La production mondiale de poisson a de nouveau augmenté en 1995 atteignant 112,4 millions de tonnes contre 109,6 en 1994. Cet accroissement est imputable en totalité à l'aquaculture, les prises du secteur de la pêche par capture ayant même diminué légèrement. Il est permis de penser que la même évolution -croissance de l'aquaculture et recul de la pêche par capture - s'est poursuivie en 1996. La production aquacole a atteint 21 millions de tonnes en 1995, soit une augmentation de 13 pour cent par rapport à 1994. En revanche, les prises du secteur de la pêche par capture ont diminué d'un million de tonnes (91 millions de tonnes) en 1995. L'essentiel de la production halieutique mondiale continue cependant de provenir de la mer (81 pour cent en 1995), mais la part des eaux intérieures est en hausse.
Les prises des pays d'Amérique du Sud ont diminué tant en 1995 qu'en 1996, les captures de poissons pélagiques ayant été plus faibles à la suite de changements climatiques et de mesures de contrôle plus sévères. A l'inverse, l'aquaculture s'est de nouveau développée en Chine en 1996 faisant de ce pays, et de loin, le premier producteur mondial (24,4 millions de tonnes en 1995). Les prévisions pour 1996 sont de plus de 26 millions de tonnes. La carpe est la principale espèce produite par le secteur acquacole en Chine. Les prises du secteur de la pêche par capture augmentent, elles aussi, dans ce pays; elles proviennent souvent de parages exploités jusqu'à présent par des navires d'Europe de l'Est, dans l'incapacité depuis quelques années de continuer à subventionner leur secteur de la pêche.
En 1996, les échanges mondiaux de produits de la pêche ont encore augmenté en valeur, l'accroissement des volumes allant de pair avec un raffermissement des prix dans la majorité des cas. Les importations sont concentrées sur un nombre de pays plus réduit (les 10 premiers réalisant plus de 75 pour cent des importations mondiales). En 1996, les importations de produits de la pêche du Japon ont de nouveau augmenté; elles représentent quelque 30 pour cent des échanges mondiaux en valeur.
Les pays en développement ont à nouveau conforté leurs positions d'exportateurs en 1996, la progression des exportations chinoises étant particulièrement marquée. Les recettes d'exportation des pays en développement ont poursuivi leur mouvement ascendant; on estime qu'elles excèdent aujourd'hui les recettes tirées de plusieurs autres produits traditionnels tels que le café, le thé, le riz et le caoutchouc.
L'année 1996 n'a pa été une année favorable pour l'industrie de la crevette, de nombreux pays où est élevée cette espèce, en Asie du Sud-Est notamment, ayant connu des problèmes de maladies. La production a diminué fortement et les importations ont elles aussi baissé sur les principaux marchés. La demande a été forte aux Etats-Unis, où les prix ont atteint un niveau élevé. Pour la première fois dans l'histoire récente, ce marché a été plus lucratif pour les crevettes que le marché japonais. Pour les premiers mois de 1997, il n'est pas prévu d'amélioration sensible de la situation en ce qui concerne les disponibilités, l'Inde ayant perdu une part importante de sa production pendant les cyclones de 1996. On peut donc s'attendre à un renchérissement des produits sur tous les marchés.
Le débat concernant les conséquences de l'élevage des crevettes sur l'environnement et ses liens avec les restrictions commerciales s'est encore avivé en 1996. Les groupes écologiques en ont de nouveau souligné les effets négatifs. Autre événement lié aux problèmes d'environnement et d'espèces menacées d'extinction: l'embargo décrété par les Etats-Unis sur les crevettes capturées dans des pays qui n'ont pas adopté des dispositifs permettant d'écarter les tortues de mer. Dans un premier temps - l'embargo est entré en vigueur le 1er mai 1996 - le système d'authentification était très libéral puisqu'il permettait au pays exportateur de délivrer lui-même les attestations. Earth Island, le groupe écologique qui avait milité pour l'instauration de l'embargo, a protesté contre cette interprétation et obtenu depuis le 1er octobre 1996 que toutes les importations de crevettes, y compris les crevettes d'élevage, à partir d'un pays n'appliquant pas de programme de protection des tortues homologué par le Département d'Etat des Etats-Unis soit assujetti à l'embargo. Ultérieurement, la Thaïlande a obtenu cette homologation, ces programmes de protection des tortues étant jugés comparables à ceux des Etats-Unis. Le Pakistan, l'Inde et la Chine ont demandé un agrément ou envisagent de mettre en place des programmes de protection des tortues de mer. Au moment de la rédaction du présent document, la Chine était en passe d'obtenir rapidement l'homologation requise.
