Page précédente Table des matières


Etude de cas: Le développement durable de la province d'Azilal Maroc


Objectifs pédagogiques spécifiques
Phase d'apprentissage


Objectifs pédagogiques spécifiques

Rendre le stagiaire capable de:

- appliquer une partie de l'enseignement à un cas concret,
- prendre conscience de la durée nécessaire pour redresser les évolutions environnementales perverses (deforestation),

Phase d'observation: visite de terrain si le cours se passe au Maroc

Le cas échéant, visite d'une région souffrant de problèmes écologiques comparables (érosion, forte densité humaine, forte pauvreté, faible investissement public dans le développement rural).

Phase d'apprentissage


1. Presentation du cas
2. Projection des tendances
3. Potentialités naturelles et contraintes
4. Leçons des projets mis en place


1. Presentation du cas

PRÉSENTATION GÉNÉRALE DE LA PROVINCE D'AZILAL AU SEIN DU MAROC ET DE LA RÉGION ÉCONOMIQUE DU CENTRE.

Une province pauvre, à dominante rurale et agricole, dans une région relativement riche.

La province d'Azilal fait partie de Région Economique du Centre (REC). La REC inclut la wilaya de Casablanca, centre de gravité économique du Maroc et dont le secteur industriel représente près de la moitié du PIB industriel du pays.

Font également partie de cette région les grands périmètres irrigués "modernes" du Tadla et des Doukkala, soit le tiers des superficies de grande hydraulique du Maroc.

Localisation de la Province d'Azilal et de la Région Economique Centre

La REC est par conséquent une région relativement riche, avec un PIB/habitant d'environ 13.000 DH/an (environ 2.000 US$/personne/an), et un revenu agricole par habitant rural qui est presque le double de la moyenne nationale.

La pauvreté de la province d'Azilal, rattachée à cette zone riche, est donc d'autant plus frappante: un PIB/habitant de seulement 1.700 DH/an (environ 270 US$), et un revenu agricole par habitant rural de moins de 1.300 DH/an (environ 200 US$).

La population de la province d'Azilal est à 90% rurale. La structure du PIB provincial montre à la fois la place prédominante de l'agriculture, la quasi-inexistence du secteur industriel, et un secteur tertiaire hypertrophié.

Tableau 1: Ventilation des P.I.B. par grand secteur économique



Maroc

Maroc hors centre

Centre hors Casablanca

Centre + Casablanca

Azilal

Agriculture

GDH/an

20,7

13,6

7,0

7,1

0,49

Industrie + BTP

GDH/an

110,0

47,0

9,4

63,0

0,02

Autres

GDH/an

40,0

25,0

2,0

15,0

0,21

Total

GDH/an

170,7

85,6

18,4

85,1

0,72

PIB/habitant

DH/hab/an

6.578

4.397

5.193

13.125

1.714

Structures du PIB

Tableau 2: Population et ressources naturelles (1988)



Maroc

Région Centre (hors Casablanca)

Azilal

Population rurale

hab.

13.150.000

2.480.000

380.000

Population urbaine

hab.

12.800.000

1.063.000

40.000

Ressources en eau

Mm3/an

21.390

4.500

2.500

Production naturelle de bois

Mm3/an

3

0,6

0,35

Surface Agricole Utile

1.000 ha

8.500

2.300

205

Ress. eau/habitant

1000 m3/an/hab. rural

0,16

0,18

0,66

Production naturelle de bois/hab.

m3/an/hab. rural

0,23

0,24

0,92

SAU/hab.

ha/hab. rur.

0,65

0,93

0,54

Taux de ruralité

ratio

0,51

0,70

0,90

Utilisation ress. eau

taux

48%

67%

4%

Utilisation production naturelle bois

taux

333%

167%

171%

De faibles ressources en terres agricoles et en eau d'irrigation.

La province dispose de superficies agricoles inférieures à la moyenne nationale, et, a fortiori, à celles de la Région Economique Centre (REC).

