Chapitre IX: Les especes ligneuses utilisables

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1. Les caractères requis
2. Les espèces

1. Les caractères requis

On attend de ces espèces les caractères suivants:

•résistance à la sécheresse : l'espèce choisie doit avoir pour cela un système radiculaire bien développé, capable de s'enfoncer verticalement dans le sol jusqu'aux couches humides profondes, de façon à compenser dans une certaine mesure l'effet négatif de la mauvaise rétention d'humidité;
•aptitude à se développer dans des sables généralement pauvres en éléments nutritifs, avec de grandes variations de température entre le jour et la nuit;
•adaptation à des vents violents et à leur action abrasive sur les feuilles et sur les tiges;
•régénération naturelle facile et aptitude à un développement ultérieur;
•amélioration du substratum en y apportant de l'azote ou de la matière organique.

Au niveau de la dune littorale en bordure de mer, seules des plantes herbacées résistant aux embruns salés seront susceptibles de se développer. Mais en arrière de celles-ci, des espèces ligneuses, arbustives ou buissonnantes pourront prospérer, même si les premiers rangs risquent de rester rabougris et déformés avec un feuillage desséché surtout lors des périodes de recrudescence du vent.

Vu les conditions extrêmement variées du milieu Dunaire, le choix des espèces doit varier avec les niches écologiques. L'idéal consisterait à avoir une essence pour la zone inter-dunaire, d'autres essences pour la dune et même pour les différentes parties de celle-ci. L'exposition aussi (pente sud ou nord) peut avoir une influence considérable sur la survie et la croissance initiale dans certaines régions.

2. Les espèces

2.1 Les espèces utilisables sur les dunes
2.2 Les espèces utilisables dans les espaces inter-dunaires

Les espèces utilisables se classent en deux grands groupes qui correspondent aux deux types de milieu ci-dessus. I1 en est troisième cependant, qui convient aux deux à la fois; il est constitué par quelques espèces arborescentes du genre tamarix et prosopis qui, quoique peu nombreuses, présentent un intérêt exceptionnel dans les régions arides méditerranéennes et tropicales pour leur rusticité, et leur faculté de croissance.

2.1 Les espèces utilisables sur les dunes

Pour une fixation définitive de la dune on fait appel à des espèces qui tolèrent de très sévères conditions d'aridité. En Afrique du Nord, on compte au premier rang de ces essences les Calligonums, fabacées de l'étage bioclimatique saharien, qui s'adaptent très bien aux sables profonds et mobiles. Trois espèces ont largement fait leurs preuves dans de tels milieux:

Calligonum arich, arbuste pouvant atteindre 8 m de hauteur,
Calligonum azel, arbuste au port arrondi de taille un peu plus petite,
Calligonum comosum, buisson ne dépassant pas 2 m de hauteur.

D'autres espèces semblent intéressantes du fait de leur adaptation aux conditions d'aridité et d'instabilité du milieu Dunaire. Toutefois, ces espèces, dont une liste nominative est donnée ci-après, devraient faire l'objet d'expérimentations préalables à la fois sur leur mode d'utilisation et leur faculté de produire des semences.

Aristida pungens: Graminée avec des tiges pouvant atteindre plus de 1,50 m. Cette espèce est une excellente fixatrice de dunes continentales, elle est peu appétée par le bétail.

Hedysarum argentatum: Arbuste fourrager pouvant atteindre parfois 4 mètres de hauteur. I1 se plaît dans les dunes vives; il a été introduit avec succès à Agadir. Sa multiplication est facile et ne diffère en rien de celle du Calligonum.

Lycium intricatum: C'est un arbuste ayant 1,50 à 2 m de hauteur. Ses racines peuvent avoir jusqu'à 20 mètres de longueur.

Nitraria retusa: C'est un arbuste épineux à feuilles épaisses qui atteint de 1 m à 1,50 m de hauteur. Son enracinement est puissant et pivotant.

Polygonum equisetiforme: C'est une plante de petite taille et à peine ligneuse dont l'enracinement est à la fois traçant et pivotant. I1 est excellent pour fixer les sables des parties sèches de la dune.

Zygophyllum album: Petit arbuste très touffu à feuilles charnues, de 0,50 m de hauteur. Son enracinement est pivotant et très fort.

