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Régions tropicales sèches

Bassins versants de superficie inférieure a 100 km2

Il n'a pas été jugé utile de classer à part les bassins dont la superficie est inférieure à quelques kilomètres carrés. Ces bassins présentent, en effet, moins d'intérêt que dans les régions sahéliennes où ils sont souvent les seuls à être épargnés par la dégradation hydrographique.

Description des bassins types

Si l'information relative aux formations sur granites est importante, celle se rapportant aux domaines gréseux est faible, et celle concernant les schistes quasi inexistante.

Bassins sur granites et granito-gneiss: Six bassins types, correspondant aux paysages (sols et caractéristiques géomorphologiques) de divers bassins représentatifs étudiés, ont été retenus.

1 Bassins de type Mayo-Ligan (Tchad, 1961-1965)

- S = 41 km2, Ds = 51 m (relief modéré), Dd = 1,87 km/km2

- Pmed = 900 mm, Kmed = 28%

- sols halomorphes imperméables

Ce bassin représente les conditions optimales pour l'écoulement annuel.

2 Bassins de type Godola (Cameroun, Motorsolo, 1966-1969):

- S = 42 km2, Ds = 99 m (relief assez fort), Dd = 5,83 km/km2;

- Pmed = 800-820 mm, Kmed = 22%;

- sols de piémont formant des glacis imperméables;

- arènes granitiques et lits alluviaux sableux absorbant une partie des apports.

Les bassins de Mokolo (Cameroun, 1974-1975): S = 48,9 km2, Ds= 180 m, Pmed = 970 mm, Kmed = 23%, et de Nadjoundi (Togo, 1963): S = 21,2 km2, Ds = 41 m, Dd = 2,45 km/km2, Pmed = 1.050 mm, Kmed = 20% appartiennent à cette même catégorie.

3 Bassins de type Barlo (Tchad, 1958-1959):

Barlo I:

- S = 17,8 km2, Ds = 122 m (relief assez fort), Dd = 2,48 km/km2;

Barlo II:

- S = 36,6 km2, Ds = 133 m (relief assez fort), Dd = 2,08 km/km2;

Les caractéristiques climatiques et lithologiques de ces deux bassins sont sensiblement les mêmes:

- Pmed = 790-800 mm, Kmed = 9-11%;

- arènes granitiques et sables en proportions plus grandes que sur le bassin-type de Godola (voir ci-dessus);

- forte proportion de sols cultivés.

Le bassin de Tounkoul (Tchad, Bam-Bam, 1963-1966): S = 61,3 km2, Ds = 47 m, Dd = 3,86 km/km2, Pmed = 850 mm, Kmed = 8%, est à ranger dans cette catégorie, malgré un relief moins accusé.

4 Bassins de type Binndé (Burkina Faso, Manga, 1963-1965):

- S = 9,1 km2, Ds = 20 m (relief assez faible), Dd = 2,66 km/km2;

- Pmed = 920 mm, Kmed = 15%;

- sols de piémont formant des glacis imperméables;

- lits alluviaux contenant peu de sables;

- forte proportion de sols cultivés.

Le bassin de Zaptinga ( S = 15,1 km2, Ds = 20 m, Dd = 3,19 km/km2, Pmed = 920 mm, Kmed = 15%) présente sensiblement les mêmes caractéristiques.

Les bassins de Kazanga ( S = 54,3 km2, Ds = 34 m, Dd = 2,41 km/km2, Pmed = 920 mm, Kmed = 20%) et Louré ( S = 98 km2, Ds = 42 m, Dd = 2,06 km/km2, Pmed = 920 mm, Kmed = 20%), qui comme le précédent appartiennent également à l'ensemble de Manga, se caractérisent par un réseau en éventail et une plus forte proportion de sols imperméables (vertisols dans les zones aval) que sur Binndé. La majoration de l'écoulement atteint un tiers.