L'offre de thons sur le marché mondial est restée limitée en 1996. En conséquence, les prix des principales espèces sont restés très élevés mais ont diminué en fin d'année. Le potentiel d'accroissement des prises de thon dans les années à venir est très limité, le seul secteur où certaines ressources sont sous-exploitées étant le Pacifique occidental. Il est prévu un nouveau renchérissement du thon congelé dans les années à venir. Néanmoins, cette perspective s'inscrit sur fond de baisse des prix du thon congelé, qui sont tombés de 1 200 à 800 dollars la tonne dans les dix dernières années.
En 1996, le marché des poissons de fond a été caractérisé par des arrivages permanents de lieu de l'Alaska relativement bon marché. Cette espèce est soumise à une pression intense car elle est surexploiée depuis des années. Or, ce n'est que depuis peu que les Etats riverains (Fédération de Russie et Etats-Unis) sont parvenus à faire appliquer des programmes d'aménagement. En dépit d'une nette diminution des prises, cette espèce est cependant de plus en plus présente sur le marché mondial, la Fédération de Russie exportant aujourd'hui l'ensemble de ses captures de lieu de l'Alaska alors qu'au temps de l'URSS celles-ci étaient commercialisées pour l'essentiel sur le marché national. Les prix de l'espèce étant restés bas pendant la majeure partie de l'année 1996, les prix des autres poissons de fond le sont demeures également. Ce n'est qu'en fin d'année que la demande de morue a augmenté et que les prix sont remontés.
Si l'on considère les espèces de céphalopodes, les quantités disponibles sur le marché mondial en 1996 ont été beaucoup plus limitées pour les poulpes, les sépias et les calmars. Cette situation a entraîné un net renchérissement, en ce qui concerne les poulpes notamment. Certaines inquiétudes se sont exprimées sur l'Atlantique Centre-Est à propos des ressources en poulpes et les pays côtiers - Maroc, surtout - appellent de leurs voeux une réduction des prises et une surveillance plus étroite de la pêche. En revanche, les prises d'Illex ont été satisfaisantes dans l'Atlantique Sud-Ouest en 1996 et les échanges se sont développés, ce qui a permis une baisse des prix de cette espèce sur le marché mondial.
La demande de farine de poisson est restée soutenue en 1996 et la production, limitée, s'est vendue à des prix exceptionnellement élevés. La diminution des prises de poissons pélagiques au Chili et au Pérou s'est traduite par une réduction de la production dans ces pays. Par contre, l'Islande a indiqué que sa production de farine de poisson avait augmenté sensiblement à la suite de prises records de capelains. L'utilisation de farine de poisson pour l'aquaculture a encore augmenté et deux importants pays producteurs - le Chili et la Norvège - ont dû réserver une importante part de leur production à leur propre secteur aquacole.
La production d'huile de poisson a diminué en 1996 comme a baissé la production de farine de poisson. Le seul pays qui ait indiqué un accroissement substantiel de sa production a été l'Islande. Il n'en reste pas moins que les prix de l'huile de poisson sont retombés après avoir atteint des sommets en 1995, les négociants hésitant de plus en plus à acquitter des prix élevés pour ce produit. L'année 1996 a également été marquée par les protestations de groupes écologiques, qui condamnent l'utilisation d'espèces surexploitées comme le hareng de la Mer du Nord pour la production d'huile. Bien que les quantités d'huile produites avec cette espèce soient minimes, les échanges d'huiles de poisson s'en sont ressentis, en particulier au Royaume-Uni. Etant donné que tous les grands pays producteurs de farine et d'huile de poisson seront tôt ou tard confrontés à ce type de contestation, il serait souhaitable qu'ils connaissent parfaitement l'état de leurs ressources halieutiques et soient pleinement conscients des conséquences de l'exploitation de ces ressources.
