BURKINA FASO

Son Excellence Monsieur Blaise Compaoré, Président du Burkina Faso


C'est un événement majeur chargé de symboles que la communauté internationale se réunisse au Sommet, ici à Rome, pour lancer le cri du coeur de la dignité première de tout homme: la nourriture. N'est-ce pas de Rome, capitale de l'ancien empire romain, que furent épandues les valeurs fondamentales de la civilisation mondiale d'obédience gréco-romaine ?

Après des milliers d'années de cheminement sous cette civilisation universelle, nous effectuons aujourd'hui comme un retour aux sources avec l'amertume du constat que la sécurité alimentaire de l'homme demeure une problématique à résoudre. Je voudrais saisir cette occasion pour renouveler mes hommages au Directeur général de la FAO, ainsi qu'à toute son équipe, pour leurs actions inlassables en vue de recréer la solidarité entre les hommes, de stimuler la coopération multilatérale au profit des plus pauvres du monde. Par votre dynamisme, Monsieur le Directeur général, vous avez su attirer l'attention du monde sur la situation alimentaire de l'Afrique, tout en essayant de lui donner les moyens de développer ses capacités endogènes à y faire face.

Sur le continent africain, et notamment dans la plupart des pays au sud du Sahara, la crise économique a engendré de graves distorsions qui constituent une menace constante pour l'avenir.

Les difficultés de tous ordres que connaissent nos pays en cours de mutations politiques et économiques m'amènent à penser que l'essentiel pour la paix et la stabilité des nations est avant tout le développement équilibré qui assure la sécurité alimentaire des populations. En effet, le déficit de la sécurité alimentaire entretient les exclusions et les intolérances de toutes sortes qui hypothèquent la cohésion de nos Etats.

Bien entendu la démocratie se doit, en premier lieu, d'offrir un cadre de réalisation optimum de la sécurité alimentaire à travers la bonne organisation des affaires publiques et la mobilisation, l'encadrement et l'association des populations à la gestion, au contrôle des actions de développement et au processus de répartition des richesses.

C'est véritablement là un défi que nos gouvernements doivent relever quand on sait que depuis trois décennies, malgré les efforts fournis, l'agriculture africaine se trouve encore dans l'impossibilité de satisfaire les besoins primaires de ses populations.

C'est pourquoi le thème de notre Sommet «Nourriture pour tous» rencontre parfaitement les préoccupations de mon pays où près de 45 pour cent de la population se trouvent exposés à l'insécurité alimentaire et 40 pour cent disposent d'un revenu annuel moyen inférieur à 85 dollars.

J'espère ne pas être démenti par l'histoire en étant convaincu que les engagements communs qui sortiront de ce Sommet seront promptement mis en oeuvre par tous les partenaires, en vue de l'amélioration et de l'accroissement rapides des productions agricole et alimentaire, instruments privilégiés de lutte contre la faim dans le monde.

Les domaines prioritaires qu'ensemble nous aurons identifiés feront l'objet de toute l'attention de mon pays. Au Burkina Faso, nous considérons la sécurité alimentaire comme partie intégrante de la sécurité humaine. Partant de ce postulat et prenant en compte nos potentialités et nos expériences, nous avons inscrit la production agricole et pastorale au coeur de notre politique de développement.

Les grands axes de cette dynamique s'articulent de la manière suivante: modernisation et diversification de la production à travers une technologie maîtrisable; maîtrise de l'eau et sauvegarde de l'environnement; appui à la coopération paysanne en vue d'un meilleur encadrement des producteurs; implication massive des jeunes dans la production en favorisant leur installation dans leurs terroirs; promotion des activités rémunératrices des femmes à travers leur organisation, leur encadrement et l'appui au financement de micro-entreprises à leur profit; mobilisation de l'épargne nationale pour le financement du secteur agropastoral; transformation de nos produits locaux et promotion de leur consommation. Nous avons fait le pari de stimuler l'accroissement rapide des revenus de l'agriculture et de l'élevage, à travers une bonne politique de réinvestissement conséquent de ces revenus pour soutenir en priorité la promotion en amont comme en aval du secteur agropastoral, en concomitance avec l'amélioration de la base de vie des producteurs.

Nous sommes convaincus que pour parvenir à l'éradication de la faim et de la malnutrition dans le monde, nos gouvernements doivent s'employer à promouvoir une répartition juste et équitable des fruits de la croissance et du développement économiques, et recentrer nos priorités d'investissement sur la réalisation de l'épanouissement de l'homme, l'être social. C'est pourquoi le Burkina Faso soutient par ma voix le Programme spécial pour la sécurité alimentaire initié par la FAO, en tant qu'instrument déterminant pour impulser une dynamique concrète de lutte contre la faim dans le monde.

Je voudrais, pour terminer, exprimer toute ma reconnaissance aux organisateurs de cet important Sommet qui a permis de réunir à la même tribune les plus hautes autorités de ce monde autour de problèmes aussi fondamentaux que sont la faim et la sous-alimentation.

Je voudrais également assurer le Directeur général de la FAO de ma profonde gratitude pour sa perspicacité et lui renouveler toute la confiance du Gouvernement burkinabé.


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