5 Bassins de type Ouagadougou (Burkina Faso, 1961-1963):

Les résultats du bassin de Moro Naba ont été corrigés pour éliminer l'effet de l'urbanisation

- S = 19,1 km2, Ds = 31 m (relief assez faible), Dd = 0,67 km/km2;

- Pmed = 850 mm, Kmed = 9 % ;

- sols argileux, très cultivés.

Les bassins de Zagtouli (qui appartiennent également à l'ensemble de Ouagadougou): S = 6,65 km2, Ds = 24 m, Dd = 1,12 km/km2, Pmed = 850 mm, Kmed = 10-12%, et de Ségolen (Nabagalé - Burkina Faso, 1961-1963): S = 75 km2, Dd = 0,96 km/km2, Pmed = 900 mm, Kmed = 15% font partie de cette même catégorie.

6 Bassins de type Boulsa (Burkina Faso, 1960-1962):

Koghnéré:

- S = 22 km2, Ds = 20 m (relief faible), Dd = 0,682 km/km2;

Kogho:

- S = 84,7 km2, Ds = 21 m (relief faible), Dd = 0,98 km/km2;

Les caractéristiques climatiques et lithologiques de ces deux bassins sont peu différents:

- Pmed = 750 mm, Kmed = 4-5%;

- mélange de sols perméables (arènes) et imperméables (argiles).

Le bassin de Bidjir (Tchad, Bam-Bam - 1963-1966): S = 74,2 km2, Ds = 80 m, Dd = 3,07 km/km2, peut être rapproché de ces bassins, I'augmentation de la pente étant compensée par une couverture, de la majeure partie du bassin, de sols perméables.

Le bassin de Bazoulé (Burkina Faso, Ouagadougou, 1962-1963): S = 12,8 km2, Ds = 25 m, Dd = 0,66 km/km2, Pmed = 850 mm, Kmed = 2-3%, perméable et à faible pente, correspond aux conditions minimales d'écoulement de cette catégorie.

Bassins sur grès: Le nombre de bassins représentatifs de ce type de substratum est faible. Seuls deux catégories ont été différenciées. Il est toutefois peu probable que la couverture pédologique rencontrée sur ces formations sédimentaires permette des écoulements aussi importants que sur les bassins du Mayo-Ligan ou de Godola. Les coefficients d'écoulement moyens ne devraient pas dépasser 17 ou 18%, dans les conditions les plus favorables.

1 Bassins de type Djitiko (Mali, Kangaba, 1960 et 1968):

- S = 100 km2, Ds = 46 m (relief assez faible à modéré), Dd = 1,59 km/km2;

- Pmed = 1100 mm, Kmed = 15%;

- grès mandingues moyennement perméables, avec un recouvrement latéritique pas trop exagéré.

Le bassin de Nabapour (Togo, la fosse aux lions, 1959-1961) est formé de grès un peu plus perméables, avec une pente un peu plus forte: S = 61,4 km2, Ds = 83 m, Dd = 0,71 km/km2, Pmed = 1070 mm, Kmed = 11%.

Les valeurs maximales susceptibles d'être observées dans cette catégorie de bassins correspondraient à des grès moins perméables que ceux de Djitiko, avec les mêmes pentes et un sol peu épais: la majoration serait de 15 à 30%.

2 Bassins de type Koulou-Banigorou (Niger, 1960-1961):

- S = 17,3 km2, Ds = 27 m (relief assez faible), Dd = 1,57 km/km2;

- Pmed = 840 mm, Kmed = 4-5% zone très plate à l'aval qui induit une forte réduction de l'écoulement

Bassins sur schistes: Les bassins représentatifs étudiés sur substratum schisteux sont de trop petites dimensions, ou sont trop hétérogènes, pour permettre une généralisation des résultats. On peut simplement estimer que, sous l'isohyète annuelle 900 mm, le coefficient d'écoulement a une valeur médiane qui varie de 5 à 15%, suivant le taux de couverture d'argiles. Il pourrait atteindre 20% sur des bassins à fortes pentes (Ds > 150 m).

Courbes de distribution statistique des lames écoulées

Les caractéristiques d'écoulement des différents bassins types ont été ramenés à une superficie standard de 25 km2.

