CAMEROON - CAMEROUN - CAMERUN

Son Excellence Monsieur Paul Biya, Président de la République du Cameroun


Permettez-moi tout d'abord, Monsieur le Président, de vous féliciter pour votre brillante élection à la présidence de ce Sommet consacré aux problèmes de l'alimentation. Je remercie votre Gouvernement et le peuple italien pour les facilités mises à notre disposition depuis notre arrivée à Rome. Je tiens également à dire combien j'ai été sensible au message très profond que sa Sainteté le Pape Jean-Paul II a délivré au monde à l'ouverture de nos assises. Je voudrais enfin adresser mes sincères félicitations à M. Jacques Diouf, Directeur général de la FAO, pour l'initiative qu'il a prise d'organiser ce forum, mais aussi pour les efforts inlassables qu'il a déployés pour en faire un grand succès. Le Cameroun apprécie hautement l'action remarquable que mène la FAO pour développer l'agriculture et trouver des solutions appropriées au problème de la sous-alimentation dans le monde.

Le Sommet mondial de l'alimentation revêt une importance exceptionnelle. Malgré les progrès appréciables accomplis dans le domaine agricole, la situation alimentaire mondiale demeure préoccupante, notamment dans les pays en développement. Trois quarts de l'humanité sont concernés par ce fléau qui sévit particulièrement en Afrique, en Amérique latine et en Asie.

Au-delà des problèmes à résoudre pour assurer la sécurité alimentaire de nos populations, c'est la place de l'homme dans nos sociétés qui en est l'enjeu. En effet, quelle liberté peut-il y avoir pour une population affamée? De quelle démocratie peut-on parler dans un pays où règne la famine? Quelle dignité pour un homme qui ne mange pas à sa faim? Plus que dans d'autres continents, le déficit nutritionnel ne cesse de s'accentuer en Afrique. C'est conscients de la gravité de cette situation que les chefs d'Etat et de gouvernement africains, réunis en juillet dernier à Yaoundé, ont défini une stratégie appropriée avec pour principaux axes la création d'un environnement politique et économique qui accorde une place de choix au développement agricole et rural, l'augmentation des capacités intérieures des Etats en matière d'approvisionnement alimentaire, une participation accrue de l'ensemble de la société, y compris les collectivités locales, les organisations non-gouvernementales, les jeunes et les femmes et la société civile, aux décisions et activités concernant la sécurité alimentaire.

Par cette stratégie, nous entendons traduire dans les faits le droit inaliénable, pour tout homme, d'être libéré de la faim et de la malnutrition. Nos efforts, dans le cadre de cette stratégie seront d'autant plus efficaces qu'ils bénéficieront de l'appui de la communauté internationale. C'est pourquoi nous fondons beaucoup d'espoirs sur la mise en oeuvre de la Déclaration et du Plan d'action que nous venons d'adopter. A l'ère de la mondialisation des problèmes politiques, économiques et sociaux, un tel soutien est un pas décisif vers l'édification d'un ordre mondial plus solidaire car, indéniablement, la mondialisation des problèmes implique la mondialisation des solutions. Notre responsabilité à tous est interpellée. Il y a quelques jours, du haut de la tribune de l'Organisation des Nations Unies, je plaidais pour un contrat de solidarité entre les nations.

Aujourd'hui c'est bien de solidarité qu'il s'agit encore. Par delà l'objet même de notre rencontre, nous devons rechercher ensemble des réponses satisfaisantes aux questions qui préoccupent les pays en développement, à savoir: la réduction substantielle - voire l'annulation de la dette extérieure -, l'accroissement de l'aide internationale au développement et l'assouplissement de ses "conditionnalités", l'intégration accrue des pays en développement, notamment ceux d'Afrique, dans les circuits commerciaux internationaux; la solution au problème de la securité alimentaire passe par la solution au problème du développement. Il s'agit d'aider les peuples en proie à la faim à produire plus, à produire mieux, à conquérir ainsi leur autosuffisance alimentaire.

Pour mettre fin au paradoxe de la faim dans un monde où certains en ont trop et d'autres pas assez, il faut un sursaut de solidarité planétaire. C'est un grand défi. Ensemble, nous devons le relever pour notre survie à tous, pour la paix et la sécurité internationales. Je vous remercie de votre attention.


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