autres sont immunodépressives (réduction de la résistance aux maladies) (Cooker, 1994).
Les principales mycotoxines sont développées par certaines espèces d'Aspergillus, Fusarium et Pénicillium. Les plus graves sont les aflatoxines incluant l'aflatoxine M1 du lait (produite par A.flavus et parasiticus ), Ochratexin A (A. Ochraceus et P. Verrucosum), Zearalenone et Deoxynivalenol (F. Graminearum et Fumonisins F. monoliforme).
6.1.3 Les rongeurs
Pour la plupart des villageois, la présence de souris dans les greniers est quasi permanente. Présentes dans les greniers en paille, elles arrivent également à s'introduire dans les greniers en banco par le toit ou en faisant un trou à la base et pouvant ainsi causer l'effondrement d'un grenier.
Dans le village de Missira (Sénégal) des rats sont apparus en grand nombre depuis une dizaine d'années. Visibles de jour comme de nuit, ils causent des dégâts importants sur les denrées stockées (jusqu'à 20% de pertes par an) tant par leur consommation que par leurs déjections.
6.1.4 Les vols et incendies
L'importance croissante des vols est une conséquence du manque de nourriture après plusieurs années de sécheresse. La crainte du vol est un facteur déterminant dans le choix des techniques de stockage. Les paysans se voient de plus en plus contraints de battre rapidement l'ensemble de leur récolte pour la stocker en grain, en sécurité dans les magasins. Dans la région de Tillabéry (Niger) certains préfèrent stocker le riz paddy à l'intérieur des cases ou des magasins même s'ils savent que cette méthode est défavorable à la conservation.
Les greniers en paille sont davantage sujets au risque d'incendié et donc sont construits à l'écart des habitations. A Missira (Sénégal) les villageois ont adopté le stockage en vrac dans les magasins en banco avec toit de tôles par crainte des incendies, même si ce type de stockage est moins efficace.
Sous la pression de causes socio-économiques, contrairement à l'usage qui cherche à éviter les incendies, les greniers se rapprochent des habitations ou gagnent des locaux n'ayant pas cette seule fonction, au détriment de la qualité de conservation.
Les nombreuses études sur les niveaux de perte au stockage faites durant les vingt dernières années ont démontré que dans les systèmes après-récolte traditionnels, les pertes sont généralement maintenues à des niveaux bas, autour de 5%. Cette valeur constitue un seuil optimal car l'évolution des systèmes de stockage n'offre pas toujours une protection adéquate aux denrées.
6.2.1 Les activités de préparation au stockage
Comme on l'a évoqué au chapitre 5 (Paragraphe 5.1.3), les activités de préparation au stockage (nettoyage des greniers, destruction des résidus infectés, sélection des épis sains à la récolte) permettent de réduire très sensiblement l'attaque des insectes. De plus l'hygiène est un préalable absolu pour assurer un contrôle efficace avec des produits chimiques.
6.2.2 La sélection variétale
Certaines variétés à haut rendement sont souvent plus sensibles à l'attaque des insectes que les variétés locales sélectionnées naturellement sur leur aptitude au stockage et leur résistance aux insectes. Dans la recherche agronomique, les sélectionneurs prennent en compte des facteurs liés à la production (rendement, résistance à la sécheresse) et à la transformation ou la consommation. La recherche de variétés résistantes aux insectes des stocks est parfois jugée secondaire lorsqu'un contrôle peut être obtenu à l'aide d'insecticides.
6.2.3 Les pesticides
Ce terme ici synonyme d'insecticides conventionnels s'applique aussi aux fumigants, insecticides locaux et aux biopesticides. Les pesticides sont considérés comme la technologie de protection des stocks la plus efficace. Ils ont gagné l'approbation des paysans, s'adaptent aux systèmes de stockage et demandent peu d'efforts pour être appliqués. De plus, ils sont économiquement rentables, la valeur du grain sauvé pouvant représenter 10 à 25 fois le coût de l'insecticide. Des bénéfices plus importants peuvent être obtenus dans les zones infestées par le Grand capucin des Grains. Cependant malgré l'emploi des pesticides, des pertes considérables en cours de stockage sont encore enregistrées.
Les insecticides chimiques
Les insecticides les plus communs pour le stockage des grains comprennent les organophosphorés - pirimiphos méthyl, chlorpiriphos méthyl, fénitrothion et malathion. En général très efficaces contre les ravageurs communs, ils le sont moins contre les Bostrichidae ou bostriches dont le Grand Capucin des Grains. Des pyrethroïdes de synthèse, tels que le deltaméthrine et le perméthrine, sont alors utilisés seuls ou associés à des composés organophosphorés contre cet insecte.