Les courbes correspondant aux différents bassins-types sont portées sur les figures 49 (bassins sur granites et granito-gneiss) et 50 (bassins sur grès). Elles correspondent à des hauteurs pluviométriques annuelles de fréquence médiane variant entre 750 et 1000 mm:

• pour le Mayo-Ligan, la courbe Pmed = 750 mm n'a pas été portée: elle est comprise entre la courbe de Godola 750 mm et Binndé 950 mm;

• parmi les bassins de type Godola, une diminution de la pente (Ds), dans un rapport de deux ou de trois (bassin de Nadjoundi), entraîne une réduction de la lame écoulée de 25%;

• le bassin type de Djitiko correspond à des formations sur grès moyennement perméables, les courbes de distribution d'un bassin de plus forte perméabilité (Nabapour) peuvent être obtenues à partir de la relation:

Le (Nabapour) = 0,85 à 0,90 . Le (Djitiko)

FIGURE 49: Ecoulement annuel pour un bassin versant de 25 km2. Zone 750-1000 mm, bassins sur granite et granito-gneiss. (D'après J. RODIER)

Nota: La courbe Barlo 1 000 mm a été volontairement interrompue vers la droite; elle est très voisine de la courbe Binndé 950 mm un peu en-dessous vers les fréquences 0,95 à 0,99

Conseils pratiques

Les recommandations faites pour les bassins-types de la zone sahélienne (pages 130 à 133) restent valables pour la zone tropicale sèche.

Si la superficie du bassin versant étudié est sensiblement différente de 25 km2, la variation du coefficient d'écoulement avec la superficie sera appréciée en comparant les valeurs des coefficients médians des bassins types de mêmes caractéristiques appartenant aux classes S < 100 km2 et 100 < S < 1000 km2.

FIGURE 50: Ecoulement annuel pour un bassin versant de 25 km2. Zone 750-1000 mm, bassins sur grès. (D'après J. RODIER)

D'une manière générale, les coefficients d'écoulement médians restent inférieurs à 15%. Pour qu'ils dépassent 20%, les pentes doivent être assez fortes (Ds > 100 m), avec des glacis imperméables couvrant une partie notable du bassin, et la proportion de sols cultivés importante.

Bassins versants de 100 a 1000 km2

Description des bassins types

Afin de faciliter les interpolations, les bassins types retenus sont sensiblement les mêmes que ceux de la classe de superficies inférieures à 100 km2.

Bassins sur granites et granito-gneiss: La catégorie correspondant au Mayo-Ligan n'est pas représentée, il est probable qu'il n'en existe pas.

1 Bassins de type Tsanaga (Cameroun, 1954-55 et 1966-1970).

Ils appartiennent à la même catégorie que les bassins de type Godola (S < 100 km2, cf. page 145):

- glacis imperméables;

- arènes granitiques et lits sableux absorbant une partie des apports.

Tsanaga à Maroua

- S = 845 km2, fortes pentes à l'amont mais beaucoup plus faibles à l'aval, sans dégradation hydrographique;

- Pmed = 930 mm, Kmed = 23,5%

Kalliao à Maroua

- S = 355 km2, fortes pentes;

- Pmed = 850 mm, Kmed = 18,8% (les coefficients d'écoulement varient peu avec la superficie, l'écart entre Tsanaga et Kalliao est dû, pour une grande part, à la différence dés hauteurs des précipitations médianes annuelles).

2 Bassins de type Niarba (Burkina Faso, Manga, 1963-1965).

Ils appartiennent à la même catégorie que les bassins de type Binndé (S < 100 km2).

- S = 572 km2, Ds = 60 m (relief modéré), Dd = 2,03 km/km2;

- Pmed = 920 mm, Kmed = 16,3% (faible influence de la superficie sur le coefficient d'écoulement);

- partie aval couverte de vertisols argileux à pente notable, avec une couverture végétale dégradée.

3 Bassins de type Nabagalé (Burkina Faso, 1961-1963).

Ils appartiennent à la même catégorie que le bassin de Sélogen (S < 100 km2, classé dans le type Ouagadougou).