Production |
||||
|
1990-92 Moyenne |
1993 |
1994 |
1995 |
Millions de tonnes |
||||
Total mondial |
98,3 |
102,2 |
109,6 |
112,4 |
Chine |
13,4 |
17,6 |
20,7 |
24,4 |
Pérou |
6,9 |
8,5 |
11,6 |
8,9 |
Chili |
5,9 |
6,0 |
7,8 |
7,6 |
Japon |
9,4 |
8,1 |
7,4 |
6,8 |
Etats-Unis |
5,7 |
5,9 |
5,9 |
5,6 |
Ex-URSS |
8,9 |
5,5 |
4,6 |
5,3 |
Inde |
4,0 |
4,3 |
4,5 |
4,6 |
Indonésie |
3,2 |
3,7 |
4,0 |
4,1 |
Thaïlande |
3,0 |
3,3 |
3,4 |
3,6 |
Norvège |
2,2 |
2,6 |
2,6 |
2,8 |
Corée, Rép. de |
2,7 |
2,6 |
2,7 |
2,7 |
Philippines |
2,3 |
2,3 |
2,3 |
2,3 |
Danemark |
1,8 |
1,7 |
1,9 |
2,0 |
Autres |
29,0 |
30,1 |
30,2 |
31,6 |
Importations |
||||
|
1992 |
1993 |
1994 |
1995 |
millions de dollars |
||||
Total mondial |
45 247 |
44 549 |
51 009 |
54088 |
Japon |
12 832 |
14 187 |
16 140 |
17 853 |
Etats-Unis |
6 024 |
6 290 |
7 043 |
7 145 |
France |
2 935 |
2 556 |
2 797 |
3 221 |
Espagne |
2 898 |
2 630 |
2 639 |
3 106 |
Allemagne |
2 191 |
1 884 |
2 316 |
2 479 |
Italie |
2643 |
2 131 |
2 257 |
2 281 |
Royaume-Uni |
1 907 |
1 629 |
1 880 |
1 910 |
Hong Kong |
1 398 |
1 377 |
1 642 |
1 828 |
Danemark |
1 197 |
1 094 |
1 415 |
1 574 |
Pays-Bas |
889 |
792 |
1 192 |
1 139 |
Canada |
687 |
821 |
913 |
1 034 |
Belgique |
828 |
730 |
921 |
1 035 |
Chine |
681 |
576 |
856 |
941 |
Thaïlande |
942 |
830 |
816 |
826 |
Corée, Rép. de |
498 |
537 |
718 |
825 |
Portugal |
735 |
628 |
670 |
763 |
Singapour |
544 |
567 |
620 |
660 |
Australie |
379 |
360 |
428 |
494 |
Suisse |
390 |
354 |
390 |
418 |
Norvège |
346 |
310 |
322 |
490 |
Malaysie |
245 |
265 |
304 |
325 |
Autres |
4 058 |
3 999 |
4 728 |
3 740 |
Exportations |
||||
|
1992 |
1993 |
1994 |
1995 |
millions de dollars |
||||
Total mondial |
40211 |
41 494 |
46 798 |
49249 |
Thaïlande |
3072 |
3404 |
4 190 |
4449 |
Norvège |
2437 |
2 302 |
2 718 |
3123 |
Etats-Unis |
3583 |
3 179 |
3 230 |
3582 |
Chine |
1560 |
1 542 |
2 320 |
2854 |
Danemark |
2320 |
2 151 |
2 359 |
2460 |
Canada |
2085 |
2 055 |
2 182 |
2314 |
Corée, Rép. de |
1359 |
1 335 |
1 411 |
1565 |
Chili |
1252 |
1 125 |
1 304 |
1704 |
Indonésie |
1179 |
1 419 |
1 583 |
1667 |
Pays-Bas |
1406 |
1 296 |
1 436 |
1447 |
Islande |
1253 |
1 138 |
1 265 |
1343 |
Fédération de Russie |
826 |
1 471 |
1 191 |
1628 |
Espagne |
713 |
814 |
1 021 |
1191 |
Inde |
673 |
836 |
1 125 |
1125 |
Royaume-Uni |
1146 |
1 037 |
1 180 |
1019 |
France |
955 |
858 |
910 |
993 |
Allemagne |
693 |
653 |
790 |
899 |
Nouvelle-Zélande |
655 |
648 |
692 |
814 |
Maroc |
555 |
539 |
620 |
786 |
Equateur |
611 |
574 |
724 |
724 |
Japon |
792 |
767 |
743 |
713 |
Mexique |
317 |
431 |
481 |
691 |
Autres |
10770 |
11 919 |
13 322 |
12157 |