page précédente table des matières page suivante

7. L'ÉVOLUTION DU SYSTÈME DE COMMUNICATION

Le nouveau contexte dans lequel PRODERITH II se trouvait contraint d'opérer impliquait un réajustement du Système de communication rurale. Ainsi commença, au sein du personnel, une longue période de débats internes. Cette réflexion déboucha, en octobre 1987, sur l'élaboration d'un document intitulé "Propuesta para el Sistema de Comunicación Rural de PRODERITH II - Material para la discusión" (Propositions pour le Système de communication rurale de PRODERITH II - Matériel pour la discussion)

On y constatait en premier lieu que, en dépit de sa nature démocratique, le système mis en place par PRODERITH I relevait d'une gestion centralisée. En deuxième lieu, celui-ci avait fait de la vidéo son média de référence. Les nouvelles problématiques liées à la mise en oeuvre de PRODERITH II supposaient pour leur part un système décentralisé et l'emploi éventuel d'autres médias.

De plus, en accord avec la nouvelle politique gouvernementale, le Système de communication devrait être programmé de façon à pouvoir le transférer aux agriculteurs tout comme un autre service.

Cependant, de nombreux aspects du Système de communication tel qu'il avait fonctionné sous PRODERITH I restaient valables, même s'ils requéraient d'être quelque peu modifiés ou restructurés. Ainsi, la communication continuerait-elle à jouer un rôle important pour promouvoir et développer une certaine capacité d'analyse des situations au sein des communautés rurales; elle restait essentielle pour parvenir à la cohésion sociale par le biais de discussions collectives et favoriser la participation. De même, son rôle dans la diffusion et l'échange d'informations requises par divers groupes sociaux liés à PRODERITH permettait-il de susciter un consensus autour des stratégies et des actions du projet.

Le Système de communication rurale devrait en particulier soutenir et renforcer les organisations et les associations de producteurs agricoles, que celles-ci dépendent ou non des ejidos. On espérait qu'à long terme elles prendraient en charge la plupart des services assumés jusque là par l'Etat. Seuls des processus de communication ciblés permettraient de recueillir un certain consensus et favoriseraient le développement des compétences des agriculteurs afin que ces derniers soient en mesure de se transformer en véritables acteurs de leur développement.

Il allait être bien entendu plus difficile d'assurer le niveau et le volume de l'assistance technique requise avec PRODERITH II, étant donné que le projet concernait des zones bien plus vastes et une population bien plus nombreuse. On tomba d'accord sur l'importance des moyens et des techniques de communication pour renforcer l'impact des agents de terrain, et améliorer la qualité des messages destinés aux agriculteurs et aux communautés rurales.

LA NOTION DE RÉSEAU

Lors des discussions qui précèdèrent le lancement de PRODERITH II, les agents de communication prirent en examen divers aspects sociaux de leur travail. Ils s'intéressèrent en particulier à l'étude de cas effectuée au Bengladesh pour le compte de la FAO, concernant l'expérience de la Grameen Bank. Cette étude présentait les "intérêts partagés" comme facteur fondamental de la création et de l'évolution des réseaux et des associations.

Elle décrivait les processus de communication mis en oeuvre par la Grameen Bank pour permettre aux plus pauvres des pauvres de sortir de leur état de désagrégation sociale et faire naître chez eux assurance et confiance mutuelle. Ces résultats furent atteints grâce aux réseaux du personnel de la banque et aux actions de groupe au sein des communautés. Les cultivateurs étaient poussés à créer progressivement un nouveau contexte de vie socio-économique. Les processus de communication se développèrent au moyen des réseaux interpersonnels et des dynamiques de groupe, plus que par le biais des médias.

L'expérience de la Grameen Bank amena le personnel de PRODERITH à réfléchir sur les relations d'information et de communication reliant entre eux individus ou groupes sociaux au moyen de canaux particuliers, lorsqu'il existe des "intérêts partagés".

PRODERITH pourrait peut être sélectionner et renforcer ces relations de communication facilitant ainsi le transfert de connaissances pertinentes, accroissant les capacités de décision et de gestion des communautés rurales, accélérant enfin les processus d'appropriation et d'échange.

Il existe en général, au sein d'un réseau de communication concerné par le développement rural, quatre niveaux: local, municipal, par Etat et fédéral. Il allait donc être nécessaire d'identifier les différents canaux et le type d'information qui devrait et pourrait y être véhiculée, ainsi que les médias ou les processus de communication les plus appropriés. La stratégie de communication de PRODERITH pourrait adopter une approche fondée sur les réseaux qui uniraient les petites communautés rurales entre elles par le biais d'un processus de communication et, en même temps, mettrait ces dernières en contact avec les associations de producteurs, les centres de recherche, les CADRI, les différents niveaux institutionnels et enfin avec l'administration centrale de PRODERITH elle-même.

Le personnel de communication désirait en outre réduire l'importance de la vidéo et du matériel imprimé, car il estimait que d'autres outils pourraient être mieux à même de renforcer et d'alimenter les réseaux. On réfléchit donc sur le rôle que les rapports interpersonnels et de groupes, ainsi que les mass-médias, pourraient jouer au sein d'un réseau de communication.

UNE PROPOSITION VISANT A DÉCENTRALISER LE SYSTÈME DE COMMUNICATION RURALE ET À LE TRANSFÉRER AUX AGRICULTEURS

Pour décentraliser le Système de communication rurale il allait être nécessaire de créer des Unités régionales de communication en mesure de mener, de façon autonome, des activités de programmation, de communication, de production et de diffusion de matériel. L'Unité centrale ne jouerait qu'un rôle d'appui, en particulier en ce qui concernait la formation du personnel, et l'assistance technologique

Dans la perspective du transfert de ces Unités régionales de communication aux paysans, il serait nécessaire d'opérer aux différents niveaux d'organisation, en particulier avec les Unions d'ejidos. En les impliquant dès le début, il devenait possible de susciter leur intérêt et de développer leurs compétences pour qu'elles assument elles-mêmes la gestion des Unités régionales en prenant en charge le personnel spécialisé et les équipements de PRODERITH.

La stratégie envisagée incluait également la création ou l'extension des compétences de communication de diverses organisations locales et municipales...

Comme nous allons le voir, les niveaux de réussite atteints par le Système de communication seront relativement inégaux selon que l'on considère tel ou tel objectif.

page précédente table des matières page suivante