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Ressources forestières du Royaume-Uni

Par la DÉLÉGATION DU ROYAUME-UNI

AU début de la guerre 1914-1918 les forêts couvraient en Grande-Bretagne environ 2.752.000 acres (1.113.900 ha), dont moins de 3% sous le contrôle de l'Etat ou d'administrations publiques.

Le recensement de 1924 classait les forêts plus précisément en deux grandes catégories: a) économiques ou potentiellement productives: 2.754.379 acres (1.114.661 ha), b) non économiques: 204.293 acres (82.675 ha). Le potentiel productif des forêts se répartissait ensuite en: hautes futaies 1.416.890 acres (573.397 ha), taillis 528.680 acres (213.950 ha), broussailles 330.703 acres (133.831 ha), abattu ou dévasté 478.106 acres (193.483 ha). La superficie boisée totale du Royaume-Uni s'élevait à 2.958.672 acres (1.197.336 ha) soit 5,3% du territoire.

Avant 1914, le Royaume-Uni était presque entièrement tributaire de l'étranger pour le bois de construction. Pendant la guerre 1914-1918 les importations durent être réduites de façon draconienne et les ressources nationales exploitées au maximum. De 1915 à 1919, 450.000 acres (182.000 ha) environ des meilleurs massifs, jeunes et vieux indifféremment, furent abattus.

Le résultat de ces mesures radicales se fit sentir dans toute la période qui s'étendit de la première guerre mondiale à la seconde, et l'exploitation se poursuivit à un rythme qui dépassait nettement l'accroissement annuel. Juste avant la guerre 1939-1945 le volume annuel de l'abattage s'élevait approximativement à 45 millions de pieds cubes (1.300.000 m3), soit un rendement de 15 pieds cubes seulement à l'acre (1,1 m3 par ha) qui dépassait toutefois le taux de l'accroissement annuel.

La période qui s'écoula entre les deux guerres fut naturellement trop courte pour compenser les destructions survenues de 1914 à 1918 ou pour établir une distribution appropriée des classes d'âge.

Politique forestière entre les deux guerres

En 1919 une Commission forestière fut créée aux termes de la loi réglementant la sylviculture, et un Service forestier de l'Etat entra en fonction. Le programme à long terme envisageait le boisement de 1.770.000 acres (716.000 ha) de terrains réparti sur une période de 80 ans, et en même temps des mesures visant à intensifier le rendement des 3 millions d'acres (1.200.000 ha) de forêts privées qui existaient en 1914.

L'objectif immédiat, soit la mise en train d'une tranche de 10 ans du programme général, était le boisement par l'Etat de 150.000 acres (61.000 ha) et l'aide du Gouvernement aux propriétaires privés en vue d'assurer le reboisement de 110.000 acres (44.517 ha) supplémentaires. Le programme comprenait des travaux accessoires principalement dans le domaine de la recherche, de l'information et de l'enseignement.

Autour de 1929, les plantations executées par l'Etat ou avec l'aide de l'Etat couvraient une superficie de 215.015 acres (87.014 ha). En 1939, ceux de l'Etat atteignirent 368.878 acres (149.280 ha) et ceux des propriétaires privés subventionnés 125.862 acres (50.935 ha), de sorte que 494.740 acres (200.215 ha) avaient été replantés depuis la fin de la guerre 19141918.

Evolution au cours de la guerre 1939-45

Quand la guerre éclata en 1939, des plans avaient été préparés pour exploiter ce qui restait des terres boisées en Grande-Bretagne. Les coupes commencèrent aussitôt et furent pousuivies durant toute la guerre sans souci de l'avenir. La seule préoccupation était de gagner la guerre et le bois abattu représente 18 millions de tonnes marchandes (18.300.000 tonnes métriques). Les massifs sacrifiés comprenaient toutes les essences, résineux et feuillus, et la nécessité de produire du charbon et d'assurer d'autres services ne permit pas de tenir compte de l'âge ou de l'espèce. C'est ainsi que de jeunes massifs furent sacrifiés pour obtenir du bois de mine et des poteaux, et les classes d'âge plus avancé pour les sciages.