L'importance relative des périmètres de petite et moyenne hydraulique (PMH) ne compense pas les faibles dotations, par habitant rural, en terres de culture pluviale ("bour") et de grande hydraulique: la SAU pondérée (l'ensemble des superficies agricoles exprimées en "superficie équivalente bour") par habitant rural de la province n'est que de l'ordre de 0,8 hectare, c'est à dire seulement 80% de la moyenne nationale et la moitié de la moyenne régionale.

Les quantités d'eau d'irrigation effectivement mobilisées au niveau de la province sont très faibles; cela résulte en partie des problèmes d'abaissement des nappes aquifères que connaissent les zones de piémont, surtout dans le nord-ouest de la province.

La place importante de l'arboriculture, de l'élevage et de l'auto-approvisionnement en énergie.

L'insuffisance des superficies agricoles et de l'eau d'irrigation est (en partie) compensée par l'importance de l'arboriculture fruitière, ainsi que par celle du cheptel, tous deux supérieurs aux moyennes nationale et de la REC.

L'auto-approvisionnement en énergie, par la collecte de bois de feu, représente un revenu non-monétaire de l'ordre de 300 DH/habitant rural/an, en moyenne (non inclus dans le revenu agricole indiqué ci-dessus).

Tableau 3: Ressources agricoles par habitant rural (1988)



Maroc

Région Centre

Azilal

SAU bour

ha/hab.rural

0,58

0,83

0,49

Superficie PMH

ha/hab.rural

0,03

0,03

0,04

Superficie GH

ha/hab.rural

0,03

0,06

0,02

Eau d'irrigation

m3/an/hab.rural

779

1.224

289

Superf. arboricole

ha/hab.rural

0,04

0,03

0,06

Cheptel de rente

UGB/hab.rural

0,15

0,22

0,24

Prélèvement bois

m3/an/hab. rural

0,76

0,40

1,58

SAU pondérée

ha éq.bour/hab.rur

1,07

1,63

0,78

Cheptel/SAU

UGB/ha équ.bour

0,14

0,13

0,30

bour: superficie cultivée en sec
GH: Grande Hydraulique
PMH: Petite et Moyenne Hydraulique
SAU: Surface Agricole Utile
UGB: Unité de Gros Bovin

PIB agricole/hab. rural

Disponibilité par rapport à la moyenne Maroc

Tableau 4: Productions et revenus agricoles (année moyenne, base 1988)


Unités

Maroc

Région Centre

Azilal

Blés

1000 qx/an

24.000

11.700

180

Autres céréales

1000 qx/an

25.000

6.900

630

Légumes

1000 qx/an

31.000

13.500

170

Viande rouge

1000 qx/an

2.050

440

85

Cultures industrielles

1000 qx/an

41.000

19.000

550

Lait

Ml/an

750

307

15

PIB agricole

MDH/an

20.700

7.125

485

PIB agricole/hab. rural


1.575

2.875

1.275

Dépendance ou complémentarité alimentaire?

Les taux d'autosuffisance de quelques produits de base montrent, comme pour l'ensemble du Maroc, des productions excédentaires en orge et déficitaires en blé.

Par ailleurs, la production de viande rouge, par un cheptel relativement important - cf. ci-dessus - est supérieure à la consommation. La complémentarité des ressources agricoles (cheptel et parcours compensant les faibles superficies cultivées) est donc bien confirmée par la complémentarité des productions. Une constatation similaire peut être faite pour les productions arboricoles (amandes, olives, huile d'olive et noix), excédentaires et exportées en dehors de la province.

Au total, la valeur de la consommation humaine de produits alimentaires au niveau de la province est égale à sa valeur ajoutée agricole. Exportations et importations s'équilibrant, la province ne vit donc pas en autarcie, mais n'apparaît pas (encore) excessivement dépendante, sur le plan agro-alimentaire.

Tableau 5: Taux d'autosuffisance alimentaire pour quelques produits de première nécessité (année moyenne, base 1988)



Maroc

Centre

Centre + Casa

Azilal

Blés

%

58

221

111

31

Autres céréales

%

180

171

254

165

Légumes

%

237

789

407

86

Viande rouge

%

56

91

48

153

Lait

%

67

220

106

100

Bois-énergie

%

30

50

45

60

Taux d'autosuffisance

La surexploitation des parcours et de la forêt.

