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INTRODUCTION

Les sociétés rurales africaines doivent aujourd'hui s'adapter à un monde en évolution rapide et s'insérer dans des circuits économiques complexes, tout en poursuivant leurs efforts pour assurer leur sécurité alimentaire, gérer et protéger les ressources de leurs terroirs, améliorer leurs conditions de vie, de santé, d'éducation, valoriser et conserver leurs patrimoines culturels.

Pour relever ces défis, la communication constitue un facteur stratégique. Les communautés rurales doivent disposer d'instruments appropriés qui leur permettent d'accéder aux informations et aux saviors utiles, d'entretenir un dialogue et un débat entre elles et avec leurs partenaires, d'échanger leurs expériences, leurs savoirs et leurs techniques.

La radio est, en Afrique, l'instruments privilégié de cette communication. Sa souplesse instrumentale lui permet d'être tout à la fois:

Il faut toutefois constater qu'ajourd'hui, la plupart des radio rurales africaines ne sont pas en mesure d'assurer ces missions dans des conditions convenables. Elles sont en effet confrontées à une série d'obstacles et de contraintes d'odre politique, technique, juridique, institutionnel et financier qui les rend incapables de s'adapter aux évolutions en cours. Ces difficultiés sont en partie liées à l'histoire même des radios rurales qui sont longtemps demeurées un instrument directif, plus axé sur la diffusion de messages en direction du monde rural que sur la prise en compte de ses besoins et de ses aspirations; cette conception a prévalu pendant de nombreuses années.

Depius un dizaine d'années, cependant, une certaine évolution peut être observée:

Le paysage médiatiques est, par ailleurs, en pleine redéfinition dans la plupart des pays; la déréglementation, la disparition des monopoles, l'émergence de nouveau acteurs, l'apparition d'importantes innovations technologiques, créent un contexte nouveau dans lequel plusiers conceptions du développement de la radio rurale sont en présence:

Cette multiplicité des acteurs et des initiatives représente un atout pour le développement de la radio rurale car elle permet une diversification et une pluralité des approches, une couverture plus complète des territoires et une meillure satisfaction des diversités linguistiques et socio-économiques. Elle autorise égalment davantage de proximité et d'interactivité avec les acteurs locaux du développement (communautés villageoises, collectivités décentralisées, groupements et associations de producteurs …), qui peuvent plus facilement s'approprier l'outil de communication.

Elle peut toutefois aussi représenter un danger, car ces initiatives, peu coordonées entre elles, risquent de se développer surtout en milieu urbain et péri urbain, en raison des marchés potentiels qu'ils représentent et se fonder principalement sur des logiques commerciales, partisanes ou confessionelles au détriment des missions de service public, seules en mesure de garantir une certaine équité dans le traitment des citoyens en matière d'accès à l'information et aux médias.

Au delà de cette diversité des approches, il est important de souligner-à un moment où les nouvelles technologies et les réseaux mondiaux d'information et de communication accaparent l'attention internationale et drainent une part importante de ressources finacières disponibles-, que la radio reste et restera sans doute encore longtemps, pour le monde rural africain, le seul moyen de communication à sa portée, adapté à ses caractéristiques économiques, sociales et culturelles et lui fournissant à la fois un accès à l'information et une source d'expression et de communication.

Il s'agit donc aujourd'hui, pour assurer la survie et la crédibilité des radios rurales africaines, de les aider à s'adapter à ce contexte en évolution rapide et à relever un certain nombre de défis, s'agissant de leurs, infrastructures et équipements, des mécanismes juridiques et institutionnels qui les régissent, de leur capacité à la indentifier la demande de leurs auditoires et à y répondre, de la formation de leurs agents, de leur capacité à s'organiser en réseaux.

Toutefois, les décisions politiques et les dispositions techniques, juridiques, institutionelles et financières qui permettraient aux radios rurales d'assurer ces transformations dans de bonnes conditions n'ont pas toujours été prises ou l'ont été trop timidement. Trop dépendantes des projets qui les soutenaient, les radios rurales n'ont pas su réunir les conditions de leur pérennité et de la durabilité de leurs activités.

C'est dans ce contexte, et à la demande de plusiers états africaines que la FAO, en collaboration avec le Gouvernement du Burkina Faso et l'Union des radios et télévisions nationales d'Afrique, a organisé à Ouagadougou, du 10 au 14 juin 1996, un atelier international de réflexion et de concertation afin de dresser le bilan des radios rurales africaines aujourd'hui, d'identifier les principaux obstacles et contraintes auxquelles elles ont confrontées, de dégager les grandes lignes d'un plan d'action pour leur développement et de mobiliser les ressources des partenaires de la coopération internationale pour la mise en œuvre de ce plan d'action.

