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Annexe 2 - Différentes modalités pratiques du traitement a l'ammoniac

A - Le traitement en tas sous film de plastique

C'est le traitement le plus simple et le plus souple de mise en oeuvre.

Il consiste à:

a/ construire une meule de paille sur un film de plastique étalé au sol sur une surface plane et dépourvue de cailloux, de pierres ou d'aspérités coupantes. La monter sur une hauteur (nombre de couches de balles cubiques ou nombre d'étage de balles rondes) telle qu'on puisse,

· la recouvrir d'un second film, plus large, de manière à pouvoir
· enrouler ensemble, tout autour de la meule et sur le sol, le film du sol et le film de couverture pour réaliser une enceinte hermétique. Pour cela il convient de laisser dépasser le film du sol d'au moins 70 cm.

Un tube de métal ou de plastique PVC (d'environ 20 mm de diamètre) percé de trous (d'environ 5 mm de diamètre) espacés d'environ 50 cm est mis en place au milieu de la meule dans le sens de la longueur soit pendant la construction de cette meule s'il est souple soit en l'enfonçant après coup s'il est rigide. Ce tuyau est ensuite relié à la cuve d'ammoniac pour l'injection (photo 2).

Photo 2: traitement de paille à l'ammoniac anhydre par ta technique de la meule avec une citerne de 500 kg (Tunisie). Photo. Chenost.

b/ injecter l'ammoniac, à raison de 3 kg d'NH3 pour 100 kg (brut) de paille,

· soit sous forme liquide, l'injection est alors rapide, en branchant le tuyau sur la vanne inférieure (phase liquide) de la cuve. L'ammoniac s'évapore immédiatement à la pression atmosphérique normale en abaissant la température de la meule (-33°C à la sortie des trous, température d'ébullition du gaz). La réaction chimique ammoniac/paille étant exothermique la température remontera ensuite rapidement;

· soit sous forme gazeuse, l'injection est alors lente et peut durer plusieurs heures ou jours selon la quantité d'ammoniac à délivrer, en branchant le tuyau sur la vanne supérieure (phase gazeuse) de la cuve.

L'injection sous forme gazeuse étant plus lente, elle améliore sans doute l'efficacité du traitement (adsorption plus régulière de l'alcali sur les parois végétales) mais elle nécessite de laisser le réservoir d'ammoniac en place, ce qui l'immobilise pendant un certain temps. A titre indicatif 9 mn environ sont nécessaires pour traiter 1 t de paille en injectant l'ammoniac liquide et 6 heures en l'injectant sous forme gazeuse.

Dans les cas où l'approvisionnement des exploitations en ammoniac est irrégulier, il est possible d'avoir recours à des bouteilles type propane de 30 kg (photo 3) qui permettent ainsi d'effectuer des traitements de dépannage de l'ordre de 1000 kg de paille. Ce type de traitement est toutefois beaucoup plus onéreux.

Photo 3: traitement de paille à l'ammoniac anhydre par la technique de la meule avec une bouteille de 30 kg (Tunisie). Photo. Chenost.

Les citernes d'ammoniac doivent répondre à tout un ensemble de normes: résistance à la pression, bon fonctionnement des différentes vannes (de remplissage, de vidange, de sécurité,...) et des jauges et manomètres de comptage des quantités délivrées. Elles doivent être vérifiées régulièrement. Il en est, bien sûr, de même des flexibles permettant de les remplir et de les raccorder aux tuyaux placés dans les tas et de l'équipement de transport de ces cuves (camions et leurs plateaux, tracteurs et leurs remorques). Ces normes font l'objet de brochures d'utilisation réalisées par les compagnies de distribution de l'ammoniac (Ammoniac Agricole, Norks Hydro,...).

Le personnel manipulant l'ammoniac doit être parfaitement entraîné et respecter les consignes de sécurité, en particulier être équipé de gants et de masques (photo 4), surtout pour le transvasement de cuve à cuve.

Photo 4: remplissage d'une cuve de 500 kg en ammoniac anhydre depuis une cuve "mère" de 2000 kg (Tunisie). Photo. Chenost.