La charge en cheptel de la SAU, dans la province, est très élevée: pas moins de 0,3 UGB/ha équivalent bour, c'est à dire le double des moyennes nationale et régionale. Aussi, l'important cheptel de la province est en fait en grande partie tributaire de ressources fourragères gratuites. Celles-ci sont prélevées sur les parcours forestiers et non-forestiers.

La pression sur ces ressources est forte, et elles sont en voie de dégradation manifeste. Pour la forêt, la dégradation par surpâturage - principalement la non-régénération naturelle - est encore accentuée, surtout, par la surexploitation pour le bois de feu. Le défrichement des dernières (?) terres marginales - autre moyen pour tenter de compenser l'exiguïté des terres agricoles - contribue également à la diminution du couvert ligneux naturel.

Au total, la décapitalisation forestière annuelle correspond à environ 1,5% du volume de bois sur pied.

Cette dégradation des parcours et des forêts (ainsi que l'érosion des terres agricoles) compromet non seulement la pérennité des ressources agro-sylvo-pastorales dont la population de la province tire sa subsistance, mais aussi le rôle de chateau d'eau que joue la province pour les zones de plaine.

Le rôle de "château d'eau" pour les plaines agricoles situées en dehors de la province (Tadla, Tessaoute et Doukkala)

Le contraste entre les faibles volumes d'eau d'irrigation utilisées au niveau de la province, d'une part, et l'importance des ressources en eau disponibles est net: seulement une part infime des ressources totales y sont utilisées. En effet, les ressources en eau régularisées par les trois grands barrages de la province d'Azilal (Bin el Ouidane, Ait Tchouarit et Moulay Youssef), comme les eaux déversées régularisées à l'aval, ne sont pas utilisées dans la province elle-même. Celle-ci joue donc le rôle de "château d'eau" pour les riches plaines agricoles.

Ressources naturelles par habitant rural

2. Projection des tendances

A. Présentation audio-visuelle des problèmes actuels observés sur la province:
(voir commentaires des diapositives)

B. Les indicateurs de dégradation (commentaires des cartes fournies ci-après)

I. Par commune: essentiellement indicateurs démographiques,

II. Par zone agro-écologique et pour la province, dégradation des ressources naturelles par indicateurs quantitatifs et qualitatifs,

C. Scénario tendanciel: la poursuite de la dégradation

I. Son mode d'élaboration
II. Ses principaux résultats/
III. Son utilisation décisionnelle

D. Discussion sur les éléments ci-dessus et les préalables d'une recherche de solutions

Commentaires des diapositives

1. Dans le Haut-Atlas Central l'homme a créé, par ses aménagements fonciers, des paysages souvent bucoliques, notamment en terroir irrigué, comme ici aux Ait Bouguemez, où une tribu berbère exploitant une vallée irriguée située entre 1.700 et 1.900 mètres d'altitude. L'eau y est, encore, relativement abondante, mais même sur cette zone assez priviliégée pèsent des menaces...

2. En effet, la forte pression démographique - car l'important exode rural d'une partie des paysans sans terre et des jeunes sans emploi n'empêche pas l'accroissement, en chiffres absolus, encore notable de la population rurale - entraine une surexploitation apparemment inéluctable des ressources naturelles. Dans le Haut-Atlas Central, la deforestation est déjà fort avancée, et les terres "marginales" sont largement exploitées, qu'il s'agisse de terrains en pente...

3...ou de la moindre interstice dans la roche-mère qui est ensemencée et/ou complantée avec deux ou plusieurs espèces végétales.

4. A certains rares endroits, le défrichement a été seulement très partiel, et les arbres fruitiers se sont substitués aux espèces forestières. Ainsi, parfois, on a l'impression qu'un certain équilibre a pu être maintenu entre préservation et mise en valeur.

5. Mais, en présence de modes de mise en valeur et de techniques agronomiques peu intensifs, l'extension par défrichement de nouveaux terroirs est la seule réponse à la nécessité de nourrir une population rurale toujours en augmentation. Puis, pratiquement aucune pente ou pierrosité n'empêchent le passage de l'araire.