Une mauvaise utilisation des insecticides ou une utilisation d'insecticides inadaptés au au système de stockage représentent un problème majeur. Pour du maïs stocké en épis faute de place ou de main d'oeuvre, le paysan est amené à égrener son maïs juste avant de le consommer ou le vendre. Or pour prévenir une infestation d'insectes le traitement doit être appliqué dés la récolte sur du maïs en grain. Parfois même, l'usage des insecticides peut être dangereux. En effet les paysans utilisent pour le stockage vivrier, des poudres fongicides, acaricides et insecticides réservées à la protection des semences comme HCH, Thioral, Thirame ou pire, Dieldrine et Endrine.
Devant cette situation plusieurs actions doivent être menées:
- L'inspection
Les méthodes pratiques d'inspection permettent de détecter des indicateurs ou des niveaux d'infestation correspondant à l'application du traitement, afin d'éviter des pertes importantes et des gaspillages en traitements insecticides superflus. Cette approche a été adoptée au Ghana, dans le cadre de la lutte contre le Grand Capucin. Les paysans savent identifier le seuil d'infestation à partir duquel il est nécessaire de traiter les insectes ravageurs communs. Pour le Grand Capucin, insecte introduit récemment en Afrique, le seuil semble encore difficile à détecter.
- La vulgarisation
Un effort d'information et de vulgarisation est entrepris principalement dans les zones consacrées à la culture du coton. Les services d'encadrement conseillent habituellement l'emploi d'insecticides reconnus comme peu nocifs et efficaces, notamment le pirimiphos méthyl. L'éducation des paysans représente une dépense importante pour le secteur public. Il serait intéressant d'investir dans la formation des commerçants distributeurs de pesticides qui sont une source d'information pour les agriculteurs. De plus l'amélioration de l'étiquetage des pesticides (formulation correcte et modes d'emploi) permettrait la transmission de l'information. Les emballages étiquetés devront être du format approprié afin d'éviter aux distri`uteurs de les subdiviser en emballages plus petits et non étiquetés, procédé dangereux.
- La distribution
Pendant un certain temps les pouvoirs publics ont pu supporter la fourniture d'intrants et de conseils d'utilisation. Les programmes de réforme économique ont restreint les budgets et ont conduit les organismes étatiques à se retirer de la distribution des intrants et à réduire les services de vulgarisation, laissant place au secteur privé. Il est essentiel d'assurer une distribution à temps et en quantités suffisantes des insecticides recommandés afin de limiter les mauvaises utilisations de certains produits.
- La législation
Peu de pays disposent d'une véritable législation permettant de contrôler la composition de produits phytosanitaires, leur importation, leur commercialisation. Dans la plupart des cas les mesures législatives sont inexistantes ou non accompagnées de moyens d'application.
La gamme d'insecticides disponibles pour le grain stocké est assez limitée et l'introduction de nouveaux insecticides est lente. L'application d'insecticides sur les produits alimentaires est régie par la Commission Internationale du Codex Alimentarius.Tout nouveau produit chimique doit donc faire l'objet de tests toxicologiques et environnementaux. Le marché étant relativement restreint, les fabricants sont peu enclins à développer de nouveaux produits.
Les fumigants
Un autre risque des pesticides est la résistance des ravageurs cibles à l'effet du produit chimique au fumigant phosphine. Ce problème de la résistance des insectes au fumigant phosphine est encore plus sérieux que la résistance aux insecticides car il n'existe pas de produit de remplacement pour la fumigation à petite échelle.
La fumigation à la phosphine est très attractive pour les paysans car la formulation en comprimés permet une distribution facile et une application simple. Cependant on sousestime souvent les dangers que représentent un emballage inapproprié, la forte toxicité, les risques de réinfestation. Des enceintes étanches doivent être adoptées pour réaliser une fumigation en toute sécurité. Les fûts métalliques, les plastiques ou sacs doublés plastique, les silos en ciment nonporeux, en métal ou en terre cuite représentent autant de possibilités. Le débat sur l'utilisation des fumigants continue, il semble irréaliste d'interdire leur utilisation. La formation des paysans et distributeurs semble aujourd'hui la meilleure solution.