- S = 470 km2, Ds = 28 m (relief assez faible), Dd = 0,94 km/km2;

- Pmed = 900 mm, Kmed = 6,7 % ;

Ils se différencient des bassins de type Niarba (Manga) uniquement par un relief sensiblement plus faible.

Les bassins de Boulbi (Nabagalé): 5 = 125 km2, Dd = 0,87 km/km2, et Donsé (Burkina Faso, Lumbila - 1961-1963): S = 182 km2, Dd = 1,3 km/km2, appartiennent à cette même catégorie.

4 Bassins de type Ouagadougou (Burkina Faso, 1961-1963).

Le bassin de référence est celui de Ouagadougou I:

- S = 294 km2, Ds = 52 m (relief assez faible), Dd = 0,56 km/km2

- Pmed = 850 mm, Kmed = 4,7 %;

- peu perméable.

Lorsqu'on passe de 25 à 300 km2 l'écoulement est sensiblement divisé par deux.

Le bassin de Kamboensé (Burkina-Faso, Lumbila, 1961-1963): S = 137 km2, Dd = 0,51 km/km2, peut être rattaché à cette même catégorie, mais les conditions d'écoulement y sont moins favorables (bassin très plat et très allongé): Pmed = 850 mm, Kmed = 2,6%.

5 Bassins de type Boulsa (Burkina Faso, 1960-1962).

Le bassin de référence est celui du Koulouoko à Niégha:

- S = 1010 km2, Ds = 49 m (relief assez faible), Dd = 1,10 km/km2

- Pmed = 775 mm, Kmed = 3,9%;

- mélange de sols perméables (arènes) et imperméables (argiles).

Les coefficients d'écoulement sont voisins de ceux trouvés pour des bassins du même type dans la catégorie S < 100 km2.

6 Bassins de type Bam-Bam (Tchad, Guéra, 1963-1966).

Ces bassins sont à rapprocher de ceux de la catégorie des bassins de type Barlo (S < 100 km2).

Taya

- S = 167 km2, Ds = 84 m (relief modéré), Dd = 2,85 km/km2;

- Pmed = 850 mm, Kmed = 0,8%;

Mazéra

- S = 316 km2, Ds = 76 m (relief modéré), Dd = 3,3 km/km2

- Pmed = 835 mm, Kmed = 3-4%.

Barlo V

- S = 528 km2, Ds = 80 m (relief modéré), Dd = 3,1 km/km2;

- Pmed = 835 mm, Kmed = 3-4%.

Tous ces bassins, très cultivés, présentent à l'amont une assez forte pente avec une forte proportion de sols perméables (granites décomposés en boules et arènes), et à l'aval, au contraire, des sols hydromorphes argileux avec une pente très faible provoquant des pertes importantes.

Le bassin de Taya, pour lequel l'information est la plus complète, n'est pas le plus représentatif du groupe. Néanmoins, malgré des crues violentes, tous ces bassins présentent des coefficients d'écoulement très inférieurs à ceux des bassins du même type de la classe S < 100 km2.

Bassins sur grès: Comme pour les bassins de superficie inférieure à 100 km2, l'information concernant les bassins gréseux est relativement peu abondante. Trois bassin types ont été différenciés.

1 Bassins de type Fosse aux lions (Togo, 1959-1961).

(voir dans la classe des bassins S < 100 km2, les bassins apparentés au type Djitiko).

Le bassin de référence est celui du Koulougouna:

- S = 189 km2, Ds = 83 m (relief modéré à assez fort), Dd = 0,82 km/km2

- Pmed = 1.000 mm, Kmed = 11,5 %;

- formé sensiblement de 1/3 de schistes, de 1/3 de granites et de 1/3 de grès imperméables, avec une vallée principale assez perméable.

Le coefficient d'écoulement médian passe, pour une hauteur de précipitations annuelles de 1000 mm, de 13-15% pour des bassins de superficie inférieure à 100 km2 (référence de 25 km2) à 11,5% pour des bassins de 200 km2.