6. Aussi, le défrichement est un processus encore très actif dans le bour (zones de culture pluviale) de l'Atlas. Il n'est d'ailleurs pas pratiqué exclusivement, ni peut-être même principalement, par les ruraux les plus démunis. Ainsi, la coupe des arbres et le désouchage de cette parcelle ont été réalisés par de la main-d'oeuvre salariée payée par un propriétaire assez aisé.

7. Les souches que l'on ne parvient pas à enlever sont souvent brûlées pour empêcher que l'arbre ne rejette de souche, comme ici sur cette parcelle en très forte pente récemment défrichée, et dont la fertilité se perdra en peu d'années.

8. Le chêne vert - principale espèce arborée du Haut-Atlas - ayant un fort pouvoir de régénération par rejet, ce brûlage "d'extermination" est très répandu. Aussi, les parcelles "jeunes" sont, en hiver, avant le labour, parsemées de taches de cendres témoignant de cette bagarre incessante avec la végétation naturelle.

9. Le défrichement prend même parfois des formes difficilement imaginables, comme ici l'enlèvement manuel de roches et de pierres ensuite mises en murette (pour délimiter le terrain péniblement conquis) et du doum et zgoum (palmier nain et euphorbe-cactus; principales espèces colonisant ces affleurements calcaires). Le jeune homme engageant le combat contre la nature sur cette photo ne peut le faire que grâce au soutien d'un frère émigré qui investit ainsi dans "l'aménagement foncier".

10. Il n'y a pas que la faim de la terre qui pousse à la deforestation. L'approvisionnement en bois-énergie (le bois est la principale source d'énergie dans l'Atlas) représente une corvée quotidienne. Cuisson du pain et des autres aliments, artisanat local (poterie et forge, principalement)...

10 bis...et le peu de confort domestique que représentent le chauffage des locaux (ici petit poêles-bidon, de type courant sur les marchés hebdomadaires) et de l'eau pour la toilette, se font essentiellement en brûlant du bois prélevé dans la forêt par les usagers riverains.

11. Les techniques et les équipements de cuisson sont souvent rudimentaires et presque toujours individuels...comme ce petit four à pain familial, de modèle courant, en terre. Des économies non négligeables, notamment pour la cuisson collective du pain, seraient possibles.

12. D'autres formes d'exploitation de la végétation naturelle en compromettent la pérennité. Ainsi, le pâturage du cheptel essentiellement ovin et caprin exerce une forte pression sur la forêt comme sur les autres parcours. Cette pression est particulièrement visible et spectaculaire quand la dent du bétail "sculpte" les arbres. Si l'arbre "individuel" n'est pas tué par le broutage, qu'il supporte généralement très bien, et si sa cime parvient à échapper à la portée de l'animal...la présence du troupeau empêche toute régénération naturelle (par semis ou rejet) de la population arborée. Ainsi, dans le cas le plus favorable (s'il n'y a ni défrichement, ni coupe pour couvrir les besoins énergétiques), la forêt est vouée à disparaître par simple viellissement, au rythme de la mortalité naturelle des arbres.

13. Autre forme assez spectaculaire d'exploitation de la forêt: l'ébranchage pour l'affourement "en vert" du cheptel en période hivernale (quand les animaux ne sortent pas) ou en période de sécheresse. Cette pratique transforme les arbres en "poteaux".

Les différents types d'exploitation se pratiquant souvent simultanément (sauf pour certaines forêts où les systèmes de mise en défens traditionnels fonctionnent encore), la combinaison ébranchage/coupes/pâturage entraîne une forte diminution de la biomasse sur pied...

14...même si le chêne vert régénère fort bien après l'ébranchage, comme ici dans cette forêt fourragère des Ait Bouguemez, à 2.000 mètres d'altitude. Ce périmètre a été reboisé en cyprès de l'Atlas (dont on entr'aperçoit quelques pieds à l'avant-plan), et sa simple mise en défens a permis une rapide régénération de la végétation naturelle.

