CAMBODIA - CAMBODGE - CAMBOYA

Son Excellence Monsieur Tao Seng Huor, Ministre de l'agriculture, des forêts et de la pêche du Gouvernement royal du Cambodge


En premier lieu, je dois vous présenter les excuses et les regrets de Son Altesse royale Samdech Krom Preah Norodom Ranariddh, Premier Ministre du Royaume du Cambodge, qui ne peut assister à ce Sommet mondial de l'alimentation. Son Altesse royale tenait à participer à cette très importante Conférence, mais a été contrainte pour des raisons impératives et au dernier moment de rester au Cambodge. En tant que Ministre de l'agriculture, des forêts et de la pêche, il m'échoit de ce fait le privilège de vous présenter l'allocution que Son Altesse royale voulait prononcer devant votre haute assemblée. En voici la teneur.

"Je voudrais tout d'abord exprimer, au nom du Gouvernement royal du Cambodge, ma vive reconnaissance pour l'organisation de cet important Sommet. Je saisis cette occasion pour féliciter Monsieur le Président. Je suis personnellement convaincu que les travaux de cette Conférence, grâce à votre compétence et votre sagesse, feront progresser les initiatives collectives et individuelles et oeuvreront pour le mieux-être des plus démunis.

Je tiens à féliciter Monsieur Jacques Diouf, Directeur général de la FAO, pour l'organisation de cette Conférence et à remercier, au nom du Gouvernement royal du Cambodge, le comité d'organisation et tous les participants de ce Sommet mondial de l'alimentation. Je voudrais enfin exprimer ma profonde gratitude au Gouvernement et au peuple italiens pour l'accueil chaleureux qui nous a été réservé.

Les événements tragiques qui se sont succédés depuis 1970 ont profondément meurtri le Cambodge. Le pays est sorti ruiné de ces années de guerre, de terreur et de famine. Il y a perdu presque tous les individus, hommes et femmes, dépositaires du savoir et de la culture. Les infrastructures économiques et sociales ont été anéanties, l'agriculture et l'élevage totalement compromis et plus de 75 pour cent des ponts et des ouvrages d'irrigation détruits.

Beaucoup de chemin a été parcouru depuis les accords de paix signés à Paris le 23 octobre 1991 et l'organisation des élections générales, sous la supervision des Nations Unies, en mai 1993. Mais il faudra encore beaucoup de temps, d'énergie et de moyens pour redresser le pays.

Le Cambodge compte approximativement 10,2 millions d'habitants. Cette population s'accroît, malgré une forte mortalité infantile, au rythme de 2,8 pour cent par an. Elle se caractérise par sa jeunesse -47 pour cent de la population ont moins de 17 ans - et par la prédominance des femmes - 53 pour cent sont de sexe féminin et 58 pour cent des personnes de plus de 40 ans sont aussi des femmes.

On compte aussi plus de 200 000 orphelins, de nombreuses personnes malades ne bénéficiant d'aucun soin adapté et des personnes âgées sans aucune ressource. Enfin, on dénombre dans le pays plusieurs dizaines de milliers de personnes handicapées, amputées suite à l'explosion de mines anti-personnelles.

L'agriculture est le secteur dominant de l'économie cambodgienne. Elle représente près de 45 pour cent du produit intérieur brut et emploie plus de 80 pour cent de la population active. Elle est caractérisée par un certain nombre de facteurs qui constituent autant d'entraves au développement. Je peux citer, sans vouloir être exhaustif: l'état dégradé des infrastructures routières et la pauvreté des équipements agricoles; le faible niveau de qualification des agriculteurs; la faiblesse de leurs ressources financières qui les force à recourir à des prêts aux taux d'intérêt souvent prohibitifs; l'état de santé précaire de la population - l'espérance de vie des cambodgiens n'est que de 52 ans en moyenne; le faible taux d'irrigation des cultures; des ressources halieutiques et forestières abondantes mais menacées par une exploitation anarchique.

Malgré des progrès significatifs réalisés sur le plan économique, avec un taux de croissance annuel de plus de 6 pour cent sur cinq ans et une inflation ramenée de 140 pour cent en 1992 à 3,5 pour cent en 1995, le Cambodge reste un des pays les plus pauvres du monde, avec un revenu par habitant de seulement 280 dollars E.-U. par an.

Il était nécessaire de réagir très rapidement à cette situation.

Le Gouvernement royal du Cambodge a, dès sa constitution en octobre 1993, élaboré et arrêté un Programme national de réhabilitation et de reconstruction. Un nouveau plan sur cinq ans, de 1996 à l'an 2000, vient d'être présenté en juillet dernier à Tokyo.

Je vais exposer les objectifs qui doivent être atteints en intégrant les notions essentielles de durabilité et de rentabilité économique et sociale. Nous voulons que la très grande majorité du peuple soit capable de subvenir durablement à ses propres besoins alimentaires. Il faut, avant toute chose, assurer la sécurité des populations pour leur permettre de consacrer pleinement leur énergie au travail. C'est pourquoi, il nous apparaît indispensable d'intensifier les opérations de déminage. Il faut ensuite redonner à 1,2 million de chefs d'entreprise agricole la confiance en eux et la confiance en l'avenir. Il nous est aussi apparu nécessaire d'encourager l'esprit d'initiative et d'entreprise, en donnant aux femmes et aux hommes la possibilité d'investir et de dégager des profits dans le contexte favorable d'une économie de marché, telle que prévue par la Constitution du Cambodge.

Vous l'avez compris, les besoins du Cambodge sont considérables, car la tâche qu'il nous faut accomplir pour recouvrer paix et prospérité pour le peuple khmer est d'une ampleur exceptionnelle. Les aides de tous les pays donateurs, des organisations internationales et des ONG ont permis de réaliser des progrès considérables ces dernières années.

Avant de terminer, je me permets de vous confirmer que le Gouvernement royal du Cambodge soutient sans réserve la Déclaration de Rome sur la sécurité alimentaire mondiale et le Plan d'action du Sommet mondial de l'alimentation et mettra en oeuvre les actions qui ont été décidées par l'Assemblée générale. En outre, ma délégation soutient également les appels de M. Boutros Boutros-Ghali, Secrétaire général de l'ONU, pour l'aide alimentaire mondiale et pour celle du Zaïre.

Je voudrais conclure en renouvelant, au nom du peuple khmer et du Gouvernement royal du Cambodge, ma profonde gratitude pour tout le travail déjà accompli en vue du redressement de mon pays. Permettez-moi de remercier tout particulièrement ici, devant cette prestigieuse assemblée, la FAO pour le rôle éminent qu'elle a joué jusqu'à présent, dans un esprit constructif et amical qui a été fort apprécié au Cambodge."


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