2 Bassins de type Barraro (Mali, 1968-1969).

Formant le rebord du plateau Mandingue, le bassin de Barraro s'apparente au bassin type de Djitiko (classe des bassins dont la superficie est inférieure à 100 km2):

- S = 251 km2;

- Pmed = 1000 mm, Kmed = 7%

- pentes moyennes plus faibles que sur le bassin du Djitiko, ce qui explique les différences sensibles observées dans les écoulements.

3 Bassins de type Kiffa (Mali, Banifing de San, 1958-1959).

- S = 740 km2 à la station de Sokorani;

- Pmed = 1000 mm, Kmed = 4%;

- pentes assez faibles avec un recouvrement de formations latéritiques perméables.

Bassins sur formations sédimentaires récentes: Pour ce type de bassins, les informations sont très fragmentaires.

1 Bassins sur sables

Sur les sables tertiaires du Kélo, on estime que pour une hauteur pluviométrique annuelle de 1000 mm le coefficient d'écoulement médian est de 6%, si la pente est notable (Ds > 50 m), et de 3%, si la pente est faible.

2 Bassins sur argiles

Pour que les formations argileuses conduisent à des écoulements plus élevés que les formations sableuses, le réseau de drainage doit y être bien organisé, ce qui n'est pas fréquent.

Courbes de distribution statistique des lames écoulées

Pour cette classe de bassins, les courbes de distribution proposées correspondent aux conditions pluviométriques et morphométriques (superficie principalement) des différents bassins types sélectionnés: figure 51 pour les bassins sur granites ou granito-gneiss, et figure 52 pour les bassins sur grès.

Parmi les bassins sur granites ou granito-gneiss, l'écart entre l'écoulement de la Tsanaga et du Kalliao est dû principalement à la différence de hauteur des précipitations annuelles médianes (plus de 100 mm).

La courbe de distribution du Koulouoko à Niégha (bassin type de Boulsa) peut être esquissée à partir des valeurs suivantes:

Pmed = 775 mm

Lmed = 30 mm

Kmed = 3,9%

P0,90 = 580 mm

L0,90 = 14 mm

K0,90 = 2,4%

P0,01 = 1220 mm

L0,01 = 110 mm

K0,01 = 9%

Elle est très proche de celle définie pour la classe 1.

Pour les bassins de type Bam-Bam, autres que Taya pour lequel une courbe de distribution a pu être tracée, Mazéra et Barlo V, les valeurs estimées restent très sommaires:

Kmed = 3-4% K0,90 = 0,5-1%

Pour les bassins sur grès, aux courbes de distribution des trois bassins types retenus, a été jointe la courbe du bassin de Djitiko dont la superficie de 100 km2 le place à la limite des deux classes retenues.

Conseils pratiques

Dans cette classe de superficie, la transposition des résultats d'un bassin à un autre est délicate, l'examen du terrain et en particulier du réseau hydrographique est de première importance.

FIGURE 51: Ecoulement annuel pour un bassin versant de 100 à 1000 km2. Zone 750-1000 mm, bassins sur granite et granito-gneiss. (Bassins sur granite et granito-gneiss. Courbes de distribution) (D'après J. RODIER)

Exemples d'applications

Les exemples présentés ne correspondent qu'aux applications les plus courantes. Néanmoins, les procédés d'extrapolations proposés pourront être utilisés dans de très nombreux cas.

1 Bassins appartenant à une seule classe de superficies et à une seule famille (ou catégorie) de bassins, et pouvant être rattachés à un seul bassin type

On considère un bassin de 30 km: dont les coordonnées géographiques permettent de déterminer sur la figure 3, ou à partir des cartes d'isohyètes annuelles publiées par AGRHYMET, ou encore, pour plus de précision, en utilisant les observations d'un poste pluviométrique de référence situé à proximité, la hauteur pluviométrique annuelle de fréquence médiane Pmed = 450 mm. Ce bassin se situe donc en région sahélienne.