15. La forêt couvre évidemment d'autres besoins, comme celui en bois d'oeuvre - chevrons et poutres - et de service, pour lequel il existe des dotations accordées par les services forestiers, moyennant redevance individuelle...

16...ou, encore, la production de charbon de bois pour l'approvisionnement des villes grandes consommatrices. Cette activité se fait le plus souvent par des exploitations "régulières" (adjudications par les services forestiers), parfois clandestinement comme sur cette photo.

17. La pression démographique se traduit par d'autres chamboulements importants de l'occupation des sols. Le défrichement ne s'attaque pas seulement à la forêt, mais également aux parcours herbacés de basse et moyenne altitude, réduisant ainsi l'espace vital du cheptel.

Aussi, l'exploitation des parcours de haute altitude (au delà de 2.200 mètres) devient de plus en plus permanente: les animaux s'y rendent plus tôt et y restent plus longtemps que par le passé.

Cette photo illustre bien ce phénomène: les conditions du pâturage d'arrière-saison (ici jusqu'en décembre à environ 2.450 mètres d'altitude!) devenant extrêmement précaires, l'éleveur est contraint d'amener des aliments d'appoint à même le parcours, comme ici de la paille en vrac.

18. Les conséquences de cette forte pression conjointe de l'homme et de l'animal sont souvent insidieuses, et parfois très visibles dans les paysages. Sur le terroir cultivé, l'érosion par décapage superficiel n'est pas toujours facile à observer - comme ici sur ce haut de versant -, même si sur ces parcelles le sol semble squelettique et si on y a une impression de sécheresse pédologique poussée dont témoignent la couleur du sol et le piètre état de la végétation.

19. En présence d'aménagements comme ces murets en pierre sèche, l'érosion par entraînement pluvial superficiel (décapage ou érosion en nappe) peut être largement limitée. Mais même là, à cause de la disparition de la biomasse naturelle pérenne, trop souvent non compensée par l'arboriculture, les sols non protégés du soleil, du vent et de la pluie se dégradent quand même considérablement par une rapide minéralisation de la matière organique et par lessivage. Aussi, en climat semi-aride ou sub-humide, la diminution concomitante de la capacité de rétention hydrique des sols entraîne une forte diminution des rendements des cultures annuelles.

20. La réintroduction d'une végétation arborée par l'arboriculture fruitière (ou mixte, comme la culture du caroubier, par exemple), pourtant souhaitée par quasiment tous les agriculteurs sur tout type de parcelle, est très souvent rendu difficile par les problèmes de protection des plantations contre la dent du bétail. En témoigne la technique de protection de ces jeunes amandiers de semis entourés par des branchages d'épineux...technique qui rend d'ailleurs difficile l'amélioration (par taille et greffage) de l'arboriculture.

21. Sur ce parcours très dégradé, l'effet de l'érosion pluviale s'observe plus facilement. En effet, à l'écart des rares arbres restants, apparaît en surface une forte pierrosité sans aucune végétation... tandis que sous les frondaisons, et protégés par celles-ci, subsistent les seuls restes-témoins de l'ancien tapis herbacé supporté par un sol avec horizon fertile d'environ 15 centimètres: chaque arbre est entouré de son cercle vert.

22. Les photos suivantes montrent comment, suite à la deforestation, l'équilibre des interactions entre terroirs est de plus en plus perturbé.

En effet, à travers les siècles, des mini-périmètres irrigués ont pu s'installer sur les colluvions et cônes de déjection, sédiments provenant du haut des versants encore bien végétalisés, et déposés en bas de pente par une morphogénèse assez "douce".

23. Avec la disparition de la forêt, le ruissellement en provenance des hauts de versant se concentrant au fur et à mesure, la mi-pente et, encore davantage le bas des versants, se ravinent de plus en plus. Les parcelles cultivées en sec sont non seulement décapées superficiellement, mais également laminées par les ravins et ravines, ce qui en empêche l'accès et conduit à leur abandon.

24. Quelques pans de versant protégés par des murets en pierre sèche ou par des cordons de pierre résistent encore plus ou moins bien, mais par endroits même ces aménagements sont petit à petit endommagés par le ruissellement concentré.

