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5. STRATÉGIE DE COLLECTE DES DONNÉES


5.1 INTRODUCTION
5.2 INFORMATIONS NÉCESSAIRES À LA CONCEPTION DU SYSTÈME
5.3 COGESTION ET CONCEPTION DU SYSTÈME
5.4 DÉNOMBREMENT COMPLET ET ÉCHANTILLONNAGE
5.5 APPROCHES PAR DÉNOMBREMENT COMPLET
5.6 APPROCHES FONDÉES SUR L’ÉCHANTILLONNAGE
5.7 CONSIDÉRATIONS OPÉRATIONNELLES

Avant d'envisager les détails des méthodes de collecte des données, il faut se fixer une stratégie d'ensemble. La manière dont les différentes variables sont collectées doit être adaptée à la structure de la pêcherie. Un élément essentiel de la conception concerne le degré de coopération des pêcheurs et autres intéressés, question pour laquelle il est préférable de recourir à une approche de cogestion. Les concepteurs doivent sélectionner les variables qu'il faudra collecter au moyen d'un dénombrement complet et celles qui seront échantillonnées. Pour de nombreuses variables, le dénombrement complet est une opération coûteuse mais qui doit, pour certaines, être faite si l'on doit estimer des totaux (par exemple la capture totale) pour la pêcherie. L'échantillonnage a une meilleure efficacité-coût mais il faut répartir avec soin l'effort d'échantillonnage dans le temps et dans l'espace. Enfin, la stratégie dépendra pour beaucoup du budget et du personnel disponibles.

5.1 INTRODUCTION

Les stratégies de conception des programmes de collecte des données varieront selon les pêcheries. À l'intérieur d'un même pays ou d'une même région, on aura presque toujours un mélange de pêche industrielle, commerciale à petite échelle, artisanale, de subsistance et de loisir. Chacune de ces activités aura ses caractéristiques et son importance relative propres, ainsi que ses propres possibilités de fournir des données. Par ailleurs, certains renseignements devront être obtenus de sources extérieures, comme les données relatives au commerce international ou les données sur les captures des navires de pêche étrangers qui ne touchent jamais les ports du pays.

Chaque pêcherie aura sa propre stratégie, avec ses éléments de dénombrement complet et d'échantillonnage. Avec le temps, certains aspects de la stratégie de collecte pourront passer du dénombrement complet à l'échantillonnage (ou vice versa), à mesure que les connaissances progresseront et que les besoins ou les ressources évolueront. Les stratégies d'échantillonnage sont souvent ponctuées de dénombrements complets, effectués de temps à autre pour réévaluer les données initiales.

Il est impossible d'élaborer, pour une quelconque pêcherie ou pour un sous-secteur, une stratégie qui répondra parfaitement à tous les besoins de manière définitive. Une certaine souplesse et l'adoption de solutions de remplacement seront un élément essentiel de toute stratégie, que celle-ci soit conçue pour l'évaluation des stocks de poissons, l'évaluation des marchés ou l'évaluation de la dépendance d'une communauté à l'égard de la pêche.

En général, cependant, une stratégie comportera les étapes ci-après:

5.2 INFORMATIONS NÉCESSAIRES À LA CONCEPTION DU SYSTÈME

Des renseignements sur l'infrastructure sont indispensables pour dresser le cadre d'un programme de collecte de données. La première étape consiste à définir les plans d'eau et les surfaces qui seront inclus et à établir une description des activités de pêche qui s'y déroulent (ports et sites de débarquement, flottilles de pêche, pêcheurs, marchés et itinéraires de transport, etc.). Ces renseignements serviront à établir une classification et une description détaillées de la structure du secteur halieutique primaire; ils sont indispensables pour établir un bon programme de collecte pour l'ensemble des données concernant la pêche. Beaucoup de ces données institutionnelles serviront aussi aux analyses socioculturelles.

Les renseignements concernant les infrastructures et les personnels nécessaires à cette fin sont les suivants:

La description de l'infrastructure et du personnel des pêches du point de vue de leurs principales unités s'appelle parfois une enquête-cadre. Si cela est possible, l'enquête rassemblera des informations jusque-là dispersées - registres des navires, journaux des radios portuaires, ports, ventes commerciales, bordereaux de transport et autres bordereaux administratifs, recensements de la population travaillant dans la pêche, cartes, organigramme et autres informations.