6.2.4 Contrôle des mycotoxines
Pour que la contamination par les mycotoxines puisse être prévenue, il faut rapidement amener les produits au niveau d'humidité de sauvegarde et les y maintenir, mettre en place une lutte contre les ravageurs et rongeurs, et diminuer le taux de brisures dans les grains.
Une stratégie de contrôle des mycotoxines devrait mettre en uvre les actions suivantes et être applicable par des opérateurs semi-qualifiés:
- Identification de la nature et de l'étendue du problème;
- Introduction de méthodes améliorées de manutention et de contrôle de la qualité;
- Utilisation de procédures de détoxification;
- Mise en place de groupes de travail avec des représentants de secteurs de la santé, de l'agriculture et de l'élevage sur les dangers provoqués par les mycotoxines;
- Appui et formation aux laboratoires nationaux.
Jusqu'à présent la mise en uvre d'une telle stratégie est réalisé par des Centres de Mycotoxines établis avec succès au Pakistan, au Bangladesh, aux Philippines et partiellement en Zambie. L'établissement en Afrique de Groupes de Travail Régionaux sur les mycotoxines devrait être envisagé afin de déterminer les besoins d'étude et la stratégie à suivre en fonction des besoins. (Cooker, 1994)
L'inquiétude causée par le coût, la disponibilité, la forte toxicité, la résistance des insecticides conventionnels a encouragé la recherche de composés alternatifs.
6.3.1 Les insecticides locaux
Les paysans ont traditionnellement utilisé toute une variété de produits locaux ayant des propriétés insecticides: des minéraux, des huiles et des produits végétaux extraits de plantes ou d'arbres.
Les minéraux
On utilise des minéraux tels que le sable, la chaux et la cendre sur les grains pour former un obstacle physique contre les insectes. Les quantités nécessaires varient de 10g par kilo de grains jusqu'à 50% du poids des grains à traiter. La conservation du Niébé, dans de grandes jarres étanches, emploie ces produits pulvérulents qui occupent le maximum d'espace interstitiel et éliminent l'air (oxygène). Cette méthode de préservation des légumineuses à graines est courante chez les Haoussa (Niger), les Bwaba (Mali) et les Dagari (Burkina Faso).
Les poudres très fines sont plus efficaces comme insecticides quoique difficiles à produire localement. Elles nécessitent l'utilisation de procédés industriels pour faire face aux sous-produits poussiéreux affectant les travailleurs. Certaines poudres sont depuis fort longtemps commercialisées pour contrôler les insectes. Ces poudres inertes, absorbantes ou desséchantes agissent sur la cuticule de l'insecte entraînant la perte de fluide, la déshydratation et la mort de l'insecte. Cependant l'action de ces poudres n'est efficace que lorsque le micro-environnement du grain est suffisamment sec pour permettre une dessiccation rapide
Les huiles
L'effet des huiles sur les grains est complexe. Certaines huiles forment une barrière physique, d'autres agissent comme des agents répulsifs, tandis que d'autres possèdent de véritables propriétés insecticides. Efficaces contres les bruches, leur utilisation devient coûteuse à cause du taux d'application de 5 à 10 ml par kilo de grains et peut affecter le pouvoir de germination. L'usage des huiles est une alternative prometteuse mais les méthodes d'extraction d'huile et de nettoyage des grains doivent être améliorées.
Les produits végétaux
Les paysans utilisent des produits d'origine végétale (feuilles, tiges, racines, fleurs, fruits) contre les insectes des stocks et les termites. Parmi les plantes dont l'utilisation a été le plus souvent recensée, on cite Hypas spicigera. Elle est utilisée pour la protection des légumineuses en gousses (niébé, voandzou, arachide), sous forme de poudre sur les céréales ou d'enduits de crépissage.
Le neem (azadrichita indica) est le plus populaire et prometteur des végétaux à effet insecticide. Des extraits de neem et des produits dérivés ont même été fabriqués et commercialisés comme insecticides. D'autres matériaux prometteurs existent dont "sweet flag" (Acorus calamus), "wormseed" (Chenopodium ambrosioides) et le piment à l'odeur et au goût répulsif (Piper spp).
