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Annexe 3 - Règles d'utilisation des fourrages traites

A - Ouverture du silo

On peut ouvrir l'enceinte et commencer à distribuer le fourrage traité aux animaux au bout de trois, même deux, semaines en zones tropicales, trois à cinq semaines en zone méditerranéenne et dans les régions tropicales d'altitude à climat plus frais.

Le paysan peut aussi différer la distribution du fourrage traité et le garder en vue d'une utilisation ultérieure. Celui-ci peut rester plusieurs mois dans l'enceinte de traitement à condition, évidemment, qu'elle soit à l'abri des intempéries et des infiltrations d'eau. Le paysan peut aussi retirer le fourrage traité de l'enceinte de traitement pour le stocker, mais après séchage, dans un endroit (grenier, case, grange) à l'abri du soleil, des intempéries et, bien sûr, à l'écart des animaux. Ce stockage permet de réutiliser l'enceinte pour d'autres traitements, mais au prix d'un travail considérable. Il peut être préférable de préparer deux ou plusieurs enceintes.

Un traitement réussi présentera les caractéristiques suivantes:

· une forte odeur ammoniacale piquante
· une couleur foncée, ocre brun à marron
· une texture souple et molle
· une absence de moisissures

B - Mode d'utilisation

1) Animaux concernés:

Le fourrage traité est riche en azote non protéique qui n'est utilisable que par les microbes du rumen (chap. 1). Ces microbes n'existant que chez les ruminants fonctionnels, c'est-à-dire ceux qui consomment déjà des fourrages et ruminent, le fourrage traité ne doit par conséquent être distribué qu'aux animaux ruminants:

bovins et buffles (vaches, génisses, taurillons, boeufs), ovins, caprins, camelins.

Il faudra être sûr, si on veut le distribuer aux jeunes, que ces derniers ont déjà l'habitude de consommer des fourrages et qu'ils ruminent

2) Respect d'une période d'adaptation

Une période d'accoutumance de deux semaines environ est à observer afin d'adapter les microbes du rumen à l'utilisation de l'azote non protéique, et d'éviter les risques d'intoxication. Au cours de cette période, le fourrage traité est substitué progressivement au fourrage non traité pour ne plus représenter que la totalité du fourrage ou de la ration au bout des deux semaines.

3) Distribution et Rationnement

Après avoir extrait la ration journalière des animaux du silo, de l'enceinte ou de la meule, il est conseillé, au début de la période d'adaptation, de laisser cette dernière s'aérer à l'air libre pendant la journée. Cela permet de:

· faciliter l'évaporation de l'ammoniac non fixée et de rendre le fourrage moins piquant pour l'animal,

· éviter d'éventuelles surcharges d'ammoniac pour l'animal dans le cas de traitements très humides. En effet, l'ammoniac étant hydrophile, il s'adsorbe d'autant plus que le fourrage est humide.

Toutefois, lorsque leurs animaux sont accoutumés, les éleveurs arrivent en général sans difficultés à distribuer directement le fourrage à sa reprise de l'enceinte sans l'aérer.

Point important: ne pas s'inquiéter si l'animal dédaigne le fourrage traité pendant les tous premiers jours. Il faut insister sans se décourager, l'animal n'est pas habitué à ce type de fourrage. Lorsqu'il en sera familier, c'est le fourrage non traité qu'il dédaignera!

En cas de difficultés manifestes dues à un surdosage (fourrage trop brun, trop humide et à odeur ammoniacale trop forte) deux possibilités:

· soit mélanger moitié-moitié le fourrage traité à du fourrage non traité si le stock traité est important et qu'on ne veut pas le perdre,

· soit le jeter si le stock n'est pas trop important

4) Rationnement

Suivant l'importance du stock de fourrage traité, celui-ci peut constituer,

· soit l'essentiel, voire le seul constituant, de la ration de base distribué à volonté à des animaux de trait, d'engraissement ou laitier,

· soit un complément du pâturage, distribué alors en quantité limitée, aux animaux après leur retour des parcours.

Il n'y a pas d'inconvénients à distribuer le fourrage traité sans complément. Toutefois on ne valorise pas tout le bénéfice potentiel du traitement. La complémentation minimale à assurer pour bien valoriser ce traitement est la complémentation minérale.

Si l'éleveur avait déjà l'habitude de complémenter son fourrage non traité, il peut,

· soit réduire cette complémentation pour l'économiser. L'amélioration du fourrage due au traitement devrait lui permettre de maintenir les performances zootechniques de ses animaux;

· soit maintenir la complémentation (et augmenter les performances). Mais il serait plus judicieux, si celle-ci était constituée de concentrés commerciaux, de la substituer par des compléments comme des sons ou des graines ou des tourteaux de coton. En tout état de cause, il est important que cette complémentation soit exempte d'urée, forme d'azote non protéique déjà apporté à travers le traitement à l'urée.

5) Précautions supplémentaires

En plus des recommandations ci-dessus il conviendra de respecter les points suivants:

· ne pas prêter de la paille traitée à un autre paysan dont l'animal pourrait ne pas être habitué à consommer du fourrage traité,

· après chaque interruption de plusieurs jours de la distribution de la paille traitée, respecter une nouvelle période d'adaptation à la reprise de la paille traitée. Il est préférable, une fois la distribution de fourrage traité démarrée, de continuer sans ces interruptions qui nuieraient à la bonne utilisation finale du stock. L'alimentation de tout ruminant doit en effet être la plus régulière possible pour être efficace.

· la solution d'urée étant très concentrée et toxique, il ne faut jamais la présenter à un animal comme eau de boisson et ne jamais l'abandonner sans surveillance. L'excédent de solution après le traitement doit obligatoirement être jeté. Il est nécessaire de laver le matériel utilisé (récipients, seaux, jarres...) et de se rincer les mains car la solution d'urée est également toxique pour l'homme.

· éviter de traiter des fourrages humides qui peuvent entraîner des surdosages ou une mauvaise incorporation de l'urée au fourrage. En cas de nécessité, ajuster la dose d'urée en fonction du pourcentage d'eau (5% d'urée par rapport à la matière sèche).

· au moment de la dissolution de l'urée dans l'eau, celle-ci se refroidit et peut devenir très fraiche: ne jamais en profiter pour y faire rafraichir des boissons ou autres produits consommables (fruits, etc...).


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