Un programme de collecte systématique de données doit être précédé d'un programme pilote. Ce programme, limité dans le temps et dans l'espace, aura pour principal objectif de permettre aux concepteurs de se familiariser avec les conditions de la pêcherie. Il peut être utilisé pour tester différentes procédures et différentes sources de collecte, encore que la collecte de données ne soit pas l'objet du programme pilote. Généralement, une enquête pilote est beaucoup plus étendue que l'enquête-cadre finale et peut porter sur une large gamme de types de données concernant d'autres indicateurs importants du secteur de la pêche. Par exemple, outre les caractéristiques de l'infrastructure et des flottilles, les enquêtes peuvent enregistrer des données relatives à l'activité normale des navires par saison ou les opinions des pêcheurs sur les facteurs essentiels de la pêcherie. Certaines de ces données peuvent être très utiles aux fins de planification de l'enquête. Par ailleurs, ces paramètres peuvent donner des indications sur les programmes qui semblent convenir le mieux du point de vue tant méthodologique qu'opérationnel.

5.3 COGESTION ET CONCEPTION DU SYSTÈME

Il est probable que les mesures d'aménagement seront d'autant plus compatibles avec les valeurs de la communauté et susciteront un engagement d'autant plus grand à l'égard du système que les utilisateurs et les gestionnaires seront les uns et les autres associés à l'élaboration de la politique et de la réglementation de la pêche. Cela devrait se traduire ensuite par un meilleur respect des mesures et par des coûts d'application moins élevés. Certaines études sociologiques de systèmes locaux de gestion des biens communaux, par exemple, ont montré que les communautés locales de pêche sont plus disposées à effectuer un autocontrôle et un suivi mutuel si elles ont contribué à élaborer les réglementations et à les promouvoir. Cela rend moins nécessaire une coûteuse supervision de la part de l'État. Ce type de gestion participative est souvent appelé “cogestion”.

Il existe de nombreux types de cogestion qui peuvent entrer dans la collecte des données. Les pêcheurs et les scientifiques peuvent conduire des expériences conjointes, ou se réunir en conseils qui utiliseront l'information pour mettre sur pied en commun des actions d'aménagement. Des réunions publiques peuvent être tenues pour informer les membres de la communauté locale des mesures d'aménagement envisagées et pour solliciter des idées et des opinions. Les arrangements possibles sont innombrables; leur forme exacte dépendra du contexte, notamment de l'organisation politique existante.

5.4 DÉNOMBREMENT COMPLET ET ÉCHANTILLONNAGE


5.4.1 Définitions
5.4.2 Décider entre dénombrement complet et échantillonnage

5.4.1 Définitions

La collecte des données consiste à enregistrer une ou plusieurs variables (longueur, durée, etc.) auprès des membres d'une population d'“unités de données” (la population des navires de pêche, des sorties de pêche, etc.). Deux principales approches sont possibles:

Les données halieutiques généralement collectées par dénombrement complet concernent les registres des navires et les données relatives à l'infrastructure. Les données parfois collectées par dénombrement complet et parfois par échantillonnage concernent la capture par unité d'effort, le prix par kilogramme et les coûts et profits des unités de pêche. Les données généralement collectées par échantillonnage concernent la composition spécifique du stock et les données biologiques (par exemple les données sur les fréquences de taille). Un dénombrement complet peut fort bien se référer à un sous-ensemble; par exemple, on peut faire un dénombrement complet de tous les navires d'une longueur supérieure à 10 m.

5.4.2 Décider entre dénombrement complet et échantillonnage

Ces deux approches, le dénombrement complet et l'échantillonnage, ont pour objectif la collecte de données sur une période spécifiée, souvent un mois de calendrier, pour dégager des statistiques d'un certain intérêt. Par exemple, le dénombrement total peut être utilisé pour calculer la capture totale lorsque tous les débarquements sont suivis. À titre d'exemple, un échantillonnage effectué pour estimer la capture totale utiliserait la capture moyenne par journée de pêche à partir d'un échantillon des débarquements et du nombre moyen de journées de pêche par navire provenant d'un échantillon de navires; ces chiffres multipliés donnent la capture moyenne par navire. La capture totale peut ensuite être obtenue en multipliant ce résultat par le nombre total de navires (facteur d'extrapolation) tiré d'une enquête-cadre ou du registre des navires. L'applicabilité de l'une ou l'autre méthode est déterminée par divers critères liés au type de données et aux contraintes financières et humaines existantes.