Retama retam: Arbuste ayant 1 m à 1,50 m de hauteur. Résistant au vent et à la sécheresse.

Genista saharae: Arbrisseau des bioclimats sahariens qui se plaît dans les dunes vives.

En Afrique, au Sud du Sahara, des espèces de plus en plus nombreuses, locales ou exotiques, sont essayées :

Callotropis procera, bien que sans grande valeur quant au bois ou au fourrage, vient bien sur les sables; elle peut être considérée comme pionnière dans la recolonisation végétale des sables.

•De nombreux Acacia, notamment Acacia tortilis, sont utilisés quand la fixation physique est acquise ou sur les replats inter-dunaires.

Caparis decidua est utilisée sur les dunes fixées mécaniquement, de même que Zizyphus mauritiaca.

Balanites Aegyptiaca est une simaroubacée très résistante à la sécheresse et qui une fois bien installée, est très vivace; elle se multiplie par rejet et drageonnement.

•Les leptadenia sont des arbrisseaux et lianes qui, soit sont très résistants, se développent et se régénèrent bien sur le sable (Leptadenia pyrotechnica la plus septentrionale), soit sont rampants avec une capacité de couverture rapide du sol (Leptadenia hastata, Leptadenia lanceolalata, etc.).

•Parmi les herbacées, Panicum turgidum donne de bons résultats, de même Sporobolus s.p. sur dunes maritimes; sur ces mêmes dunes, des herbacées rampantes telles que Canavalia rosea, Ipomea pes caprae, peuvent couvrir rapidement le sol, mais leur utilisation avec des espèces ligneuses peut poser des problèmes de concurrence et limiter la croissance de ces dernières.

Parmi les espèces introduites, il convient de noter :

Parkinsonia aculeata, qui survit bien dans les interdunes et replats inter-dunaires;

Prosopis juliflora, qui reprend très bien dans les mêmes conditions que Parkinsonia. Sur les sables déjà tassés et frais, Prosopis juliflora peut même contribuer une importante production de bois et de fourrage (gousses).

Tamarix Aphylla, qui se reproduit bien par boutures.

•Des acacias d'origine australienne ont également été introduits mais les essais doivent encore être suivis et concentrés autour des interdunes et des points d'eau à protéger, en tout cas où la nappe phréatique est peu profonde.

2.2 Les espèces utilisables dans les espaces inter-dunaires

Les espèces appartenant à ce groupe comprennent à la fois des arbres et des plantes buissonnantes dont on peut espérer une production ligneuse ou fourragère. Là encore une expérimentation préalable apparaît nécessaire pour tenir compte du contexte local.

La liste ci-après, toujours non limitative, contient un certain nombre d'espèces qui valent la peine d'être essayées.

  Espèces arborescentes  
Nom de l'espèce Nature du sol Utilisation(1)
  Argileux sableux BO et BF
Conocarpus lancifolius Limo-sableux ou sableux BF, F
Eucalyptus brockwayi Sableux profond et sols salés BF
Eucalyptus oleosa Sablo-limoneux BF
Eucalyptus salmonophloia Sablo-limoneux à argilolimoneux BF
Eucalyptus torquata Limono-sableux à sableux BF
Gymonosporia senegalensis Squelettique ou sableux superficiellement F (chèvres et moutons
Prosopis juliflora Sableux BF, F (gousses)
Prosopis spicigera Dépôt alluvial ou sableux BF, F
Tecoma undulata Limono-sableux BF, Bois de service
Zizyphus spina-christi Sableux BF, F
Zizyphus nummularia Sableux BF, F
Acacia senegal Limono-sableux BF, F
Acacia tortilis Limono-sableux BF, F
Acacia nilotica spp indica (= arabica) Sableux BF
  Espèces buissonnantes  
Nom de l'espèce Nature du sol Utilisation(1)
Atriplex glauca Assez bien drainé F
Atriplex coriacea Sable salé F
Atriplex halimus Dépressions à nappe phréatique temporaire F
Atriplex mollis Sol à asphyxie temporaire en surface F
Atriplex portulacoïdes Dépressions à nappe phréatique permanente F (caprins et dromadaires)

(1) BO bois d'oeuvre
BF: bois de feu
F : fourrager


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