NIGER

Son Excellence Monsieur Boukary Adji, Premier Ministre de la République du Niger


Acceptez d'abord, Monsieur le Président, mes félicitations pour votre brillante élection. Mes félicitations vont aussi à l'ensemble des membres de notre Bureau. Le thème de notre rencontre "La nourriture pour tous" projette dans la mémoire du sahélien que je suis des messages d'espoir en même temps qu'il interpelle les responsables politiques que nous sommes sur les défis et les devoirs à assumer. Ce thème rappelle pêle-mêle le cycle infernal des sécheresses et des famines de 1929-33, de 1941-45, de 1953-54, de 1974-75 et récemment de 1984-85. Ces événements, tous dramatiques, ont engendré des pertes de vies humaines, de même que la dislocation de la cellule sociale. Mais ils ont aussi détruit le potentiel agroécologique et désarticulé l'économie familiale.

Ce thème, que je voudrais rapprocher un tant soit peu de l'objectif fondamental de la politique de développement rural, prônée tout logiquement dans la plupart des pays de notre sous-région du Sahel qui est la sécurité alimentaire, ce thème, disais-je, est aussi symbole de faillite et d'impuissance. En effet, plus de 30 ans après l'indépendance, malgré toutes les tentatives de définition et de mise en oeuvre de stratégies et de modèles de développement pour éradiquer la faim et la malnutrition, force est de se rendre à l'évidence. Car aujourd'hui plus qu'hier le Sahel en général, et le Niger en particulier, sont confrontés aux maux dont la terminologie nous est plus que familière, au risque de déprimer la bonne volonté de la communauté internationale. Je veux parler des déficits alimentaires structurels, de la malnutrition, de la désertification, et de l'exode rural, symboles d'impuissance face à l'ampleur et à la complexité du problème.

En effet, la démographie, la globalisation du marché mondial, les fléaux naturels, la crise économique et financière pernicieuse des années 80 et son corollaire, l'endettement insoutenable, sont venus perturber le tableau de bord. Cependant, soyez assurés que notre présence ici témoigne de notre détermination à assumer notre responsabilité en consentant tous les sacrifices que requiert la présente situation.

En créant l'Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture en 1945, la communauté internationale s'est fixé comme objectif primordial l'éradication de la faim dans le monde. Cinquante et un ans après, la mission assignée à la FAO demeure malheureusement d'une cruciale actualité, comme en témoigne du reste la tenue du présent Sommet. A la veille du XXIe siècle, où les technologies et les ressources sont le plus souvent distraites à des fins destructrices, cette situation de sous-alimentation chronique est un défi insoutenable et inacceptable lancé à la communauté internationale. Et ce défi se doit d'être relevé. Il y a nécessité et il y a urgence. Je suis convaincu que le Plan d'action qui constituera la charte de cette rencontre sera le cadre de référence pour le réajustement de nos stratégies et politiques au niveau national. J'adresse ici toutes mes félicitations aux auteurs de ce Plan, au premier rang desquels le Directeur général de la FAO, mon ami et frère, M. Jacques Diouf. Mais ce plan sera surtout un point de départ pour réviser les stratégies de coopération et de l'aide au développement à la lumière des acquis et des erreurs du passé.

Au moment où, au-delà des choix politiques en termes de stratégie, la gestion du quotidien du très court terme, par conséquent, tend pour nos pays à devenir une priorité, je voudrais reconnaître ici avec tous que la responsabilité première dans ce combat pour la sécurité alimentaire reste d'abord la nôtre, celle de notre communauté nationale. Aussi, nous veillerons dans le cadre de la reformulation et de la mise en oeuvre de nos stratégies et politiques à la responsabilisation effective de toutes les composantes de la nation, et en particulier de la femme.

Je voudrais rendre hommage à nos soeurs et à nos mères dont nous n'avons cessé de rappeler le rôle fondamental dans le processus de production en milieu rural. La femme est et demeure l'élément incontournable pour la création des capacités véritables de résistance et de réponse aux crises alimentaires. De même, je sais que la communauté internationale, suffisamment représentée ici, saura reconnaître dans la liste des défis évoqués par tous à ce Sommet sa part de responsabilité dans ces défis. Notre souhait est que sortent de ce Sommet des résolutions hardies devant permettre à brève échéance aux pays sahéliens et à toutes les régions du monde qui, comme nous, connaissent encore des déficits alimentaires, de pouvoir s'autosuffire grâce à une synergie des efforts avec l'appui des partenaires au développement. Pour peu que nous ayions la volonté politique, et gageons qu'elle sera acquise à partir des présentes rencontres, pour peu donc que nous ayions la volonté politique, les moyens tant techniques que financiers ne feront pas défaut. C'est sur cette note d'espoir que je conclurai en souhaitant plein succès à nos travaux.


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