25. Les écoulements se faisant de plus en plus torrentiels, les cônes colluvionnaires des bas de pente sont également creusés par les cours d'eau en période de crue et les terrasses irriguées partiellement emportées. De surcroît, l'ensemble des sédiments ainsi transportés iront contribuer à l'envasement des barrages se trouvant à l'aval, réduisant ainsi - parfois dramatiquement - leur durée de vie et compromettant l'irrigation des grands périmètres irrigués des plaines au pied de l'Atlas.

26. Par endroit, sur les versants, le sol dénudé est décapé jusqu'à la roche-mère dure, et seules des buttes-témoin protégées par un dernier groupe d'arbres subsistent,

27. Dans les hautes vallées, la torrentialité des écoulements provoque annuellement de fortes crues. Il en résulte l'engravement des précieuses parcelles irriguées, qui prend souvent des proportions très importantes, comme ici près du village d'Ait Ziri, aux Ait Bouguemez: une couche de galets et de graviers de jusqu'à 1 mètre d'épaisseur couvre cultures annuelles et luzernières, et l'enlèvement manuel de ces dépôts prendra plusieurs mois.

28. Enfin, la diminution du pouvoir-tampon des bassins versants (absorption des eaux de pluie et ralentissement de leur écoulement, par la couverture végétale et par les sols) entraîne une dégradation du cycle de l'eau (dégradation qui vient s'ajouter à ce qui commence, au Maroc, à ressembler à un réel assèchement climatique).

La baisse des nappes est parfois de plusieurs mètres par an, et en moyenne de dix à quinze mètres sur les trois dernières décennies.

La forte diminution du débit des sources et puits, sinon leur assèchement total, s'observent un peu partout au Maroc, en plaine et en montagne...comme ici, dans le Haut-Atlas au pied du Toubkal (le plus haut sommet du pays) où cette chute d'eau était à sec, pour la première fois de mémoire d'homme, cet été de 1993.

29. Aussi, l'approvisionnement en eau, non seulement d'irrigation et d'abreuvement du cheptel, mais aussi pour la consommation humaine, devient de plus en plus problématique, et à maint endroit ni creusement de puits,...

30...ni retenues collinaires (si souvent et longtemps à sec, et bien vite envasées, comme ici en moyenne montagne à Ait Qassi), ou autres nombreuses solutions techniques ne permettent de faire face.

31. Alors, tandis que la forêt crie son désespoir...

32...l'eau se raréfie, les terres deviennent de plus en plus exiguës et érodées, la corvée de bois s'allonge, le cheptel se traîne sur des parcours de plus en plus dégarnis... et la population rurale est petit à petit réduite à la misère et à l'exode, laissant derrière elle des vestiges d'un passé plus porteur d'espoir, révolu et pourtant encore si récent.

3. Potentialités naturelles et contraintes

A. Présentation de scénarios de développement moyenne montagne (hors Azilal)

I. Les hypothèses
II. Les résultats

B. Présentation du modèle micro-informatique utilisé pour effectuer des simulations (Simulation des Impacts sur la Durabilité de Projets d'Aménagement ou de Développement: SIDUPAD).

I. Les hypothèses (organigramme)
II. Le mode d'emploi
III. Les résultats des stagiaires
IV. Les commentaires
V. Les limites de la simulation

Feuille pour le recueil des hypothèses et des résultats:

Elément

Nombre

Coût Impact élément










C. Simulation de politiques de développement sur la base d'un modèle microinformatique

Chaîne politique -> action sur les ressources naturelles -> impacts économiques -> impacts socio-démographiques

MANUEL D'UTILISATION DU LOGICIEL SIDUPAD

Le logiciel est actuellement une feuille de calcul fonctionnant sous Lotus 123 version 3 (marque déposée de Lotus Corporation), versions 3.x et supérieures.

COMMENT UTILISER "SIDUPAD"?

La manipulation de cette application à la gestion durable des ressources naturelles est extrêmement simple. Cela permet à l'utilisateur de se concentrer, par la suite, sur l'interprétation des résultats.

DES ENVELOPPES BUDGETAIRES POUR LES DIFFERENTS VOLETS D'ACTION.

