GABON

Son Excellence El Hadj Omar Bongo, Président de la République gabonaise


Je voudrais tout d'abord remercier mon ami Monsieur le Président qui m'a permis de prendre la parole aujourd'hui au lieu de demain, et c'est l'âge qui me vaut ce privilège. Permettez-moi d'adresser, au nom de ma délégation et en mon nom personnel, nos plus chaleureux remerciements à Monsieur Jacques Diouf pour nous avoir réunis à Rome à l'occasion de ce premier Sommet mondial de l'alimentation.

Cette heureuse circonstance me permet de rendre un hommage appuyé à ce grand fils de l'Afrique pour son apport exemplaire à la lutte contre la famine et la malnutrition. Je salue plus particulièrement son initiative tendant à mobiliser les décideurs politiques au niveau le plus élevé autour d'un concept ambitieux: "Nourrir le monde".

Le défi majeur de cette fin de siècle est en effet d'assurer à toute la population de notre planète la sécurité alimentaire. Malgré les avancées scientifiques, malgré les politiques économiques et sociales hardies, ce problème est l'enjeu essentiel du prochain millénaire. En d'autres termes, créer le cadre politique favorable à la production alimentaire et à l'adoption de méthodes de production durable devra être désormais l'une de nos premières préoccupations à l'aube de l'an 2000.

Mon pays a ainsi entrepris des efforts considérables pour améliorer son rendement agricole, notre objectif étant de mieux répondre aux besoins croissants des villes de plus en plus peuplées. Dans le même temps, et dans la mesure de ses moyens, le Gabon réaffirme sa ferme volonté de soutenir toute initiative porteuse de progrès dans la bataille contre la faim, la malnutrition et l'insécurité alimentaire. Nous ne ménagerons donc aucun effort pour la réalisation des objectifs du Plan d'action du Sommet tel que proposé par le Directeur général de la FAO.

Dans cette perspective, nous lançons un appel solennel à la communauté internationale afin que le cas particulier de l'Afrique, notamment de l'Afrique au sud du Sahara, fasse l'objet d'une attention particulière. L'Afrique est un continent au climat varié. Si elle renferme des zones désertiques, elle dispose aussi de vastes étendues de terres fertiles propices à l'agriculture. Pourquoi alors les pays riches ayant d'importants excédents alimentaires n'aident-ils pas à la mise en valeur de ces terres. Ils permettraient ainsi d'approvisionner d'une manière continue et sans contraintes logistiques les régions frappées par la famine. Pourquoi faut-il donc que seulement les pays du Nord puissent vendre aux autres ou les aider? Bien souvent, même la production des pays en développement est exportée au Nord pour être finalement commercialisée dans les pays du Sud. Donc il est grand temps de faire autrement, il est plus que temps d'aider l'Afrique pour qu'elle aide aussi à résorber le problème de la famine. Il y a lieu aussi de rappeler que, là où il y a la guerre, il n'y a point de place pour une véritable agriculture. L'une et l'autre situations contribuent à créer la famine et l'on se rend bien compte que la paix et la stabilité sont indispensables dans la lutte contre la famine. Je dis cela parce qu'au moment où nous nous trouvons à Rome, le drame qui persiste dans la région des Grands Lacs ne peut être absent de nos préoccupations.

Je voudrais ici saluer et remercier ceux qui ont eu avant moi à parler de ce drame. Il y a un drame là bas, dans le pays des lacs. Nous devons tout faire, non seulement prévoir des actions sur le plan militaire, mais il faut aussi prévoir des actions sur le plan alimentaire.

J'ai dit que la communauté internationale doit faire en sorte de mettre en place des actions appropriées de manière formelle. Le Gabon déclare sa disponibilité à accueillir dès le premier trimestre de l'année prochaine un forum sur la mobilisation des ressources agricoles africaines et la sécurité alimentaire en Afrique. Une telle réunion devra s'attacher en priorité à réfléchir sur un cadre de travail destiné à servir de relais opérationnel pour la mise en oeuvre du Plan d'action du Sommet. Il appartiendra donc au Directeur général de la FAO de préparer cette réflexion en liaison avec l'Organisation de l'Unité africaine, le Fonds international de développement agricole, le Programme alimentaire mondial, l'Union européenne et le Fonds monétaire international. Les pays riches, toutes les organisations ad hoc et les compétences de la société civile seront appelés à participer à cette vaste recherche d'idées conduisant à une Afrique véritablement mère nourricière.

Il est temps de conjurer ce fléau de la faim avec sa cohorte de calamités sociales. Il est possible d'y parvenir. D'importants leviers de commandes ont été, à cet effet, mis à jour grâce à la science et au progrès technologique. Il est de notre devoir, en tant que chefs d'Etat et de Gouvernement, d'en décider. Ce faisant, il ne faut pas perdre de vue que le monde est Un. Ce monde, plus que par le passé, a besoin de l'esprit de partage, de solidarité et de fraternité agissants.


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