GUINEA - GUINEE

Son Excellence Monsieur Sidya Touré, Premier Ministre de la République de Guinée


C'est un grand honneur pour moi, au nom du Président de la République de Guinée, le Général Lansana Ponté, et au nom de mon Gouvernement, de m'adresser à cette auguste assemblée pour transmettre le message du peuple de Guinée. Je tiens tout d'abord à associer ma voix à celle des nombreux orateurs qui m'ont précédé pour saluer et féliciter Monsieur Romano Prodi pour sa brillante élection comme Président du Sommet mondial de l'alimentation. Je reste convaincu que, grâce à ses talents et à sa compétence unanimement reconnus, nos travaux seront couronnés de succès. Mes félicitations vont également à Monsieur Jacques Diouf, Directeur général de la FAO, pour ses initiatives en faveur de la lutte contre la faim et la malnutrition dans le monde. Je voudrais rendre un juste hommage au peuple et au gouvernement italiens pour l'hospitalité et les dispositions pratiques qui ont permis la tenue de ce Sommet.

Le problème de la sécurité alimentaire est au coeur des préoccupations de mon Gouvernement. Ce souci est clairement traduit dans la lettre de politique de développement agricole adoptée et mise en oeuvre depuis 1991 à la suite d'une large concertation entre mon Gouvernement et l'ensemble de nos partenaires au développement. En effet, la République de Guinée fait partie des pays qui cumulent à la fois un faible revenu et un déficit vivrier. Cette situation procède, d'une part de l'effet négatif des politiques de collectivisation de l'agriculture appliquée dans le passé et, d'autre part, à la faiblesse des investissements réalisés dans le secteur. Les superficies irriguées représentent moins de un pour cent des superficies cultivées, alors que le potentiel des terres irrigables serait de l'ordre de 15 à 20%.

La Guinée se sent donc particulièrement concernée par les enjeux de ce Sommet mondial de l'alimentation et, fidèle à sa tradition panafricaine, elle a pris une part active aux travaux préparatoires qui ont été menés au niveau du continent et, bien entendu, nous sommes particulièrement de la position africaine commune sur la sécurité alimentaire et le développement agricole adoptée par le sommet de l'OUA en juillet dernier. Aussi, le Gouvernement guinéen s'est-il engagé dans un programme de réformes économiques et financières visant à créer un cadre macro-économique et structurel susceptible de favoriser la mise en valeur rapide des immenses potentialités agricoles du pays. Les actions entreprises permettront d'augmenter la production agricole et de diversifier la production vivrière et la consommation alimentaire.

C'est l'occasion pour moi de saluer l'initiative de la FAO qui a permis de mettre en place en Guinée le Programme spécial de sécurité alimentaire en faveur des pays à faibles revenus et à déficit vivrier. Les objectifs fixés par la position africaine commune d'expansion des superficies cultivables de 20 à 30% d'ici l'an 2010 nous paraissent compatibles avec nos ressources, mais il nous faudra aussi et surtout mettre l'accent sur l'amélioration de notre productivité. Pour l'un et l'autre de ces objectifs, il nous faudra investir en systèmes d'irrigation et de drainage, en acquisition de matériel agricole, d'intrants et de technologies nouvelles et en construction de pistes rurales et d'infrastructures diverses. La mise en oeuvre de ces investissements mobilisera d'importantes ressources publiques, car l'accroissement de l'investissement privé n'interviendra qu'en complément des efforts de l'Etat, et seulement dans une seconde étape.

La République de Guinée est prête à négocier avec la communauté internationale les conditions d'un nouveau partenariat qui sera la traduction de ce droit fondamental à la nourriture pour tous qui nous réunit aujourd'hui. Mon pays adhère donc au Plan d'action et à la Déclaration que nous avons adoptés ce matin. A cet égard, nos gouvernements devront faire en sorte que les politiques concernant l'alimentation, le commerce des denrées agricoles et les échanges en général, contribuent à renforcer la sécurité alimentaire pour tous. Nos Etats devront également opérer à la mise en oeuvre, à la supervision et au suivi du Plan d'action du Sommet mondial de l'alimentation.

Le Gouvernement de la République de Guinée que je représente est déterminé à poursuivre ses efforts afin que la nourriture pour tous soit demain pour les Guinéens aussi un droit à défendre et non plus un objectif à atteindre, car, comme le dit un sage africain "l'homme qui a faim n'est pas un homme libre" puisqu'il est incapable de s'élever au-dessus des contingences matérielles pour se comporter en être pensant. Nous espérons que la communauté internationale, qui est représentée ici au plus haut niveau, s'engagera résolument dans la lutte contre la faim et la malnutrition dans le monde pour restituer à chacun sa dignité d'homme et, donc, d'être pensant.


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