La plupart des méthodes de collecte peuvent être utilisées en recourant soit aux techniques de dénombrement soit à l'échantillonnage. Par exemple, les renseignements sur les captures et l'effort contenus dans les livres de bord peuvent être suivis au moyen d'une comptabilisation complète des débarquements. Dans le cas des pêches artisanales et de subsistance, les données sur les captures et l'effort sont généralement échantillonnées. Les données biologiques et socioculturelles sont généralement collectées par échantillonnage, mais les données démographiques font l'objet d'un dénombrement complet. Les populations très importantes, comme les stocks de poissons, ne peuvent être qu'échantillonnées.

Pour certains types de données, il est souvent préférable d'effectuer une enquête par dénombrement complet dans la mesure uniquement où l'on pense que celle-ci fournira une couverture statistique complète dans le temps et dans l'espace. Mais une enquête par échantillonnage bien conçue peut souvent fournir de bonnes estimations de paramètres importants à bien moindre frais. Le dénombrement complet de certaines variables (par une enquête-cadre par exemple) est toujours nécessaire pour obtenir des facteurs d'extrapolation quand on a besoin des totaux de variables telles que la capture ou l'effort. L'approche choisie sera fonction des circonstances.

Le dénombrement complet peut parfois sembler souhaitable mais n'être pas réalisable pour des raisons pratiques. Un programme d'échantillonnage existant peut être progressivement étendu de manière à fournir des estimations plus fiables et plus solides, si les ressources humaines et logistiques permettent d'effectuer cet élargissement de manière durable. Généralement ce type d'élargissement progressif se fait en plusieurs phases. Pour estimer la capture totale et l'effort, il s'effectuerait comme suit:

Le passage d'un scénario d'échantillonnage à un autre plus précis suppose d'importants accroissements du soutien opérationnel et logistique, ce qui n'est pas toujours faisable ni souhaitable.

5.5 APPROCHES PAR DÉNOMBREMENT COMPLET

Les enquêtes-cadres et les recensements des pêches font partie d'une même catégorie de collecte de données nécessitant une approche par dénombrement complet. Ces enquêtes sont conçues pour rassembler les données nécessaires pour décrire la structure fondamentale du secteur productif des pêches de capture et les activités qui en découlent directement, comme l'infrastructure, l'emploi et le degré de dépendance de la communauté. Ces informations sont un préalable indispensable à la réalisation de programmes réguliers de collecte utilisant soit le dénombrement complet soit l'échantillonnage.

Le dénombrement complet peut être préférable dans les cas où les fournisseurs de données peuvent être légalement contraints de les communiquer, ce qui abaisse le coût de cette approche. Le dénombrement complet peut être exigé à titre d'obligation statutaire, souvent à des fins réglementaires. Cela concerne par exemple les registres des bateaux de pêche, les exportations (pour les droits de douane), les variables relatives à la gestion des contingents de capture (au moyen des journaux de pêche) et les variables relatives à la limitation de l'effort de pêche (journées passées en mer).

Le dénombrement complet peut aussi être préférable dans les cas où l'échantillonnage n'est pas une grande économie d'effort, par exemple si la population étudiée est restreinte ou si la variable à mesurer ne peut être échantillonnée dans le temps de manière réaliste. Cela peut se produire avec de petites flottilles de pêche, dont la CPUE est très irrégulière.

Un facteur important à prendre en considération concernant l'approche du dénombrement complet est le risque de biais négatif dû à une couverture incomplète. Dans la pratique, il y a toujours une proportion de la population qui n'est pas saisie par un programme de collecte de données censé fournir une couverture complète. Les raisons de ces lacunes sont le plus souvent liées à des difficultés opérationnelles. Quand on sait que la proportion de données manquantes est relativement minime, on peut ajuster les résultats de manière à refléter la situation réelle. Mais il y a des cas où une certaine proportion de la population n'est jamais saisie par le système et où le degré de sous-comptabilisation est inconnu; les résultats du recensement contiennent alors un biais négatif systématique qu'il sera très difficile de corriger.

Une autre source courante de biais se présente quand les données collectées sont utilisées pour surveiller la réglementation de la pêcherie (par exemple les quotas de capture). Dans ce cas, des déformations délibérées de la comptabilisation peuvent se produire pour couvrir une pêche illégale.