D'autres plantes sont recensées mais leurs noms scientifiques n'ont pu être identifiés. En particulier, chez les Dagari du Burkina Faso, la plante appelée Naplaw. Les tiges et les feuilles séchées et pilées sont réduites en poudre et mélangées à de la cendre comme support. L'application se fait par couches successives sur les stocks de sorgho, riz et arachide. On ne peut l'utiliser sur le mil qui est moulu sans décorticage préalable car le Napkaw a des propriétés enivrantes voire paralysantes. Plus efficace que l'Actellic à cause de son odeur répulsive, le Napkaw persisterait pendant trois ans. Ceci reste à vérifier expérimentalement. Le Nakpaw, dont les fruits rappellent les gousses de soja est connu chez les Lobi du Burkina Faso sous le nom de "Tingtingou" ou "plante qui tue les mouches" mais est utilisé pour soigner les animaux.
Chez les Gourounsi (Burkina Faso), on utilise les fleurs du Cymbopongo giganteuss appelé solo contre les insectes et chez les Gourmantché, une plante nommée Jumfani protège le niébé en gousses.
La production de matériaux naturels insecticides a plusieurs effets bénéfiques:
- Assurer l'indépendance par rapport aux systèmes nationaux d'approvisionnement;
- Réduire les coûts d'acquisition des insecticides;
- Créer des emplois locaux pour la collecte, la transformation de la matière première.
Malgré ce grand intérêt, peu d'institutions se sont occupées des problèmes de production, collecte, transformation et application de ces composés, à savoir:
- Nécessité de grandes quantités de produits naturels;
- Coût de récolte et de transformation;
- Risque de toxicité et de souillures en ce qui concerne les répulsifs odorants;
- Nettoyage du grain avant usage;
- Disponibilité du produit à la bonne période de l'année;
- Différence de matière active dans la plante selon les saisons et les systèmes de culture.
6.3.2 Les régulateurs de croissance
Les régulateurs de croissance sont des composés qui agissent sur le processus biochimique des insectes et les empéchent de se développer. Les modes d'action des régulateurs de croissance varient. Certains provoquent l'inhibition de la production de chitine nécessaire à la formation du cuticule. D'autres dérèglent la production d'hormones contrôlant la métamorphose et le développement. Le contrôle est donc lent. Spécifiques à l'espèce, ils ne sont pas neurotoxiques et ne risquent pas d'être nuisibles à l'homme ou à d'autres vertébrés.
Connus disponibles sur le marché, le développement des régulateurs de croissance comme agents de contrôle a été lent. Il est prématuré d'affirmer qu'ils deviendront des alternatives viables. Les procédures d'enregistrement pour une application sont longues et coûteuses ce qui réduit leur compétitivité en terme de coût.
6.3.3 Le contrôle biologique
Le contrôle biologique consiste à introduire un prédateur naturel spécifique d'un ravageur afin de le détruire de manière durable. Le contrôle biologique, encore rare, entraîne peu ou pas de charge récurrente et peu d'effort de la part du paysan. Il est expérimenté en Afrique pour le contrôle du Grand Capucin, en utilisant Teretriosoma nigrescens, son ennemi héréditaire originaire d'Amérique Centrale. Les résultats de ce moyen de contrôle du Grand Capucin effectué au Kenya, au Togo et au Ghana ne sont pas encore connus mais en cours d'évaluation au Ghana (suivi et analyse de l'impact).
Le débat reste actuel quant à la faisabilité économique du contrôle biologique. Opération à faible coût, certains affirment que les bénéfices étant assurés, il n'est pas nécessaire d'investir pour les quantifier. Néanmoins il semble judicieux de suivre l'influence sur les ravageurs et les coûts économiques afin de savoir, à partir des faits, si la stratégie de contrôle biologique est appropriée ou s'il faut choisir d'autres alternatives.
6.3.4 Perspectives
Le contrôle des insectes ravageurs des stocks nécessite une évaluation spécifique pour chaque situation particulière.
Les méthodes traditionnelles de lutte ainsi que les pratiques d'avant stockage réduisent de manière significative les infestations par les insectes. L'utilisation des insecticides naturels doit être encouragée par plus de recherche de terrain et d'aide au développement de technologie pour l'extraction ou la transformation des composés naturels. Néanmoins il faudra estimer au plus juste le coût d'utilisation des composés alternatifs (coûts de développement, toxicité, et procédures d'enregistrement).
L'emploi des insecticides conventionnels, utilisés pendant un certain temps encore, devra être amélioré (formation, approvisionnement) afin d'éviter certains problèmes comme la résistance des insectes aux produits chimiques.
Enfin la mise en oeuvre de nouvelles structures de stockage et d'emploi des pesticides doit être techniquement et soci-économiquement acceptable pour chacun. Ceci sera d'autant mieux accompli que la participation active des paysans sera importante dans les différentes phases de développement et d'essais des technologies.