FIGURE 52: Ecoulement annuel pour un bassin versant de 100 à 1000 km2. Zone 750-1000 mm, bassins sur grés. (D'après J. RODIER)

Nota: Fosse aux lions : 1/3 grès, 1,3 schiste, 1/3 granite

Si on suppose, d'autre part, que son substratum, essentiellement granitique, est recouvert en grande partie de sols argilo-sableux (donc assez imperméables), avec des sols hydromorphes dans les vallées, et qu'il se caractérise par un faible relief (dénivelée spécifique Ds voisine de 20 m), il peut être rattaché au bassin type de Gagara qui appartient à la famille des bassins à sous-sol constitué de granite ou granito-gneiss, classe de superficies: 2 - 40 km2, sous-classe: 25 km2 (cf. page 127).

• Lame écoulée annuelle de fréquence médiane Lmed

Les courbes de distribution statistique de la figure 44 permettent d'estimer, pour le bassin type de Gagara, les lames écoulées de n'importe quelle fréquence correspondant à Pmed = 750 mm et Pmed = 300 mm, ainsi (cf. figure 53):

- pour Pmed = 750 mm Lmed = 135 mm

- pour Pmed = 300 mm Lmed = 36 mm

Le calcul de Lmed rapportée à Pmed = 450 mm, se fait par interpolation logarithmique:

(6.2)

soit log (Lmed 450) = 1,74763

et Lmed 450 = 10 1,74763 = 56 mm

Le coefficient d'écoulement de même fréquence est donné par la relation:

Kmed = Lmed / Pmed = ( 56 / 450 ) . 100 = 12,5%

Distribution statistique des lames écoulées annuelles

La courbe de distribution statistique peut être tracée en répétant, pour diverses fréquences, le processus décrit antérieurement pour l'estimation de la lame écoulée de fréquence médiane.

Pour estimer, par exemple, la lame de fréquence décennale sèche, on relève sur les courbes de distribution du bassin-type de Gagara, pour la fréquence 0,90, les valeurs suivantes:

- pour Pmed = 750 mm L0,9 = 60 mm

- pour Pmed = 300 mm L0,9 = 10 mm

Soit, en remplaçant dans l'équation 6.2 Lmed par L0,9:

La figure 34, qui donne les distributions statistiques des précipitations annuelles en zone sahélienne en fonction de leur valeur de fréquence médiane, permet d'estimer que pour Pmed = 450 mm, la hauteur de fréquence 0,90 est égale à 270 mm. La valeur du coefficient d'écoulement de même fréquence est alors:

K0,9 = ( 18/270). 100 = 7%

FIGURE 53: Méthode Rodier: exemple d'application no. 1. (D'après J. RODIER)

2 Bassins appartenant à une seule famille et rattaché à un seul bassin type, mais se situant à la frontière de deux classes de superficie

On considère un bassin versant présentant sensiblement les mêmes caractéristiques que le bassin précédent, avec, toutefois, une superficie de seulement 15 km2 qui ne permet pas de le classer dans une seule des deux sous-classes proposées: bassins de 25 km2 ou de 5 km2.

FIGURE 54: Méthode Rodier: exemple d'application no. 2 (D'après J. RODIER)

Le bassin type reste celui de Gagara, mais le processus suivi antérieurement pour un bassin de 25 km2 doit être répété en utilisant les courbes de distribution de la figure 43 relatives à un bassin de 5 km2.

En prenant comme exemple le calcul de la lame annuelle médiane Lmed, on obtient (cf. figure 54):

- pour Pmed = 750 mm,

Lmed = 170 mm

- pour Pmed = 300 mm,

Lmed = 45 mm

L'application de l'équation 6.2 donne alors:

log (Lmed 450) = log (45) + [ log (170) - log (45) ] . [ ( 450 - 300 ) / ( 750 - 300 ) ]

soit log (Lmed 450) = 1,84560

et Lmed 450 = 101,84560 = 70 mm avec Kmed = ( 70 / 450 ) . 100 = 16%

Pour estimer la lame écoulée sur le bassin de 15 km2 à partir des lames de même fréquence évaluées pour des bassins de 25 et 5 km2, une simple interpolation linéaire peut, en première approximation, être faite:

L15 = L5 + [ ( L25 - L5 ) .( 15 - 5 ) / ( 25 - 5 ) ]

soit L15 = 70 + [ ( 56 - 70 ) . ( 15 - 5 ) / ( 25 - 5 ) ] = 63 mm

Sachant, toutefois, que de nombreuses variables hydrologiques, et plus particulièrement les lames écoulées annuelles, sont fonction non pas de la superficie du bassin versant mais de son logarithme, une interpolation logarithmique est la plus appropriée:

L15 = L5 + [ ( L25 - L5 ) .( log 15 - log 5 ) / ( log 25 - log 5 ) ] soit L15 = 60 mm

La lame médiane d'écoulement annuel d'un bassin de 15 km2 de type Gagara, sous l'isohyète 450 mm, est donc Lmed = 60 mm.

3 Bassins appartenant à une seule famille et à une seule classe de superficies, mais ne pouvant pas être rattaché à un seul bassin type

On considère un bassin de 30 km2, sur substratum granitique, qui, malgré des pentes plus fortes (Ds = 70 m) que le bassin de l'exemple 1, présente des recouvrements sableux plus importants. On peut donc admettre que son comportement hydrologique se situe entre celui du bassin-type de Gagara et celui de Barlo (page 127). Si, comme dans les exemples précédents, on estime que les précipitations annuelles de fréquence médiane sont voisines de 450 mm, la lame écoulée annuelle de fréquence médiane, ou de toute autre fréquence, sera déduite de celles de Gagara et de Barlo évaluées suivant le processus décrit précédemment. Il suffira d'effectuer une simple moyenne arithmétique ou, éventuellement, une moyenne pondérée, si on considère que le bassin analysé est plus proche d'un des bassins types que de l'autre. Ainsi, l'application de l'équation 6.2 au bassin type de Barlo donne pour l'estimation de la lame de fréquence médiane Lmed (cf. figure 55):

log (Lmed 450) = log (15) + [ log (70) - log (15) ] . [ ( 450 - 300 ) / ( 750 - 300 ) ]

soit Lmed 450 = 25 mm

Le bassin type de Gagara avait, dans les mêmes conditions, donné: Lmed 450 = 56 mm.

FIGURE 55: Méthode Rodier: exemple d'application no. 3 (D'après J. RODIER)

Si on admet que les caractéristiques du bassin sont plus proches de celles de Barlo que de celles de Gagara (un poids double pour le premier, par exemple), la lame écoulée de fréquence médiane peut être définie par l'expression:

Lmed 450 = (2 . 25 + 56) / 3 = 35 mm

 

Chapitre 7. Modèle Girard


But et limites de la méthode
Fondements du modèle
Application à des bassins non observes

Principales étapes à suivre pour l'utilisation du modèle
Choix d'une série pluviométrique journalière
Détermination quantitative des paramètres du modèle C, Homax, Ko
Simulation des lames écoulées

Détails de la méthode utilisée pour l'estimation des paramètres du modèle Homax et Ko


But et limites de la méthode

Le modèle global mis au point par Girard (1975), sur des petits bassins versants de superficie inférieure à 100-150 km2, permet de reconstituer, avec une précision acceptable, de longues séries de lames écoulées annuelles, à partir d'une ou plusieurs chroniques de précipitations journalières de longue durée. Basé sur une relation linéaire entre lame ruisselée et hauteur de pluie corrigée d'un terme caractérisant essentiellement l'état de saturation préalable des terrains, il opère sur un intervalle de temps journalier et ne peut être utilisé efficacement que lorsque l'écoulement superficiel se limite, pour une très grande part, à du ruissellement. C'est ce qui est très souvent observé en zone sahélienne, surtout lors que l'on se rapproche des régions désertiques. On limitera donc son utilisation aux bassins situés au Nord de l'isohyète 750 mm ou légèrement plus arrosés, jusque vers 850 mm de pluviosité annuelle, si les conditions d'application restent respectées.


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