L'utilisateur doit seulement indiquer les enveloppes financières totales qu'il désire affecter aux différents volets d'action proposés:

ACTION

CELLULE(S) DU TABLEUR

Reboisement

C317

Gestion améliorée de la forêt

C318

Promotion de foyers améliorés

C319

Promotion d'un habitat amélioré

C320

Subvention du gaz pour la cuisson

C321

Actions de DRS

E328

Traitement sylvopastoral

C347

Gestion améliorée des parcours

C348

Actions sur la SAU (intensification, aménagement foncier, CES,...)

F336 à G342

CONTRAINTES.

Certaines contraintes doivent être respectées: contraintes de vraisemblance, limites physiques de certaines actions, impossibilité de valeurs négatives pour des grandeurs physiques,......). Certaines de ces contraintes sont indiquées explicitement, entre parenthèses à côté des cellules concernées. Si une telle erreur de dépassement a été commise, cela est indiqué par l'apparition de "ERR" dans la cellule A313 (autrement, y figure la valeur 1). Pour l'ensemble des contraintes, les dépassements sont indiqués dans un tableau (cellules A201 H225) dans lequel figurent les "erreurs" de dépassement commises et les cellules correspondantes.

POPULATION.

La population rurale dépend entre autres du revenu total des foyers ruraux. Cette dépendance n'est pas formalisée dans le modèle. Il faut donc introduire la population de l'année horizon comme variable "exogène" (cellule G300) en raisonnant sur le revenu agricole par rural et en tenant compte notamment des revenus non-agricoles et transferts de revenu (en milieu rural). De la valeur retenue pour la population en 2020 résulte ensuite par calcul automatique le volume de l'exode rural.

RESULTATS.

Les résultats figurent dans un tableau de bord synthétique (A296 H314) Dans ce tableau est indiqué le coût total, pour l'état, du programme d'action (D298). On sera certainement amené à s'imposer une limite pour ce coût budgétaire total.

CONSEILS D'UTILISATION.

* Laisser le tableur en option "calcul automatique".

* Laisser le blocage des titres. Ainsi, le tableau résultat apparait toujours sur l'écran, et la dernière ligne visible permettra de faire défiler les lignes suivantes, pour remplir les cellules où l'on devra faire figurer les enveloppes budgétaires.

* Etudier rapidement l'impact de chacune des actions séparément. Pour cela, mettre une valeur donnée (par exemple 3 MDH) pour le coût total de chaque action séparée (attention: pour les actions sur la SAU - classes de sol A1 à B2-) ce coût est calculé pour le tableur et apparait dans la colonne H, à coté des valeurs (à l'hectare) données par l'utilisateur. Noter les résultats (en les copiant manuellement ou de préférence avec LOTUS) et remettre ensuite la valeur à 0. Même opération, successivement, pour l'ensemble des actions proposées.

* Analyser ces résultats, qui montrent que les différents volets d'action donnent des résultats qualitativement et quantitativement très différents.

* Seulement ensuite, formuler le programme global, en respectant la contrainte budgétaire pour l'enveloppe totale.

4. Leçons des projets mis en place

A. QUELQUES PROJETS INITIÉS OU MIS EN PLACE DANS LA PROVINCE

I. Reboisement villageois

Environ 2 ha de chênes verts ont été plantés en semis direct de glands. Ce repeuplement était destiné au bois-énergie et à la production fourragère par utilisation du feuillage. Tout a été auto-finance par les villageois. Ceci constituait une première pour le Maroc. Le taux de germination et de levée ont été très élevés (resp. 90% et 80%). 4 ans plus tard, malgré une faible mortalité, le développement végétal n'était pas très fort.

II. Démarrage des pico-centrales hydro-électriques

Des petites turbines Banki ont été réalisées avec des artisans locaux. Le rendement mécanique (énergie électrique produite/énergie mécanique hydraulique) de 58% était très satisfaisant, avec un faible prix de revient. Le montage institutionnel et financier permettait l'équipement d'un "douar" de 50 ménages avec un petit réseau de distribution. Le projet n'a pour l'instant pas été monté pour cause de blocage par les autorités locales.