Les progrès des techniques de collecte de données, comme les systèmes de suivi des navires, les livres de bord électroniques et l'enregistrement automatique de l'information concernant les marchés, offrent la possibilité d'effectuer des dénombrements complets dans des situations qui autrefois n'étaient pas prises en compte ou ne pouvaient être couvertes que par échantillonnage.

5.6 APPROCHES FONDÉES SUR L’ÉCHANTILLONNAGE


5.6.1 Stratification et collecte des données
5.6.2 Effet de la stratification

Les enquêtes par échantillonnage, qui se pratiquent sur certains sous-ensembles de la population cible, peuvent, à partir d'un certain nombre d'hypothèses concernant la distribution de la population, fournir des estimations des paramètres à l'étude. Comme l'erreur-type, les enquêtes par échantillonnage comportent des incertitudes quant à l'exactitude des diverses hypothèses utilisées. Toutefois, une enquête par échantillonnage bien conçue peut souvent fournir des estimations précises et fiables pour un coût bien inférieur à celui du dénombrement complet.

La nature de nombreuses variables (par exemple les fréquences de taille des poissons) impose de choisir l'approche par échantillonnage. Il faut étudier attentivement la façon dont les individus à mesurer sont sélectionnés, qu'il s'agisse de sélectionner les poissons contenus dans une capture, les navires débarquant leurs captures parmi tous ceux qui débarquent dans un port déterminé, ou les pêcheurs à interviewer. Pour établir la relation entre la population globale et l'échantillon, il faut donc que la méthode de sondage repose sur des bases statistiques solides et dûment étudiées.

Une des principales questions qui se posent est de réduire le biais de l'échantillon dans les estimations. Le biais, dans ce cas, est la tendance qu'ont les estimations à se centrer sur une valeur différente de la valeur vraie à mesure que les données s'accumulent. Cela peut se produire si, par exemple, les collecteurs ont tendance à choisir les plus gros poissons ou les plus gros navires quand ils procèdent à l'échantillonnage. La solution théorique la plus simple pour éviter le biais est d'utiliser l'échantillonnage aléatoire. On s'assure ainsi que tous les individus (poissons, navires, etc.) contenus dans une strate ont une chance égale d'être retenus. Dans la pratique, cela est souvent difficile à réaliser et l'on utilise un programme de sondage systématique (tous les trois navires ou toutes les dix boîtes de poisson, etc.) qui prévient les pires formes de biais. Il convient toutefois de garder présent à l'esprit que la plupart des méthodes d'analyse partent du principe que l'échantillonnage est aléatoire et il faut donc, quand on interprète les résultats, tenir compte des effets éventuels d'autres méthodes de sondage.

5.6.1 Stratification et collecte des données

La stratification réduit l'erreur des estimations par sondage en éliminant systématiquement une aussi grande part que possible de la variabilité des données au moyen du plan d'échantillonnage. Pour ce faire, on divise la population de l'échantillon en groupes ou strates dans lesquels une partie aussi grande que possible de la variabilité de la population est représentée par des différences entre les groupes. Par exemple, les navires industriels seront probablement traités en tant que strate distincte de celle des navires artisanaux car, sur l'ensemble de la flottille, cette division établit une frontière bien visible pour de nombreuses variables. Le choix des strates peut aussi s'appuyer sur des critères logistiques évidents.

Dans un programme de collecte de données, il existe deux grands types de stratification.

Les estimations des paramètres de la population sont toujours calculées au niveau des petites strates. Les totaux au niveau d'une grande strate sont de simples agrégations des estimations et comptages des petites strates qui la composent. Le tableau 5.1 donne d'autres exemples de grandes et petites strates.

5.6.2 Effet de la stratification

La stratification se trouve parfois compliquée par la nécessité de concilier deux objectifs contradictoires:

Toutefois, en variant systématiquement la stratification au stade de la phase pilote, il est possible souvent de trouver le bon équilibre en associant diverses méthodes, comme le montre l'encadré 5.1.