Cette rencontre, qui se situait dans la continuité de réunions internationales déjà organisées au cours des années précédentes par plusieurs organisations internationales1 , a constitué un moment exceptionnel d'échange et de confrontation entre tous les acteurs engagés dans les développement de la radio rurale en Afrique 2. Elle a permis une expression très diverses, des contribution pertinentes et des débats très riches. Elle a souligné la nécessité, pour le monde rural africain, de disposer de radios rurales dynamiques, vivantes, démocratiques et interactives.

Il est maintenant essentiel, pour accompagner ce mouvement et pour ouvrir la voie d'un développement durable des radio rurales africaines, que les Etats et leurs partenaires définissent de nouvelles orientations, tant en matière juridique et institutionnelle que dans les domaines des infrastructures techniques, des équipements, de la recherche et de la formation et s'engagent résolument dans la réalisation de ces objectifs.

L'atelier de Ouagadougou aura été un étape importante dans ce processus car il a permis, sur la base d'une analyse détaillée de la situation des radio rurales en Afrique et à l'issue d'un débat entre l'ensemble des acteurs en présence, de proposer une déclaration et un plan d'action pour le développement de la radio rurale en Afrique.

On trouvera ci-après le texte de la déclaration et du plan d'action de Ouagadougou.

Declaration

Les pays africains se trouvent face à d'importantes mutations d'ordre politique, économique et social, caractérisées notamment par un processus de démocratisation et de pluralisme, la recherche de la paix, la décentralisation de la décision économique et politique, l'encouragement des opérateurs économiques et des acteurs de la société civile à reprendre progressivement plusieurs fonctions jusqu'alors assurées par les Etats.

Dans ce contexte, de défis majeurs doivent être relevés: assurer la sécurité alimentaire de populations en croissance rapide, augmenter la production agricole tout en préservant l'équilibre des ressources naturelles, améliorer les conditions de vie, de santé, d'éducation, de nutrition des populations, notamment des femmes et des enfants, créer des revenus et des emplois, conserver et valoriser le patrimoine culturel.

Ces défis ne peuvent être relevés sans une participation active des populations. Pour y parvenir, la communication est un facteur stratégique.

Les déclaration de Windhoek en 1991 et de Bamako en 1993 ont mis l'accent sur la nécessité du développement d'une presse et d'une radio indépendantes et pluralistes.

La radio demeure, pour le monde rural, l'outil de communication le plus populaire, les plus fiable, le plus économique et le plus accessible. Elle permet, plus que tout autre moyen, de surmonter les obstacles de la distance, de l'analphabétisme et de la diversité des langues.

L'utilisation de la radio au service du monde rural a connu d'importantes évolutions. Les innovations technologiques en matière d'équipements, la réduction du coût des émetteurs FM, l'assouplissement des monopoles de diffusion et l'apparition de nouveaux acteurs du secteur privé et associatif ont conduit, au cours des dernières années, au développement de nouvelles formes radiophoniques dans les centres urbaines comme au niveau des communautés rurales.

Cette évolution a permis une diversification et une pluralité des approches, une couverture plus complète des territoires, une meilleure prise en compte de la diversité des contextes socio-économiques et des langues des auditoires. Les acteurs du développement, et notamment les animateurs de base ont désormais la possibilité de s'approprier cet outil de communication en créant leurs propres stations des de radio ou en participant activement à l'orientation des programmes. Pour prometteuse qu'elle soit, cette évolution se caractérise toutefois par une grande dispersion des initiatives et une fragilité des dispositifs mis en place.

Aujourd'hui, les radios rurales africaines sont à la croisée des chemins. De nouvelles orientations doivent être dessinées pour le futur, des décisions doivent être prises et de nombreaux problèmes restent à résoudre pour qu'elles puissent se développer harmonieusement et remplir leur mission d'information et de dialogue au service du développement rural:

En définitive, il est essentiel que tous les partenaires engagés dans le développement rural (gouvernements, partenaires internationaux, association représentatives du monde rural, opérateurs économiques du secteur privé) s'engagent à soutenir et à accompagner le développement de la radio rurale en Afrique.

Pour cela, ils doivent indentifier les ressources disponibles et mettre en place des mécanisms de concertation et de suivi qui permettent la planification et la mobilisation de leurs compétences techniques et de leurs ressources financières, de façon coordonée et complémentaire. Un tel mécanisme devrait notamment trouver une articulation avec l'Initiative spéciale du system des Nations unies pour l'Afrique.

Tous les partenaires concernés sont invités à considérer le Plan d'Action de Ouagadougou comme un cadre de référence commun pour la définition et la mise en œuvre des futures actions de développement de la radio rurale en Afrique.

1. Notamment l'UNICEF, l'ACCT, l'AMARC, le CTA, l'Institut Panos

2. L'atelier a regroupé 73 participants parmi lesquels figuraient les délégués de 21 pays d'Afrique francophone, anglophone et lusophone, les répresentants des principales organisations des nations unies, les représentants des organismes de coopération bi et multilatérale partenaires des radios rurales africaines, ainsi que les représentants de nombreuses autres organisations publiques, privées oú associatives interventant dans ce secteur.

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