III. Le projet Tanant

C'est au départ un projet de développement rural intégré monté avec l'Institut Agronomique et Vétérinaire Hassan II. Officiellement inauguré en 1991, le projet n'a réellement démarré qu'au tout début 1993.

La plupart des actions n'en sont donc qu'au balbutiement. Plusieurs interventions sont cependant largement en place: hydraulique villageoise (seguias, puits, sources, bassins d'abreuvement alimentés par eaux de ruissellement, étude de la nappe phréatique), pistes, animation féminine, amélioration de la culture de l'amandier, introduction de bovins améliorés, de ruches, plantation de caroubiers.

Deux fours-hammams villageois améliorés (économie d'énergie et amélioration de l'hygiène) ont été construits, et deux projets d'aménagement foncier sont en cours. Un projet de retenue collinaire est à l'étude.

Les villageois participent directement au projet par apport de travail non rémunéré à la plupart des actions d'équipement rural, ainsi qu'à la conception et à la direction de certains travaux.

Après des déboires avec des techniciens extérieurs au village, deux animateurs villageois se montrent particulièrement actifs et efficaces dans les opérations d'animation et de suivi.

IV. Bétonnage des seguias

800 metres linéaires ont été auto-réalisés par les villageois en béton de terre avec un prix de revient très faible 10 DH/mètre linéaire (hors main d'oeuvre) en 1988, soit 5 à 10 fois moins que par une entreprise. Cinq ans plus tard, les seguias tiennent toujours.

V. Electrification rurale

VI. Tourisme de haute montagne

B. LES LEÇONS TIRÉES DE CES EXPÉRIENCES:

I. IDENTIFICATION DE PROJETS

II. LEÇONS TIRÉES PAR RAPPORT AUX PROJETS

1. Articulation administration locale-habitants

On doit, au Maroc, assurer tout d'abord de bonnes relations avec les autorités territoriales et les services techniques et/ou partir d'un montage avec partenaire(s) puissant(s) capable(s) de soutenir et d'appuyer les projets de manière à ce que la pérennité soit assurée.

2. Mobilisation des ressources humaines locales

Aucun problème sur le terrain dans la relation "animateurs du projet-habitants".

L'efficacité des actions ne fait que s'accroître au fur et à mesure que l'on fait davantage appel aux ressources humaines locales (douars). Cela est vrai pour les aspects institutionnels (négociations entre villageois), techniques (transfert de technologie, sensibilisation et vulgarisation, montage de plans d'aménagement) et sociaux (animation féminine, l'animatrice "extérieure" ayant quitté le projet sera sans doute remplacée par une animatrice du douar).

3. Mobilisation des moyens financiers

La présence de l'Institut Agronomique, institution très durable, a été très utile, notamment au démarrage des projets.

4. La stratégie pratique de mise en oeuvre

Une approche d'animation-sensibilisation sans réalisations immédiates à la clé n'a aucun intérêt. Cela a été prouvé par la première phase du projet, dans laquelle on a fait tourner les habitants en rond avec des réunions mql organisées, par l'établissement de listes de personnes "intéressées" (par quoi?), par de la sensibilisation suspendue dans le vide. Cela a duré une année, avec une importante crise de confiance, qui ne s'est dissipée qu'avec les premières réalisations concrètes.

Il faut commencer par une action, la plus importante aux yeux des bénéficiaires et ensuite naviguer à vue (ce qu'il ne faut surtout pas confondre avec la navigation à l'aveuglette).

5. Absence/presence de critères d'évaluation

Par rapport aux simulations de politiques antérieures (sous-module 3 de l'étude de cas) et aux critères FAO de durabilité

1. Socio/institutionnel
2. Economique/financier
3. Technologique
4. Environnemental

Figure

SURFACE EN BOUR PAR HABITANT EN 1988

BOVINS AMELIORES/TOTAL DES BOVINS

UGB/SURFACE AGRICOLE UTILE

DENSITE DE SURFACE CULTIVEE

CAPRINS/CAPRINS + OVINS

NOMBRE D'UGB PAR HABITANT EN 1988


Page précédente Début de page