Tableau 5.1 Quelques exemples de stratifications utilisées pour la collecte de données sur les pêches

Groupe de strates

Stratification

Espace

Province du pays ou grande ville

Districts (îles, villages)

Port d'attache (lieu d'immatriculation)

Port de base pour la pêche

Lieu de résidence

Site de débarquement

Fonds de pêche

Temps

Saison de pêche

Période de base (semaine, mois, année)

Jour/nuit

Entreprises

Sociétés/coopératives

Usines de transformation

Type d'activité d'appui

Commerce

Marchés/criées

Intermédiaires/sociétés

Exportateurs/importateurs

Groupe navire/engin

Flottille de pêche

Engin

Groupe de navires (artisanaux, semi-industriels, industriels, entreprises mixtes, étrangers)

Pêcherie (métier) (définie par l'association flottille/espèce cible/engin)

Navires de pêche expérimentale ou de recherche

Zones géographiques/zones de profondeur/types benthiques/habitats

Période/jour-nuit

Engin/opération de pêche

Débarquements

Groupe d'espèces commerciales (capture/effort, valeur)

Groupe taille commerciale/traitement (capture/effort, valeur)

Groupes d'espèces écologiques

Agent affecté aux débarquements

Personnes ou ménages

Sous-groupes démographiques

Communauté de pêche

Groupe navire

Secteur économique (récolte, après-récolte, marché, activité d'appoint)

Statut (capitaine, équipage, armateur)

Environnement

Habitats (plaine d'inondation, lac, marécages, mangroves, zones de remontée océanique)

Saison

Critères physiques océanographiques/limnologiques


Encadré 5.1 Exemples d'utilisation de la stratification

Combiner deux engins en un

Une classification des bateaux/engins contient deux types d'engins différents (par exemple des filets emmêlants de maillages différents) mais des tests répétés concernant la composition spécifique, la taille moyenne des poissons et la CPUE ont révélé qu'il n'y a pas de différences statistiquement appréciables entre les deux types. Il semblerait donc raisonnable de combiner les deux engins en un, ce qui simplifie les opérations de collecte dans les enquêtes de base et les enquêtes sur les captures/effort.

Réduction de l'effort d'échantillonnage

L'effort de pêche dans le cas de la pêche à la ligne est collecté 16 fois dans le mois et la variabilité du coefficient d'activité du bateau (CAB) n'est que de 3 pour cent (ce qui indique une forte homogénéité du niveau de l'activité de pêche). En utilisant les échantillons collectés et en simulant sur ordinateur une réduction des jours d'échantillonnage, il a été constaté que la nouvelle variabilité est de 6 pour cent et que les estimations qui en résultent sont proches des précédentes. Cela laisse à penser que la collecte des données concernant l'effort de pêche de cet engin pourrait être ramenée de 16 à 8 jours sans compromettre gravement la précision des estimations.

Stratification dans le temps

Pour tous les types de bateaux/engins d'une pêcherie littorale on a constaté des différences cohérentes et hautement significatives des taux de capture et de la composition spécifique au cours des périodes avec et sans lune. Cela indique que la période de référence (le mois du calendrier) devrait être ultérieurement stratifiée dans le temps (période avec lune et période sans lune).

Stratification dans l'espace

Un grand port d'attache regroupe la plupart des bateaux d'une pêcherie opérant avec des casiers, qui tous exploitent un fond de pêche inaccessible à d'autres bateaux pêchant avec des casiers. Les taux de capture sont sensiblement différents de ceux du reste de la flottille qui opère sur d'autres sites. Cela indique que ce port d'attache en particulier doit devenir une petite strate.

Stratification de la dimension des sites de débarquement

La stratification des sites de débarquement et/ou des ports d'attache du point de vue de la dimension est une simple opération arithmétique qui se fait à partir d'une liste initiale de sites (rangées) auxquels on associe un nombre variable d'indicateurs (colonnes). Ces indicateurs peuvent se référer au nombre d'unités de pêche et/ou d'engins par type de bateau/engin et peuvent être complétés par d'autres critères quantitatifs. L'opération arithmétique suppose la normalisation de chaque colonne (par exemple en convertissant toutes les valeurs en valeurs sans dimension comprises entre 0 et 1), et l'établissement des totaux par site d'après les valeurs normalisées. Les critères de stratification reposent ensuite sur le classement, par ordre décroissant, des sites (rangées) d'après le pourcentage qu'ils occupent dans le total général, et sur l'établissement de pourcentages cumulatifs qui seront compris entre le pourcentage maximum (première rangée) et 100 pour cent (dernière rangée). Cette liste de pourcentages peut être utilisée pour mettre au point des plans de répartition quand l'effort d'échantillonnage est proportionnel à la taille de la strate.