L'étendue réelle des boisements ainsi sacrifiés n'est pas encore connue mais il est certain que pas moins de la moitié des massifs existant encore en 1939 ont disparu. Malheureusement le manque en bois de construction dont souffre l'Europe rend nécessaire la continuation de cette politique peu raisonnable et dangereuse. Ce sont surtout les bois feuillus qui en sont maintenant victimes, les ressources indigènes en résineux étant à l'heure actuelle pratiquement épuisées. Si la Grande-Bretagne ne parvient pas à se procurer des quantités suffisantes de bois de construction étrangers, c'est toute la forêt anglaise qui est appelée à disparaître. Telle qu'elle existe et même si l'on met rapidement un terme à cet abatage indiscriminé, il est peu probable que nos ressources indigènes poissent couvrir plus de 2% de nos très grands besoins futurs en bois de construction.

C'est donc un devoir urgent de préserver les maigres massifs existant encore en Grande-Bretagne et de replanter aussi rapidement que possible.

Politique forestière d'après-guerre

Le Gouvernement du Royaume-Uni a récemment publié le programme de la future politique forestière envisagée par sa Commission des Forêts. Le «programme désirable>, proposé envisage le boisement de 3 millions d'acres (1.200.000 ha) de terrains dénudés et le reboisement de 2 millions d'acres (800.000 ha) de bois existant actuellement, de manière à porter à 5 millions d'acres (2 millions d'ha) la superficie des forêts systématiquement aménagées. C)e programme doit s'échelonner sur 50 ans et des plans sont prévus pour intensifier les travaux de recherche, d'information et de publications.

Le Gouvernement a donné son accord de principe et a autorisé la mise en train d'un premier plan quinquennal auquel il a affecté une somme de 20 millions de livres sterling. En ce qui concerne les forêts privées, la Commission des Forêts est en train de procéder à une «dédicace» (dedication) aux termes de laquelle les propriétaires qui bénéficient de l'aide de l'Etat s'engagent à consacrer désormais les terres qu'ils possèdent avant tout à la production du bois de construction.

L'application d'un tel programme soulève naturellement des difficultés considérables. Les cadres et le personnel techniques et administratifs nécessaires doivent être formés et nommés le plus rapidement possible; on procède à des acquisitions de terrains et à la création de pépinières. Le programme de reboisement de l'Etat pour cette année est de 30.000 acres (12.000 ha) mais il sera intensifié dans les années à venir de manière à couvrir au cours de la septième année de la première décade une superficie de 125.000 acres (50.600 ha).

Le Royaume-Uni a importé du bois de construction dès le début du Moyen-Age, et actuellement c'est le plus grand importateur de bois du monde. La rapide augmentation de sa population au cours du 19ème siècle et depuis, a naturellement augmenté la dépendance du pays à l'égard des importations, lesquelles représentèrent en 1939 95% de la consommation totale; jusqu'au moment où le «programme désirable» proposé par la Commission des Forêts portera ses fruits il est inévitable que le Royaume-Uni doive plus que jamais compter sur ses importations. La surexploitation des forêts indigènes doit prendre fin immédiatement si l'on veut éviter leur destruction totale.

Pour assurer la victoire, la Grande-Bretagne a exploité sans pitié ses forêts, ignorant volontairement ses besoins futurs et les principes d'aménagement forestier soutenus par les forestiers de tous les pays. Aucune des autres nations belligérantes n'a dû faire un sacrifice aussi considérable de ses ressources forestières. Désormais nos forêts doivent être aménagées de façon à donner des coupes constamment renouvelables et nos besoins essentiels être couverts par des importations d'outre-mer.

M. H. T. Hutchinson, chef de la délégation du Royaume-Uni

Le Royaume-Uni sera heureux d'associer ses efforts à ceux des autres nations du monde pour élever le niveau de l'exploitation forestière et mettre celle-ci au service de l'humanité.


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