Le film de plastique utilisé doit répondre à certaines normes de qualité (labellisé, non poreux) et d'épaisseur (150 microns). L'Egypte utilise des films transparents (photo 5), ce qui ne pose pas de problème compte tenu des températures ambiantes élevées.

Photo 5: tas de paille de riz dans le Delta (Egypte) prêts à recevoir l'injection d'ammoniac anhydre par le camion citerne de la coopérative. Photo. Chenost.

La taille et les dimensions des tas dépendent de la taille des balles et de la largeur des films de plastique. Ceux-ci sont généralement commercialisés par les usines en rouleaux de 50 kg en largeurs de 8, 10, 12 ou 14 m.

Elles dépendent aussi de la capacité des petites cuves (500 kg ou 1 t) faisant les aller-retours entre le centre de stockage (cuves "mères" de 2 ou 4 tonnes) et les exploitations où a lieu le traitement (distance maximum de 50 km) et du nombre de traitements qu'elles doivent effectuer au cours de chacune de leurs sorties.

B - Le traitement par injection directe de balles rondes (Armako)

Cette technique a été mise au point par les danois pour les balles rondes. Celles-ci sont essentiellement utilisées dans les pays occidentaux et aux Antilles françaises et à l'Ile de la Réunion. Elles sont encore presque inexistantes en zones sud et est méditerranéennes et en zone tropicale.

L'ammoniac est injecté directement dans la balle à l'aide d'une fourche frontale munie de 5 dents creuses placée à l'avant du tracteur. Ces dents sont reliées à la cuve d'ammoniac anhydre placée à l'arrière du tracteur. L'injection est rapide et s'effectue pendant la manutention des balles (photo 6) qui sont enfermées bout à bout dans une gaine de polyéthylène noire de diamètre approprié à l'aide d'un "conformateur", appareil permettant de dérouler la gaine autour des balles alignées en "boudins" sur l'aire de traitement. Un homme seul peut traiter 40 balles de 300 kg à l'heure. Ce chiffre est toutefois à diviser par deux si on ajoute les opérations de chargement du plastique et du gaz. La répartition de l'ammoniac dans la paille est rapide et améliorée par rapport au traitement en tas. Les quantités d'ammoniac recommandées en Europe, de 3 à 5 kg pour les traitements en tas, ont été ainsi ramenées à 2,5-3,0 kg/100 kg de paille pour les traitements "Armako". Ce procédé nécessite des quantités importantes de plastique de qualité (résistant et non poreux).

Photo 6: traitement de baltes rondes de mais par la technique Armako: injection mécanisée de l'ammoniac simultanément à leur introduction dans la gaine de plastique (France). Photo. Chenost.

C - Le traitement en container isolé

Ce traitement n'est cité que pour mémoire, car il est destiné aux pays froids. Très onéreux en investissement et en coût de fonctionnement il a été abandonné en Europe au profit des traitements en tas et en boudins.

Le traitement est effectué dans une enceinte calorifùgée de construction artisanale ou industrielle. L'enceinte, bien isolée thermiquement, peut être chauffée électriquement (à 85-90°C pendant 15 heures) ou non. Dans ce dernier cas (système Cordesse), c'est la chaleur de réaction (exothermique) de l'ammoniac gazeux sur la paille qui élève la température de l'enceinte. La durée de traitement est allongée à 4-5 jours.

Cette technique était surtout intéressante par la souplesse des chantiers de traitement (petits volumes, cycles courts) qu'elle offrait. Outre son coût élevé elle présentait l'inconvénient du risque de formation, à ces hautes températures, d'immidazole très toxique par combinaison de l'ammoniac aux glucides solubles éventuellement présents dans les fourrages à traiter (cas de foins de graminées récoltés avant maturité).

Il convient de noter que, dans tous les cas, le traitement à l'ammoniac nécessite et implique:

· une infrastructure importante qui représente un coût d'investissement élevé;

· une organisation (coopérative ou entrepreneur) efficace avec plan de tournée et préparation soignée;

· une dépendance de l'éleveur vis à vis d'une organisation extérieure.


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