Par exemple sur 600 sites, les dix premiers dont le pourcentage cumulatif atteindra 50 pour cent seront des sites “primaires” et les 590 autres des sites “secondaires”. Cela signifie logiquement que 50 pour cent de l'effort de collecte des données devra être concentré sur les dix sites primaires et les 50 pour cent restants sur les 590 sites secondaires. De cette manière, l'effort de collecte est réparti proportionnellement à la taille/importance des sites d'échantillonnage.


Une fois établi le plan de stratification, le problème qui se pose est celui de la répartition de l'effort d'échantillonnage entre les strates. Les trois règles de base (connues sous le nom de “distribution Von Neumann”) pour obtenir un résultat optimal consistent à attribuer le plus gros effort d'échantillonnage aux strates présentant i) la plus grande taille, ii) la plus grande variabilité et iii) le coût d'échantillonnage le plus bas.

Le coût d'une approche par sondage est principalement fonction de la couverture statistique ou de la taille de l'échantillon. Quand la taille de l'échantillon augmente, le coût du sondage augmente également et la précision escomptée est plus élevée. Toutefois, l'augmentation de la précision n'est pas proportionnelle à la taille de l'échantillon mais se ressent de retours décroissants. Par exemple, pour obtenir une distribution des fréquences de taille suffisamment précise, il ne faut qu'un échantillon aléatoire relativement restreint de tous les poissons débarqués.

5.7 CONSIDÉRATIONS OPÉRATIONNELLES

Pour des programmes de collecte réalisés périodiquement, il faut prendre en considération non seulement les besoins statistiques et la rentabilité, mais aussi des critères opérationnels. Certaines approches méthodologiques, comme le choix des strates, se heurteront souvent à des considérations opérationnelles, notamment sur le plan des ressources institutionnelles, financières et humaines. L'effort d'échantillonnage lié à la collecte systématique de données doit être établi sur le long terme. Par exemple, la fréquence des visites sur les sites de débarquement doit être fixée de manière réaliste, à un niveau qui tienne compte du nombre de collecteurs disponibles et de leurs diverses responsabilités. Il n'est que trop facile de mettre sur pied un ambitieux programme de collecte de données, qui s'avérera irréalisable si les enquêteurs se trouvent dans l'impossibilité d'accomplir toutes les tâches qui leur sont assignées.

Une planification attentive tenant compte des critères opérationnels (voir tableau 5.2) sera nécessaire pour faire en sorte que les ressources disponibles correspondent à la stratification choisie et au taux de sondage souhaité dans le temps et dans l'espace. Il faudra donc étudier bien à l'avance la budgétisation du développement des institutions et de la formation.

Tableau 5.2 Exemples de paramètres opérationnels utilisés pour planifier les programmes de collecte de données

Type de paramètre

Objet

Temps et coûts des déplacements entre sites avec différents moyens de transport

Établir le temps total nécessaire pour visiter les différents sites avec les moyens de transport existants. Voir si le fait d'investir dans une mobilité accrue sera rentable.

Heures auxquelles les bateaux débarquent généralement leur capture, par type d'engin

Déterminer quels sont les intervalles horaires les plus pratiques pour échantillonner les débarquements.

Savoir si les bateaux débarquent leur capture en un point différent de leur port d'attache

Établir s'il est possible de combiner l'échantillonnage des captures, de l'effort et d'autres données dans une seule visite.

Savoir si les bateaux se déplacent vers d'autres lieux (si oui, où et quand)

Inclure dans les données de l'enquête-cadre des renseignements sur les migrations saisonnières

Durée habituelle d'une sortie de pêche, par flottille

Simuler des sorties de pêche.

Capture journalière par flottille

Simuler la CPUE et la capture par sortie.

Nombre d'engins (casiers, etc.) ou d'opérations (par exemple traits de filet) normalement utilisés, par flottille

Simuler des opérations de pêche et dériver la capture par engin/opération

Temps maximum nécessaire pour enregistrer complètement les débarquements d'un bateau et leur composition spécifique

Déterminer le nombre de bateaux qui peut être échantillonné par heure

Temps maximum nécessaire pour savoir si une unité de pêche a travaillé ou non

Déterminer le temps total nécessaire (par jour et par port d'attache) pour enregistrer les activités des bateaux/unités de pêche


Les postes à inscrire au budget comprennent:

Dans les pays en développement il est parfois possible de lancer des projets bénéficiant de l'appui d'autres partenaires. Quand on réalise de tels projets, il faut s'assurer que les activités resteront viables quand le projet aura pris fin. Pour cela il faut:


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